2. Les autres acteurs seychellois
Danielle de SAINT-JORRE, épouse de Philippe
d'OFFAY129, est vraisemblablement la personnalité qui a
le plus marqué la diplomatie seychelloise avec le président
RENÉ. D'après le géographe Jean-Louis GUÉBOURG, Mme
de SAINT-JORRE « a su affirmer l'image des Seychelles sur la scène
internationale et elle s'est imposée comme une interlocutrice
appréciée et respectée »130. Elle a
étudié dans les universités d'Edimbourg, de Londres et de
York. D'abord enseignante, elle devient ensuite secrétaire
générale de plusieurs ministères. De 1983 à 1986,
elle cumulait les fonctions d'ambassadrice des Seychelles à Paris et
à Bonn et de haut-commissaire à Londres131,
ainsi qu'au Canada, à Cuba et en URSS132. Après
la démission et le départ en exil de FERRARI, elle prend en
charge les dossiers des Affaires étrangères d'après la
LOI du 30 juin 1984. Dès 1993, elle devient le chef de la
diplomatie seychelloise. Atteinte d'un cancer qui l'a extrêmement
fatiguée, elle est hospitalisée à Paris pour suivre un
traitement médical spécialisée dès la semaine du 11
janvier
1997133. Elle meurt le 25 février. Deux
articles français paraissent pour annoncer sa disparition : l'un dans
Le Monde le 22 mars, l'autre dans la LOI du 1er mars.
Ensuite, ce sont des ministres, des diplomates ou
d'importantes personnalités politiques mêlées aux relations
franco-seychelloises. D'abord Ogilvy BERLOUIS, ministre de la Jeunesse et de la
Défense. On le trouve brièvement dans trois articles
différents. Ensuite, l'un des ministres les plus évoqués,
Jérémy BONNELAME, est présent dans dix articles.
Secrétaire aux Affaires étrangères,
ministre de l'Agriculture et de la Pêche et ministre des
Affaires étrangères On le trouve dans Le Figaro du 8
janvier 2002, les trois dépêches recueillies de News
Press, et le reste dans la LOI. L'ancien président James
MANCHAM apparait six fois dans les articles, surtout sur ses visites en France
lors de sa « croisade pour la démocratie » au début des
années 90. Callixte d'OFFAY était le directeur des Relations
extérieures et ambassadeur en Asie134 et l'ambassadeur
en France. Il a été reconfirmé dans ses fonctions
d'ambassadeur en 1997 par souci économique135. Il
était encore en poste en France en 2003136. Maxime
FERRARI, ministre de l'agriculture et des pêches, du développement
économique puis ministre des Affaires étrangères, est l'un
des plus présents dans nos articles échantillonnés sur les
relations. Il présente aux yeux de la France l'image d'un «
modéré » au sein du régime seychellois. Cet homme
à la barbichette et aux cheveux gris est décrit comme
sincère, aimé en Europe - également en France bien
évidemment -, rond et ouvert137. Jacques HODOUL
ministre du Développement national puis ministre des Affaires
étrangères (1979-1982), apparaît quatre fois dans nos
échantillons sur les relations franco-seychelloises. La description que
donne SOUBIRON de ce personnage ne semble pas fiable, tant il est
décrié par l'ex-consul. Il est présenté comme un
marxiste pur et dur dans Le Figaro et la LOI. Adil ISKAROS,
consul général des Seychelles en France en 1981, est cité
une fois par Le Figaro à l'occasion du putsch manqué des
mercenaires. James MICHEL est cité dans deux articles sur les relations.
Vu son importance - actuel chef de l'État seychellois, nous vous
dressons un portrait à partir d'autres articles sans lien avec les
relations francoseychelloises. Ministre sous RENÉ depuis le coup
d'État de 1977, il est présenté comme l'un des plus
fidèles du régime. Il a eu plusieurs fonctions
ministérielles avant de devenir viceprésident en 1996. Il
était le colistier de RENÉ aux présidentielles de 1998 et
2001. Après la démission de ce dernier en 2004 il est devenu
président138. Alain PAYETTE, secrétaire général du
ministère des Affaires étrangères seychellois, est
présent dans la LOI 9 novembre 2002. Enfin, Guy SINON,
secrétaire-général du SPPF, est présent dans un
article de la LOI le 1er mai 1982. Ministre de tutelle de SOUBIRON, il
est décrit par ce dernier comme étant un « Noir solide au
contact chaleureux ». Il est l'un des animateurs de l'aile la plus
progressiste du parti de RENÉ139.
130 GUÉBOURG Jean-Louis, Les Seychelles, Paris,
Karthala, 2004.
131 « Disparition : Danielle de Saint-Jorre », Le
Monde, 22 mars 1997.
132 La Lettre de l'Océan Indien, 30 juin 1984.
133 La Lettre de l'Océan Indien, 11 janvier
1997.
134 « Relance diplomatique », La Lettre de
l'Océan Indien, 6-13 août 1983.
135 « Réorganisation diplomatique », La
Lettre de l'Océan Indien, 20 décembre 1997.
136 « La pression européenne monte », La
Lettre de l'Océan Indien, 4 octobre 2003.
137 « SOUBIRON Pierre, La Poudrière des
Seychelles, Paris, Éditions Denoël, 1992, p. 120.
138 Op. cit. « Le président des
Seychelles, au pouvoir depuis 1977, annonce qu'il se retirera en 2004 »,
AFP, 24 février 2004 ; op. cit. «
Démission du président des Seychelles, son numéro 2 le
remplace », AFP, 14 avril 2004 ; « Transmission du pouvoir
en douceur aux Seychelles », Le Monde, 15 avril 2004 ; La
Lettre de l'Océan Indien, 7 mai 1988.
139 Op. cit. NIRASCOU Gérard, « Aux
Seychelles, Karl Marx contre le tourisme », Le Figaro, 5 juin
1978.
Étudier les acteurs cités par la presse et les
journalistes français nous a permis de voir que de nombreux noms, tant
français que seychellois, sont cités. Cela nous a aidé
à identifier un grand nombre de personnes qui ont joué un
rôle dans les relations. Cette identification peut être utile pour
de futures recherches sur les relations franco-seychelloises : on peut tenter
d'entrer en contact avec eux pour les interroger, à condition qu'ils
soient toujours en vie. Si peu de noms seychellois sont cités, il est
étonnant de constater le nombre de français cités par la
presse. On constate que presque la moitié des personnes citées -
trente-quatre personnes sur soixante-dix-sept, c'est-à-dire 44,16 % des
personnes identifiées140 - font une unique et
brève apparition sans plus de précisions. Les personnes les mieux
décrites sont les ambassadeurs et les coopérants français.
La presse cite beaucoup d'éléments français, mais peu du
côté seychellois. Par exemple, aucun coopérant seychellois
en France n'est cité. Peu de portraits sont dressés dans la
presse. Pour certains d'entre eux, leurs portraits sont complétés
par les livres de LEYMARIE et de SOUBIRON, comme Jacques GARCIN. D'autres sont
présents dans aucun article, seulement dans ces livres, comme le
vice-consul Philippe HENRIET. Pour les personnages les plus importants, comme
RENÉ, il a fallu aller au-delà des articles
échantillonnés sur les relations pour mieux connaître et
comprendre le personnage. Les acteurs proviennent surtout du journal Le
Monde et dans une large mesure de la LOI. Certains noms
apparaissent dans la rubrique « Who's Who » de cet hebdomadaire,
évoquant brièvement leur actualité. Enfin, ces noms ne
représentent pas complètement leurs fonctions. Par exemple, tous
les ministres de la coopération, des Affaires étrangères,
ou encore les Premiers ministres, ne sont pas évoqués. Beaucoup
d'acteurs sont cités, mais ils ne sont pas assez présentés
par les médias et les journalistes dans les articles en rapport avec les
relations franco-seychelloises.
140 D'après nos calculs.
|