B.LA CRISE ECONOMIQUE
En face du vaste faubourg de Balbala, trône une
gigantesque ville flottante posée sur l'immensité liquide : le
nouveau port en eau profonde de Doraleh, une presqu'île artificielle de 1
050 mètres de long sur 400mètre de large. « Nous accueillons
déjà soixante-dix bateaux par mois, certains grands comme quatre
terrains de football », explique Anissa Ali Ahmed, chargée de
communication pour Djibouti du groupe DP World, l'opérateur portuaire,
troisième mondialement.
Fort d'un tirant d'eau de 18 mètres, Doraleh a
coûté 400 millions de dollars. Mais un an après son
inauguration, le 7 février 2009, il tourne déjà à
80 % de son potentiel. Il n'y a qu'à slalomer entre les piles de
conteneurs entassés comme des pièces de Lego pour comprendre que
cette infrastructure promet d'être rentable d'ici à une douzaine
d'années. « Aucun port d'Afrique de l'Est n'atteint une telle
capacité, affirme Aden Ahmed Douale, président de
l'Autorité des ports et des zones franches de Djibouti (APZFD). Nous
sommes déjà l'un des premiers terminaux à conteneurs du
continent. »
En 2009, Djibouti a accueilli 519 500 conteneurs, soit le
triple des volumes de 2004 qui était de 158400 TEU. La crise
financière mondiale, qui frappe durement les groupes Emirats,
pourrait-elle néanmoins ralentir cette forte croissance ? « Le
trafic mondial a chuté, mais cela n'a pas eu d'impact sur nos
activités, tempère Aden Ahmed Douale. Nous avons même
prévu l'achat d'équipements supplémentaires pour Doraleh.
» Car non seulement Djibouti demeure un axe de redistribution de
marchandises pour les autres ports régionaux, mais surtout, ajoute le
président de l'APZFD, « nous sommes la tête de pont d'un pays
en pleine croissance : l'Éthiopie ». En effet, la perte en 1998 par
Addis-Abeba de son accès à la mer Rouge, après sa guerre
contre l'Érythrée, a renforcé le rôle de Djibouti
comme centre de transit pour le fret destiné aux 80 millions de
consommateurs du voisin désormais enclavé. Ce rôle de
plaque tournante, qu'aucun autre pays limitrophe ne peut le disputer à
Djibouti : « Dans la région, l'inquiétude n'est pas
l'exception.
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