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Analyse des déterminants de l'adoption des technologies de conservation des eaux et des sols au Burkina Faso

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par Janvier Kini
Université de Ouagadougou - DEA 2007
  

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SIGLES ET ABREVIATIONS

CES : Conservation des Eaux et des Sols

CILSS : Comité Inter Etats de Lutte Contre la Sécheresse au Sahel INERA : Institut de l'Environnement et des Recherches Agricoles INSAH : Institut du Sahel

NPK : Azote Phosphore Potassium

PDRD : Programme de Développement Rural et Durable

PS-CES/AGF : Programme Spécial pour la Conservation des Eaux et des Sols et de l'agroforesterie

RNA : Régénération Naturelle Assistée

SPAD : Système Potentiel d'Analyse des Données

TABLES DES WATIERES

Introduction 9

I. Revue de littérature 13

1.1. Les caractéristiques du Plateau central 13

1.2. Les différentes technologies de conservation des eaux et des sols 14

1.2.1. Le Zaï 15

1.2.2. Le Paillage ou mulching 16

1.2.3. Les cordons pierreux 17

1.2.4. La fumure organique et le compostage 18

1.2.5. Les demi-lunes 20

1.2.6. La régénération naturelle assistée (RNA) 20

1.2.7. Les haies vives 21

1.2.8. Les aménagements sur les bassins versants 21

II. Cadre théorique de la recherche : les facteurs déterminants de l'adoption 24

2..1. La théorie de la diffusion de l'innovation 24

2.2. Le modèle d'acceptation de la technologie 25

2.3. La théorie de l'action raisonnée 26

2.4. Théorie de la pression créatrice de la population et la théorie de l'innovation

induite 27

2.5. Etudes empiriques sur les facteurs déterminants de l'adoption des CES 29

2.6. Définition des différents concepts de l'étude 34

2.7. Modèle économétrique 35

2.8. Présentation du modèle Logit multinomial théorique. 36

III. Analyse des données de l'enquête auprès des ménages dans le Plateau Central 40

3.1. Analyse statistique des données 41

3.2. Analyse économétrique des données 50

3.2.1. Modèle théorique 50

3.2.2. Résultats des estimations empiriques 51

3.2.3. Validité économique des coefficients 53

3.2.4. Implications économiques des résultats de l'estimation et recommandations57 Conclusion générale 61

Introduction

En déclarant 2006, année internationale des déserts et de la désertification, les Nations Unies ont mis en lumière la nécessité de protéger et restaurer les terres arides afin d'accroître les espaces vivriers du monde rural. Ceci expose les multiples problèmes auxquels sont confrontés les sols sur toute la surface de la terre. En effet, la dégradation accélérée des sols en est un exemple. Cette dégradation des sols est due principalement à l'érosion de ceux-ci. L'érosion est une usure de la couche supérieure fertile des sols les rendant improductifs à l'activité agricole. En plus de l'érosion, les systèmes d'exploitation agricoles sont de véritables sources de dégradation des ressources environnementales. C'est l'exemple des cultures sur brûlis, l'extension des superficies cultivées qui engendrent un défrichement exagéré des forêts exposant l'environnement à la désertification. A cela il faut ajouter les demandes en bois comme source d'énergie et comme matériel de construction. Ces demandes sont à la base de la destruction de la couverture végétale de plusieurs zones contribuant ainsi à la dégradation des sols. L'ensemble de ces facteurs compromet la réussite des activités agricoles, principales sources d'alimentation des populations dans de nombreux pays en développement dont le Burkina Faso.

A cause des contraintes de sols et de ressources environnementales, augmenter la production alimentaire dans les pays en développement exige l'introduction de nouvelles technologies visant à améliorer la production et la productivité des ressources. Ces technologies couvrent à la fois les technologies externes et internes. Les technologies externes sont celles qui ont été importées de l'extérieur tandis que les technologies internes concernent celles qui sont développées à l'intérieur d'un pays. Ouédraogo et Illy (1996) désignent par nouvelle technologie une technique ou une innovation susceptible d'améliorer la production agricole qu'elle provienne du milieu rural ou qu'elle soit introduite de l'extérieur. A cet égard, la fumure organique, la fumure minérale, la culture attelée ainsi que les pratiques traditionnelles de conservation de eaux et des sols (zaï, paillage, cordons pierreux, etc.) sont considérées comme des technologies (Ouédraogo et Illy, 1996). En particulier, la conservation des eaux et des sols (CES) peut être définie comme l'ensemble des activités menées localement pour maintenir ou augmenter la capacité de production de la terre dans les zones sujettes à la dégradation ou déjà dégradées (Agenda 21 du Sommet de la terre, 1992). Dans ce sens, la CES inclut la prévention ou la réduction de l'érosion, de la compaction et de la salinisation, de même que la conservation ou le drainage de l'humidité, le maintien ou l'amélioration des

sols. Pour ce qui est des technologies CES, c'est l'ensemble des pratiques agronomiques et végétales, des structures physiques et des modes de gestion à même de maîtriser la dégradation du sol et d'améliorer la productivité des champs. Le problème qui se pose est de connaître les facteurs et le degré d'adoption des technologies CES par les producteurs dans les pays en développement et dans le Plateau Central du Burkina Faso en particulier. En effet, la partie sahélienne du Burkina Faso est l'une des plus exposées aux caprices de la dégradation des sols et nécessite que des actions concrètes soient menées afin de réduire les effets de ce phénomène.

De nombreuses initiatives de développement sur l'adoption des technologies visant l'amélioration de la productivité agricole ont été frustrées par les faibles taux d'adoption de ces technologies. Ainsi, malgré le nombre important de projets de développement initiés dans les pays les moins avancés en vue de réduire les contraintes majeures à l'adoption des innovations technologiques, on observe toujours de faibles taux d'adoption de celles-ci (Feder et al, 1985) En conséquence, la production alimentaire dans bien de pays en développement n'est pas en concordance avec la croissance de la population (Stevens et Jabara, 1988).

Comprendre alors le rôle des facteurs influençant les décisions d'adoption peut être d'un apport important à la réussite du développement agricole. A cet égard, Jamison et Lau (1982) ont trouvé que les raisons des faibles taux d'adoption des technologies agricoles étaient d'ordre social, économique, technique et environnemental. De même, les différences dans la diffusion de l'information peuvent être d'importants déterminants des décisions d'adoption des technologies (Feder et al, 1985). Dadi et al (2004), introduisent la notion du temps-variant et de temps-invariant comme facteurs influençant la vitesse d'adoption des fertilisants et des herbicides dans les hautes montagnes Ethiopiennes. Mais, ils aboutissent au fait que les incitations économiques comme les prix des facteurs de production et des produits sont les déterminants les plus importants de l'adoption de ces technologies. Kebede et al (1993) prennent en compte la production des connaissances dans l'analyse des déterminants de l'adoption des technologies. Kebede, en Ethiopie, souligne l'importance du rôle des connaissances traditionnelles dans l'adoption des technologies nouvelles. En effet, la plupart des études sur l'adoption de technologies ne prenaient pas en compte de façon approfondie cet aspect. Juste une approche indirecte sur l'évaluation de l'impact des connaissances traditionnelles était utilisée et se basait sur des variables de gestion (Kebede, 1993). Or, les ménages évoluent dans un environnement socio-économique à forte inter et intra-influence de ceux-ci, ce qui joue sur le processus de prise de décision (Eisemon et al, 1988). Knox et Meinzen-Dick (1999) ajoutent l'importance des droits de propriété et de l'action collective

dans la gestion des ressources naturelles comme facteurs déterminants de l'adoption des technologies CES. Ces deux facteurs agissent sur d'autres facteurs qui sont également des déterminants de l'adoption. Il s'agit des infrastructures et de l'information, des risques environnementaux et commerciaux, de la richesse, du crédit, de la main d'oeuvre, des lois, des règles communautaires, des normes de la société.

Zoungrana (2004), dans le cas du Burkina Faso, trouve que l'adoption des technologies CES est influencée entre autres par des facteurs sociaux (taille de ménage, âge du chef de ménage), économiques (revenu du chef de ménage, prix d'output). Sanders et al (1990) formulent la théorie du développement de technologie agricole avec une pression démographique et une dégradation de la terre pour le cas du Burkina. Selon ces auteurs, la baisse en qualité et en disponibilité des terres combinée à la productivité réduite du travail amène le gouvernement du Burkina à promouvoir de nouvelles technologies. De même, l'adoption de nouvelles technologies par les producteurs est influencée par ces deux facteurs fondamentaux. A ces facteurs, il faut ajouter les prix des facteurs de production ainsi que les prix des produits sur le marché qui sont également des signaux économiques à même d'influencer l'adoption de nouvelles technologies (Sanders et al, 1990).

Dans la théorie de la diffusion de l'innovation proposée par Rogers en 1962, cinq facteurs principaux déterminent l'adoption ou la diffusion d'une nouvelle technologie. Il s'agit de l'avantage relatif, la complexité, la compatibilité, la testabilité et l'observation (Rogers, 1995). Mais selon Rogers (1983), une combinaison de ces facteurs a plus d'impact positif sur l'adoption des technologies. Tornatzky et Klein (1982) ont montré que la compatibilité, les avantages relatifs et la complexité d'une technologie influençaient davantage l'adoption de celle-ci.

Davis et al (1989) dans leur modèle d'acceptation de la technologie trouvent deux facteurs d'ordre psychologique qui détermineraient l'adoption d'une technologie. Il s'agit de la perception de l'utilité et la perception de la facilité d'utilisation de la technologie. Ainsi, face à deux systèmes offrant les mêmes fonctionnalités, l'utilisateur trouvera plus utile celui qu'il pense facile à utiliser (Dillon et Morris, 1996). Bien que la perception de l'utilité et la perception de la facilité de l'utilisation influencent l'attitude générale de l'utilisateur face à la technologie, la facilité d'utilisation influence plus significativement l'adoption d'une technologie à travers l'auto efficacité et l'instrumentalité (Davis et al, 1986).

Au regard de toutes ces analyses, il est clair que l'ensemble des facteurs économiques,
sociaux, environnementaux, psychologiques, ont été abordés dans les travaux sur l'adoption
de nouvelles technologies tant en théorie que dans la pratique. Bien qu'ayant été conçues pour

des questions industrielles et informationnelles au départ, ces théories d'adoption de technologie s'appliquent aussi bien au domaine agricole dont les technologies de conservation des eaux et des sols.

Cette étude vise principalement à analyser les facteurs qui stimulent les ménages à adopter une technologie de conservation des eaux et des sols dans le Plateau Central. Pour ce faire, un modèle économétrique a été utilisé. Des recommandations seront dégagées de cette analyse et serviront à élargir et enrichir l'arsenal d'outils dont dispose le pouvoir décisif sur d'éventuelles politiques de développement du secteur agricole.

Pour atteindre ces objectifs, dans un premier temps une revue de littérature détaillée pourrait définir le cadre théorique de l'étude et servir de base pour présenter le modèle qui sera utilisé. Dans un second temps, l'analyse des résultats de l'estimation du modèle sera objet d'attention. Enfin, une synthèse du travail sera menée en vue de faire des recommandations pouvant servir d'instruments de politiques économiques dans le domaine agricole.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway