Introduction 9
I. Revue de littérature 13
1.1. Les caractéristiques du Plateau central
13
1.2. Les différentes technologies de conservation
des eaux et des sols 14
1.2.1. Le Zaï 15
1.2.2. Le Paillage ou mulching 16
1.2.3. Les cordons pierreux 17
1.2.4. La fumure organique et le compostage
18
1.2.5. Les demi-lunes 20
1.2.6. La régénération naturelle
assistée (RNA) 20
1.2.7. Les haies vives 21
1.2.8. Les aménagements sur les bassins versants
21
II. Cadre théorique de la recherche : les
facteurs déterminants de l'adoption 24
2..1. La théorie de la diffusion de l'innovation
24
2.2. Le modèle d'acceptation de la technologie
25
2.3. La théorie de l'action raisonnée
26
2.4. Théorie de la pression créatrice de
la population et la théorie de l'innovation
induite 27
2.5. Etudes empiriques sur les facteurs
déterminants de l'adoption des CES 29
2.6. Définition des différents concepts de
l'étude 34
2.7. Modèle économétrique
35
2.8. Présentation du modèle Logit
multinomial théorique. 36
III. Analyse des données de l'enquête
auprès des ménages dans le Plateau Central 40
3.1. Analyse statistique des données
41
3.2. Analyse économétrique des
données 50
3.2.1. Modèle théorique 50
3.2.2. Résultats des estimations empiriques
51
3.2.3. Validité économique des
coefficients 53
3.2.4. Implications économiques des
résultats de l'estimation et recommandations57 Conclusion
générale 61
En déclarant 2006, année internationale des
déserts et de la désertification, les Nations Unies ont mis en
lumière la nécessité de protéger et restaurer les
terres arides afin d'accroître les espaces vivriers du monde rural. Ceci
expose les multiples problèmes auxquels sont confrontés les sols
sur toute la surface de la terre. En effet, la dégradation
accélérée des sols en est un exemple. Cette
dégradation des sols est due principalement à l'érosion de
ceux-ci. L'érosion est une usure de la couche supérieure fertile
des sols les rendant improductifs à l'activité agricole. En plus
de l'érosion, les systèmes d'exploitation agricoles sont de
véritables sources de dégradation des ressources
environnementales. C'est l'exemple des cultures sur brûlis, l'extension
des superficies cultivées qui engendrent un défrichement
exagéré des forêts exposant l'environnement à la
désertification. A cela il faut ajouter les demandes en bois comme
source d'énergie et comme matériel de construction. Ces demandes
sont à la base de la destruction de la couverture végétale
de plusieurs zones contribuant ainsi à la dégradation des sols.
L'ensemble de ces facteurs compromet la réussite des activités
agricoles, principales sources d'alimentation des populations dans de nombreux
pays en développement dont le Burkina Faso.
A cause des contraintes de sols et de ressources
environnementales, augmenter la production alimentaire dans les pays en
développement exige l'introduction de nouvelles technologies visant
à améliorer la production et la productivité des
ressources. Ces technologies couvrent à la fois les technologies
externes et internes. Les technologies externes sont celles qui ont
été importées de l'extérieur tandis que les
technologies internes concernent celles qui sont développées
à l'intérieur d'un pays. Ouédraogo et Illy (1996)
désignent par nouvelle technologie une technique ou une innovation
susceptible d'améliorer la production agricole qu'elle provienne du
milieu rural ou qu'elle soit introduite de l'extérieur. A cet
égard, la fumure organique, la fumure minérale, la culture
attelée ainsi que les pratiques traditionnelles de conservation de eaux
et des sols (zaï, paillage, cordons pierreux, etc.) sont
considérées comme des technologies (Ouédraogo et Illy,
1996). En particulier, la conservation des eaux et des sols (CES) peut
être définie comme l'ensemble des activités menées
localement pour maintenir ou augmenter la capacité de production de la
terre dans les zones sujettes à la dégradation ou
déjà dégradées (Agenda 21 du Sommet de la terre,
1992). Dans ce sens, la CES inclut la prévention ou la réduction
de l'érosion, de la compaction et de la salinisation, de même que
la conservation ou le drainage de l'humidité, le maintien ou
l'amélioration des
sols. Pour ce qui est des technologies CES, c'est l'ensemble
des pratiques agronomiques et végétales, des structures physiques
et des modes de gestion à même de maîtriser la
dégradation du sol et d'améliorer la productivité des
champs. Le problème qui se pose est de connaître les facteurs et
le degré d'adoption des technologies CES par les producteurs dans les
pays en développement et dans le Plateau Central du Burkina Faso en
particulier. En effet, la partie sahélienne du Burkina Faso est l'une
des plus exposées aux caprices de la dégradation des sols et
nécessite que des actions concrètes soient menées afin de
réduire les effets de ce phénomène.
De nombreuses initiatives de développement sur
l'adoption des technologies visant l'amélioration de la
productivité agricole ont été frustrées par les
faibles taux d'adoption de ces technologies. Ainsi, malgré le nombre
important de projets de développement initiés dans les pays les
moins avancés en vue de réduire les contraintes majeures à
l'adoption des innovations technologiques, on observe toujours de faibles taux
d'adoption de celles-ci (Feder et al, 1985) En conséquence, la
production alimentaire dans bien de pays en développement n'est pas en
concordance avec la croissance de la population (Stevens et Jabara, 1988).
Comprendre alors le rôle des facteurs
influençant les décisions d'adoption peut être d'un apport
important à la réussite du développement agricole. A cet
égard, Jamison et Lau (1982) ont trouvé que les raisons des
faibles taux d'adoption des technologies agricoles étaient d'ordre
social, économique, technique et environnemental. De même, les
différences dans la diffusion de l'information peuvent être
d'importants déterminants des décisions d'adoption des
technologies (Feder et al, 1985). Dadi et al (2004), introduisent la notion du
temps-variant et de temps-invariant comme facteurs influençant la
vitesse d'adoption des fertilisants et des herbicides dans les hautes montagnes
Ethiopiennes. Mais, ils aboutissent au fait que les incitations
économiques comme les prix des facteurs de production et des produits
sont les déterminants les plus importants de l'adoption de ces
technologies. Kebede et al (1993) prennent en compte la production des
connaissances dans l'analyse des déterminants de l'adoption des
technologies. Kebede, en Ethiopie, souligne l'importance du rôle des
connaissances traditionnelles dans l'adoption des technologies nouvelles. En
effet, la plupart des études sur l'adoption de technologies ne prenaient
pas en compte de façon approfondie cet aspect. Juste une approche
indirecte sur l'évaluation de l'impact des connaissances traditionnelles
était utilisée et se basait sur des variables de gestion (Kebede,
1993). Or, les ménages évoluent dans un environnement
socio-économique à forte inter et intra-influence de ceux-ci, ce
qui joue sur le processus de prise de décision (Eisemon et al, 1988).
Knox et Meinzen-Dick (1999) ajoutent l'importance des droits de
propriété et de l'action collective
dans la gestion des ressources naturelles comme facteurs
déterminants de l'adoption des technologies CES. Ces deux facteurs
agissent sur d'autres facteurs qui sont également des
déterminants de l'adoption. Il s'agit des infrastructures et de
l'information, des risques environnementaux et commerciaux, de la richesse, du
crédit, de la main d'oeuvre, des lois, des règles communautaires,
des normes de la société.
Zoungrana (2004), dans le cas du Burkina Faso, trouve que
l'adoption des technologies CES est influencée entre autres par des
facteurs sociaux (taille de ménage, âge du chef de ménage),
économiques (revenu du chef de ménage, prix d'output). Sanders et
al (1990) formulent la théorie du développement de technologie
agricole avec une pression démographique et une dégradation de la
terre pour le cas du Burkina. Selon ces auteurs, la baisse en qualité et
en disponibilité des terres combinée à la
productivité réduite du travail amène le gouvernement du
Burkina à promouvoir de nouvelles technologies. De même,
l'adoption de nouvelles technologies par les producteurs est influencée
par ces deux facteurs fondamentaux. A ces facteurs, il faut ajouter les prix
des facteurs de production ainsi que les prix des produits sur le marché
qui sont également des signaux économiques à même
d'influencer l'adoption de nouvelles technologies (Sanders et al, 1990).
Dans la théorie de la diffusion de l'innovation
proposée par Rogers en 1962, cinq facteurs principaux déterminent
l'adoption ou la diffusion d'une nouvelle technologie. Il s'agit de l'avantage
relatif, la complexité, la compatibilité, la testabilité
et l'observation (Rogers, 1995). Mais selon Rogers (1983), une combinaison de
ces facteurs a plus d'impact positif sur l'adoption des technologies. Tornatzky
et Klein (1982) ont montré que la compatibilité, les avantages
relatifs et la complexité d'une technologie influençaient
davantage l'adoption de celle-ci.
Davis et al (1989) dans leur modèle d'acceptation de
la technologie trouvent deux facteurs d'ordre psychologique qui
détermineraient l'adoption d'une technologie. Il s'agit de la perception
de l'utilité et la perception de la facilité d'utilisation de la
technologie. Ainsi, face à deux systèmes offrant les mêmes
fonctionnalités, l'utilisateur trouvera plus utile celui qu'il pense
facile à utiliser (Dillon et Morris, 1996). Bien que la perception de
l'utilité et la perception de la facilité de l'utilisation
influencent l'attitude générale de l'utilisateur face à la
technologie, la facilité d'utilisation influence plus significativement
l'adoption d'une technologie à travers l'auto efficacité et
l'instrumentalité (Davis et al, 1986).
Au regard de toutes ces analyses, il est clair que l'ensemble
des facteurs économiques,
sociaux, environnementaux, psychologiques,
ont été abordés dans les travaux sur l'adoption
de
nouvelles technologies tant en théorie que dans la pratique. Bien
qu'ayant été conçues pour
des questions industrielles et informationnelles au
départ, ces théories d'adoption de technologie s'appliquent aussi
bien au domaine agricole dont les technologies de conservation des eaux et des
sols.
Cette étude vise principalement à analyser les
facteurs qui stimulent les ménages à adopter une technologie de
conservation des eaux et des sols dans le Plateau Central. Pour ce faire, un
modèle économétrique a été utilisé.
Des recommandations seront dégagées de cette analyse et serviront
à élargir et enrichir l'arsenal d'outils dont dispose le pouvoir
décisif sur d'éventuelles politiques de développement du
secteur agricole.
Pour atteindre ces objectifs, dans un premier temps une revue
de littérature détaillée pourrait définir le cadre
théorique de l'étude et servir de base pour présenter le
modèle qui sera utilisé. Dans un second temps, l'analyse des
résultats de l'estimation du modèle sera objet d'attention.
Enfin, une synthèse du travail sera menée en vue de faire des
recommandations pouvant servir d'instruments de politiques économiques
dans le domaine agricole.