Conclusion:
L'Analyse de l'ensemble des chapitres qui structurent cette
première partie nous permet d'avoir une plus grande compréhension
des enjeux qui tournent autour de la ville de Rufisque.
.
Il devient plus que urgent de définir des politiques
viables axées en grande partie sur une réappropriation et une
réorganisation de l'espace du centre ville afin de l'adopter au contexte
actuel de dynamisme urbain.
Une analyse de la situation démographique de la ville est
suffisante pour comprendre la nécessité de mettre en place des
équipements fonctionnels et de diversifier l'offre en services afin de
développer une politique d'emploi pour lutter contre le chômage
croissant des jeunes.
De même les multiples problèmes environnementaux qui
gangrènent la ville de Rufisque trouvent, en partie, leur explication
dans la nature du site, caractérisé par un sol et un sous-sol
essentiellement constitués d'argiles de type gonflant (marno-calcaires)
qui ont la particularité d'être très instables et peu
appropriés à la construction ; et l'existence d'une demi-cuvette
(actuel centre-ville) qui est sensible aux phénomènes
d'inondations.
Cette situation environnementale est d'autant plus
inquiétante qu'elle se traduit sous d'autres formes par une
dégradation du patrimoine architectural.
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DEUXIEME PARTIE : LES CARACTERISTIQUES DU PAYSAGE
URBAIN
Comprendre le paysage, l'analyser jusque dans ses proportions les
plus élémentaires, ou pour en saisir le sens ou pour en
contempler ses traits les plus marquants, ou pour en déceler le moindre
signe de son appartenance culturelle ; mais hélas « la ville
apparaît beaucoup plus faite d'idées que de briques et que les
idées et les briques ne suffisent pas encore à faire des
villes».
«Il est en effet difficile de savoir ce que pense le citoyen
moyen de son environnement, car le plus souvent il s'exprime peu ou mal,
découragé qu'il est par son impuissance croissante devant un
système technocratique et anonyme. Or le silence est grave puisqu'il
contribue au divorce grandissant qui s'installe entre l'habitant
résigné et les spécialistes des villes.
D'un coté bien des architectes et des urbanistes
conçoivent des formes pour des habitants qu'ils ignorent et qui ne sont
parfois même pas nés, de l'autre la grande majorité des
citadins ignorent qu'un bâtisseur peut faire autre chose que des
mètres cubes de béton »16.
Le paysage, symbole de l'ensemble des éléments d'un
environnement, apparaît comme un assemblage de formes dont chacune est
porteuse de significations. Il doit contribuer à révéler
l'histoire d'un espace, non seulement dans ses évolutions lentes mais
aussi lorsqu'elle a comporté des ruptures brutales.
A travers une simple analyse des traits du paysage, toute
l'histoire d'une société devrait être sue et comprise.
En effet tel qu'il nous apparaît, «le paysage est le
miroir des relations anciennes et actuelles, de l'homme avec la nature qui
l'environne, la plaque photographique sur laquelle il a laissé une trace
plus ou moins précise et profonde, avec tous les
phénomènes possibles de
surimpression »17.
Les paysages expriment ce qui relie entre elles les pratiques
matérielles, les rapports sociaux, les représentations
symboliques et finalement, tout ce qui contribue à modeler une culture
locale.
Ils apparaissent comme une écriture, à savoir ce
qui relève des cultures humaines, inscrites sur un support, la nature
avec laquelle il a fallu composer.
16Rimbert, Sylvie.Les paysages urbains.Ed Armand
Colin.1975 .240 pages
17 Lizet Bernadette, De Ravignan
François.Comprendre un paysage.Guide pratique de
recherche.INRA.Paris.1987.p14
40
Cependant dans un contexte où ces formes sont le
résultat d'une politique coloniale, dont un des soubassement a
été d'importer dans la colonie l'art de vie à la
métropole, symbole d'une aristocratie soucieux de reconduire dans ces
terres lointaines leur style de vie, il apparaît difficile pour la
population urbaine d'y prêter un quelconque attachement puisque
«l'objectivité spatiale de l'architecte, de l'urbaniste ou de
l'ingénieur, est en grande partie étrangère à
l'usager de la ville parce qu'infiniment plus pauvre que ce qu'il choisit de
voir »18 .
Parce qu'elles suggèrent une réplique des
cités françaises dans des terres lointaines, ces images
alimentent une certaine réflexion chez des auteurs comme Alain Sinou qui
s'exprime sous ces termes : «elles évoquent le rêve de
quelques administrateurs qui souhaitent reproduire un ordre social nouveau. Ces
images ont pour fonction, comme les actions d'aménagement, de proposer
un nouveau tableau de la colonie, mais elles sont destinées à un
autre public localisé en
France »19.
En revanche, ce tableau de l'ancienne colonie a tendance à
disparaître aujourd'hui au centre ville de Rufisque mais dans des
proportions moindres .Une nouvelle conception architecturale prend forme aux
alentours ou sur l'héritage colonial, exprimée par la
volonté d'apporter un peu de modernisme et une nouvelle image, vivante,
à la monotonie de cet espace.
Il marque le désir des populations à
s'intéresser à leur propre environnement et d'imprégner
leur propre marque à leur espace.
« Il ne s'agit pas de renier d'anciennes pratiques mais
plutôt que les enrichir afin qu'apparaissent un nouveau paysage urbain se
voulant une synthèse entre le monde du progrès, la
société industrielle française et les
sociétés locales, dont certains signes architecturaux sont
désormais considérés comme l'expression de valeurs
culturelles ».20
C'est dans ce contexte tout à fait nouveau que nous
tenterons d'étudier le paysage urbain de Rufisque.
18 Rimbert, Sylvie .op. cit.
19 Sinou, Alain.Comptoirs et villes coloniales du
Sénégal : St-Louis, Gorée, Dakar.Ed Karthala et
Orstom.1993
20 Sinou, Alain. op. cit. p331
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