Chapitre I : RUFISQUE ET SON SITE
--A--HISTORIQUE DE RUFISQUE:
Une connaissance de l'origine de la ville de Rufisque
s'avère difficile tant les versions sur sa découverte
sont multiples. Faute d'un manque de source écrite on est tenté
de se conformer à la tradition orale pour une meilleure connaissance des
débuts de la ville de Rufisque. Plusieurs auteurs s'accordent à
dire que Rufisque est un des plus anciens
établissements lebou de la presqu'île du cap vert
Alain Dubresson8 fixe ses début au
XVIème voire XVème
siècle.
La tradition orale nous renseigne que c'est de Kounoune
une localité située à 4km au
Nord de la ville actuelle que sont venus les fondateurs de Rufisque. Le site
découvert par un chasseur qui avait suivi le marigot de
Sangalkam aurait été défriché par
quatre groupes familiaux, les Guèye, les
Ndoye, les Ndop et les Mbengue
(créateur de Ndunkou) qui s'établirent
en bord de mer, au milieu dune clairière aménagée par le
feu.
Cette version de Dubresson Alain est
confrontée à une autre de Lexan Adrien Benga
Ndiouga9 qui stipule qu'Omar Ndoye,
habitant de Kounoune au Nord Ouest de Rufisque, traversant la
foret autour de son village en compagnie de son chien, découvrit
à perte de vue une grande étendue d'eau, la mer. Plus tard les
habitants de Kounoune, Bargny,
Yène descendirent du plateau pour venir s'installer au
bord de la mer et fondèrent quatre villages Ndunkou, Thokho,
Thiawlene et Dangou.
Une ressemblance se note à travers ces deux versions mais
Alain Dubresson apporte plus de précision quant au
début de Rufisque. Il nous affirme que cette clairière fut
agrandi d'abord vers l'Est avec l'arrivé de
Demba Diaw Djegal, premier chef de quartier de
Thiawlene (et de Babacar Gueye fondateur de
Mérina (certaines versions nous renseignent que c'est
Tim ndoye
8 Idem
9 Benga Ndiouga Lexan Adrien. Pouvoir central et
pouvoir local, la gestion municipale à l'épreuve
.Rufisque.Senegal (1924-1964). (1995)
qui est le premier fondateur de mérina).
Autour des noyaux de base vinrent s'agglomérer de nouveaux
quartiers en particulier Diokoul (les derniers arrives).
Par plus de précision on est allé chercher d'autres
significations dans l'étude de l'étymologie de Rufisque afin
d'avoir une plus grande certitude sur les débuts de cette ville.
Quant au nom portugais l'historien R. Mauny
propose au moins trois solutions: en premier lieu nous avons en
portugais RIO FRESCO qui veut dire la rivière
fraîche à cause de la rivière qui ceinturait la ville au
XVIIème siècle, en second lieu nous avons le mot
REFRESCO ou le rafraîchissement, le lieu d'escale qui
est en totale contradiction avec le dernier vocable employé pour
connaître l'origine de la ville de Rufisque, RIO FUSCO
qui signifie la rivière noirâtre ou sale.
Les sources écrites faisant défaut, des discussions
sur le nom autochtone «Têng Gêec» ou
«Tin Guedj» c'est-- à - dire les puits de la
mer sont d'autres voies vers une connaissance des débuts de Rufisque.
Pour certains le nom «Têng Gêcc» est une
déformation maladroite du nom lébou
«Tang Gêcc» ou «Tangue
Guedj» c'est-- à-- dire la clairière
défrichée par le feu au bord de la mer, le puits de la mer ou
ceux qui jouxtent la mer.
Toutes ces versions ne sont que des tentatives d'explications
qui ne nous disent pas plus sur les débuts de la ville car chacun
n'ayant pour support que la tradition orale qui peut être
manipulée, transformée selon les intérêts du groupe
qui la détient et la transmet.
D'une manière générale son nom d'origine
portugaise laisse croire que ce sont eux qui sont les premiers à
s'établir sur le site de Rufisque comme en témoignent les
écrits de bon nombre d'auteurs du XVIIème
siècle, puis par les hollandais et enfin les français
qui ont été les véritables artisans de l'essor de la
ville.
Ce n'est que dans les textes du XVIème
siècle que Rufisque est régulièrement
citée comme comptoir commercial .Pour Benga Ndiouga Lexan
Adrien10« il faut attendre 1588,
alors que la cote est connue des 1444-1445
,pour voir mentionner Rufisque pour la première fois dans une
patente de la reine ELISABETH d'Angleterre .Elle accorde
à certains marchands le privilège
10 Benga Ndiouga Lexan Adrien .op. cit.
22
d'aller à la rivière de Gambie,
à la ville de Barzaquiche (Gorée) située
près du Cap vert sur la cote de Rufisco--viejo ou
Rufisque, à Palmarin, à Portudal
et à Joala ,et enfin à
Gambia».
La renommée de Rufisque s'est faite surtout grâce au
commerce de l'arachide, dotant ainsi la ville d'un port avec trois wharfs de
débarquement pour l'acheminent des marchandises vers l'Europe et
l'Afrique.
Photo 21 : Ancien wharf Photo 22 : ancien
secco
Par sa singularité historique, Rufisque a
hérité d'un important héritage culturel allant de la
tradition lébou à l'architecture coloniale qui est le
témoin d'un passé florissant aussi bien sur le plan social,
économique que culturel.
Pour Diagne Badara11 «son
existence est liée à la volonté de faciliter
l'acheminement de l'arachide de l'Afrique vers l'Europe».
Ce qu'il faut noter est que l'existence même de Rufisque
était indissociable du commerce de l'arachide car, par elle transitaient
divers produits provenant des industries de transformations de l'arachide et de
produits halieutiques (conserveries et savonneries).
« A la fin du XVIème siècle
déjà Rufisque était considérée comme une
agence commerciale mais ce n'est qu' à partir du XIXème
siècle que la ville s'engage dans une dynamique de
développement économique .Grâce à la politique
adoptée par le gouvernement colonial français, Rufisque devient
déjà en 1860 un point de triage de la production
d'arachides entrant ainsi en
11 Diagne, Badara .Contribution à
l'élaboration d'un système de gestion environnementale de la
ville de Rufisque .mémoire de diplôme d'études
approfondies.2004
concurrence avec l'île de Gorée qui
représentait à cette époque un centre commercial important
et occasionne ainsi un retard dans le développement de Dakar
fondé en 1857.
Pour donner une idée du trafic commercial de Rufisque, il
suffit de rappeler qu'en 1880, plus de vingt trois milles
tonnes d'arachides étaient expédiées sur son port tandis
que l'autre grand centre sénégalais de cette époque
St Louis n'en traitait que six milles»12
De son statut de Commune du 12 juin 1880, elle a
vu sa population s'accroître considérablement de 4500
en 1880 ,8000 en 1890
et 15000 en 1914 sur un espace
communal allant de la plage c'est-- à - dire de la zone
côtière au sud à la gare ferroviaire au nord. Puis elle
évolua jusqu'en 1916 ou la loi Blaise Diagne
lui conféra un nouveau statut par l'obtention de la
citoyenneté française de ses habitants.
« Jusqu' en 1920, Rufisque était en
pleine hégémonie avec le développement de la gare
ferroviaire qui commença à supplanter le port .Mais c'est
à partir de 1928 ,date à laquelle Dakar est
devenue le premier port import export du Sénégal que Rufisque se
vit dépossédée de ses attributs de premier centre
d'affaires du pays .La création d'un nouveau port à
Kaolack ,la crise des années 30 et le
transfert de la chambre du commerce à Thiès donnèrent le
coup fatal à la ville qui est dès lors engagée dans un
processus de déclin irréversible.
En 1937, avec la création du «
territoire de Dakar et dépendances en 1921, Rufisque
est étouffée et réduit à un simple rang de chef
lieu de subdivision .Ce déclin économique de Rufisque
s'accompagne au fur et à mesure d'un processus en vertu duquel cette
ville est devenue aujourd'hui une partie de la banlieue de Dakar dont elle
dépend au moins en partie aussi du point de vue
administratif».13
12 Diallo kadidiatou .Le patrimoine architectural des
centres urbains et historiques du littoral sénégalais : St Louis,
Rufisque, Gorée et Joal : un enjeu culturel de taille pour la sauvegarde
et la mise en valeur.Mémoire d'études approfondies.2007.p49
13 Source : le quotidien, titre de l'article :
Rufisque.une ville, une histoire, écrit par Ndiaga Ndiaye, publié
le 6 août 2003,www.rufisquenews.con/articles-sur-Rufisque.html
24
-B- SITUATION GEOGRAPHIQUE DE RUFISQUE:
La ville de Rufisque appartient à un grand ensemble
formé par la presqu'île du Cap-Vert. Cet espace étroit de
550km2, limité à l'Est par la
«falaise de Thiès», à l'Ouest par l'océan
atlantique, ne représente que 0,28% de la superficie
totale du pays.
Figure 2 : carte de la situation de Rufisque
Source : Direction des services techniques de
Rufisque
Cet espace, selon A. Dubresson résulte de la tectonique
(horts paléocènes de Ndiass et de Dakar, exondation du substratum
marno-calcaire Lutétien au Miocène) ainsi que des
éruptions volcaniques accompagnant des cassures récentes
(système de Dakar puis système de Dakar puis
système des mamelles) et que son rattachement au corps
principal du bassin sénégalais émane des pulsations du
niveau marin et des oscillations climatiques du quaternaire.
Il s'en est suivi d'accumulations progressives de sables et
constructions de cordons dunaires surtout puissants sur le littoral
septentrional donnant à l'ensemble un caractère de pseudo
tombolo.
Sa position en longitude, l'encadrement océanique,
l'influence de l'alizé maritime Nord Nord-est favorisant le maintien
d'une flore relique à affinités guinéennes,
confèrent au Cap-Vert un milieu spécifique dont les
fraîches températures de janvier - février ne sont pas un
des moindres agréments.
Dans ce vaste ensemble se trouve la ville de Rufisque qui est
située à environ 25 km au Sud Est de Dakar entre
les parallèles 14°41 et 14° 46' 30''
Nord et les méridiens 1°15' et 17°20W
à l'extrémité Ouest du grand bassin
sédimentaire méso cénozoïque
sénégalo-mauritanien (Bellion, 1987).
Rufisque est une ville côtière qui se trouve dans la
baie de hann.Elle est le chef lieu du département le plus étendu
de la région de Dakar du fait de son arrière pays. En effet c'est
le seul département de la région de Dakar à comprendre une
zone urbaine et une zone rurale.
Pour Halima Laaroubi14 , Rufisque
est une ville côtière située à 28km
au Sud--est de Dakar dans une demi cuvette avec une dépression
ondulée .Elle est dominée sur l'arrière pays par un
plateau calcaire et marno-calcaire dont l'altitude moyenne avoisine
35m.
Le Nord est couvert de sols « dior » de texture
sableuse. A l'Est elle est ouverte sur le plateau de Bargny et vers le Sud sur
la mer avec une faible altitude (< à 5m IGN).Ce qui
entre autre explique l'avancé de la mer .Sa pente faible (6,29m
par km) favorise l'atterrissement (Laaroubi, 1997).
Le département de Rufisque concentre 12,5%
soit 284263 habitants de la population
régionale en 2002, sur une superficie de
371,7km2 (DPS, 2004).
Rufisque a été érigée en commune de
plein exercice depuis le 12 juin 1880 avec à sa
tète un maire et un conseil municipal élu au suffrage
universel.
14 Laaroubi, Halima.Etude hydrologique des bassins
versants urbains de Rufisque.Thèse de doctorat de troisième
cycle.UCAD (2006-2007).
26
Plus récemment, le décret n°96-745
du 30 août 1996 portant création des
communes d'arrondissement dans les villes de Dakar, Pikine, Guédiawaye
et Rufisque, a divisé la ville de Rufisque en trois communes
d'arrondissement :
Ø la Commune d'arrondissement de Rufisque Ouest
; Ø la Commune d'arrondissement de Rufisque Nord;
Ø la Commune d'arrondissement de Rufisque
Est.
Ces trois collectivités locales ont fait l'objet chacune
d'une délimitation de son périmètre au nord, au sud,
à l'est et à l'ouest.
Malgré cette délimitation il n'est pas toujours
aisé de cerner avec précision les limites du territoire communal
existant ou projeté.
Néanmoins la réalité spatiale est à
tenir en compte, c'est-à-dire l'étendu actuelle de
l'agglomération rufisquoise dans laquelle tous les quartiers sont
répartis entre les communes d'arrondissement :
- la Commune d'arrondissement de Rufisque Ouest comprend
23 quartiers pour une superficie de 259,5 ha
;
- la Commune d'arrondissement de Rufisque Nord comprend
36 quartiers pour une superficie de 327,31 ha
;
- la Commune d'arrondissement de Rufisque Est comprend 31
quartiers pour une superficie de 390,5
ha15.
15 Ces données ont été
recueillies auprès de la Direction des Services Techniques de
Rufisque.
-C- LE CENTRE VILLE DE RUFISQUE :
Il est hérité du premier plan d'aménagement
de 1862 avec un espace circonscrit entre la ligne du chemin de
fer au nord et l'océan atlantique au sud.
Cet espace étroit est limité au nord ouest par le
quartier Guéndel, au sud ouest par le quartier
Diockoul avec une limite qui est matérialisée
par le canal de l'ouest ;
Au nord est il est limité par le quartier Colobane
et au sud est par le quartier Mérina avec
comme point de chute le canal de l'est.
C'est l'ancien noyau urbain de l'époque coloniale
regroupant les quartiers Keury Kao et Keury
Souf.
Figure 3 : en vert le centre ville de
Rufisque
Source : Direction des services techniques
28
Le centre ville de Rufisque est l'un des rares endroits qui
retrace encore le passage des colons français et cela se remarque encore
dans le paysage urbain où l'art architectural colonial est gravé
au plus profond de la pierre.
Il est aujourd'hui le pôle majeur de l'économie
urbaine, avec une concentration géographique des services qui contribue
à doter Rufisque d'un centre-ville sur équipé par rapport
aux quartiers environnants.
Il symbolise la puissance de la ville, le seul outil fonctionnel
à travers lequel, Rufisque est reconnu encore comme véritable
pôle exerçant son influence sur un vaste hinterland.
Chapitre II: LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU PAYSAGE
RUFISQUOIS
-A- Cadre géologique et
géomorphologique:
Figure 4 : Schéma structural de la
presqu'île du Cap-Vert
Source :(Elouard, 1980, in Laaroubi, 2007)
Rufisque est située dans la presqu'île du Cap-Vert
qui se trouve à l'extrémité
occidentale du bassin sénégalo-mauritanien. Il est
limité à l'est par la falaise de Thiès. La morphologie de
la presqu'île du Cap-Vert se caractérise par deux dômes: la
tête de la presqu'île à l'ouest et le massif de ndiass
à l'est (Elouard, Brancart et Al. ,1976).
La structure de la presqu'île est une succession de horsts
(compartiments élevés) et de graben (compartiment
effondré), relayé par des gradins qu'on distingue d'Ouest en
Est:
Ainsi, nous avons le horst de Dakar, le
Gradin de Pikine qui explique l'isthme de la presqu'île
du cap vert avec des affleurements tertiaires de l'éocène
inférieure, le graben de Rufisque, compartiment
affaissé, a une allure de synclinal dont le cSur est formé par
des formations marnocalcaires sur lesquelles est situé le vieux
Rufisque. Il est suivi de deux gradins :
Le gradin de Bargny a l'allure d'un anticlinal
avec des bordures constituées par les calcaires lutétiens de
Bargny, le gradin de Sébikotane constitué
essentiellement d'argiles à attapulgites de l'Yprésien (Diop,
1995). Et enfin le horst de Ndiass qui est un dôme
anticlinal formé par des dépôts Maestrichtiens recouverts
de cuirasses ferrugineuses.
-A-1 GEOLOGIE DE LA PRESQU'ILE DU CAP-VERT:
L'évolution du bassin a été marquée
par différentes phases de transgressions et de régressions
à l'origine d'une diversité des formations
sédimentaires.
Ainsi du Crétacé au Paléocène, on a
des formations marines essentiellement gréso-argileuses.Du
Paléocène à l'Eocène, on observe une
régression générale donnant une sédimentation
biochimique (argilo-marneuse) qui devient progressivement continentale,
contenant des altérations ferralitiques ou latéritiques
héritées (climat tropical vers 10-15 Ma).
Parallèlement, se met en place le volcanisme tertiaire de
la région de Dakar-Thiès (Sarr et al.2000).Cette période
est suivie d'une phase d'érosion intense résultant d'une
importante activité tectonique de la région du Miocène au
Pliocène. Et enfin le Plio-quaternaire avec un faciès allant des
cuirasses ferrugineuses aux sables infra-basaltiques, aux produits volcaniques
des Mamelles, aux Beach-rocks, aux tourbes des Niayes et aux formations
dunaires (ergs de Pikine et de Cambérène).
Le Quaternaire est marqué par de nombreuses
périodes sèches et humides, dont les plus importantes pour notre
zone d'étude sont l'Ogolien et le
Nouakchottien:
30
-L'Ogolien (20000-14000 ans BP) est une
période très aride marquée par une intensification des
alizés, des upwellings et du courant des canaries (Diester Haas, 1980 et
Sarnthein, 1980-82, in Diagne Badara, 2004).
-Le Nouakchottien (6800-4200 ans BP) est
caractérisé par un climat plus humide .Durant cette
période la mer envahit toutes les dépressions (inter dunes, lacs
et cours inférieures des marigots) pour constituer une série de
golfs peu profonds. Une population du néolithique se serait
installée autour de ces golfs et aurait laissé des accumulations
de coquilles de Anadara Sénilis et les
Kjokkenmoddinger que l'on trouve en bordure des marigots de Mbao
(Elouard et al., 1976, in Diagne Badara, 2004).
--A--2 LES FRACTURATIONS DE LA PRESQU'ILE DU
CAP-VERT:
Elle est marquée par trois grandes catégories de
failles (Bellion, 1987, in Diagne Badara, 2004) qui ont plusieurs fois
rejoué du Crétacé au Quaternaire :
-Des failles d'orientation NNE-SSW, liées
à l'ouverture de l'océan atlantique central, qui
prédominent entre Thiaroye et Bargny ;
-Des failles d'orientation NW-SE qu'on retrouve
uniquement au niveau du horst de Ndiass et à Bargny ;
-Des failles d'orientation NE-SW qui sont bien
représentées au niveau du plateau de Bargny et dans la partie
centrale du horst de Ndiass
De grandes fractures s'étendent de la pointe de Rufisque
jusqu'au nord du horst, parallèlement à la côte nord
(Lompo, 1987, in Laaroubi, 2007).
--B-- LES PRINCIPAUX AFFFLEUREMENTS DE LA ZONE
DE
RUFISQUE:
Les principales formations qui affleurent à Rufisque
datent du tertiaire et du Quaternaire:
--B--1 LES FORMATIONS TERTIAIRES:
Le tertiaire a connu une sédimentation marine et surtout
des rejeux de failles accompagnées d'un volcanisme basique dans la
région de Dakar-Thiès (Lompo, 1987, in Laaroubi, 2007) .on
distingue les étages et les formations suivantes :
-L'éocène inférieur
(l'Yprésien) : Il est d'une épaisseur de 200m (Elouard.,
Brancart et al., 1976, in Laaroubi ,2007) .Cette formation se subdivise de bas
en haut en trois niveaux (Sall, 1983) :
> Un niveau calcaire glauconieux phosphaté;
> Un niveau inter dunaire d'argiles papyracées à
attapulgites ;
> Une alternance de niveau de calcaire silicifié et de
marnes dans sa partie supérieure. Cette formation constitue la
principale ressource de matériaux de la cimenterie de Rufisque.
-L'éocène moyen (Lutétien) : Il couvre
une grande partie du bassin versant de Rufisque. Son épaisseur varie
entre 10 et 25m. Il se présente sur 25m par la
succession suivante, de bas en haut :
> Calcaire argileux à lits de marnes (calcaire de
Bargny) ;
> Marnes à lits de calcaires argileux à
frondicularia ;
> Marnes à lits de calcaires argileux à
planularia ;
> Marnes grises à radiolaires.
-Le calcaire de Bargny : Il est constitué
d'une alternance de bancs de calcaire jaunâtre sublithographiques et de
couches marneuses .Ces bancs calcaires sont parfois siliceux et
phosphatés, de couleur beige foncée .Il contiennent, en petite
quantité, de silex bruns ou noirs avec des faciès à
discocyclines (Nahon et Tessier, 1974, in Laaroubi, 2000).
-Les marnes grises à lits de calcaires argileux
: On les retrouve à l'est de Rufisque dans un compartiment
affaissé. Il s'agit de faciès de calcaire de Bargny qui
deviennent beaucoup plus marneux .Ces bancs de calcaire se raréfient de
la base vers le sommet (Elouard, Brancart et al., 1976, in Laaroubi, 2007).
-Le miocène volcanique : A cette
période, la mer s'est retirée complètement et
définitivement (Elouard et Roy, 1965) .Cette période s'est
caractérisée par une activité du système volcanique
dans la presqu'île du Cap-Vert .L'affleurement volcanique le plus
important est celui de DiokoulRufisque.
32
--B --2 LES FOR MATIONS QUATERNAIRES :
Le quaternaire marin est représenté par quatre
grands types de formations, mais il est surtout marqué par deux
étages géologiques qui correspondent aux transgressions de
l'Aioujien et du Nouakchottien :
-La transgression de l'Aioujien : Elle s'est
produite vers 100000 ans BP. On en retrouve quelques lambeaux
sur la plage à l'ouest de Rufisque dans les environs de la centrale
thermique au cap des biches et en bordure de la plage environ 2m IGN
au dessus du niveau de la mer. -l'Ogolien : A cet
âge la mer a connu une régression marine qui peut atteindre 100m.
Au Sénégal le climat était désertique, ce qui a
permis la mise en place de puissants massifs dunaires alignés (dunes
longitudinales de direction nord est-sud ouest).
Le nord ouest du plateau de Mbao et le nord de la
dépression de Rufisque ont été coiffés par ces
massifs dunaires dont on distingue trois types:
Ø Les dunes ogoliennes de l'erg de Pikine
qui sont des dunes continentales, longitudinales de direction nord
nord-est --sud sud-ouest. Elles se trouvent au nord ouest du marigot de Mbao et
dans la zone des Niayes.
Ø L'erg de Bambilor est le plus ancien.
Il s'étend sur les bordures du plateau de Bargny, en formant des dunes
longitudinales de direction nord à nord est-sud à sud ouest, qui
sont très étalées. Ces massifs dunaires sont
témoins de désertification tropicale.
Ø L'erg de Keur Massar
est le plus récent. Il s'étend entre Keur Massar et
Sangalkam, on le trouve également au nord de Rufisque. Il est
formé de dunes longitudinales de direction nord est --sud ouest .Cet
alignement dunaire indique la direction des vents dominants.
-La transgression du Nouakchottien : Elle est
marquée par une nouvelle transgression marine qui atteint son maximum
à plus de 3m. La mer s'est insinuée entre les dunes continentales
et a remonté le cours inférieur des marigots (Mbao, Bargny,
Panthior). Le cordon dunaire littoral s'étend sur une largeur de 10
à 50m. Il est constitué d'une alternance de couches de sable et
de coquillages brisés.
Les formations quaternaires continentales sont largement
représentées dans l'axe des vallées des bassins versants
de Rufisque. Il existe un remblaiement alluvial qui résulte du
comblement des paléo vallées creusées lors des
régressions marines de l'Inchirien et du Nouakchottien.
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