UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR FACULTE DES LETTRES
ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
Mémoire de Maîtrise
ETUDE DU CENTRE-VILLE DE RUFISQUE : CARACTERISTIQUES
DU PAYSAGE URBAIN ET MUTATIONS FONCTIONNELLES
Présenté par: MAMADOU ALIOU
DIALLO Sous la direction de :
Année universitaire 2008-2009
Monsieur YAKHAM DIOP Professeur à
l'U.C.A.D
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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR FACULTE DES LETTRES
ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
Mémoire de Maîtrise
ETUDE DU CENTRE-VILLE DE RUFISQUE : CARACTERISTIQUES
DU PAYSAGE URBAIN ET MUTATIONS FONCTIONNELLES
Présenté par: MAMADOU ALIOU
DIALLO Sous la direction de :
Année universitaire 2008-2009
Monsieur YAKHAM DIOP Professeur à
l'U.C.A.D
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Liste des sigles et acronymes :
ADM : Agence de Développement
Municipal
ANDS : Agence Nationale de la Statistique et de
la Démographie
AOF : Afrique Occidentale Française
DAF: Direction des Affaires Financières
DPM: Direction de la Police Municipale DRH:
Direction des Ressources Humaines
DST : Direction des services techniques de
Rufisque HLM : Habitat à Loyer Modéré
IAGU : Institut Africain de Gestion Urbaine
ICOMOS : Conseil International des Monuments et
des Sites
IFAN : Institut Fondamental d'Afrique Noire
SOCOCIM : Société Ouest Africaine de Ciment
UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar
UICN : Union Mondial pour la Nature
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture
PROBLEMATIQUE :
Le patrimoine se conserve, les traces du passé se lisent.
Tel est l'héritage et le tableau que nous offre la ville de Rufisque,
témoin privilégié d'une longue présence
française.
Rufisque, centre commercial et administratif avec des pouvoirs
non moins importants se voit confier un rôle important dans
l'économie arachidière.
La graine au premier plan, même dans la morphologie
urbaine, comme si le centre --ville de Rufisque n'avait pour but que la
vulgarisation du commerce de l'arachide, l'espace d'un moment « du fait de
la transposition arbitraire d'un style architectural qui ne correspond
nullement aux aspirations de ceux qui en « bénéficient
» et au besoin de leur pratique sociale quotidienne »1,
résultant plus d'une simple utilisation que d'une maîtrise totale
du site.
« L'habitat adopte une sorte de structure dualiste, d'un
côté le nouveau quartier de l'escale (la ville lotie)
entièrement conçue et organisée pour le commerce de
l'arachide, où se trouvaient également les villas des grands
commerçants, de l'autre côté, à l'est et à
l'ouest, l'agglomération " désordonnée " des quartiers
lébous. Le plan de la ville relève d'une géométrie
fondée sur la recherche d'éléments mesurables et
négociables arrangeant tout le monde, répartiteurs,
spéculateurs, entrepreneurs. »2
Entre un passé récent et aujourd'hui, le
centre-ville s'est mu pour devenir un pôle d'attraction des services, du
commerce, de la vie culturelle et économique donc un lieu où se
développe l'ensemble des activités.
« Malgré les efforts de déconcentrations
des activités tertiaires menées par de nombreuses villes, les
centres-villes continuent de focaliser toute une gamme de services
professionnels, commerciaux et administratifs. Ce type d'emplacement parait le
plus adéquat à la fois pour irriguer en innovations et en
informations l'économie métropolitaine »3.
1 Dubresson, Alain. L'espace Dakar --Rufisque en
devenir .De l'héritage urbain à la croissance industrielle
.ORSTOM. P114
2Rufisque.Réalités-urbaines.Direction
des services techniques.mai 2000
3 Citation reprise par Raymond Guglielmo dans son
ouvrage intitulé « les grandes métropoles du monde
».Edition Armand Colin, p111
A travers ses phases évolutives , l'originalité
de Rufisque se note dans la transition d'un centre qui jadis « une
parfaite illustration de la projection spatiale d'un système où
tout est marchandise , où tout se négocie »4 et
pour qui « c'est le 09 septembre 1862 que le plan directeur de la
villeproduit d'une conjonction d'intérêt entre le grand commerce
colonial et de l'administration coloniale- est rendu exécutoire
»5, s'intéresser petit à petit à d'autres
secteurs d'activités alors qu'elle était «
créée par et pour la fonction portuaire »6.
figure1 : en vert le centre-ville
|
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Photo 1 : Le canal de l'est
|
Produit colonial avec un espace limité entre les canaux
de l'ouest et de l'est, de part et d'autre de la route nationale, l'escale (la
ville lotie) ou centre-ville reste figé et n'a pas la possibilité
de gagner en extension .Mais le contexte n'est plus le même et une
redéfinition des limites du centre-ville s'impose.
Photo 2 : un nouveau bâtiment Photo 3 : structure
moderne Photo 4 : circulation difficile au centre-ville
4 Dubresson, Alain. op. cit. , p21
5 Dubresson, Alain. Idem
6
6 Dubreson, Alainibiden
8
Photo 5 : Pierre de Rufisque Photo 6 : le jardin Photo 7
: ancienne police Photo 8 : toiture en ruine
dans un bâtiment public rénové en
réfection
Le centre-ville de Rufisque est caractérisé pour
une grande part par des bâtiments vétustes localisés
à l'intérieur même c'est-à-dire dans sa partie sud
contrairement à une zone nord partiellement rénovée. Au
delà des considérations purement architecturales le vieux centre
a su petit à petit devenir un outil administratif, un pôle central
pour l'ensemble des activités de la ville. De la ville coloniale
promotrice de la civilisation et de l'art de vie française, à la
ville administrative et pôle des services, la transition n'a pas
été une entreprise facile pour une ville qui doit se positionner
comme une véritable locomotive ,obligée de se conformer à
un héritage structurel pour le moins favorable à un
développement durable .Ainsi le centre-ville de Rufisque reste
confronté à un problème de mutisme spatial en raison d'une
organisation de l'espace figé depuis l'ère coloniale l'obligeant
à s'adapter à cette réalité.
Il s'en est suivi d'une ère de redéfinition des
fonctions de certains bâtiments coloniaux dans le but de revaloriser le
patrimoine et de diversifier les services mais sans effet.
.
Il devient logique de lier les nombreuses difficultés
dans la circulation en plein centre-ville au mutisme spatial, lesquels
problèmes sont loin d'être un vieux souvenir au regard de
l'importance considérable du trafic et de l'étroitesse des
voies.
Quel avenir pour un centre-ville à cours d'espace
utilisable pour une redynamisation structurelle, un centre aux activités
concentrées dans un espace déjà circonscrit depuis
l'ère coloniale ?et qui doit répondre à la demande d'une
population sans cesse grandissante liée à l'étalement de
la ville vers le nord.
Selon les estimations de la Direction de la Prévision
et de la Statistique, la population du département de Rufisque qui
s'élevait à 41000 habitants en
1960, est très vite passée à
328709 habitants en 2008 avec un total de
5475 habitants concentrés dans les quartiers de
Keury Kao et
Keury Souf formant le centre --ville.
Cette réalité est présente et place le
centre-ville de Rufisque devant une problématique complexe regroupant
à la fois plusieurs aspects de la mobilité urbaine passant par la
survie du patrimoine à un déficit de structures. Sur l'ensemble
des bâtiments que compte le centre-ville nombreux sont encore en
état de délabrement ou encore vieux sans aucune réfection
à part certains destinés au service administratif. A cela
s'ajoute un réseau viaire complètement vétuste et
étroit rendant ainsi la circulation piétonnière et
automobile très difficile au centre-ville.
Photo 9 : Ancien entrepôt Photo 10 : école
au cSur Photo 11 : bâtiment en ruine Photo 12 : Le nouveau
en ruine du marché chemin de fer
Photo 13 : Toiture délabrée Photo 14 :
canalisation Photo 15 : la gare ferroviaire Photo 16 :
bâtiment
au marché vétuste rénovée
moderne
L'état actuel des structures soit les aspects
morphologiques du bâti associé au contexte actuel de dynamisme
économique ne constituent-t- ils pas une entrave à
l'émergence du centre-ville ?ou au contraire sa réhabilitation ne
pourrait-t-elle favoriser ou constituer un point positif de la renaissance
touristique de l'ancien tissu ?
Autant d'interrogations qui permettent d'établir une
problématique voire des inquiétudes quant au devenir de Rufisque
qui se voit petit à petit transformer en véritable taudis du fait
de l'appropriation du centre-ville par des populations ou des «
Baol-Baol » ne se souciant guerre de la valeur
touristique au risque d'assister à une cohabitation entre une ville
ancienne par l'héritage français vétuste et une ville
moderne caractérisée par une superstructure neuve
localisée pour l'essentiel le long de la route nationale.
Ce mutisme spatial est imputable à une mutation
partielle des fonctions s'opérant à l'intérieur d'un
centre étroit, dans des bâtiments voués à d'autres
fonctions, accentuant la demande en
services. Des faits qui donnent lieu à une critique des
politiques urbanistiques car il y'a lieu à une politique de
délocalisation des fonctions.
Photo 17 : Quelques aspects du bâti
En dehors de ses bâtiments en ruines comme en
témoigne l'état de délabrement avancé du
lycée Abdoulaye Sadji, le centre-ville est envahi de partout par
«une marée montante» d'écoles privées, toutes
concentrées dans un espace très réduit, agressant
d'avantage le vieux centre, grignotant le moindre mètre carré
sous le regard coupables des autorités.
Tout cela renvoie à l'environnement qui se trouve
menacé par les va et vient incessants, la circulation difficile
siège d'une pollution continuelle, les bruits et les cris de tout part
symbole d'un centre-ville « agonisant » et invivable.
Se déplacer dans la ville relève d'un exploit
quotidien tant le trafic entre Dakar et le reste du Sénégal a
fini d'empoisonner Rufisque.
La dégradation de l'environnement culturel, la
vétusté du bâti, la crise sociale avec le chômage
croissant des jeunes, doivent faire réfléchir les
autorités locales sur la nécessité d'apporter au
centre-ville de Rufisque un souffle nouveau.
Autant de questions sur lesquelles doivent débattre les
acteurs de l'animation urbaine pour parer à toute taudification du
patrimoine.
Le changement de statut n'est pas du tout facile, car entre
une population qui ne cesse de croître et la recrudescence des demandes,
il y'a plusieurs problèmes qui interpellent les pouvoirs
compétents en matière de santé, éducation et
services variés.
10
Photo 18 : La nouvelle sonatel Photo 19 :
une rue du centre ville Photo 20 : fenêtre
délabrée
L'objet de notre étude, axée en partie sur les
caractéristiques du paysage urbain, constitue une esquisse afin
d'appréhender l'aspect des bâtiments à savoir un
état des lieux du patrimoine historique mais aussi une manière
d'analyser avec objectivité le contraste dans les politiques
urbanistiques au centre-ville matérialisé par une mixité
paysagère.
Une étude des fonctions du centre-ville est un moyen de
voir son véritable potentiel culturel, commercial, économique,
pour redéfinir sa véritable place à savoir s'il peut jouer
le rôle d'un véritable point de convoitise, un satellite pour
prétendre s'imposer comme un pôle fournisseur de services plus
performants, partant même à canaliser une majeure partie des
services en direction de la capitale, mais également répondre aux
exigences d'une population urbaine qui ne cesse de s'agrandir.
12
CONTEXTE ET JUSTIFICATION:
L'apport d'une contribution à l'étude du centre-
ville de Rufisque à travers une approche morphologique et fonctionnelle
constitue un moyen de comprendre l'impact d'un héritage sur un support
physique, les conséquences qui en découlent, qu'elles soient
bénéfiques ou néfastes, pour une ville qui était
supposée être un grand pôle commercial car dotée de
réseaux et de services performants.
Il ne s'agira pas de faire un inventaire ou d'établir
une liste exhaustive de conséquences mais d'analyser de manière
objective les voies d'éventuelles sorties de crise pour une ville qui,
bien gérée pourrait être le fer de lance d'une
économie encore sous le choc.
Des questions se posent et interpellent les pouvoirs publics
quant à l'organisation de l'espace et à la gestion des
activités du centre-ville.
Est-ce qu'il ne serait pas opportun d'analyser l'échec
d'un plan d'organisation de l'espace ou bien une volonté
délibérée de resserrement de l'étau autour de
Dakar?
Entre une nécessité d'aménager, mise en
place d'équipements fonctionnels et une redynamisation du potentiel
économique, il y'a matière pour une réflexion mure et une
concertation dans les manières d'utiliser l'espace.
Comment expliquer le contraste entre un centre-ville qui
semble garder intact l'héritage colonial et une zone
périphérique, théâtre d'une modernité
importée ne se souciant que de la beauté de ses maisons alors
qu'elle pourrait être un espace de relais infrastructurel ?
Est-ce à dire que la ville se définie par la
beauté de ses maisons que par l'importance des fonctions et services
qu'elle doit promouvoir ?
Autant de questions qui permettent de recadrer la
véritable place du centre-ville de Rufisque en tant que pôle
promoteur, faisant ainsi réfléchir les pouvoirs compétents
sur les politiques à mener pour une meilleure gestion et valorisation du
potentiel culturel, économique.
Objectif général :
Cette recherche s'inscrit dans le cadre d'une étude du
mode de composition urbaine de Rufisque par une analyse de ses contraintes et
possibilités au plan morphologique (patrimoine architectural) et
fonctionnel.
Objectifs spécifiques :
' Il s'agit de voir sur quoi repose vraiment l'économie du
centre-ville à savoir quels sont les véritables pôles de
développement.
Est-ce que ces secteurs sont prometteurs et peuvent garantir
à long terme le développement durable.
' Etudier les mutations fonctionnelles au centre-ville et la
manière dont elles se manifestent.
' Il importe d'étudier les politiques de sauvegarde et
de valorisation patrimoniale menées pour sortir le centre-ville de
Rufisque de son état de vétusté (la majorité des
bâtiments est en état de délabrement avancé).
Hypothèses:
' L'héritage colonial rufisquois est plus une
opportunité qu'une contrainte pour la ville.
' Les mutations fonctionnelles n'évoluent pas dans le sens
d'une diversification de l'offre en services. (Absence de services de haute
pointure).
' Le centre-ville de Rufisque n'est pas suffisamment
outillé pour répondre aux défis actuels de modernisation
(des structures à forte dominante commerciale et administrative).
14
16
DEMARCHE METODOLOGIQUE
Dans un souci de mener à bien notre projet de recherche
et de cerner l'ensemble des points qui structurent notre problématique,
il nous a paru plus judicieux de choisir une démarche
méthodologique qui s'articule autour de trois piliers principaux:
> la recherche bibliographique
> la collecte des données de terrain
> le traitement et l'analyse de l'information
--I-- LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE :
La recherche documentaire a permis de faire l'état des
lieux de la question et affiner les pistes de recherche. Autrement dit c'est
une approche qui permet de faire une synthèse et un recoupement des
différents documents qui s'insèrent dans notre étude afin
de soulever des questions pertinentes sur le centre ville de Rufisque.
Cette documentation s'est faite sur la base d'ouvrages
généraux, de rapports, d'articles de presses, de mémoires,
et par la consultation de sites internet.
A travers elle, nous avons eu la connaissance d'un ensemble de
points qui témoignent de la complexité de l'étude de
Rufisque tellement les angles de recherche sont multiples et
interprétables selon les voies que l'on se fixe.
Cette recherche nous a conduit dans plusieurs sites:
> La bibliothèque universitaire de l'UCAD
> La bibliothèque de l'IFAN
> La bibliothèque du département de
géographie
> L'agence nationale de la démographie et de la
statistique
> Le service de l'urbanisme de Rufisque
> La mairie de la ville de Rufisque
> La direction des services techniques de Rufisque
> Le service du cadastre de Rufisque
> L'institut africain de gestion urbaine
> L'office du tourisme à Rufisque
--II-- LA COLLECTE DES DONNEES DE TERRAIN:
Elle a consisté à recueillir des informations
sur l'espace du centre ville de Rufisque. Lors de nos différentes
missions on s'est efforcé de faire un état des lieux du paysage
urbain et d'étudier la nouvelle appropriation du centre ville par ses
usagers, un inventaire du patrimoine culturel selon ses différentes
composantes, son aspect actuel, mais également d'obtenir des
informations sur le nouveau statut du centre- ville de Rufisque.
Cette collecte des données sur les aspects du paysage
urbain, s'est faite suite à de nombreuses sorties au centre-ville. On
s'est efforcé de faire un tour complet de chaque rue pour localiser les
différents types de bâti mais aussi leur aspect actuel.
Celle--ci a nécessité de longues heures de marche
avec en main un bloc note qui a permis de recenser les aspects majeurs des
dégradations.
Pour mettre en place une typologie de l'habitat, on s'est
servi d'une carte de Rufisque en plus de nos différentes observations au
niveau du site. Il ne s'agissait pas de faire cette typologie en tenant compte
des détails près de toutes les composantes mais faire ressortir
la tendance générale de la composition de l'habitat.
Une visite a été menée au niveau des
différents organes et institutions qui interviennent dans l'animation
des activités du centre ville de Rufisque afin de consulter leur base de
données et dans certains cas pour obtenir des informations sur la part
d'action réservée à chacun d'eux. L'essentiel des cartes
utilisées dans la troisième partie de ce mémoire a
été réalisé à la main. Pour se faire, il a
fallu un recensement de chaque fonction au centre-ville, en tenant compte aussi
bien de l'îlot que du nom de rue afin d'être le plus précis
possible.
La réalisation de ce mémoire de maîtrise n'a
pas été chose aisée au vue des innombrables
difficultés rencontrées sur le terrain.
Tout d'abord, le manque de moyens financiers surtout que ce
mémoire comporte de nombreuses photos et cartes en couleur qu'il a fallu
scanner, sans oublier l'impression.
Ensuite, ce travail a coïncidé avec une
période d'élections locales qui a vu l'ancien régime
déchu, et une nouvelle équipe municipale mise en place. De ce
fait nous n'avons pas pu accéder à certaines informations qui
nous auriez permis d'aborder ce mémoire sous un autre angle. Les
différents responsables rencontrés nous ont signifié
qu'ils étaient en phase de constituer leur équipe de travail et
qu'ils n'avaient pas encore pris leur fonction. Nous n'avons pas
été en mesure d'avoir un repère fonctionnel du
centre-ville de Rufisque ne seraitce que pour une année précise
en raison d'archives lacunaires.
En dépit de toutes ces difficultés, nous avons pu
collecter les informations qui nous ont permis de produire ce document.
--III-- LE TRAITEMENT ET L'ANALYSE DE L'INFORMATION
:
L'information obtenue, il s'agira ensuite de la traiter sous
forme statistique grâce à des logiciels très pointus comme
Microsoft Word et Excel.
Pour l'essentiel des données quantitatives ou
qualitatives il sera intéressant de les présenter sous forme
cartographique, sous forme de croquis ou de tableau pour mieux saisir leur sens
et d'en faire une bonne interprétation.
Il nous appartiendra de choisir la méthode la plus
adaptée ou la plus appropriée pour l'exploitation maximale des
données recueillies.
Cette étude s'articule autour de trois parties
essentielles :
- Dans la première partie il s'agira de faire une
étude physique et démographique de la ville de Rufisque.
Une esquisse historique sera donnée afin d'avoir une
meilleure compréhension du passé de Rufisque.
Cette étude historique est indispensable à mon avis
car elle constitue une matière voire un support dans la
compréhension du cadre dans lequel elle a évolué.
Cependant, je n'ai pas jugé nécessaire d'entrer
dans les détails puisque nombreux sont les auteurs qui en parlent.
Elle est seulement un fil conducteur qui permet au lecteur de
se retrouver facilement dans ma problématique et d'avoir une plus grande
aisance dans la corrélation entre le passé historique de la ville
et ses problèmes actuels.
- La deuxième partie porte une attention
particulière sur la morphologie urbaine et le patrimoine architectural
rufisquois. Il s'agira d'analyser les traits particuliers du paysage urbain
afin de déceler l'aspect actuel du réseau viaire, du bâti
ancien et moderne, et voir dans quelle mesure le patrimoine culturel est
entretenu et valorisé.
- Enfin une troisième partie sera consacrée aux
aspects fonctionnels du centre-ville. Il importe d'étudier les mutations
fonctionnelles et leur poids dans le renforcement des activités
centrales mais également le sens dans lequel elles s'opèrent.
18
INTRODUCTION
La problématique de la ville africaine est rendue complexe
et difficile du fait de la combinaison des trois facteurs essentiels
suivants: une démographie galopante sans rapport avec
le taux de développement économique, une insuffisance de
ressources financières pour faire face aux besoins croissants en
études et travaux d'aménagement, une insuffisance de ressources
de cadres et de techniciens qualifiés , capables d'appréhender
les besoins de développement socio-- économiques des
agglomérations et de faire des projections cohérentes sur
l'avenir.
« Il est généralement admis de dire qu'il y' a
quelques décennies seulement, la plupart des villages africains, de
petites agglomérations vivaient en harmonie avec leur environnement
qu'un fragile équilibre s'était constitué lentement au
cours des siècles.
L'occupation de l'espace reflétait le mode de vie, le
contact avec d'autres civilisations, la tentation du progrès ont
modifié les intérêts, les besoins, les équilibres,
les modes de vie .Les rapports entre environnement, mode de vie et occupation
de l'espace sont en pleine évolution .Une bonne approche de
l'environnement par les habitants mais aussi par « ceux de
l'extérieur » est plus que jamais nécessaire
»7.
Ainsi la plupart des grandes civilisations de l'Afrique ont
subi des modifications importantes imputables à la colonisation et
à leur volonté civilisatrice, transformant la structuration de la
société traditionnelle jusque dans son encrage le plus
profond.
Des modèles copiés, traduisant leurs propres
aspirations, leurs propres intérêts, se sont vus imposés en
Afrique. C'est ainsi que la plupart des villes de l'Afrique, plus
particulièrement celles situées sur la bande
côtière, ont été le soubassement de la politique
coloniale et un relais vers la métropole.
7 Gaye Malick, Nicolas Pierre, (1988).Naissance d'une
ville au Senegal.Enda et Editions Karthala.Paris.p29
On comprend aisément la situation de nombreuses villes
coloniales qui voient leur héritage se délabrer, n'ayant pas les
moyens d'y faire face au risque de perdre tout profit de ce patrimoine,
Rufisque en est un exemple concret.
A l'heure actuelle où la ville constitue le
véritable moteur de développement et doit se positionner comme
place centrale dans l'organisation des activités sur l'espace,
nombreuses sont les villes coloniales qui connaissent un grand handicap
à s'adapter à cette réalité car le fossé
demeure grand au regard de leur héritage obsolète.
Dans ce 21ème siècle naissant, la ville africaine
est appelée à se perfectionner pour devenir un outil plus fiable
à l'image des grands centres urbains qui sont de véritables
communautés motrices dans la mesure où leurs orientations et
leurs anticipations vont se diffuser sur le reste.
Les villes sont ainsi dotées d'un dynamisme interne qui
engendre en leur sein une multiplicité d'entreprises nouvelles et c'est
à partir d'elles que ces entreprises se décentralisent vers des
régions en démarrage ou en déclin .L'avenir de ces
régions dépend alors autant de leur possibilité d'attirer
des entreprises en provenance de ces grands centres que de la vitalité
des initiatives locales.
Tel n'est pas malheureusement la situation de nombreuses voire de
la plupart des villes coloniales, qui demeurent encore dans un mutisme
infrastructurel profond.
Si le centre ville demeure « le lieu des commodités
et aisances fournies par des équipements et se réduit souvent
à la ville des classes dominantes, lieu des classes
privilégiées aisément lisibles depuis l'époque
coloniale avec toute sa structuration et stratification », il semblerait
que cette situation ait évolué aujourd'hui au centre ville de
Rufisque.
C'est plutôt l'inverse qui est notée aujourd'hui
avec une certaine appropriation anarchique de l'espace, regroupant diverses
catégories sociales, un véritable creuset culturel dans lequel
toutes les ethnies sont représentées.
PREMIERE PARTIE: CADRE PHYSIQUE
ET DEMOGRAPHIQUE
20
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