3.4.3. L'implication de la famille
Selon la Charte des droits et libertés des
personnes âgées dépendantes de 1997, « dans les
institutions, la coopération des proches à la qualité de
vie doit être encouragée et facilitée. En cas d'absence ou
de défaillance des proches, c'est au personnel et aux
bénévoles de les suppléer ». En 2007, cet
article 4 est modifié en « Le maintien des relations
familiales, des réseaux amicaux et sociaux est indispensable à la
personne âgée en situation de handicap ou de dépendance
».
Certaines familles s'impliquent dès le
début du séjour par l'accompagnement de son aïeul et par son
éventuelle participation au conseil de vie sociale. Cette
présence va améliorer la qualité du séjour de leur
aïeul.
Parfois elles sont plutôt fuyantes : «
Les familles sont des catégories fantômes dans les maisons de
retraite [...] ayant une influence décisive sur les
itinéraires de la personne âgée81
».
Cela s'explique par tous les états par lesquels
passe la famille, lors de l'admission d'un de leur membre :
> Psychologique : elle passe d'un statut d'enfant
à celui de parent, d'aidant à celui d'aidé et prend
parfois un statut de tuteur. Elle peut aussi se sentir désemparée
face à ce sentiment d'abandon, de culpabilité ou de
déni.
81 L'EHPAD : Pour finir de vieillir, (2006), Ethnologie
comparée de la vie quotidienne en institution gériatrique (tome2)
, Etude réalisée par le centre d'Analyse Stratégique,
06/2006
> Financier : parfois la famille a contacté
plusieurs EHPAD avant d'en trouver un. Le coût financier de
l'hébergement peut être important et nécessiter la vente de
la maison familiale. De ce fait une vigilance accrue vis à vis des frais
annexes apparait, comme le coiffeur, le pédicure, le
dentiste...
Les familles arrivent en EHPAD avec des craintes, au
regard des affaires de maltraitance de ces derniers temps. Ses demandes vont
croissantes vis-à-vis des soins de base, des repas et des
animations.
Les relations des familles avec les professionnels
peuvent être ambigües : Du fait d'une présence quotidienne,
parfois biquotidienne, elles peuvent trop solliciter les professionnels. Des
situations de tensions peuvent apparaître.
Peu présentes au contraire, le suivi du
résident, surtout s'il ne peut communiquer, est difficile pour ces
soignants.
Les nouveaux liens qui unissent le résident aux
soignants peuvent aussi culpabiliser les familles, dans la mesure où
elles ne sont plus les seules à partager certains moments (toilette,
repas, animations...). Des relations dites de service peuvent apparaître
: les familles considèrent qu' « elles paient et donc elles ont
des droits82 ».
Mais en s'impliquant dans le projet de vie, la famille
devient une ressource d'informations aussi pour le professionnel. « En
développant une bonne connaissance des habitudes des résidents,
le personnel évite à ces derniers de se mettre en situation de
demandeurs, leur permettant ainsi de moins sentir le poids de leur
dépendance83 ».
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