Ecole Supérieure Montsouris
Université Paris Est Créteil/Val
de
Marne
Diplôme de Cadre
de Santé
Réflexion autour
Du
Projet de vie
Catherine NEDELEC
2010-2011
DCS@10-11
Remerciements
Je tiens à remercier mon directeur de
mémoire, Monsieur Jean-Michel Lancien, pour son soutien, sa
disponibilité et son accompagnement bienveillant. Son aide m'a
été très précieuse durant tout le parcours de ce
travail.
Je remercie également mon ancien cadre de
santé, Madame Annie Deslandes et mon ancien directeur, Monsieur
Léo Kohon de m'avoir accordée leur confiance.
Je remercie toutes les personnes rencontrées ou
croisées durant le temps de l'enquête.
Je remercie mes amis, plus spécialement Corinne et
Cathy, pour leurs encouragements.
Enfin, je remercie ma famille, Aurore et Xavier mes
enfants, Pierre-Yves mon mari de leur soutien, de leur compréhension et
de leur présence.
Merci à vous tous.
Voici la lettre d'une personne âgée. Elle
émane du concours de la Fédération Nationale de
Gérontologie, qui encourage les personnes âgées à
s'exprimer. Cette opération, âgée de 10 ans, s'intitule :
« Lettre à... »
Vieillir longtemps
Non ! Assurément, ce n'est pas drôle de
vieillir longtemps.
Autrefois, la vie était plus brève.
Nous n'allons pas nous en plaindre.
De tels progrès ont été
réalisés pour allonger cette vie mais, cela ne nous empêche
pas d'évoquer le mauvais côté de la chose. Car maintenant,
on ne peut plus rien dire, ni rien faire, sans se faire rabrouer. Par exemple,
on ne peut plus prétendre qu'on est fatigué sans qu'on nous
rétorque « qu'à notre âge », c'est normal et nous
ne pouvons pas non plus affirmer qu'on est en pleine forme sans qu'on nous
réponde que nous nous vantons.
On nous pousse souvent à nous occuper pour
ne pas nous « encroûter » et si nous entreprenons quelque
chose, on nous dira que : « ce n'est pas de notre âge
».
Alors que faire ?
Si nous nous trouvons dans un milieu de jeunes
où les enfants braillent et cassent tout, des adultes avanceront :
« qu'il faut bien qu'ils se défoulent ». Mais surtout, ne
prétendez pas qu'à votre époque c'était beaucoup
plus calme, on vous lancera alors des regards furibonds !
Donc, voyez-vous, ce n'est pas drôle de
vieillir longtemps.
Ainsi, lorsque vous êtes invité, on
vous réserve le fauteuil le plus confortable comme si vous ne pouviez
pas poser vos fesses sur un siège ordinaire. Et si un invité
apprend votre grand âge, il prétendra que vous ne le paraissez pas
! Mais ne donnez pas votre nombre d'années de retraite car on vous fera
sentir que vous coûtez bien cher à la
société.
Si, à un STOP, vous tardez à
démarrer, on vous lancera : « Alors papy, on fait la sieste
».
Il faut reconnaître que tout cela n'est pas
méchant. Les autres se rendent bien compte de votre position et
perçoivent bien leur avenir avec une certaine angoisse. Ils verront que
lorsqu'ils oublieront quelque chose, ils se rendront compte qu'ils perdent la
mémoire.
Mais de toute façon, nous devons nous dire que
nous avons le choix entre vivre avec ce temps ou le laisser vivre sans nous,
alors.
Nous devons supporter les éléments
extérieurs qui ne nous plaisent guère car, le plus important,
c'est la vie.
SOMMAIRE
Glossaire 3
Introduction 4
1. Elaboration de l'objet de recherche 5
1.1. Mon constat 5
1.1.1. Connaissance de la personne âgée
5
1.1.2. Connaissance de l'EHPAD 6
1.1.3. Connaissance du résident. 7
1.1.4. Les professionnels 7
1.1.5. Rôle du cadre de santé
8
1.2. Le cheminement vers l'objet de recherche
8
1.2.1. Arrêt sur le projet de vie 8
1.2.2. Ingrédients pour le réussir
9
1.3. L'objet de recherche 10
2. Contexte environnemental 10
2.1. L'EHPAD 10
2.1.1. Origine 10
2.1.2. Type de population 11
2.1.3. Législation 11
2.1.4. La convention tripartite 11
2.1.5. Le conseil de vie sociale 12
2.1.6. Le financement des EHPAD 12
2.2. Les autres types d'hébergement
14
3. Cadre théorique 15
3.1. Le projet de vie 15
3.1.1. Origine du projet de vie 15
3.1.2. Le projet de vie 18
3.1.3. Le projet de soins 18
3.1.4. Le projet d'animation 19
3.1.5. Le projet de vie personnalisé
20
3.2. La conception de la vieillesse et du vieillissement
20
3.2.1. Définitions 20
3.2.2. Les représentations au cours du temps
21
3.3. La qualité de vie 22
3.3.1. Quelques définitions 22
3.3.2. Genèse 23
3.3.3. Le référentiel ANGELIQUE
23
3.3.4. Recherche de la qualité 24
3.4. L'implication 26
3.4.1. Quelques théories de la motivation
26
3.4.2. L'implication du résident 27
3.4.3. L'implication de la famille 27
3.4.4. L'implication des professionnels 28
4. L'enquête de terrain 29
4.1. Les critères de sélection
29
4.1.1. Le choix des EHPAD 29
4.1.2. Les populations ciblées 30
4.2. Le choix des outils 31
4.2.1. Les questionnaires 31
4.2.2. Les entretiens 31
4.3. Le déroulement de l'enquête
31
4.4. La synthèse 32
4.4.1. Les entretiens avec les cadres de santé
32
4.4.2. La synthèse des questionnaires
35
5. L'analyse 40
5.1. Les entretiens auprès des cadres de
santé 40
5.1.1. Le projet de vie et la qualité
40
5.1.2. Importance de l'implication des acteurs dans le
projet de vie 41
5.2. Les questionnaires auprès des professionnels
43
5.2.1. La qualité, critère du projet de
vie 43
5.2.2. L'information, essence de l'implication
44
5.2.3. Les faits »incontrôlés»
46
5.2.4. Les passerelles entre les entretiens et les
questionnaires 48
6. Le cadre, pérennité du projet de vie
51
6.1. L'état des connaissances du cadre
51
6.1.1. Législatives 51
6.1.2. Réglementaires 52
6.1.3. Institutionnelles 52
6.1.4. Les plans nationaux 52
6.2. Les axes de management 52
6.2.1. La bientraitance 52
6.2.2. La communication 56
6.2.3. La conduite du changement 57
6.3. Des axes nouveaux 59
7. Les limites de cette enquête 60
Conclusion 61
Bibliographie 62
Annexes 68
Glossaire
AGGIR Autonomie Gérontologie Groupes
Iso-Ressources
ANESM Agence Nationale de l'Evaluation et de la
qualité des éta-
blissements et services Sociaux et
Médico-sociaux.
ANGELIQUE Application Nationale pour Guider une
Evaluation Labelli-
sée Interne de la Qualité pour les Usagers
des Etablissements
APA Allocation Personnalisée
d'Autonomie
ARS Agence Régionale de Santé
CLEIRPPA Centre de Liaison, d'Etude, d'Information et de
Recherche
sur les Problèmes des Personnes
Agées
DREES Direction de la Recherche, des Etudes, de
l'Evaluation et
des Statistiques
EHPA Etablissement d'Hébergement pour Personnes
Agées
EHPAD Etablissement d'Hébergement pour Personnes
Agées Dé-
pendantes
HAS Haute Autorité de Santé
GIR Groupe Iso Ressources
FNG Fédération Nationale de
Gérontologie
INED Institut National d'Etudes
Démographiques
OMS Organisation Mondiale de la Santé
USLD Unité de Soins Longue
Durée
Introduction
Depuis quelques années, le monde
médico-social est en pleine mutation. Les EHPAD (Etablissement
d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes)
n'échappent pas à cette transformation, les textes
réglementaires qui les régissent en sont la preuve.
Mais ce n'est pas la seule modification du visage des
EHPAD. Les personnes accueillies dans ces types d'établissement, sont de
plus en plus âgées, dépendantes. Elles
préfèrent rester chez elles le plus longtemps possible. Ce type
d'hébergement représente à leurs yeux et à ceux de
leur famille, le dernier domicile, celui de la mort.
Cependant les EHPAD sont considérés
comme des lieux de vie. Les professionnels qui y travaillent, sont
sensibilisés à ce fait. La présence du projet de vie en
EHPAD permet de prendre en charge le résident, dans une autre dimension
que celle du soin, une dimension sociale et d'animation. Ce projet, qui se
décline du projet d'établissement, est composé de trois
sous projets : le projet personnalisé ou individualisé, le projet
d'animation et le projet de soins.
Ce projet de vie est lié au temps et à
l'état de santé du résident. Il est en constante
évolution. Dans tout EHPAD, il devrait être donc présent et
vivant. Or, à l'heure actuelle, beaucoup d'établissements ne
l'ont pas formalisé.
Le projet de vie de l'EHPAD où j'ai
travaillé, en tant qu'infirmière, n'a pas non plus fait
l'adhésion du personnel et n'est pas utilisé. En tant que futur
cadre, de santé, je me demande quelles en sont les raisons. Pourquoi le
cadre n'arrive pas à le faire vivre ? Plusieurs interrogations sur le
projet de vie me viennent à l'esprit. Une réflexion sur le projet
de vie s'impose.
Ma première partie traite de mon cheminement,
qui part de l'état des lieux de l'EHPAD où je travaille,
jusqu'à l'objet de ma recherche. Je situe ensuite les EHPAD à
l'heure actuelle.
Des concepts théoriques sur la personne
âgée, sur le travail des professionnels sont évoqués
dans une troisième partie.
L'enquête faite dans des EHPAD, me permet, dans
la partie suivante, de dégager des points particuliers mis en exergue
lors du travail d'analyse. Ceux-ci sont développés dans une
cinquième partie.
Puis s'en suit une réflexion autour du cadre de
santé et du projet de vie, dont la finalité est d'être un
étage de ma construction professionnelle et identitaire.
Je termine par les limites rencontrées au cours de
ce travail et je conclus sur l'avenir de ce projet de vie en EHPAD.
1. Elaboration de l'objet de recherche 1.1. Mon
constat
1.1.1. Connaissance de la personne âgée
> Dans mon entourage familial
Benjamine de ma famille, j'ai été
entourée de personnes âgées dès mon enfance. Mon
grand père paternel est en effet né à la fin du 19
ème siècle, et j'ai des cousins, qui ont l'âge
d'être des oncles ou des tantes. Mon père m'a eu aussi à un
âge avancé. La vieillesse n'est pas un souci pour moi, puisqu'elle
fait partie de ma vie.
> Dans ma vie professionnelle
Le travail en hémodialyse, pendant 18 ans, m'a
fait côtoyer aussi des personnes âgées autonomes, ayant une
histoire de vie souvent peu commune.
Arrivée en EHPAD (Etablissement
d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) depuis 4
ans, la rencontre avec des personnes âgées moins autonomes, a
été un moment de questionnements. Je me suis interrogée
sur ma place en EHPAD, sur mes pratiques professionnelles, et sur mon regard
sur une `'autre vieillesse». J'ai noué très vite avec ces
personnes, cependant, des relations d'échanges, des relations
d'écoutes, des relations que je qualifierai de `' tendres `'et qui
peuvent mettre à rudes épreuves notre conception du
métier.
Ces personnes qui vivent en EHPAD sont nommées
résidents. L'EHPAD est généralement leur dernier lieu de
vie. Elles sont soit dépendantes, soit avec des problèmes
cognitifs ou temporo-spatiaux, soit plus ou moins valides, soit atteintes de la
maladie d'Alzheimer. Ce qu'il ne faut pas oublier je crois, même en
position de soignant, c'est que ces personnes ont eu et ont encore une vie, de
la famille, des amis et que la plupart représente une page de notre
histoire.
Elles ont connues d'autres époques et il est
toujours intéressant de s'arrêter, à leur vie
antérieure. Souvent le temps ne compte plus pour elles, sauf quand elles
attendent désespérément le coup de téléphone
ou la visite d'un proche. « Ils arrivent avec le sentiment [...]
attendre la mort1».
Ces personnes âgées résident hors de
leur domicile familial pour maintes raisons :
> Par leur propre volonté, suite au
décès de leur conjoint, elles n'ont plus envie de rester
seules,
> Suite à une hospitalisation, elles sont dans
une incapacité temporaire ou définitive de rentrer chez
elles,
1 REJAULT William, (2009), Maman, est-ce que ta chambre
te plaît ?, Editions Privé, Editions Michel Lafon, Paris, 260
p.
> Elles deviennent incapables de rester seules chez
elles suite à des ma-
ladies ou détériorations de leur
état physique et/ou psychique,
> Les familles (enfants, conjoints) ne peuvent plus
les garder à domicile :
lourdeur de la prise en charge, souffrance induite pour
les aidants.
Durant ce temps en établissement, j'ai eu
connaissance de différents projets concernant l'EHPAD de manière
informelle par la psychologue et le cadre de santé : projet
d'établissement, projet de vie, projet de soins, projet
personnalisé.
Ces notions m'étaient inconnues. Je me suis
informée auprès de mon cadre de santé et auprès de
la direction.
Ces projets sont dans l'ordre du législatif
m'a-t-on répondu : convention tripartite, référentiel de
qualité Angélique. Qu'il y avait il sous ces mots ?
Il me semble qu'il faut aussi connaitre l'institution
dans laquelle nous travaillons : « La particularité des
institutions gérontologiques est qu'elles font coïncider dans un
même espace un lieu de vie et un lieu de travail2
».
1.1.2. Connaissance de l'EHPAD
La première chose que je me suis demandée :
que veut dire EHPAD ?
C'est un Etablissement d'Hébergement pour
Personnes Agées Dépendantes. Tout établissement qui
héberge des personnes âgées qui reçoivent des soins,
et qui a signé une convention tripartite avec le Conseil
général et l'autorité compétente de l'Assurance
maladie est un EHPAD. Cet établissement accueille alors des personnes
âgées dépendantes nécessitants l'aide d'une tierce
personne pour les actes de la vie quotidienne « et présentant
+/- des pathologies nécessitants un suivi médical
rapproché »3.
Il n'y a qu'un médecin salarié à
temps partiel4, nommé médecin
coordonnateur5. Il ne fait pas les soins sauf urgence, s'occupe des
visites de pré admissions, fait le choix des candidats, et coordonne les
différents intervenants. Les résidents sont libres du choix de
leur médecin traitant.
En EHPAD, la présence d'une infirmière la
nuit n'est pas obligatoire pour le moment, mais il est nécessaire
d'avoir au moins une aide-soignante.
L'EHPAD est donc soumis à diverses
réglementations et doit être en possession d'un projet
d'établissement. Ce dernier se divise en un projet de vie, qui
lui-même se définit en un projet de vie individualisé, un
projet de soins, un projet d'animation. L'EHPAD s'engage alors dans une
démarche d'assurance qualité.
2 AMYOT Jean-Jacques, MOLLIER Annie, (2007) , Mettre en
oeuvre le projet de vie dans les établissements pour personne
âgée, Editions Dunod, paris, 242 p.
3 Drs M.P HERVY et M.SALOM -Article EHPAD : s.é.,
s.d.
4 Décret n° 2007-547 du 11/04/2007 relatif au
temps d'exercice du médecin coordonnateur
5 Arrêté du 26/04/1999 concernant le cahier
des charges et la convention pluriannuelle
Mais avant de pouvoir parler d'un projet, il est
nécessaire de savoir à qui il s'adresse quelle en est la
finalité et qui le conduit ?
1.1.3. Connaissance du résident.
J'ai appris, même après plusieurs
années d'exercice professionnel à connaître les personnes
âgées et les pathologies du vieillissement :
> Par des recherches personnelles,
> Par des questions aux médecins
traitants,
> Et lors de cours donnés par le médecin
coordonnateur de l'époque.
Connaître les besoins de la personne
âgée, ses envies, ses habitudes est un travail quotidien. Prendre
sa singularité dans une vie communautaire n'est pas facile pour elle :
« pour les personnes âgées, le retour à la vie en
collectivité est une étape très difficile à vivre.
Certaines ne s'y font jamais »6
> Que signifie pour elle l'EHPAD ?
> Son entrée en EHPAD a-t-elle
été une obligation ou un choix ? > Quelles
sont ses relations avec sa famille ou des proches ?
> A-t-elle fait le deuil de sa vie d'avant
?
> A-t-elle repris de nouveaux repères dans
cette résidence ?
> Comment va t-elle vivre cette vie en
collectivité et ses contraintes ? > Va t-elle
pouvoir y trouver un espace personnel ?
Toutes ces questions, je me les suis posées,
dès le début de mon arrivée dans cet EHPAD. Les personnes
âgées ont besoin d'un accompagnement. Peut-il se faire au travers
du projet de vie ?
1.1.4. Les professionnels
En tant que professionnel, il est nécessaire
pour moi de connaitre la personne âgée, son histoire, ses
habitudes, ses envies et son identité. Diverses formations permettent de
chercher à donner du sens à nos pratiques professionnelles et de
pouvoir évoluer.
J'ai notamment bénéficié de la
formation dite `'Humanitude7 `': « Vivre et mourir debout
nous permettra de comprendre l'importance du mouvement, de la verticalisation
et de la marche, qui impose aujourd'hui de modifier en profondeur nos pratiques
soignantes pour proposer un prendre-soin debout ».
Réévaluer ses pratiques professionnelles
est indispensable pour éviter les automatismes du quotidien, se redonner
de la motivation, s'impliquer davantage, et surtout agir dans la
bientraitance.
Il est important de savoir travailler en multi
cultures, comme c'est le cas dans l'EHPAD où je travaille, sachant que
12 à 15 nationalités de professionnels se
côtoient.
6 REJAULT William, op.cit.
7 GINESTE Yves, PELLISSIER Jérôme, ( 2007),
Humanitude : Comprendre la vieillesse, prendre soin des Hommes vieux, Editeur
Armand Colin, 319 pages.
Il faut garder un professionnalisme par rapport au
résident, savoir le respecter, quel que soit son état de
dépendance.
1.1.5. Rôle du cadre de santé
Un projet de vie peut paraitre paradoxal quand on sait
que pour la gran-de majorité de ces résidents, l'EHPAD sera leur
dernière demeure.
Quel est alors le sens de ce projet de vie pour les
professionnels, les résidents, la famille ou les proches ?
Le cadre de santé a pour objectifs d'obtenir la
satisfaction du résident ainsi que celle des soignants. Face à un
turn over `'normal8», il fait évoluer un projet
avec des personnes de différentes cultures, en impliquant tout le
personnel.
Il élabore un projet de vie en partenariat avec le
chef d'établissement, un projet individuel dans un lieu
collectif.
1.2. Le cheminement vers l'objet de recherche
1.2.1. Arrêt sur le projet de vie Que
signifie-t-il ?
Il répond aux attentes, aux besoins de la
personne âgée. Il est attentif à ses envies. Il l'aide
à exécuter les gestes de la vie quotidienne afin de pouvoir
maintenir son autonomie. Il lui permet de garder une vie sociale. «
Chaque mission doit être mise en oeuvre dans le respect des
personnes, de leurs droits et de leur citoyenneté, surtout lorsqu'elles
sont dépendantes d'autrui [...]9
Il est fonction de l'histoire de vie du
résident, donc fonction de la singularité de chacun : «
[...] prolonger une conception de l'action gérontologique
centrée sur la qualité de vie des résidents, et non sur
les impératifs organisationnels de l'institution
»10.
À quoi sert-il ?
Il permet à l'équipe
pluri-professionnelle de mieux connaître la personne âgée,
de suivre son évolution, de transmettre des informations sur elle et de
valoriser chaque acteur.
À qui est-il destiné ?
L'objectif est d'atteindre tous les professionnels qui
gravitent autour du résident, sa famille et évidemment le
résident qui est le premier concerné.
8 Propos recueillis auprès de la Direction des
ressources Humaines
9 AMYOT Jean-Jacques, AMYOT Annie, op.cit.
10 ARGOUD Dominique, 2001, Du projet de vie au projet
d'animation, Gérontologie et Société, Cairn Info,
n°96, 2001-1, pp.125-135.
Qui le conçoit ?
Les textes réglementaires qui ont défini
la convention tripartite désignent le médecin coordonnateur en
relation avec le cadre de santé, les soignants, le résident et la
famille. Il ne faut pas oublier tous les professionnels qui sont en contact
avec la personne âgée : de l'agent d'accueil à
l'animatrice, de la technicienne de surface à l'infirmière, de la
kinésithérapeute à l'orthophoniste, le médecin
traitant.
La nomination de référents pour le
résident est préconisée : « Le projet
est construit avec la personne et éventuellement son
référent11». Il s'agit de « relais
» qui en cas de « perte d'autonomie importante ou de manque
de discernement [...] peuvent être associés à la
décision et à la validation du
projet12.
Qui le conduit ?
C'est le cadre de santé en association avec le
médecin coordonnateur. Qui y participe ?
Tous les professionnels qui entourent la personne
âgée, la famille, les amis et le résident en fonction de
ses capacités.
1.2.2. Ingrédients pour le réussir
Y a-t-il une `'recette magique» ? Depuis quatre
ans, l'EPHAD où je travaille a des difficultés pour le mettre en
place, alors qu'il existe, puisque le pro-jet d'établissement est
validé.
Un support informatique est disponible pour tous les
professionnels, avec un icône projet de vie installé depuis un
an.
Des questions se posent :
> Que pensent les professionnels du projet de vie
?
> Faut-il de la motivation de la part des
professionnels pour le `'faire vivre» ?
> Se sentent-ils suffisamment impliqués
?
> Sont-ils vraiment informés de
l'intérêt de ce projet ?
> Le confondent-ils avec le projet de soins
?
> Y-a-t-il une référence et est-il
utilisé ?
> Les compétences sont-elles utilisées
sciemment ?
> Le turn over est-il trop important ?
En notant ces questions, d'autres me sont venues à
l'esprit :
> Et si ce projet n'était qu'une obligation sur
papier ? > Existe t-il des établissements qui l'ont
mis en place ? > Si oui, y a-t-il eu un réel
intérêt pour tous ?
> Ce projet est-il évalué
régulièrement ?
> Quels en sont les bénéfices et les
désagréments ?
11 VERCAUTEREN Richard, HERVY Bernard, SCHAFF Jean-Luc,
(2010), Le projet de vie personnalisé des personnes âgées,
enjeux et méthodes, Editions Eres, Toulouse, 175 p.
12 Ibid.
1.3. L'objet de recherche
Touts ces questions me font penser à la
question principale. Au regard des textes législatifs, de la politique
sur les personnes âgées, comment en tant que cadre de
santé, puis-je sensibiliser le personnel et les familles pour faire
vivre le projet de vie en EHPAD ?
Comment réunir tous les professionnels et la
famille autour de la personne âgée, pour coordonner des actions en
commun, agir aussi sur la qualité donnée au regard des normes
actuelles ?
Comment organiser l'EHPAD en un lieu de vie pour
être un domicile individuel dans une organisation collective
?
2. Contexte environnemental 2.1. L'EHPAD
2.1.1. Origine
Autrefois, on vieillissait en famille. Les descendants
prenaient en charge leur aïeul, à leur domicile, afin de pouvoir le
soigner et de tirer une richesse de leur savoir.
L'évolution de la famille dans la
société fait que les « plus âgés se
refusent désormais à être une charge pour leurs enfants
»13. Les institutions vont donc prendre la relève.
Nommées hospices, puis maisons de retraite, elles sont un lieu de
résidence collective pour ces personnes âgées.
L'aggravation de l'état de santé de ces
personnes âgées, la nécessité d'avoir des soins
médico-techniques plus lourds, les polypathologies font que les
personnes âgées vont être accueillies dans des
établissements spécialisés. Ceux-ci sont soit dans le
domaine sanitaire, soit dans le milieu médico-social.
Devant ce phénomène croissant de la
dépendance, du besoin exponentiel en soins, une volonté politique
d'avoir une prise en charge de qualité de ces personnes
âgées, conduit à créer ce terme d'EHPAD. Leur statut
va être légiféré : établissement
d'hébergement pour personnes âgées
dépendantes.
Au 01.01.2008, on dénombrait 5664 EHPAD en France
dont 580 en Ile-de-France pouvant accueillir 421947 résidents au
total14.
« La particularité des institutions
gérontologiques, est qu'elles font coïncider dans un même
espace un lieu de vie et un lieu de travail
15».
13 CARADEC Vincent (2010), Sociologie de la vieillesse et
du vieillissement, 2èmeédition,Saint Jean de Braye :
Editions Armand Colin, p 19
14 Site :
http://www.sante.gouv.fr/drees/statiss/frames/fracc_pers_agees195.htm
consulté le 14/10/2010
15 AMYOT JJ, MOLLIER Annie(2007), Mettre en oeuvre le
projet de vie dans les établissements pour personnes âgées,
Editions Dunod, Paris, p 185
2.1.2. Type de population
Selon l'INED16, la population actuelle au
01/01/2010 de personnes de plus de 75 ans est de 5,6 millions dont 16269
centenaires sur une population française de 62 millions793, soit 9
%.
Actuellement, le nombre de personnes
dépendantes avoisine les 800 000 et sera augmenté de 50% d'ici
205017.
L'EHPAD peut accueillir des personnes autonomes,
dépendantes, désorientées, ou atteintes de la maladie
d'Alzheimer. L'enquête n° 699 de la DRESS en 2007 donne un âge
moyen de 85 ans en EHPAD avec une grande majorité de femmes.
2.1.3. Législation
Les établissements médicalisés
autorisés à héberger des personnes âgées
dépendantes de 60 ans et plus doivent donc respecter la réforme
des EHPAD.
La loi du 24 janvier 1997, complétée par
les décrets d'avril 1999 et de mai 2001, modifiée par la loi de
financement de la Sécurité sociale pour 2003, ainsi que la
réglementation applicable aux établissements
médico-sociaux (loi du 02 janvier 2002 de rénovation de l'action
sociale, ancienne Loi n°75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions
sociales et médico-sociales) régissent les EHPAD.
Comme tous les établissements
médico-sociaux en France, les règles qui régissent le
fonctionnement des EHPAD sont fixées par le Code de l'action sociale et
des familles18.
La loi Hôpital Patient Santé Territoires
du 21 juillet 2009, qui veut décloisonner le secteur sanitaire et le
secteur médico-social, est un atout pour les EHPAD.
2.1.4. La convention tripartite
Selon l'enquête réalisée en 2007
par le ministère du travail, de l'emploi et de la santé
auprès des établissements de santé pour personnes
âgées19, « près de 90% des maisons de
retraite. 74% des USLD (Unités de Soins Longue Durée) mais
seulement 16% des logements-foyers sont des EH-PAD ».
Pour accéder au statut d'EHPAD20,
les établissements concernés signent obligatoirement une
convention tripartite pluriannuelle (5 ans), entre l'établissement,
l'ARS (Agence Régionale de Santé) et le Conseil
Général. Un cahier des charges définit les conditions de
fonctionnement de l'établissement au plan financier et l'engage dans une
démarche d'assurance qualité via le référentiel
ANGELIQUE21.
16 Site :
http://www.ined.fr/fr/pop_chiffres/france/structure_population/sex_ages
consulté le 10/01/2011/
17 Site :
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/donsoc06zp.pdf
consulté le 10/01/2010
18 Site :
http://www.gerosante.fr/IMG/pdf/ehpad.pdf
consulté le 23/11/2010
19 Site:
http://www.sante.gouv.fr/l-enquete-aupres-des-residents-des-etablissements-d-hebergement-pourpersonnes-agees.html
consulté le 25/02/2011
20 Loc.cit., consulté le 02/01/2011
21 Site :
http://www.solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/guide_angelique.pdf
consulté le 16/11/2010
Cette démarche se situe à 4 niveaux
:
> Qualité de vie des
résidents
> Qualité des relations avec les
résidents et leurs proches > Politique de formation
du personnel
> Appartenance à un réseau
gérontologique.
2.1.5. Le conseil de vie sociale
Le conseil de la vie sociale est obligatoirement
consulté sur l'élaboration ou la modification du règlement
intérieur et du projet d'établissement ou de service.
Il est constitué de représentants des
résidents, des familles, des personnels et du Conseil d'Administration.
Le directeur de l'EHPAD y participe aussi. A titre consultatif, des membres
élus de la commune peuvent y être invités, ainsi que toute
autre personne.
Il n'est pas un organe décisionnel, mais il
doit être informé de la suite donnée aux avis et aux
propositions qu'il a pu émettre. Ses avis sont portés à la
connaissance du conseil d'administration22.
Il a été rendu obligatoire par la loi du
02/01/2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale. Son
rôle est défini par le décret n° 2005-1260 du 4
octobre 2005 relatif à la composition des Conseils d'Administration des
Etablissements publics sociaux et médico-sociaux locaux.
2.1.6. Le financement des EHPAD
Le financement des charges de l'EHPAD est fixé
selon la base de trois tarifs23 :
> Un tarif hébergement fixé
annuellement par le préfet. Ce tarif est à la charge du
résident ou de sa famille. Il comprend les dépenses relatives
à l'hôtellerie, la pension complète, les frais de
blanchissage du linge du résident et l'animation. Des aides peuvent
être accordées en fonction de ses ressources : aide au logement,
aide sociale.
> Un tarif dépendance évalué
par la grille AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources) par
le médecin coordonnateur, et qui couvre les dépenses relatives
à la dépendance, les aides à l'habillage, à la
toilette et aux repas ainsi que les produits pour l'incontinence. Ce tarif est
financé par le conseil général sous forme de dotation
globale à l'établissement. Il est à noter que
l'APA24 (allocation personnalisée à l'autonomie) ne
concerne que les GIR (Groupe Iso Ressources) 1 à 4.
> Un tarif soins versé directement par
l'Assurance Maladie à l'établissement sous quatre choix possibles
:
22 Site :
http://www.chjb.fr/EHPAD/consetab.htm
consulté le 10/01/2011
23 AMYOT JJ, MOLLIER Annie, op.cit.
24 Loi n°2003-289 du 31 mars 2003 portant
modification de la loi n° 2001-647 du 20 juillet 2001 relative à la
prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées et
à l'allocation personnalisée d'autonomie.
x Tarif partiel avec ou sans pharmacie à usage
intérieur x Tarif global avec ou sans pharmacie
à usage intérieur.
> Le montant de la dotation soins est
déterminé par le GIR moyen pondéré et la charge en
soins à travers l'outil PATHOS25.
Ces forfaits vont permettre de répartir les
charges de fonctionnement liées au personnel. En effet, les
professionnels qui travaillent en EHPAD sont payés par certains de ces
tarifs.
Le tableau suivant26 en fait la
synthèse :
Personnel
|
Hébergement
|
Dépendances
|
Soins
|
Direction Administration
|
100 %
|
|
|
Restauration Services généraux
|
100 %
|
|
|
Animation Service social
|
100 %
|
|
|
Agents de service ASH
|
70 %
|
30 %
|
|
AMP ASQ
|
|
30 %
|
70 %
|
Psychologue
|
|
100 %
|
|
Infirmier
|
|
|
100 %
|
Auxiliaires médicaux
|
|
|
100 %
|
Médecin
|
|
|
100 %
|
Personnel de pharmacie (option)
|
|
|
100 %
|
Source du tableau :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Établissement_d'hébergement_pour_personnes_âgées_dépendantes
Depuis le 01 août 2008, est paru au journal
officiel l'Arrêté du 30 mai 2008 fixant la liste des dispositifs
médicaux à réintégrer dans les forfaits soins en
EHPAD27.
La loi du 02/01/2002 rénovant l'action sociale
et médicosociale oblige aussi les établissements qui ont
signé la convention tripartite à réaliser un projet
d'établissement. Celui-ci fixe les valeurs de l'établissement
ainsi que ses missions et ses choix. Il est un cadre de référence
sur lequel vont s'appuyer les autres projets de l'établissement : le
projet médical, le projet de vie, le projet d'animations et le projet de
soins.
25Site :
http://www.ars.sante.fr/fileadmin/RHONEALPES/HGA/PATHOS/Modeles_PATHOS_2010.pd
consulté le 10/01/2011
26 Site:
http://basse-normandie.sante.gouv.fr/dep3/actions/ehpad_02.htm
consulté le 10/10/2010 27Site :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000018897913
consulté le 23/11/2010
2.2. Les autres types d'hébergement
L'EHPAD n'est pas le seul type d'hébergement qui
existe en France pour les personnes âgées28
:
> Les foyers logements occupés par des
personnes âgées valides. Quelques-uns sont
médicalisés (Infirmier, auxiliaire de vie qui viennent à
domicile dans certaines communes).
> Les maisons de retraite : elles sont de deux
types, soit EHPA (Etablissement d'hébergement pour personnes
Agées) ou EHPAD. Elles sont donc occupées par des personnes
valides ou dépendantes. Le cadre de vie est collectif.
> Les USLD qui se situent dans les hôpitaux. Les
personnes âgées ont besoin d'une surveillance médicale et
paramédicale continue.
> Les maisons d'accueil temporaire : elles
permettent de « soulager » les familles, qui hébergent leur
aïeul à domicile. La durée de séjour ne doit pas
dépasser 4 mois.
> Les accueils de jour : il s'agit d'un accueil
à la journée, permettant aux aidants de se ressourcer dans la
journée et aux personnes âgées d'avoir une
continuité de lien social.
> Les accueils de jour Alzheimer : 2 à 3
fois par semaine, les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer peuvent s'y
rendre. Elles sont logées soit chez leurs enfants ou soit chez leur
conjoint.
En Essonne, on compte 148 types
d'établissements, avec une répartition plus importante au nord du
département. En 2007, 10305 établissements de tout type, pour
personnes âgées étaient implantés. « Fin
2007, les EHPAD représentent 88 % des maisons de retraite, 74 % des
unités de soins de longue durée et 16 % des logements
foyers29.
Les statuts de ces institutions sont de trois types
:
> Public
> Associatif
> Privé commercial
Ces établissements, quelque soit leur statut,
sont, habilités ou non à recevoir des personnes pouvant
bénéficier de l'aide sociale30, demandée
auprès du CCAS (centre Communal d'Action Social) par le
résident.
28 Guide 2010 des établissements pour personnes
âgées en Essonne consulté sur le site
http://www.essonne.fr/sante-social/personnes-agees/
le 10/10/2011
29 PERRIN_HAYNES Jacqueline (2010) Les
établissements d'hébergement pour personnes âgées
Activité, personnel et clientèle au 31 décembre 2007,
160p, Rapport de la DREES, consulté le12/04/2011 sur le site
http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/seriestat142.pdf/
30 Site
http://vosdroits.service-public.fr/F2444.xhtml
consulté le 21/12/2010
Une tendance actuelle est de construire des
résidences pour personnes âgées sous forme de « gated
communities »31, terme américain qui désigne des
résidences closes, contrôlées et dont l'espace public est
privatisé.
Des hébergements
multi-générationnels pointent aussi sur le territoire
français. Des sociétés commerciales développent ce
genre d'habitations au niveau des communes. Il s'agit de faire cohabiter des
personnes âgées avec les jeunes personnes, d'offrir aussi des
logements avec des prestations hôtelières.
3. Cadre théorique
3.1. Le projet de vie
3.1.1. Origine du projet de vie > Le projet :
Du point de vue étymologique, vient du Latin
projectus, action de jeter en avant, de projicere (voy.) selon le
dictionnaire du net32.
« C'est aussi le but que l'on se propose
d'atteindre, d'après le dictionnaire Larousse du net.
Ce qu'on a l'intention de faire et l'estimation des
moyens nécessaires à la réalisation33
».
> La vie :
En étymologie, plusieurs origines : Wallon, veie ;
provençal. vita, vida, via ; espagnol. vida ; italien. vita ; du latin.
vita (voy.) ; gaélique. bith ; bas-breton, buez.
C'est la durée de l'existence humaine ;
l'ensemble des événements qui se succèdent dans cette
existence.
> Genèse du projet de vie
L'histoire hospitalière est une des pistes de la
genèse du projet de vie. A quel moment la notion de projet de vie
est-elle apparue ?
La loi du 07 aout 1851 donne à l'hôpital
un rôle de soins et aux hospices celui d'accueillir les « vieux
». En 1905 est créé la loi d'assistance aux vieillards
infirmes et incurables.
La loi du 30 juin 1956 crée la « taxe
différentielle sur les véhicules à moteur ou vignette
automobile pour financer le Fonds National de Solidarité
desti-
31 LE GOIX Renaud, (2005), La Dimension territoriale
des gated communities aux États-Unis : « La clôture
par contrat », Thèse de doctorat en géographie
Université de Paris 1Panthéon-Sorbonne, Cercles13, p
97-121.
32 Site :
http://www.dico-definitions.com/dictionnaire/definition/37776/Projet.php
consulté le 28/01/2011
33 Site :
http://accompagnerlavie.net/index.php?option=com_content&task=view&id=70&Itemid=59
consulté le 28/01/2011
né à garantir un revenu minimum
à toutes les personnes âgées de plus de 65
ans34».
La première circulaire ministérielle
relative à l'humanisation des hôpitaux est publiée le 5
décembre 1958 : le classement des hôpitaux fait que le mot
hospices disparait progressivement laissant la place au terme maisons de
retraite35.
Dans les années 60, les notions de projets et
d'objectifs apparaissent, surtout en animation, dans le cadre de l'enseignement
et de la formation. De même, devant le vieillissement de la population et
l'augmentation du nombre des personnes dites du
4èmeâge, des plans quinquennaux intègrent la
personne âgée, sur son maintien à domicile, le
développement de réseaux, son autonomie.
En 1962, le rapport Laroque pose les bases de la
politique en faveur des personnes âgées pour les vingt ans
à venir : combattre le vieillissement par le maintien des
activités, « [...] promouvoir l'insertion sociale en même
temps que la participation et l'autonomie de la population âgée
36».
Dans les années 1970, une culture apparait peu
à peu : celle des projets. La réforme hospitalière de 1970
en est un exemple.
La loi du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales
et médico-sociales crée un secteur pour les personnes
âgées.
En 1979, le rapport de Maurice Arrecks37 parle
de la qualité de vie des personnes âgées et d'un risque,
celui de la dépendance.
En 1982, la Fondation de France, en association avec
Cleirppa (Centre de Liaison, d'Etude, d'Information et de Recherche sur les
Problèmes des Personnes Agées), édite un rapport sur des
lieux de vie jusqu'à la mort. Il va permettre d'évaluer les
besoins et les attentes de la personne âgée par rapport à
l'établissement dont il est titulaire.
La circulaire Franchesci38 du 07/04/1982
reprend la notion d'animation. Il faut favoriser l'intégration de la
personne âgée dans la vie sociale et donc faire des
établissements d'hébergements, des lieux de vie.
La personne âgée est de plus en plus au
centre d'études. La Fondation de France organise conjointement avec le
ministère des affaires sociales de l'époque, vers 1990, un
concours national. 20 projets sont évalués : il s'agit d'une
révolution culturelle.
Le rapport PICQ qui suit en 1994, rapport sur la mission
et les organisations de l'Etat, rend compte des responsabilités des
collectivités territoriales.
Le 2 janvier 2002, une nouvelle loi rénove
l'action sociale et médicosociale. Une réforme de la tarification
induite par la Loi du 24 janvier 1997 relative à la prestation
spécifique dépendance amène les établissements
hébergeant des personnes âgées dépendantes à
passer des conventions tripartites
34 Site:
http://www.minefe.gouv.fr/fonds_documentaire/patrimoine/vignette.pdf
consulté le 02/05/2011
35 Site :
http://www.conseil-economique-et-social.fr/rapport/doclon/05062810.pdf
consulté le 21/01/2011
36 Rapport P. Laroque, (1962), Rapport de la commission
d'études sur les problèmes de la vieillesse, Paris, La
documentation Française
37 Site :
http://archives.assemblee-nationale.fr/6/qst/6-qst-1979-07-14.pdf
consulté le 10/03/2011
38Site :
http://infodoc.inserm.fr/serveur/vieil.nsf/397fe8563d75f39bc12563f60028ec43/8cc9d5d6254f06e180
256b1a0052d99b?OpenDocument consulté le 13/04/2011
avec le Conseil général et l`ARS, se
dénommant ensuite EHPAD, avec des pro-jets au court, moyen et long
terme.
La journée de solidarité, régie
par la Loi n°2004-626 du 30 juin 2004 et modifiée par la Loi
n° 2008-351 du 16 avril 2008, relative à la journée de
solidarité est destinée au financement d'actions en faveur de
l'autonomie des personnes âgées ou
handicapées39. Elle découle de la canicule de
l'été 2003.
> Origine en gérontologie
Le projet de vie en gérontologie date des
années 80.
Trois types de projets ont précédé
le projet de vie actuel :
> Le projet d'humanisation des hospices publics par la
loi du 03 juin 1975 > Le projet de médicalisation
qui va permettre d'assurer les soins
> Le projet d'animation qui va améliorer les
conditions d'accueil en établis-
sement (cantou...).
La loi de 31/07/1991 amène une exigence de
notion de projet dans les établissements : projet
d'établissement, projet de vie, projet de soins et projet
médical.
Des ordonnances d'avril 1996 préconisaient une
meilleure coordination des prises en charge. La circulaire ministérielle
du 26/02/1996 souligne qu'il est nécessaire de fédérer
l'ensemble des acteurs et de diversifier les tâches et
qualifications.
Les nouvelles attentes et les nouveaux besoins des
personnes âgées vont donc changer la vision des professionnels, au
regard de leurs pratiques professionnelles.
Ce projet de vie va avoir un caractère
collectif : l'engagement de tous les acteurs autour d'une démarche
commune pour donner un sens au projet de vie. Ce projet est une
évolution dans le temps.
Le projet de vie permet à la personne
âgée de se sentir citoyenne et respectée :
« Il définit les objectifs et les
moyens de l'établissement en termes de qualité
hôtelière de l'hébergement (architecture, repas,
mobilier,...) et de vie sociale (maintien des relations familiales et amicales,
respect des droits de citoyen, animation,....). Il est financé par le
tarif hébergement40 ».
Ce projet de vie est aussi lié sur le plan
juridique à deux autres textes de
loi :
> L'arrêté du 08/09/2003 relatif
à la Charte des droits et libertés de la personne accueillie,
mentionnée à l'article L 311-4 du code de l'action sociale et des
familles, modifié par l'ordonnance n°2010-177 du 23/02/2010
(art8).
39 Site:
www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000622485
consulté le 12/01/2011
40 Site :
http://cvs.bruyeres.free.fr/pdf/ehpad.pdf
consulté le 22/12/2010
> Le code de l'action sociale et des familles, dans la
section 2 droits des usagers, article L311-3 modifié par la loi 2007-308
du 05/03/0741.
3.1.2. Le projet de vie
Les objectifs principaux vont être de
préserver et maintenir l'autonomie de la personne âgée
dépendante ou non, afin de pouvoir lui assurer une qualité de vie
en prenant en compte ses besoins socioculturels.
Il est bien dit dans la Charte des droits et
libertés de la personne âgée en situation de handicap ou de
dépendance écrite en 1987 par la fondation de gérontologie
et modifiée en 1999 que « La qualité de vie ainsi que le
bien-être physique et moral de la personne doivent constituer l'objectif
constant, quel que soit le lieu d'accueil42 ».
Toute personne travaillant en EHPAD est
concernée par la mise en place de ce projet : du personnel administratif
au personnel soignant incluant le personnel hôtelier ainsi que les
familles et les proches du résident. Il s'agit d'une démarche
participative et collective. Il s'agit aussi de donner du sens aux
années restantes. L'EHPAD est souvent le dernier domicile de la personne
âgée.
Le projet de vie comprend :
· le recueil de données à
l'entrée du résident,
· ses besoins et envies,
· son projet d'animation en fonction de son
état de dépendance.
L'ANESM (Agence Nationale de l'Evaluation et de la
qualité des établissements et services Sociaux et
Médico-sociaux) préconise dans son guide de recommandations des
bonnes pratiques professionnelles (les attentes de la personne et le projet
personnalisé), d'individualiser, de personnaliser ce projet de vie. Il
prend alors la dénomination de projet de vie personnalisé, projet
de vie individualisé, projet d'accueil ou d'accompagnement selon les
établissements médico-sociaux.
Ce projet va être un travail d'équipe
pluri professionnelle, élaboré avec le résident et ses
proches et évoluant au cours du temps en fonction de l'état
physique et psychologique du résident.
3.1.3. Le projet de soins
Le projet de soins va « définir les
modalités selon lesquelles l'établissement peut assurer les soins
requis par l'état de santé et le niveau d'autonomie des
résidents.43 »
41Site :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000244248&dateTexte=
consulté le 03/12/2010
42 Site :
http://www.fng.fr/html/droit_liberte/charte_integral.htm#onsulté
le 05/01/2011
43AMYOT Jean-Jacques et
MOLIIER Annie-2007-Mettre en oeuvre le projet de vie dans les
établissements pour personnes âgées-Editions Dunod-Paris- p
49
Il s'agit pour les soignants (infirmières,
aides-soignantes, aides médicopsychologiques) d'établir ce projet
en coordination avec le cadre de santé et du médecin
coordonnateur.
La présence de ce médecin coordonnateur
est rendue obligatoire de part la convention tripartite. Ses fonctions et
missions ont été précisées dans le décret
2007-547 du 11 avril 2007 qui a suivi celui du décret du 27 mai
200544. Les résidents ont libre choix de leur médecin
traitant cependant.
Ce sera un travail commun d'élaboration de
protocoles et de procédures.
Ce projet de soins sera adapté aux besoins et
à l'état de dépendance du résident. L'utilisation
de la grille AGGIR permet l'évaluation du résident
Un dossier infirmier individuel est créé
avec une coordination entre les intervenants médicaux et
paramédicaux extérieurs, pour une mise en oeuvre de
l'organisation des soins.
Le financement du projet de soins provient du forfait
dépendance, Il apparait que le projet de soins s'inscrit dans le projet
de vie.
3.1.4. Le projet d'animation
« L'occupation des personnes
hébergées devra être assurée : il s'agit là
d'une préoccupation essentielle au maintien de l'équilibre
psychologique des intéressés. Elle doit être
envisagée dans une perspective psychothérapeutique. Ceci implique
que l'établissement soit doté d'un « animateur » sinon
d'un ergothérapeute45 ». Le Rapport
Laroque en parlait déjà dans les années 1960.
Plus tard la circulaire Franchesci du 07 avril 1982 a
émis aussi des propositions en ce sens.
Ce projet mis en place par les animateurs de
l'établissement, va aider la personne à vivre par ses sens. Il
s'adresse à tous les résidents, quel que soit leur degré
de dépendance.
Marie-Jo Guisset dit : « l'essentiel
réside dans ce qui peut encore nourrir le goût de
vivre46 .
Il s'agit de maintenir le résident dans une
« organisation de temps personnel, de temps par rapport aux
autres47». Il est important de le réintégrer
ou de le maintenir dans une vie sociale, pour lui donner des repères de
temps : calendrier des animations, les thèmes ...La perte de notion de
temps est destructive chez la personne âgée.
Cela lui permet de garder une vie sociale et
d'échanger.
D'ailleurs, le projet d'animation est souvent vu comme
un lien social : « Le fondement du lien social entre les personnes est
basé sur l'échange de savoirs, d'argent, d'objets et de
productions diverses, sur la découverte d'états de plaisir et de
déplaisir à travers la rencontre d'autrui 48
».
44 Site:
www.legifrance.fr
consulté le 07/01/2011
45ARGOUT Dominique (2001), Du
projet de vie aux projets d'animation », Gérontologie et
société, 1/2001 (n° 96), p. 125-135.
46 Fondation de France (1995), Projet de Vie, Etude du
réseau de consultants en Gérontologie 09/1995, Paris, 96
pages
47 VERCAUTEREN Richard, HERVY Bernard, SCHAFF Jean-Luc,
op.cit.
48 AMYOT Jean-Jacques et MOLIIER Annie,
op.cit.
3.1.5. Le projet de vie personnalisé
Il s'agit pour le résident de trouver sa place
au sein de l'EHPAD et de s'adapter à cette nouvelle vie. « La
personnalisation va passer par le questionnement du sujet sur sa
possibilité de s'adapter à son environnement autant que dans les
moyens donnés à la structure de s'adapter à la
personne49».
Pour cela, ce projet va permettre de garder tant que
possible les habitudes de la personne âgée, en tentant un
consensus du côté institutionnel (collectif) et du
côté du résident (individuel).
L'EHPAD va répondre au mieux aux besoins
demandés avec les moyens disponibles. « [...] ce n'est plus
à l'individu de s'adapter à une institution uniforme, mais
à l'institution de réformer son mode de fonctionnement pour
prendre en compte la diversité et les droits des personnes accueillies
Pour le résident, il va devoir aussi s'adapter à des normes de
vie en collectivité, pouvoir s'épanouir sans voir la sensation de
contraintes réglementaires50».
Le résident va se trouver confronter à
des normes de vie en collectivité qu'il n'avait pas à domicile.
Les professionnels vont l'aider à pouvoir s'épanouir sans qu'il
ressente ces contraintes.
3.2. La conception de la vieillesse et du
vieillissement
3.2.1. Définitions
La vieillesse51, « c'est la
période ultime de la vie. Avoir une vieillesse
heureuse ». Selon l'OMS, son âge se situe après 65
ans et plus.
Le vieillissement52, « c'est le
fait de vieillir, de devenir vieux ». C'est tout simplement un
phénomène physiologique d'évolution normale, pour tout
individu, qui débute dès sa naissance et jusqu'à sa
mort.
L'association gérontologique de l'Essonne
définit le vieillissement comme « un vieillissement harmonieux
est celui qui voit se développer des facultés d'adaptation qui
permettent de compenser les handicaps53 ».
D'un point de vue gérontologique, le
vieillissement a différents aspects :
- « Le vieillissement physique : la perte
progressive de la capacité du corps à se
renouveler,
- Le vieillissement psychologique : la
transformation des processus
sensoriels, perceptuels, cognitifs et de la vie
affective de l'individu.
- Le vieillissement comportemental regroupe les
aptitudes, attentes,
motivations, image de soi, rôles sociaux,
personnalité et adaptation54 ».
« Il n'est pas facile de définir la
vieillesse », nous dit Vincent Caradec55.
49 VERCAUTEREN Richard, HERVY Bernard, SCHAFF Jean-Luc,
op.cit.
50 Ibid.
51 Selon le dictionnaire HACHETTE Edition 2010, Paris,
1752 p.
52 Ibid.
53 AGE Association gérontologique de l'Essonne
(2008), vieillissement, démences et maladie d'Alzheimer, Formation
interne 15 p.
54 Site :
http://poupyk.over-blog.com/12-categorie-81270.html
consulté le 22/04/2011
« Le vieillissement est un ensemble de
processus, l'homme étant à la fois un être biologique, un
être pourvu de raison, dans un contexte social
»56.
3.2.2. Les représentations au cours du temps
Selon les siècles, la vieillesse a
été représentée différemment :
Au XVIIème siècle, la
vieillesse débutait à partir de 40 ans : « la vieillesse
verde et l'âge décrépit57 ».
Vers le XIXème siècle, elle gagne 10 ans. Jusqu'au
milieu du XXème siècle, elle correspond à
l'âge de la retraite. En 2011, la vieillesse est autre. Selon un article
de journal58 récent, « En France, les séniors
se sentent en forme jusqu'à 73 ans ».
En effet, il y plus de 40 ans, la vieillesse
était considérée comme une fin en soi : en perdant sa
valeur de travailleur, la personne perdait à la retraite un statut
social. Pourtant la personne retraitée gardait ses petits enfants,
faisait du jardinage dans le potager des enfants, essayait de jouer un
rôle utile au sein de la société. En perdant sa place dans
cette dernière, il apparaît « [...] le vieillissement
social comme l'usure et la dévalorisation d'un système de
ressources nécessaires à un individu pour conserver sa position
sociale59 ».
Depuis 1970, le regard sur la vieillesse s'est
modifié : avec l'apparition du droit à la retraite, le
développement d'un autre style de vie, les séniors se
positionnent comme des consommateurs de la société. Devenant des
`'nouveaux jeunes», ils profitent de leur retraite en voyageant : le
nombre de voyages organisés augmente à cette époque. La
période d'accueil des touristes s'échelonne alors d'avril
à septembre : les personnes âgées ont un rôle
économique important.
De même, ils aspirent à continuer
à vivre chez eux le plus longtemps, continuent à garder leurs
petits enfants mais à leurs conditions. Ils n'ont plus de temps libre
!
Ne voulant pas être une charge pour leur
famille, certains, lors de veuvages, ne désirants pas rester seuls, vont
aller dans des institutions, nommées maisons de retraite, qui
représentent un second domicile. Des sorties sont organisées, des
animations ont lieu (tournoi de belotte, tournoi de rami...). Ils voient leur
famille, peuvent les inviter ou partir en vacances. C'est une vie
hôtelière, mais qui a un coût. Tout le monde ne peut pas y
avoir accès.
« Véhiculant une éthique activiste
de la retraite [...] le 3éme âge aspire à
être une nouvelle jeunesse60 ».
Pour ceux qui n'ont pas les moyens financiers d'y
accéder, il reste le domicile des enfants, possible tant que
l'état de leur santé le permet. La
géné-
55 CARADEC Vincent (2010), Sociologie de la vieillesse et
du vieillissement, Paris, Editions Armand Colin, 2éme
édition, 127 p.
56 HENRARD Jean-Claude (1997), Vieillissement et
âge, âge et représentation de la vieillesse,
actualité et dossier en santé publique, n° 21,
1997-12, pp.4-11.
57 CARADEC Vincent, ibid., p 28
58 Les séniors n'anticipent pas assez
l'arrivée du grand âge (2011), Direct Matin, Edition du
03/01/2011
59 REJAULT William (2009), Maman, est ce que ta chambre
te plaît ?, Paris, Editions Michel Lafon (Editions Privé), 260
p.
60 CARADEC Vincent, op.cit. p 18.
ration des enfants change aussi. La personne
âgée devient trop lourde en charge pour eux, ce qui l'amène
vers des structures : les unités de soins de longue durée qui
pour certains étaient des mouroirs.
L'apparition du mot dépendance dans les
années 80/90 change à nouveau le regard sur la personne
âgée : « S'est imposée une vision de la grande
vieillesse d'inspiration biomédicale, qui véhicule une image
déficitaire de cet âge de la vie [...]
61».
Apparaissent donc des établissements de soins pour
les personnes âgées, les EHPA, certains deviendront des EHPAD
après 2002.
La dénomination des personnes âgées
s'est modifiée aussi au cours du
temps.
Appelés autrefois « vieux », puis
« vieillards », ils deviennent simplement synonymes de
retraités lors de leur départ de la vie active. Les
avancées technologiques, les recherches scientifiques, font que
l'âge de la vieillesse augmente. L'apparition du mot sénior, puis
de population du 3ème âge marque les années
70/80.
Depuis l'apparition de la dépendance, on parle
même de 4ème âge. Bientôt deux
générations vont se trouver ensemble dans les différents
types d'établissements d'hébergements existants.
Face au vieillissement de la population, B.Grenier dit
: « La durée de vie augmente, la notion de qualité prend
de l'ampleur par rapport à celle de la quantité de
vie62 ».
En EHPAD, les transformations récentes
modifient le regard posé sur la vieillesse, par l'élaboration de
projets. Selon R. Vercauteren, « la recherche d'une articulation des
projets entre eux devient un enjeu de la qualité de vie
».
3.3. La qualité de vie
3.3.1. Quelques définitions
Selon le dictionnaire Hachette63, la
qualité est « ce qui fait la valeur de quelqu'un,
l'aptitude». La vie, est « la durée de l'existence,
le temps qui s'écoule de la naissance à la mort
». Ce mot signifie aussi « l'animation, l'activité
». La notion de qualité de vie, si l'on se
réfère à ces définitions, est donc la recherche de
la valeur de la vie, de la manière dont on la
perçoit.
L'OMS (1993) l'a définie comme « la
perception qu'a un individu de sa place dans l'existence, dans le contexte de
la culture et du système dans lesquels il vit, en relation avec ses
objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s'agit d'un
large champ conceptuel, englobant de manière complexe la santé
physique de la personne, son état psychologique, son
niveau
61 CARADEC Vincent, op.cit. p 21
62 GRENIER B (1995), Mesurer l'incommensurable ?la mesure
de la qualité de vie, La revue de médecine
interne, vol 16, no5, pp. 311-313
63 Op.cit.
d'indépendance, ses relations sociales, ses
croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de
son environnement 64 ».
Cela implique donc que la qualité de vie va
être différente d'un individu à l'autre, en fonction de son
environnement, de son hérédité, de tous ces facteurs
appelés déterminants de la santé. Il va être
difficile de vraiment la cerner.
Elle sera évolutive, subjective.
3.3.2. Genèse
Cette notion est apparue dans les années
après-guerre aux Etats-Unis, et en France dans les années
197065 : « Elle se définit par l'ensemble de mesures
des conditions sociales, économiques et environnementales de
l'existence. La notion de qualité de vie apparaît dans les
années 60, afin de nuancer le concept de Santé, concept qui a
évolué au fil des siècles ».
C'est donc une approche pluri disciplinaire aussi.
Cette démarche va s'installer peu à peu, surtout dans le secteur
médico-social, et en 1999, elle est formalisée
(arrêté du 26/04/1999) puis réitérée dans la
loi du 02/01/2002.
3.3.3. Le référentiel ANGELIQUE
L'EHPAD, représentant du dernier lieu de vie
pour les personnes âgées, doit maintenir un niveau de
qualité satisfaisant. Il est évalué à divers
niveaux : l'accueil du futur résident, sa vie au sein de l'institution,
le respect de ses attentes, la mise en place de projets le
concernant.
Selon le cahier des charges de la loi du 26/04/1999, une
auto évaluation doit se faire tous les cinq ans, puis une
évaluation externe tous les sept ans66.
Elle s'appuie essentiellement sur le
référentiel ANGELIQUE (Application Nationale pour Guider une
Evaluation Labellisée Interne de Qualité pour les Usagers des
Etablissements, crée par la mission MARTHE (Mission d'Appui à la
Réforme de Tarification de l'Hébergement des personnes
âgées).
Cet outil permet de détecter les points forts
et les points faibles de l'établissement, puis les axes
d'amélioration à suivre. Il est dit que « La
qualité de vie - individuelle ou collective - en établissement
est un objectif essentiel des politiques publiques de modernisation et
d'humanisation des institutions pour personnes âgées
dépendantes. Elle s'inscrit dans le cadre de la démarche
qualité et invite à promouvoir une culture de la bientraitance
dans l'établissement d'hébergement67
».
64 ANESM (2010), La qualité de vie en EHPAD,
Recommandations de bonnes pratiques professionnelles, Eléments de
cadrage, p1
65 HILTBRAND Guillaume (2008), Etude comparative des
conditions de vie et de la qualité de vie des médecins
généralistes en Rhône-Alpes, selon leur lieu d'exercice,
Thèse en médecine, Université Claude Bernard de Lyon 1,
168 p. [sous la dir.du Dr. Paul Marissal]
66 Site
www.Agevillage.com
consulté le04/011/2009, Dans les établissements, Qualité,
Cadre de vie
67 Améliorer la qualité de vie en EHPAD
SITE association nationale des cadres du social
http://dev.andesi.asso.fr/?q=node/112
consulté le 10/04/2011
Le référentiel ANGELIQUE comprend quatre
parties68 :
> Attentes et satisfaction des résidents et
des familles,
> Réponses appropriées aux
résidents en termes d'autonomie, d'accompagnement et
soins,
> L'établissement et son
environnement,
> Démarche Qualité.
Une enquête69 a été
réalisée en 2008 dans les EHPAD, et a révélé
que simplement 47 % des EHPAD avaient fait leur évaluation.
D'autres référentiels existent
:
> VERONIQUE : Visualisation Evaluation Regroupant
les outils de Normalisation Interne de la Qualité pour les Usagers en
Etablissements, outil élaboré à la demande du conseil
général de la Loire en 200670.
> EVA : Evaluation externe de la qualité des
EHPAD71.
Sur le plan législatif, cette évaluation
est bien cadrée72 :
- Décrets du 26 avril 99 et arrêté du
26 avril 99 : cahier des charges, médecin coordonnateur
- Loi 2001-647 (APA) loi du 2 janvier 2002 :
périodicité de l'évaluation - Loi du 4 mars 2002 : droits
des malades
- Décret du 15 mai 2007 : nécessité
d'une évaluation interne et externe.
Cet outil permet d'éclaircir certains points :
la bientraitance, l'évaluation première du résident, la
gestion des risques, la mise en place des différents projets, la
participation du résident à la collectivité, la mise en
place de réseaux externes.
« Prévenir le vieillissement
pathologique consiste à répertorier avec la personne
âgée l'ensemble des éléments qui conditionnent sa
qualité de vie au grand âge 73».
3.3.4. Recherche de la qualité
En Juin 2010, l'ANESM et la HAS (Haute Autorité de
Santé) ont signé un accord. Des actions vont être
entreprises dans deux domaines : recommanda-
68 Améliorer la qualité en EHPAD
:
Outil d'autoévaluation sur le site
www.solidarité.gouv.fr/img/pdf/outil_auto_eval.pdf
consulté le 10/04/2011.
69 ANESM : Enquête nationale 2008 auprès des
établissements et secteurs sociaux et médico sociaux (Mars 2009)
consulté le 12/04/2011 sur le site
www.anesm.santé.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_complet
70 Site :
www.amcehpad.org/spip.php?article182
consulté le 12/04/2011
71 Site :
www.ageville.com
consulté le 12/04/2011
72Site
http://www.chups.jussieu.fr/polys/capacites/capagerontodocs/coordonateurehpad22011/QualiteenE
HPADparYvesWolmark.pdf consulté le 11/04/2011
73 HENRARD Jean-Claude, CASSOU Bernard (1997),
Vieillissement et âge, âge et représentation de la
vieillesse, actualité et dossier en santé publique, n° 21,
1997-12, pp.4-11.
tions de bonne pratiques professionnelles et
évaluation des établissements médico-sociaux et
sociaux74.
Huit thèmes sont répertoriés dont
celui de la qualité en EHPAD.
Ce programme s'étend sur deux ans, donc jusqu'en
2012. Quatre niveaux de recommandations sont écrits :
> Volet 1 : De l'accueil à l'accompagnement
(sorti en mars 2011) > Volet 2 : Le cadre de vie et la vie
quotidienne (en cours)
> Volet 3 : La vie sociale des résidents (fin
2011)
> Volet 4 : L'impact des éléments de
santé sur la qualité de vie (2012).
Dans ce volet 1, il est écrit sur
l'élaboration du projet personnalisé que « l'avis de la
personne est toujours recherché tout au long de la démarche du
projet personnalisé, y compris lorsqu'elle a des difficultés de
communication et/ou présente des signes de confusion. [...] La famille
est une aide : elle ne se substitue pas à elle ».
Cette recherche de la qualité de vie en EHPAD va
donc être soumise à plusieurs paramètres :
- La vie sociale de la personne âgée, sa vie
de famille, son statut
- Son état de santé physique, son
état de dépendance
- Son état de santé
psychologique
- Sa perception de l'environnement.
Les conditions vont être optimales afin que la
personne âgée, avec tous ses critères qui la
définissent comme étant unique, s'adapte à la structure
d'accueil, l'EHPAD. Ce dernier, lieu de vie avec des obligations de vie
collective, va accompagner au mieux le résident, afin qu'il puisse
s'épanouir dans ce nouveau cadre.
L'EHPAD, en signant la convention tripartite s'est
engagé à instituer une qualité pour ses résidents,
ainsi qu'une éthique.
La qualité va commencer par la personnalisation
de l'accueil de la personne âgée, la réalisation de son
projet de vie, son évaluation puis son ajustement. Comme le
modèle de la roue de Deming75, la qualité
évolue, se modifie, se vérifie puis se
réajuste.
De même, des professionnels compétents,
formés accompagnent cette démarche.
Il ne faut pas oublier que la qualité est
subjective. Elle va se baser sur le ressenti du résident et dans le
même temps sur l'observation du professionnel. Ces deux aspects, pourtant
se déroulant dans le même espace temps et le même lieu vont
définir deux qualités qui pourront ne pas être
communes.
Comment l'évaluer ?
> Les échanges entre le professionnel et le
résident,
> Le respect du résident, de ses propres
besoins et de ses envies, > Les moments du soin, du
repas,
74Site :
www.has-sante.fr/.../convention-cadre-has-anesm-14-juin-2010
consulté le 13/03/2011 75Site: httpi/
www.techno-science.net,
revue scientifique en ligne, consultée le 03/05/2011
> Les moments informels, > Lors
d'une animation.
Cette recherche de la qualité touche tous les
personnels de l'EHPAD. Gaugler Joseph (2005) part « du constat que les
perceptions des professionnels à l'égard des résidents
constituent des éléments clés pour l'amélioration
des conditions de vie de ces derniers.[...] pour les professionnels, les
domaines les plus importants contribuant à la qualité de vie
portent sur la qualité des soins prolongés et l'autonomie du
résident76 ».
3.4. L'implication
Selon le dictionnaire Larousse77,
l'implication est le « fait de s'impliquer dans une activité,
une motivation ». S'impliquer, vient du latin implicare
(envelopper) qui signifie « faire participer activement quelqu'un
à un groupe, à une activité ».
L'implication en EHPAD concerne plusieurs
catégories de personnes : le résident, la famille, le
personnel.
3.4.1. Quelques théories de la motivation
« L'implication dans le travail est un concept
multidimensionnel définicomme la mesure dans laquelle une
personne s'identifie à son travail, participe
activement à sa réalisation et
considère sa performance comme importante pour évaluer sa propre
valeur78 (Ripon)».
L'implication au travail a été aussi
définie selon trois critères par Allen et Meyer79
:
-affective : « c'est un attachement
émotionnel, un engagement envers l'organisation
»
-calculée : « c'est la connaissance
qu'à l'individu des coûts associés à son
départ de l'organisation »
-normative : « il s'agit de rester travailler
par devoir moral, par loyauté ».
Neveu et Thévenet parlent de quatre
facettes80 : « l'implication dans l'organisation,
l'engagement dans le travail, l'approbation de l'éthique du travail,
l'implication dans la carrière et la profession ».
76Site :
http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/3_revue_litterature_internationale_logo_versionsite_mars2
011.pdf consulté le 30/04/2011
77 Op.cit.
78 MASCLET Georges, (2000), La dimension psychologique du
management, Presses universitaires, Villeneuve d'Ascq, 169 p.
79 ALLEN, N. J. et MEYER, J. P., (1996), Affective,
continuance, and normative commitment to the organization: An examination of
the construct validity, Journal of Vocational Behavior, 49,
pp252-276.
80 NEVEU J.P. et THEVENET M. (2002), L'implication au
travail, Editions Vuibert Collection Entreprendre, 230 p.
3.4.2. L'implication du résident
La loi du 4 mars 2002 relative aux droits du patient
et à la qualité du système de santé a donné
plus de responsabilités à l'usager, mais aussi le droit à
plus d'informations concernant sa santé. De même, par la signature
du contrat de séjour avec l'EHPAD, ce dernier s'engage à
commettre des actions en coopération avec donc le
résident.
La personne âgée passe plusieurs
étapes lors de son séjour :
> Au moment de son accueil, il va avoir besoin
d'informations afin de comprendre le fonctionnement de
l'institution,
> Il va demander à s'impliquer dans la vie de
l'établissement : le conseil de vie sociale, la commission des
menus,
> Il voudra aussi garder des relations sociales,
connaître les autres résidents,
> Il va demander le programme des
animations,
> Il va ainsi participer lui-même à sa
qualité de vie mais aussi dans son projet.
Il a besoin d'échanges avec tous, pour ne pas
s'isoler et finir par être dans la phase de ce que l'on nomme le syndrome
de glissement. Malgré un éventuel handicap ou une grande
dépendance, il sera prévenu de son projet de vie.
Par son adhésion au conseil de vie sociale, il va
se sentir à nouveau citoyen et informé de la vie de
l'institution.
3.4.3. L'implication de la famille
Selon la Charte des droits et libertés des
personnes âgées dépendantes de 1997, « dans les
institutions, la coopération des proches à la qualité de
vie doit être encouragée et facilitée. En cas d'absence ou
de défaillance des proches, c'est au personnel et aux
bénévoles de les suppléer ». En 2007, cet
article 4 est modifié en « Le maintien des relations
familiales, des réseaux amicaux et sociaux est indispensable à la
personne âgée en situation de handicap ou de dépendance
».
Certaines familles s'impliquent dès le
début du séjour par l'accompagnement de son aïeul et par son
éventuelle participation au conseil de vie sociale. Cette
présence va améliorer la qualité du séjour de leur
aïeul.
Parfois elles sont plutôt fuyantes : «
Les familles sont des catégories fantômes dans les maisons de
retraite [...] ayant une influence décisive sur les
itinéraires de la personne âgée81
».
Cela s'explique par tous les états par lesquels
passe la famille, lors de l'admission d'un de leur membre :
> Psychologique : elle passe d'un statut d'enfant
à celui de parent, d'aidant à celui d'aidé et prend
parfois un statut de tuteur. Elle peut aussi se sentir désemparée
face à ce sentiment d'abandon, de culpabilité ou de
déni.
81 L'EHPAD : Pour finir de vieillir, (2006), Ethnologie
comparée de la vie quotidienne en institution gériatrique (tome2)
, Etude réalisée par le centre d'Analyse Stratégique,
06/2006
> Financier : parfois la famille a contacté
plusieurs EHPAD avant d'en trouver un. Le coût financier de
l'hébergement peut être important et nécessiter la vente de
la maison familiale. De ce fait une vigilance accrue vis à vis des frais
annexes apparait, comme le coiffeur, le pédicure, le
dentiste...
Les familles arrivent en EHPAD avec des craintes, au
regard des affaires de maltraitance de ces derniers temps. Ses demandes vont
croissantes vis-à-vis des soins de base, des repas et des
animations.
Les relations des familles avec les professionnels
peuvent être ambigües : Du fait d'une présence quotidienne,
parfois biquotidienne, elles peuvent trop solliciter les professionnels. Des
situations de tensions peuvent apparaître.
Peu présentes au contraire, le suivi du
résident, surtout s'il ne peut communiquer, est difficile pour ces
soignants.
Les nouveaux liens qui unissent le résident aux
soignants peuvent aussi culpabiliser les familles, dans la mesure où
elles ne sont plus les seules à partager certains moments (toilette,
repas, animations...). Des relations dites de service peuvent apparaître
: les familles considèrent qu' « elles paient et donc elles ont
des droits82 ».
Mais en s'impliquant dans le projet de vie, la famille
devient une ressource d'informations aussi pour le professionnel. « En
développant une bonne connaissance des habitudes des résidents,
le personnel évite à ces derniers de se mettre en situation de
demandeurs, leur permettant ainsi de moins sentir le poids de leur
dépendance83 ».
3.4.4. L'implication des professionnels
En s'impliquant dans le projet de vie, les
professionnels donnent du sens à leur travail, tout en interrogeant
leurs pratiques professionnelles. Leurs missions vis-à-vis du
résident ne sont pas stéréotypées mais
personnalisées. Leurs attitudes, leurs discours sont adaptés
à chaque personne âgée.
Accompagner, assister, aider, faire part de
bienveillance contribue à faire s'intégrer la personne
âgée dans l'institution.
Les professionnels créent des liens avec le
résident. De par leurs observations, ils apportent en fonction de leurs
compétences, les ingrédients qui vont nourrir le projet de vie.
Interlocuteurs privilégiés par le temps passé
auprès des personnes résidentes, la communication à
l'équipe de leurs échanges est primordiale.
Il est nécessaire qu'ils soient informés
et formés sur le projet de vie, afin de mieux l'appliquer. Des
référents sont parfois désignés dans certains
EH-PAD : c'est un repère pour les familles et les résidents.
« Si les professionnels sont satisfaits de leurs conditions de
travail, ils seront à même de donner une
82 Propos de familles entendues en EHPAD
83 Ibid.
prestation de qualité et le décalage
sur l'évaluation de la qualité de vie entre les deux groupes
pourrait s'en trouver abaissé84 ».
Les habitudes de travail sont parfois une
résistance à ces changements de culture de soins. Il est
nécessaire que les professionnels se remettent en question, afin qu'ils
puissent avancer dans le temps. « En l'absence de motivation des
personnels, aucune dynamique de projet ne peut se
développer85 ».
L'implication du professionnel peut être
modifiée par son regard posé sur la personne âgée,
et donc la vieillesse. En fonction de ses propres valeurs sociales ou
culturelles, la prise en charge du résident sera différente.
« Chacun a un rapport personnel à son héritage culturel
qui dépend en partie de son parcours mais aussi de ses
choix86 ».
4. L'enquête de terrain
L'enquête de terrain que je vais mener va me
permettre de déterminer si mon questionnement autour de l'application
active du projet de vie est justifié :
Comment en tant que cadre de santé, puis-je
sensibiliser le personnel et les familles pour faire vivre le projet de vie en
EHPAD ?
Et de déterminer si mes hypothèses de
première intention sont vérifia-
bles :
Le turn-over du personnel est-il un frein ?
L'information du projet de vie est-elle diffusée
?
La motivation des professionnels est-elle présente
?
4.1. Les critères de sélection
4.1.1. Le choix des EHPAD
Sur les conseils de mon directeur de mémoire,
j'ai choisi l'EHPAD où je travaillais comme EHPAD de
référence. Il me fallait afin d'étayer mes recherches,
étudier d'autres EHPAD. Mon premier choix s'est fait sur un
critère géographique. Habitant le sud de l'Essonne, il m'a paru
plus judicieux de choisir des établissements proches de mon domicile (cf
annexe1).
Ensuite, j'ai sélectionné un autre
critère pour ces EHPAD. Tous les types d'établissements devaient
être représentés dans cette étude : public autonome,
public rattaché à un centre hospitalier, privé associatif
et privé à but lucratif.
84Site :
http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/3_revue_litterature_internationale_logo_versionsite_mars2
011.pdf consulté le 30/04/2011
85 Fondation de France, Projet de vie,
op.cit.
86KESSAR Zahia, (2009),
Prendre en compte les pratiques culturelles à l'hôpital, La
revue de l'infirmière, n° 156, 2009-12, pp.
19-20.
Cette sélection d'EHPAD s'est faite grâce au
répertoire des Etablissements d'hébergement édité
par le Conseil général de l'Essonne87.
J'ai ainsi sélectionné 10 EHPAD
:
> 4 EHPAD publics autonomes
> 1 EHPAD public attaché à un
hôpital
> 2 EHPAD privé associatif
> 3 EHPAD privé but lucratif
J'ai d'abord contacté par
téléphone les directeurs de ces établissements pour me
présenter et expliquer le sujet de mon mémoire sur le projet de
vie. Les directions ont toutes acceptées, mais au moment où
j'allais débuter concrètement mon enquête, deux EHPAD
public autonomes m'ont appelée pour se désister :
- La première raison était
l'insuffisance temporaire de personnel dans un des EHPAD. Le cadre de
santé m'a dit « ne pas vouloir augmenter la charge de travail
des soignants qui sont en souffrance » et donc « ne pas
pouvoir répondre à mes attentes ».
- La raison donnée par l'autre EHPAD est
sa reconstruction en cours et donc l'arrêt de tout projet et notamment
celui du projet de vie.
J'annonce alors à mon directeur de
mémoire que j'ai du choisir deux autres EHPAD un peu en urgence.
Grâce à une personne ressource de la promotion, j'ai pu contacter
un EHPAD (du département de la Seine et Marne) public attaché
à un hôpital qui a accepté ma requête. De même,
j'ai contacté un EH-PAD public autonome en Province (région
Bretagne) qui a accepté aussi.
Sur les 11 EHPAD finaux (cf annexe 2), un seul, qui
est privé, n'a pas de cadre de santé. L'EHPAD est en
reconstruction sur un emplacement voisin, le directeur gère tout mais
espère avoir un cadre de santé sur le nouveau site : je l'ai
appris en lui apportant les questionnaires.
Voici les types finaux d'EHPAD que j'ai
sélectionnés :
> 4 EHPAD public autonomes
> 2 EHPAD public attachés à un
hôpital
> 2 EHPAD privés associatifs
> 3 EHPAD privés commerciaux
Après avoir atteint le quota d'EHPAD que je
m'étais fixé, j'ai déterminé le type de population
que j'allais cibler.
4.1.2. Les populations ciblées
Evidemment, les cadres de santé allaient
être au centre de mon enquête, ainsi que les différents
soignants, qui gravitent autour du résident. Ce sont les aides
soignants, les infirmiers, les auxiliaires de vie, les
kinésithérapeutes...
87 Site :
http://www.essonne.fr/fileadmin/solidarites/personnes_agees/guide_des_EPA_2010_BD_2.pdf
consulté le 20/01/2011
J'ai choisi de ne pas questionner les familles et les
résidents, pourtant au centre du projet de vie, pour des raisons que
j'expliquerai dans ma partie limites.
4.2. Le choix des outils
4.2.1. Les questionnaires
L'outil questionnaire m'a semblé le plus
adapté à ce type de recherche.
En effet, il permet de toucher un grand nombre de
personnes, donc ici de soignants, il est anonyme et est une technique rapide de
réponse, chacun pouvant choisir le moment où il va le
remplir.
J'ai choisi d'élaborer trois types de
questionnaire :
> Un pour les cadres de santé
> Un pour les animateurs
> Un pour les autres personnels, idem quel que soit
le personnel, le cadre de santé étant chargé de les
distribuer au prorata de son personnel, mais sur la base de 10 questionnaires
de ce type par EHPAD (sauf l'EHPAD du 77 ayant un personnel
nombreux).
Tous ces questionnaires avaient cependant des
questions identiques. Une lettre explicative était attachée aux
questionnaires. Cela m'a permis d'avoir une approche qualitative et
quantitative.
4.2.2. Les entretiens
Dans le même temps, j'ai entrepris de construire
un guide d'entretien semi-directif, avec des questions de relance,
auprès d'un nombre restreint de cadres de santé. Dans ce guide,
trois types de questions étaient présentes : directes, à
choix multiple, et semi-ouvertes. L'objectif étant notamment de comparer
la cohérence des réponses lors de l'entretien et les
réponses au questionnaire. De plus, un entretien amène à
des réponses plus spontanées et un ressenti
général. C'est un aspect qualitatif non
négligeable.
Mon choix s'est porté sur 3 cadres de
santé exerçant en EHPAD public autonome, attaché à
un établissement et un privé lucratif. Je n'ai pas pu avoir
d'entretien avec un cadre de santé du privé associatif, ceux-ci
étant indisponibles. Les entretiens ont tous eu lieu après la
restitution des questionnaires.
Il y a aussi d'autres outils que j'ai utilisés
parallèlement : les livres, sources d'informations sur la sociologie,
les projets de vie... et internet.
4.3. Le déroulement de l'enquête
L'enquête a débuté le 28
février 2011 par la distribution des premiers questionnaires aux EHPAD,
et s'est terminée le 08 avril 2011 par le dernier entretien avec un
cadre de santé.
J'ai distribué la semaine du 28 février
2011 au 04 mars 2011 les questionnaires dans les 9 EHPAD de l'Essonne.
Parallèlement, j'ai envoyé par voie
postale, les questionnaires dans les EHPAD de la Seine et
Marne et en Bretagne.
Pour chaque établissement, j'ai
rencontré le cadre de santé et lui ai expliqué le contenu
de ces questionnaires. J'ai établi avec lui, une date à laquelle
je les récupèrerai. Ces dates n'ont pas toutes été
respectées pour diverses raisons : questionnaires non distribués,
questionnaires perdus, recueil non fait. Finalement la première semaine
d'avril, j'ai récupéré tous les questionnaires, ainsi que
ceux de province et du 77 par voie postale.
En tout, 11/11 questionnaires
récupérés chez les animateurs, 10/11 pour les cadres de
santé et 68/115 pour les autres personnels.
Voici le tableau récapitulatif du nombre de
questionnaires rendus par rapport à l'EHPAD :
N° EH- PAD
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1
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2
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3
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4
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5
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6
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7
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8
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9
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10
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11
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Total
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CDS
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1
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1
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1
|
1
|
1
|
1
|
1
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0
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1
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1
|
1
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10/11
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IDE
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2
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1
|
1
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0
|
4
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0
|
0
|
1
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1
|
0
|
2
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12
|
AS
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6
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6
|
3
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3
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13
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7
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0
|
2
|
0
|
0
|
1
|
41
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AV
|
1
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1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
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1
|
3
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2
|
1
|
12
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DIVERS
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2
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1
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3
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CDS : Cadre de Santé IDE : Infirmier
Diplômé d'Etat
AS : Aide Soignant AVE : Auxiliaire de Vie
Dans les divers nous trouvons une psychothérapeute
et deux agents du service hospitalier.
Les entretiens se sont déroulés pour
deux en semaine et un le weekend. Chacun avait été
programmé préalablement. Lors de mon approche
téléphonique, j'avais demandé aux cadres s»ils
pouvaient m'accorder un moment dans le cadre d'un entretien. Certains ne
pouvaient pas, d'autres n'en avaient pas envie. Je les ai relancés lors
de la distribution des questionnaires. Heureusement, trois cadres de
santé ont bien voulu se soumettre au jeu de l'entretien. Les horaires de
rendez-vous ont été fixés en fonction de leur
disponibilité.
4.4. La synthèse
Je vais dans un premier temps donner la
synthèse des entretiens avec les cadres de santé. Dans un
deuxième temps ce sera la synthèse des questionnaires avec tout
le personnel des EHPAD.
4.4.1. Les entretiens avec les cadres de
santé
Comme je l'ai déjà écrit, ces
entretiens au nombre de 3, se sont déroulés suite à des
rendez-vous prévus. Ils allaient se passer normalement au calme. Dans
deux cas, des bruits extérieurs sont venus gêner la conversation :
tra-
vaux, musique. Les cadres ont été
dérangés lors de l'entretien, ce qui m'a nécessité
de relancer l'échange.
Chaque entretien a duré environ 30 minutes en
moyenne. Leur retranscription se trouve en annexe 3. Je me suis munie d'un
enregistreur, chaque cadre l'a bien accepté. Je leur ai assuré
l'anonymat sur ces entretiens. J'ai nommé arbitrairement ces EHPAD A, B
et C :
- A correspondant à un EHPAD public
autonome
- B à un EHPAD privé lucratif
- C à un EHPAD public attaché à un
hôpital
1) Le projet de vie est-il synonyme de qualité de
vie pour vous ?
Pour les trois cadres de santé, un oui franc m'a
été répondu en première intention.
> Pour le cadre de santé de l'EHPAD A
:
Il faut « faire attention à ce que
l'on nomme qualité », elle me nomme les diverses faces du
projet de vie : projet de soins, projet d'animation...ainsi que l'importance de
« l'environnement », d'une « meilleure connaissance
du résident ».
L'EHPAD a été auto évalué
en 2009 par le référentiel ANGELIQUE. Le cadre me signale que
l'on peut ainsi « améliorer la vie des résidents
» mais aussi « le travail des soignants ».
> Pour le cadre de santé de l'EHPAD B
:
Le cadre de santé ne s'est pas occupé de
la mise en place du projet, ni de son évaluation, « c'est le
directeur avec le médecin coordonnateur qui s'en sont
chargés ». Le même référentiel ANGELIQUE a
été utilisé pour l'évaluation de la
qualité.
Par contre, il utilise aussi la notion «
d'améliorer le suivi des résidents », avec une
« mise en place de référents ». Elle dit
plusieurs fois que ce « projet est écrit sur une base papier
», car l'informatique n'est pas encore présent dans les soins,
et que « l'architecture des locaux peut être une
difficulté à sa mise en oeuvre ».
> Pour le cadre de santé de l'EHPAD C
:
Du fait de l'attachement de l'établissement
à l'hôpital, le cadre de santé m'explique que «
pour leur bonheur et leur malheur, l'EHPAD se calque sur l'hôpital
pour son évaluation et donc rentre dans la certification».
« L'ARS le leur reproche » continue elle, et «
d'avoir une organisation hospitalière ».
Le projet de vie selon ce cadre « donne du sens,
permet de ne pas être centré sur nos organisations
».
2) Comment l'équipe pluri professionnelle
s'est-elle impliquée dans le projet de vie ?
Pour les trois cadres de santé, l'implication des
équipes dans ce projet de vie est assez difficile pour des raisons
multiples :
> Des absences à gérer
régulièrement, ce qui fait dire au cadre de l'EHPAD C qu'il
s'agit d'un « voeu pieu »,
> Un changement de cultures, des pratiques
professionnelles, « elles savent ce que c'est, mais la
déclinaison individualisée ne se fait pas
»,
> Un manque d'outils : « on n'a pas
forcément tous les outils », je n'ai pas trouvé de solutions
pour le moment »,
> Il faut « donner plus d'informations
» dit le cadre de l'EHPAD A, « dialoguer, des
échanges »pour celui de l'EHPAD B mais « il n'y
a pas de temps pour les travaux de groupe » dit celui de l'EHPAD
C.
Tous les trois ont une même réponse sur le
fait de bien réussir à le for-maliser.
3) Les familles des résidents se sont-elles
jointes à ce projet de vie ?
> Pour un seul cadre, celui de l'EHPAD A, le mot
projet de vie est prononcé lors de la visite de pré-admission :
« la famille est informée des différents projets de
l'établissement ».
Ce cadre me dit « pour moi, le projet
de vie commence par le pro-jet d'accueil ».
Depuis qu'elle est en poste en 2009, elle a
essayé de relancer le projet de vie et « les familles qui ont
été sollicitées pour ce dernier y ont montré
beaucoup d'intérêts ».
> Le cadre de l'EHPAD B me dit lui « les
familles ne sont pas systématiquement prévenues pour le projet de
vie, seules celles qui viennent régulièrement
».
De plus le nom de projet de vie n'est pas «
formalisé le jour de la visite de pré-admission ».
Par contre les familles sont entendues et leurs requêtes sont
appliquées en ce qui concerne le résident. Mais «
lors de sorties organisées, les familles sont impliquées
». Dans la conversation, elle montre un temps d'arrêt, et
m'annonce qu'en fait les résidents les plus valides (GIR 5 à 6)
sont peu présents lors des animations internes.
> Le cadre de l'EHPAD C me dit « je ne
parle pas du projet de vie aux familles lors de la visite de
pré-admission ». Plusieurs fois dans la réponse
à cette question elle articule le mot projet de vie comme ne faisant pas
parti du vocabulaire usité.
Par contre, son équipe a un « objectif
de prise en charge » vis-à-vis du résident. «
Des temps de paroles sont donnés aux familles et organisés par
les professionnels : les familles voudraient qu'il y en ait plus
».
Dans ses paroles elle me fait remarquer que
l'équipe se trouve « démunie face à des
résidents très dépendants en matière
d'accompagnement et d'animation ».
4) « Faire vivre » un projet de vie est-il
mobilisateur d'une équipe ?
Dans la réponse à cette question, les
trois cadres de santé interrogés sont d'accord pour dire qu'il y
a un « manque de moyens » alloués, que ce soit en
termes d'effectifs ou de matériel. La législation sur les EHPAD
et notamment la convention tripartite demande à une mise en place
effective du projet de vie, mais « il faut que les tutelles nous
donnent les moyens » selon les paroles du cadre de l'EHPAD
C.
Le cadre de l'EHPAD A indique que « les
effectifs actuels ne permettent pas de l'optimiser selon les textes
législatifs », et « qu'une gran-de pression est
exercée sur les EHPAD par l'ARS ».
Celui de l'EHPAD B considère qu'il y a
« une évolution à prévoir », qu'il faut
« faire vivre réellement le projet de vie » selon le
cadre de l'EHPAD C.
Dans ces conditions, « faire vivre » ce
projet de vie est « faire des piqûres de rappel »,
« être en perpétuel mouvement », «
faire de jolies vi-trines ».
Le cadre de l'EHPAD B parle de « changement
de culture », et celui de l'EHPAD C me dit textuellement : «
ce n'est pas si simple de se dire pour les soignants qu'on est dans un
projet de vie ».
Sur la mobilisation d'une équipe pour faire
vivre ce projet de vie, la réponse n'est pas si simple au vue des
diverses difficultés qui jaillissent, et que les trois cadres de
santé rapportent. Le dernier cadre m'a parlé «
d'euphémisme ».
Au regard de mon questionnement et de la
synthèse des entretiens, le projet de vie semble difficile à
mettre en oeuvre. Les familles ne sont pas impliquées et les
professionnels n'ont pas suffisamment d'informations. Des moyens et des outils
semblent manquer. La qualité est pour tous une notion essentielle du
projet de vie. Elle permet aux professionnels d'évaluer leurs pratiques
et aux résidents d'être dans un processus de continuité
satisfaisante de vie.
4.4.2. La synthèse des questionnaires
Dans l'idée que l'utilisation des
questionnaires me donneraient une approche qualitative et une approche
quantitative de la question, j'ai synthétisé les questionnaires
sous forme de sous thèmes. Les questionnaires sont lisibles en annexe
4.
> Le cadre de santé face au projet de
vie
La moyenne d'années de présence du cadre
de santé dans les EHPAD est de 3,6 ans. Get histogramme montre que dans
45% des cas, le projet de vie était en place à leur prise de
poste. Par contre seuls 18 % de ces projets ont été
évalués.
> La représentation personnelle de chaque
professionnel du projet de vie
J'ai mis en annexe 5 les histogrammes de
représentation par famille de professionnels.
Pour la grande majorité, tous confondus, le projet
de vie fait parti de la qualité de vie du résident :
> 100 % pour les cadres de santé
> 82 % pour les animateurs
> 67 % pour les auxiliaires de vie
> 50 % pour les infirmiers
Mais 36 % seulement chez les aides soignants.
A plus de 50 % il réunit des pluri professionnels
mais à contrario, pour moins de 40 % il est fédérateur
d'une équipe.
Peu le considère comme adapté : 9 % des
infirmiers, contre 46 % et 67 % pour les aides soignants et les auxiliaires de
vie. Il doit être amélioré pour tous, de 90 % pour les
cadres de santé à 26 % pour les aides soignants.
> Les acteurs du projet de vie
% de reponses
120%
100%
80%
40%
20%
60%
0%
La composition du projet de vie en fonction
des
professionnels n=78/126
Avril 2011 Enquête dans divers
EHPAD
Type de professionnels interrogés
resident
famille
cadre de santé infirmiers
aides soignants animateur
psycho
medecin coordonnateur kiné
Selon l'histogramme, 3 catégories de
réponses sont citées en majorité : 60 % et plus des
réponses donnent l'infirmier, l'aide soignant et le résident
comme acteurs principaux du projet de vie.
L'animateur apparait entre 50 % et 60 %.
Il est à noter que la famille, le cadre de
santé et le psychologue n'apparaissent que dans les limites de 40 %
à 50 %.
Le médecin coordonnateur ne fait pas
l'unanimité, ainsi que le kinesithérapeute, chez les
professionnels interrogés.
On peut remarquer que les résultats entre les
auxiliaires de vie et les aides soignants sont différents dans leurs
proportions. L'animateur se met en retrait par rapport aux
soignants.
> La connaissance du projet de vie
Le nombre total de questionnaires était de 137
distribués. 89 personnes ont répondu à cet item, soit un
taux de 64,9 % de réponses (cf annexe 6).
A plus de 50 % tous connaissent le projet de vie : un
chiffre étonnant, celui de 50 % de non connaissance chez les auxiliaires
de vie. 58 % de soignants ne sont pas référents de
résidents.
La connaissance du projet de vie par la famille
:
90 % de oui selon les cadres de santé, 45 %
pour l'animateur et aucune réponse pour les autres. De même,
l'implication des familles reçoit à peu près les
mêmes pourcentages.
Par contre, la participation des familles aux animations
est selon les animateurs de 55 % et selon les cadres de santé de 10 %
seulement.
Il n'y a pas de demande d'information sur le projet de
vie par les résidents.
L'utilisation du projet de vie au quotidien est de
plus de 50 % : 76 % chez les aides soignants, 67 % chez les auxiliaires de vie
et 58 % chez les infirmiers. 55 % des animateurs l'utilisent aussi.
> Les difficultés
rencontrées
Selon les histogrammes suivants, 65,6 % des personnes
interrogées n'ont pas répondu quant aux difficultés
rencontrées au quotidien pour l'utilisation du projet de
vie.
Dans toutes les catégories professionnelles, une
moyenne de 52,6 % a coché le manque de temps.
32 % en moyenne ont répondu le manque
d'information et 26,8 % la démotivation du personnel. Le chiffre de 23,6
% est pour le turn over.
Les autres % ne sont pas significatifs au regard des non
réponses obtenues.
78%
56%
67%
11%
11%
44%
33%
44%
Difficultés rencontrées par les cadres de
santé n= 10/11
Etude sur 11 EHPAD en Avril 2011
11%
44%
difficultés à l'élaboration manque
de temps
manque d informations
non comprehension du sens du projet de vie par les
soignants
démotivation
pas d'implication des familles résistance aux
changements difficultés au quotidien
turn over
manque de transmissions
38
39%
12%
12%
5%
7%
54%
37%
Difficultés rencontrées par les aides
soignants n=41/ 41
Etude sur 11 EHPAD en Avril 2011
2% 2%
2%
24%
difficultés à
l'élaboration
manque de temps
manque d informations démotivation
pas de dynamique de groupe pas d'implication des
familles résistance aux changements difficultés au
quotidien
manque de dialogues avec familles turn over
manque de transmissions
Le cadre de santé quant à lui, pense au
manque de temps à 67 %, au turn over et à la démotivation
à 44 % et au manque d'informations à 33 %.
17%
25%
8% 8%
Difficultés rencontrées chez les
infirmiers n= 12/12
Enquête dans 11 EHPAD en Avril 2011
8%
8%
25%
25%
58%
67%
difficultés à l'élaboration manque
de temps
manque d informations démotivation
multiculturalité
pas de dynamique de groupe résistance aux
changements difficultés au quotidien
turn over
manque de transmissions
> Que signifie le terme de projet de vie pour les
professionnels ?
Selon la représentation graphique suivante, 55 %
en moyenne le considère comme un projet individualisé au premier
abord.
% de reponses
120%
100%
80%
60%
40%
20%
0%
c/0 oui c/0 non
animateur
Signification du projet de vie pour des professionnels n=
137
c/0 sans
% oui
cadre de
santé
c/0 non
catégories professionnelles
c/0 sans
c/0 oui c/0 non
infirmier
c/0 sans
% oui
c/0 non
as
c/0 sans
c/0 oui c/0 non
auxilliaire
de vie
c/0 sans
% oui
divers
c/0 non
c/0 sans
individualisé
aide à la personne soins
animation
Puis il est défini comme un projet d'aide à
la personne, un projet de soins puis d'animation.
100 % des cadres de santé le voient comme un
projet individualisé, ainsi que les infirmières. Les autres
professionnels de santé répondent de façon
identique.
Il est à noter un fort pourcentage de sans
réponses, ce qui biaise les résultats.
Au regard de la synthèse des questionnaires, il
s'avère que le projet de vie est lié à la qualité
de vie du résident. Il réunit des professionnels, mais n'est pas
fédérateur d'une équipe. Un turn-over du personnel existe.
La définition du
projet de vie selon les professionnels n'est pas
exploitable. Les acteurs du pro-jet de vie ne sont pas vraiment connus, par
rapport aux textes législatifs. Les résidents, les familles le
connaissent peu, et des professionnels n'en sont pas informés. Des
améliorations sont à faire sur le projet de vie.
Maintenant que les synthèses sont faites, je vais
donc vous exposer dans cette prochaine partie leur analyse.
5. L'analyse
Cette partie va permettre de faire ressortir les points
les plus importants qui ressortent de l'exploitation des questionnaires et des
entretiens.
5.1. Les entretiens auprès des cadres de
santé
5.1.1. Le projet de vie et la qualité
Pour tous les cadres de santé consultés,
le projet de vie est donc partie intégrante de la qualité
donnée au patient. Cette qualité se retrouve dans divers aspects
: projet individualisé, d'animation mais surtout de soins. Elle n'est
pas remise en question.
Les cadres de santé ont une connaissance de la
législation sur les conventions tripartites et sur la charte des droits
et libertés de la personne âgée.
L'ANESM88 a publié un
référentiel sur les pratiques professionnelles en EHPAD. Ces
recommandations visent à « promouvoir l'ensemble des pratiques
professionnelles concourant à l'amélioration de la qualité
de vie des résidents ». Selon l'ANESM, elles sont
élaborées selon quatre enjeux majeurs :
> « L'accueil dans l'établissement et
la construction du projet personnalisé
> L'organisation du cadre de vie et de la vie
quotidienne
> La vie sociale des
résidents
> Les interactions entre l'état de
santé et la qualité de vie ».
Cette évaluation des compétences des
soignants est mesurée et mesurable : critères de satisfaction des
résidents, tableaux de bords sur les chutes, les escarres...Il est
à noter que le projet de vie individualisé est «
co-évalué par le résident, son représentant
légal, les professionnels et les partenaires
concernés89 ».
N'oublions pas que le cadre de santé est garant de
la qualité de la prise en charge du résident, au sens de
:
> l'organisation des soins de base
> l'organisation de l'hôtellerie : le temps des
repas
> les temps d'animation
> l'hébergement : environnement, les espaces
privés, les espaces communs.
88 ANESM (2010), La qualité de vie en EHPAD,
op.cit.
89 ANESM(2008),Les attentes de la personne et le projet
personnalisé, op.cit.
Comme signalé page 32, un EHPAD s'est
appuyé sur le modèle hospitalier, plutôt que ceux des
EHPAD, en ce qui concerne l'évaluation de l'institution. Cela lui a valu
une remarque de la part de l'ARS, qui de fait est justifié notamment par
rapport à l'aspect projet de vie et non pas seulement de soins. Ne pas
standardiser des pratiques est primordial dans le projet de vie.
Géographiquement, il serait mieux que l'EHPAD se détache de
l'hôpital. Ainsi il serait plus aisé pour le personnel de
distinguer le projet de vie du projet de soins.
La qualité de vie passe aussi par
l'architecture des locaux. Des locaux inadaptés peuvent rendre difficile
une adéquation entre une vie collective et une vie individuelle. Le
résident a besoin de se sentir chez lui. L'arrêté du 26
avril 1999 dit : « La personne âgée accueillie dans la
maison de retraite se voit attribuer un logement qui doit être
considéré comme la transposition en établissement du
domicile du résident ». Cette qualité des locaux est
aussi un miroir de l'EHPAD. Combien de personnes ne jugent-elles pas un
établissement juste en entrant dans celui-ci ? Certains EHPAD se
retrouvent confrontés à ce problème de locaux, surtout les
établissements anciens.
Il est nécessaire d'avoir dans le même
temps des moyens et du matériel adaptés aux personnes
âgées. Ce sera plus confortable pour le résident et pour le
soignant. Mais la réalité est autre pour ces cadres de
santé. Ils émettent le fait que les politiques actuelles sont
sûrement bienveillantes pour la personne âgée, mais les
moyens alloués ne suivent pas cette direction.
La qualité de l'hôtellerie est
importante. Les services rendus en lingerie, en cuisine sont des
éléments du projet. L'animation aussi permet au résident
de garder sa vie sociale, d'échanger avec les autres. L'institution en
s'ouvrant vers l'extérieur augmente les réseaux d'informations et
d'échanges.
La qualité passe aussi par un personnel
qualifié. « La qualité de la présence aux
résidents assurée par les personnels, quelque soit leur
qualification, devient [...] un des éléments de la qualité
de vie des résidents90 ».
Cette qualité est évaluée, avec
une possibilité de choix pour les EHPAD. Beaucoup utilisent l'outil
ANGELIQUE, cette évaluation étant interne. Elle per-met à
l'établissement de connaitre ses forces et ses faiblesses.
Malgré toutes ces conditions, la mise en oeuvre
du projet de vie est difficile. Les cadres de santé interrogés me
donnent des axes de réponses : manque d'informations au niveau des
familles, des résidents et des soignants.
5.1.2. Importance de l'implication des acteurs dans le
projet de vie
La construction d'une collaboration est l'atout majeur du
projet de vie. El-le se situe au niveau des professionnels mais aussi des
familles.
> Le personnel
« En l'absence de motivation des personnels,
aucune dynamique de projet ne peut se développer91
». Les compétences des professionnels ne sont
90 Fondation de France, Le projet de vie,
op.cit.
pas forcément mises en valeurs, elles sont mal
utilisées. Les soignants connaissent leur travail, du fait de leur
formation initiale. Cependant, l'évolution des pratiques
professionnelles est constante. Par manque d'informations, le personnel peut
rester dans une approche du soin stoïque.
Le projet de vie donne comme l'explique un cadre de
santé, du sens aux actions. Une responsabilité qui valorise les
soignants dans leur travail au quotidien. Nous connaissons les
difficultés liées au travail dans certains domaines de la
santé, dont celui des personnes âgées. La charge de travail
est souvent importante. L'absentéisme peut être important et
source de problématiques au sein de l'EHPAD. Des glissements de
tâches apparaissent. Le cadre de santé passe du temps à
gérer les plannings, il lui est difficile de motiver une équipe
dont la constitution change beaucoup. Ce « voeu pieu »
semble rendre le projet de vie comme irréalisable face aux aléas
de la présence éventuelle du personnel.
Les échanges, la communication sont des outils
que le cadre utilise avec les professionnels. Cela permet d'avancer, de «
faire des consensus », comme dit un des cadres de santé.
Encore faut-il que le cadre soit motivé, soit un leadership qui va
conduire le projet de vie. Il apparait par des non dits, des soupirs durant les
entretiens, que les cadres de santé puissent être en souffrance.
Il est difficile de guider une équipe non motivée sur un projet :
« [...] rien n'est plus difficile à bien conduire, plus casuel
à réussir et plus dangereux à manier, que de se rendre
chef en introduisant des nouveautés : parce que l'interlocuteur se fait
des ennemis de tous ceux qui se trouvaient bien de l'ancien état des
choses et ne se fait, d'autre part que de froids défenseurs de ceux qui
gagnent au nouvel établissement92 ».
Les résistances aux changements, de culture
sont des freins à tout pro-jet. Elles peuvent expliquer aussi ce manque
de motivation des professionnels, pour qui le changement est synonyme
d'inconnu. Cela induit une crainte, une méfiance vis-à-vis de
toute modification organisationnelle et dans les pratiques
professionnelles.
> Les familles
Les familles sont impliquées dans la vie de
l'EHPAD dès qu'elles entreprennent de trouver une place pour leur
aïeul. Dès la visite de pré-admission, le cadre de
santé leur présente l'établissement, ainsi que les projets
de ce dernier. Cela permet aux familles informées de se sentir plus en
confiance, d'avoir des informations claires.
Malheureusement tous ne réagissent pas de cette
manière. C'est ainsi que deux cadres sur trois ne parlent pas du projet
de vie aux familles. Je me suis demandée pourquoi. Est-ce parce qu'il
est en difficultés par rapport à un quota de personnel que la
direction veut modifier à la baisse ? Son personnel étant peu
informé, il ne peut pas non plus diffuser une information auprès
des familles. Ses compétences dans ce domaine sont alors
limitées. « L'articulation
91 Fondation de France, le projet de vie,
op.cit.
92 MACHIAVEL Nicolas, (2009), Le Prince, Editions Librio,
Paris, 123p.
entre familles et professionnels dans
l'accompagnement du projet de vie individuel du résident parait
difficile du fait d'un manque de dialogue93 ». Le cadre de
santé n'assure pas sa mission de veille juridique au regard de la loi
sur la convention tripartite.
La sélection de familles au regard de la
dépendance des résidents n'est pas très éthique,
même en se défendant d'organiser des réunions pour
tous94. Certes ces dernières faites en partenariat avec le
médecin coordonnateur ou le psychologue sont instructives pour tous,
mais n'enlèvent en rien le fait que le projet de vie est une
démarche collective et obligatoire.
Les sentiments de culpabilité et de déni
des familles expliquent les présences parfois constantes de ces
dernières en EHPAD. Leurs demandes sont tournées plus vers
l'état de santé, pas sur le vécu quotidien de leur
aïeul. Ce vécu quotidien étant le projet de vie en
intégralité : projet de soins, d'animation, personnalisé.
Sans informations, les familles n'y adhèrent pas. Au contraire, celles
qui sont informées, s'impliquent car elles en comprennent l'importance
pour le mieux-être du résident.
Avec ces premiers éléments, il
s'avère que la mise en oeuvre du projet de vie est problématique
dès le début, dès l'arrivée du futur
résident. Le cadre de santé a un rôle important dans cette
démarche collective et doit faire face aux difficultés
institutionnelles et sociétales. Il est intéressant d'analyser
main-tenant les réponses aux questionnaires.
5.2. Les questionnaires auprès des
professionnels
5.2.1. La qualité, critère du projet de
vie
Comme pour les cadres de santé, la
qualité de vie est primordiale pour les autres professionnels. Depuis
1999, ils sont informés, sensibilisés et formés à
la qualité : gestion des risques, maltraitance, hygiène. Le
milieu sanitaire a débuté une démarche qualité que
suit maintenant le milieu médico-social. Il est à noter qu'une
des volontés de la politique de santé est une
traçabilité et une transparence du système
institutionnel.
La qualité touche toutes les catégories.
Des normes sont établies :
· Normes en hygiène et en
hôtellerie
· Normes en soins
· Plan d'actions en animation
· Normes de sécurité
La qualité touche aussi l'accompagnement de
fin de vie. Nombreuses sont les familles qui demandent au cadre de santé
et aux soignants si le résident pourra être pris en charge
jusqu'à sa mort. Ce projet est alors celui d'un projet d'accompagnement,
évoluant et impliquant tous les professionnels. «
L'accompagnement d'une personne en fin de vie suppose que l'on
puisse
93 AMYOT Jean-Jacques, MOLLIER Annie,
op.cit.
94 Entretien avec le cadre de santé de l'EHPAD
B
5.2.2. L'information, essence de l'implication > La
dichotomie d'information
Une dichotomie existe entre les réponses
données par les cadres de santé et les professionnels quant
à la connaissance du projet de vie par les familles et le
résident. Je me suis demandée quelles en étaient les
raisons.
Pour le cadre de santé, l'accueil
représente le début du projet de vie. Considère-il alors
que l'information donnée à ce moment là est suffisante ?
Pense-t-il aussi que les familles doivent elles-mêmes se renseigner
?
Le système actuel de santé étant
de responsabiliser tous les acteurs, c'est peut être une démarche
personnelle informelle. Mais ce n'est pas suffisant, puisque les professionnels
donnent un autre avis. Ils sont plus proches des résidents souvent, les
voyant plus quotidiennement que les cadres de santé, ainsi que les
familles en EHPAD. Les familles les questionnent, s'inquiètent de
l'état de santé de leur aïeul. Elles ne s'interrogent pas
sur le projet de vie. Elles ne le connaissent pas.
Ce manque d'informations lors de la
pré-admission est un handicap pour la future prise en charge du
résident. Des conditions sont remplies certes : remise du livret
d'accueil, du contrat de séjour, du règlement de fonctionnement
et remise de la charte des droits et libertés de la personne accueillie.
Cette rétention d'information par le cadre a deux conséquences
directes :
· Les familles ne font pas de différence
dans les diverses prises en charge : le projet de vie est ramené
à un projet de soins. Ils s'informent plus sur les besoins de bases de
tout individu, besoins classés par Virginia Henderson : respirer,
boire et manger, éliminer, se mouvoir et maintenir une bonne posture,
dormir et se reposer, se vêtir et se dévêtir, maintenir la
température du corps, être propre soigné et protéger
ses téguments, éviter les dangers, communiquer, agir selon ses
croyances et ses valeurs, s'occuper en vue de se réaliser, se
récréer, apprendre. Les familles ne font plus de
différences entre un secteur hospitalier et l'EHPAD. La
médicalisation de certains EHPAD leur donne cette impression. C'est au
cadre de santé de leur expliquer qu'un EHPAD est un lieu de vie, dans
lequel des soins peuvent être donnés, comme à
domicile.
· Les professionnels eux aussi ne font pas la
différence. Les soins ont une grande place dans les sondages. Les
soignants ne sont pas en capacité de bien informer les familles sur le
projet de vie.
95 AMYOT Jean-Jacques, MOLLIER Annie,
op.cit.
Le conseil de vie sociale peut aider les familles et
les résidents à s'informer. C'est au cadre de santé de les
inciter à y participer. Elles sont parfois sollicitées lors
d'animations, ce bénévolat est intégrateur mais peu
développé encore dans tous les EHPAD. Il s'adresse aux enfants
sexagénaires le plus souvent, les autres étant en
activité.
> L'espace `'laissé» aux
résidents
Les résidents, quel qu'ils soient ne sont pas
informés non plus. Ils ne sont pas non plus informés du fait
qu'ils gardent leurs droits civiques. Souvent leurs papiers sont pris par leur
famille qui considère qu'ils n'en ont plus l'utilité dans ce
lieu.
Pense-t-on qu'ils ne sont plus capables de comprendre,
du fait de leur venue en EHPAD ?
Que le passage de la porte d'entrée les a rendus
inaptes ?
Se sentiraient-ils plus impliqués en étant
informés ?
Certes, le cadre de santé organise les soins,
planifie, mais il est essentiel que le résident garde une place unique
et soit le centre de cette organisation. Il arrive souvent que l'on pense pour
lui, que l'on agisse pour lui. Je me demande où se trouve le respect
à donner à la personne âgée. « Associer les
résidents au projet de vie, c'est créer un temps et un espace de
rencontre entre la parole du résident et celle du
professionnel96 ».
Respecte-on vraiment ces temps en EHPAD actuellement
?
Les impératifs croissants de performance et
d'efficience se ressentent dans le secteur médico-social. N'est-on pas
en train de modifier le paysage de l'EHPAD, ce qui pourrait être un
facteur de non information du projet de vie ?
> L'accompagnement des professionnels
Une catégorie de professionnels a
répondu à plus de 50 % ne pas connaitre le projet de vie : les
auxiliaires de vie. Je me suis demandé s'il s'agissait d'un
problème de compétences, d'une reconnaissance de leur
métier ou d'un manque d'informations reçues.
Cette méconnaissance du projet de vie est
reprise lors de la question sur les acteurs du projet de vie. Certaines
catégories n'incluent pas le résident, d'autres la famille dans
le projet de vie. Certaines s'arrêtent aux infirmières et aux
aides-soignants. Il semble y avoir une amalgame entre le projet de vie et le
projet de soins au regard des réponses, par les professionnels. Je me
pose cette question : Quel est le sens donné au projet de vie par les
soignants ? Sans informations sur le projet de vie, les professionnels
peuvent-ils s'impliquer suffisamment dans ce travail ?
Le cadre de santé est là pour «
favoriser la spécificité des diverses approches
professionnelles pour construire le projet de vie personnalisé.
Ainsi
96 AMYOT Jean-Jacques, MOLLIER Annie,
op.cit.
chaque professionnel reste bien dans son coeur de
métier en apportant ses compétences
spécifiques97 ».
Quel que soit son niveau de compétences,
chacun apporte au résident une part du projet de vie. Il s'agit de
« travailler ensemble aux niveaux les plus humbles de la prise en
considération et de l'accompagnement de la personne98
». Etablir des échanges, de la communication est vital face aux
problèmes rencontrés par les professionnels pour vraiment
s'impliquer dans le projet de vie.
La démotivation des professionnels est
perceptible dans le rendu des questionnaires. Ce taux de 65,6 % de non
réponses est significatif. Dans un premier temps, j'ai pensé que
cette question était inadaptée, que la formulation était
erronée. Puis, au regard de la problématique du manque de temps
rencontré par ces mêmes professionnels, l'envie de répondre
à cette enquête était faible. Leur implication est faible
dans le projet de vie, liée à d'autres facteurs : le turn over,
le manque de temps.
5.2.3. Les faits »incontrôlés»
> Le turn-over
Le turn over est une difficulté
signalée par tous. Travailler auprès des personnes
âgées n'a pas toujours été quelque chose de
valorisant pour les professionnels. Les mentalités changent, les
actualités font que les politiques se sont plus
intéressées aux conditions de vie des personnes
âgées en institution. De ce fait, un professionnel peut dire, sans
regard négatif des autres qu'il travaille en EHPAD.
Ce turn over peut s'expliquer :
La génération actuelle des
professionnels est mouvante, occupe des postes dans des durées courtes.
Elle veut tout voir et ne pas rester fidèle à une institution
comme les générations précédentes. Il est
nécessaire que leur vie professionnelle s'articule autour de leur vie
personnelle.
L'absentéisme est du à des maladies,
des accidents, mais parfois à un burn out. La charge de travail en EHPAD
augmente. Les résidents y entrent de plus en plus âgées et
dépendants. Le manque d'informations et de communication rend encore
plus difficile la prise en charge des personnes accueillies. Le cadre, dans son
rôle d'observateur actif et de régulateur99 va tenter
d'éviter que des problèmes psycho-sociaux se manifestent. Leader
d'une équipe, il laisse la possibilité à chacun de
s'exprimer, au cours de réunions. Malheureusement en EHPAD, il est
parfois difficile de se réunir. Devant des difficultés de
recrutement, le glissement des tâches peut s'effectuer. Il s'agit pour le
cadre de santé d'être attentif et veillant, sa
responsabilité est mise en jeu.
97 VERCAUTEREN Richard, HERVY Bernard, SCHAFF Jean-Luc,
op.cit.
98 Ibid.
99 MINTZBERG Henry, (2010), Le Manager au quotidien, les
dix rôles du cadre, Editions Eyrolles, Paris, 283P.
L'équipe fixe, face à un turn over se
sent déstabilisée aussi. Elle doit sans cesse former et reformer
des collègues. Elle ne s'intéresse plus aux pro-jets car elle
n'en a pas le temps et se trouve elle-même en border-line. Les
remplaçants, sont recrutés sur des durées courtes. Ne
sachant pas si leur contrat va être renouvelé, leur
intéressement face au projet de vie est minime.
Il est difficile de donner un ratio de personnel pour
un EHPAD. L'observatoire franco-belge de la santé en 2009, dans son
enquête sur la mobilité transfrontalière des personnes
âgées100 parle d'une moyenne d'un ratio de 0,52
équivalent temps plein par résident en EHPAD.
Un autre problème est apparu dans les
réponses aux questionnaires, par rapport au fait, de faire vivre le
projet de vie pour le cadre de santé : le manque de temps.
> Le `'temps qui fuit»
Ce `'manque de temps» souvent
évoqué, est finalement essentiellement lié à un
manque d'organisation. Il induit plusieurs conséquences, qui peuvent
nuire à la mise en oeuvre du projet de vie :
· Une absence ou une insuffisance de
réunion d'équipe. Durant des temps de briefings, le
cadre de santé explique aux professionnels les objectifs du projet de
vie. Il motive son équipe, afin d'impliquer le plus de professionnels
possibles. Ces réunions sont parfois difficiles à construire :
indisponibilité des agents, résistances aux réunions.
Certains professionnels parlent de « réunionites aigues
», le fait de passer du temps à se réunir pour
échanger. Echanger sur le résident, sa famille, des
problèmes sous-jacents fait partie de l'accompagnement de la personne
âgée.
· L'absence de souplesse, liée au temps,
quant à la prise en charge du résident peut conduire à des
actes de maltraitance. Les professionnels sont pressés, ils
dévalorisent la personne âgée sans parfois sans rendre
compte : le tutoiement, l'infantilisation, le manque d'intimité, le
manque de respect.
· Les professionnels agissent par habitudes. Il
est plus simple de se dire qu'en absence de temps, ce sont les anciens usages
qui sont les plus adaptés. Les soignants méconnaissants le projet
de vie ne l'utilisent pas. Il est vrai que plus de 50 % d'entre eux disent
l'utiliser au quotidien. Mais est-ce vraiment le projet de vie au regard de
autres réponses ?
Tous ces faits sont sans contrôle pour le cadre
de santé, mais il peut les anticiper autant que possible. Il serait
intéressant de croiser les résultats obtenus lors des entretiens
et ceux recueillis par les questionnaires.
100 Site :
http://www.ofbs.eu/pages/action/action.php?posonglet=7&iddetail=22
consulté le 08/05/2010
5.2.4. Les passerelles entre les entretiens et les
questionnaires
Certains points de convergence mais aussi de
divergence entre l'exploitation de l'analyse des entretiens des cadres de
santé et les questionnaires des personnels apparaissent.
> Les convergences d'opinions La qualité de
vie
Depuis 1999, date de la venue de l'accréditation
dans les hôpitaux, les politiques en ont fait un sujet
prioritaire.
En EHPAD, le projet d'établissement a notamment
des objectifs en ce
sens :
- « Coordination, coopération,
évaluation des activités et de la qualité des
prestations
- Organisation et fonctionnement des
différents services rendus101 ».
Le projet sera le reflet des valeurs et de
références éthiques de la part de
l'institution.
Depuis de nombreuses années, le personnel est
sensibilisé à la notion de qualité dans ses formations. Il
y a la qualité du service rendu par les soins, mais aussi celles de
l'animation et des conditions de vie.
Le personnel est de plus en plus qualifié, les
formations réactualisent les niveaux de compétences. Les
mentalités changent face à la vieillesse, chaque être a des
droits, qu'il soit dépendant ou pas, atteint ou pas d'un handicap. Le
projet de vie n'est pas une fin en soi, mais se réajuste selon
l'état de santé de la personne âgée. Face à
des fins de vie, le personnel sera plus à même d'accompagner le
résident et sa famille.
Le cadre de santé garantit cette qualité
de vie avec différents outils : formations, gestion des risques,
indicateurs de qualité...car de la « Place du soin, place de la
vie, de l'équilibre trouvé entre les deux dépendra la
qualité du projet de vie102 ».
Le défaut d'organisation
Il représente le manque de temps cité
par tous, cadres de santé et autres professionnels. Cependant il est
à noter que le rôle du cadre est notamment d'organiser, de
planifier, et de gérer.
Il est nécessaire qu'il trouve des
stratégies afin de mieux organiser l'EHPAD et d'en parler avec les
professionnels concernés. Sinon, des conséquences peuvent encore
plus désorganiser la vie quotidienne de l'institution :
l'absentéisme, la perte de motivation, les risques psycho-sociaux, les
risques de maltraitance. Il est vrai que l'effectif total de personnel est
difficile à atteindre, quel que soit le type d'EHPAD. Pénurie de
personnel, personnel non qualifié, charge de travail, peurs de la
vieillesse et de la dépendance, autant de questions que se posent les
cadres de santé interrogés.
101 AMYOT Jean-Jacques, MOLLIER Annie,
op.cit.
102 Ibid.
Le turn over
De ce fait, le turn over est présent. Faut-il
l'associer à une mauvaise organisation, à des professionnels de
la nouvelle génération qui bougent beau-coup, à des
problèmes culturels ?
Les professionnels et les cadres de santé
soulèvent ce problème. Pour le suivi d'un projet, il est plus
opportun d'avoir un personnel fixe, qui le connait. Là où le
personnel se lasse, c'est de former sans cesse des nouveaux, qui ne resteront
qu'un temps. La fidélisation sur un poste et un endroit n'est plus
à la mode pour la jeune génération: « Leur
culture de l'intuito-connectif leur donne très vite le sentiment d'avoir
fait le tour et de n'avoir plus rien à apprendre103
».
Mais dans le même temps, pouvoir impliquer
d'autres compétences, permet au cadre de santé d'enrichir le
projet de vie : des avis différents, d'autres valeurs, des
échanges.
L'importance de la communication
Les différents professionnels émettent
le problème du manque d'informations. Il est à deux niveaux :
celui des cadres de santé et celui des autres personnels.
Les cadres de santé ont la sensation de manquer
d'informations quant à la mise en oeuvre du projet de vie. Ils en
déduisent qu'ils ne peuvent donc pas informer leur
personnel.
Ce dernier reçoit peu d'informations de la
hiérarchie et des autres personnels. Il ne s'intéresse que
très peu au projet de vie, son information aux familles
n'intéresse que les soins de base comme la toilette, les repas...les
professionnels ne s'impliquent donc pas. Ils sont pourtant à la
recherche d'un sens à donner à leur travail. La plupart des
auxiliaires de vie ne connaissent pas le projet de vie. Est-ce un
problème de compétences ? de regard des autres professionnels
?
Pourtant l'articulation entre les professionnels ne
peut que se faire par de la diffusion d'informations, d'échanges. Le
cadre de santé a ce rôle de constructeur, de diffuseur
d'information. Il peut s'appuyer sur le médecin coordonnateur, qui
apparait très peu nommé dans l'enquête. Est-ce le fait
qu'il soit à temps partiel dans l'établissement, ou le fait que
l'équipe le voit très peu ?
Des réunions ont lieu pour les familles
cependant, qui sont souvent conduites soit par le psychologue, soit par le
directeur de l'EHPAD. Un manque de coordination existe, et se répercute
à tous les niveaux.
L'amélioration du projet de vie
Au regard des trois points cités
précédemment, la mise en oeuvre du pro-jet de vie est
freinée. Son amélioration est demandée par tous, mais
encore faut-il l'avoir construit et employé par tous. Avant
d'améliorer le projet de vie en lui-même, il est nécessaire
de l'objectiver, de le travailler ensemble, et de ré-
103 LAMBERT Jacques, (2009), Management
intergénérationnel, Editions Lamarre, Pays-Bas, 269
p.
soudre les problèmes existants par une
communication efficace, une information transversale, une coordination de
professionnels. De ce fait, les familles et le résident seront à
même d'être mieux informées et impliquées dans le
projet de vie.
> Les divergences d'opinions.
Elles concernent la connaissance du projet de vie par
le résident et sa famille. Les cadres de santé ainsi que les
animateurs pensent que ceux cités précédemment le
connaissent. Comment ?
Pour les cadres de santé, la visite de
pré-admission et le jour de l'accueil sont des moments où la
famille et le résident reçoivent le plus d'informations.
Cependant, si on se réfère aux entretiens, deux cadres sur les
trois ne parlent pas du projet de vie. Si on extrapolait, cela ferait sept sur
onze qui en parlerait normalement. Il ne faut pas oublier ce taux de 90 % de
oui annoncé par les cadres de santé questionnés. Il y a
là une anomalie de leur part.
Les animateurs pensent sans doute que l'animation est
perçue comme un projet. Mais si les familles n'ont pas entendu parler du
projet de vie, comment seraient-elles au courant du projet d'animation ? A
moins que l'animateur présente ses activités en tant que
tel.
Les autres catégories de professionnels ne
s'expriment pas sur ce sujet. Qui ne dit rien consent ou alors est-ce une forme
de manière de me faire comprendre qu'en fait les familles et le
résident ne sont pas plus informés qu'eux ?
L'animation aussi n'est pas vue de la même
façon par ces deux catégories de professionnels. Les familles
participeraient selon les animateurs. Le cadre de santé est-il
présent à ces moments là ? Je me demande s'il existe une
communication efficace entre les cadres de santé et les animateurs. Le
projet d'animation est peu perçu par les cadres comme
intégré dans le projet de vie. Un manque d'information ? Ou une
déviance de la formation initiale ? Mon enquête ne me permet pas
d'y donner des points de réponses.
Un point est cependant à soulever : la place
des professionnels qui sont peu cités : le médecin coordonnateur,
le psychologue et le kinésithérapeute. La participation de tous
est vitale pour le projet de vie. Ces catégories de professionnels se
doivent de communiquer avec les autres et se faire connaitre de
tous.
Au regard de tous ces points, je me demande alors si
mes premières hypothèses émises sont
vérifiées.
Je suis partie d'une question globale : comment en
tant que cadre de santé, puis-je sensibiliser le personnel et les
familles pour faire vivre le projet de vie en EHPAD ?
Mes hypothèses de départ se sont
confirmées, mettant en évidence des critères qui
participent au succès du projet de vie :
- La diffusion de l'information
- L'implication des professionnels
- L'implication des familles
- L'implication du résident
- La motivation des professionnels
Mais en approfondissant cette enquête, je me
rends compte que d'autres facteurs sont présents pour le faire vivre,
comme l'accompagnement du cadre dans le projet de vie, l'articulation entre
tous les acteurs.
Quels sont alors les grands axes managériaux
relevant de ma responsabilité de future cadre de santé que je
vais pouvoir utiliser dans l'animation d'un EHPAD par rapport au projet de vie
?
6. Le cadre, pérennité du projet de
vie
Cette enquête a donc mis en avant des axes
managériaux que peut utiliser le cadre de santé. Il a aussi faire
ressortir des concepts auxquels je n'avais pas songé : conduite du
changement, conduite de projet, concept de la motivation entre
autres.
Le cadre de santé est détendeur des
informations essentielles à sa fonction, selon le milieu dans le quel il
exerce. Ce que je vais développer en premier.
Le cadre utilise à bon escient les outils à
sa disposition afin d'amener un projet quel qu'il, soit à bout. Cela
fera l'objet de ma deuxième partie.
6.1. L'état des connaissances du cadre
Ces connaissances se retrouvent dans divers domaines.
Elles sont d'ordre législatives, réglementaires,
institutionnelles. Le cadre de santé les réactualise afin de
pouvoir travailler dans un cadre bien défini.
6.1.1. Législatives
Travailler en EHPAD, demande au cadre de santé
d'avoir des notions, sur quelques lois : textes de lois de 1999 (cahier des
charges de la convention pluriannuelle) et 2002 (loi rénovant l'action
sociale et médico-sociale).
De même, le cadre s'informe des nouveaux textes,
réactualise ses connaissances en la matière. Il s'appuie sur des
textes de lois afin de pouvoir aider des familles ou des résidents dans
ses recherches, notamment dans l'aide financière possible. Il n'existe
pas forcément une assistance sociale dans les EHPAD. Les familles n'ont
pas forcément non plus l'envie ni le temps d'aller en mairie, il leur
est plus facile de s'adresser au cadre de santé.
6.1.2. Réglementaires
Il va s'agir de toutes les recommandations
éditées par l'ANESM. Il va les diffuser auprès de son
équipe.
La gestion des risques, de la qualité et leurs
évaluations font partis des connaissances du cadre.
Les droits des résidents, les chartes sont
données par lui lors de l'accueil définitif du
résident.
6.1.3. Institutionnelles
L'organisation de l'accueil du résident fait
parti d'une mission du cadre de santé. C'est certes une gestion
administrative, mais accompagnée, donc induite par des relations
d'échanges. Le règlement intérieur est distribué
à toute personne de l'établissement : résident ou
professionnel.
La connaissance de la personne âgée en
gériatrie fera partie d'un plan de formation pour tous les
professionnels. Il est important d'actualiser ses connaissances, de former les
professionnels sur de nouvelles pratiques, de définir une personne
âgée.
6.1.4. Les plans nationaux
Depuis la canicule de l'été 2003, un
plan nouveau est apparu : le plan canicule Il débute le 1er
juin et se termine le 31 août de chaque année. Il demande une
veille de la part de l'équipe entière.
Deux grands plans sont en cours jusqu'en 2012 : le plan
Solidarité Grand âge (2007-2012) et le plan Alzheimer
(2008-2012).
Ces connaissances acquises et incontournables, le
cadre de santé les actualise, les diffuse à son personnel, afin
d'être toujours en position d'optimiser non seulement la prise en charge
de la personne âgée mais aussi les compétences de son
personnel.
Il y a cependant des outils d'animation, de gestion et
de management qui ressortent aussi de l'enquête et sur lesquels je vais
avoir une attention particulière dans la mise en place du projet de vie
(en accord avec les instances hiérarchiques). Ce projet de vie qui se
décline en projet de soins, d'animation et
personnalisé.
6.2. Les axes de management
6.2.1. La bientraitance
Ce terme est peu connu des dictionnaires usuels. Le
dictionnaire Hachette (2010) parle de traitement décent
réservé à un enfant, une personne. Celui
du net (le reverso) la définit comme une
attitude bienveillante à l'égard des êtres
vulnérables ou dépendants. Il est très difficile d'en
faire une définition, ce terme prenant des notions
d'éthique.
Si l'on se réfère à l'historique
du mot bientraitance, ce concept est né en France dans les années
1970. En 1968, le Docteur Hugonot Robert104 crée le centre
pluridisciplinaire de gérontologie de Grenoble qui va analyser le
vieillissement et la vieillesse. Deux fondements le structurent :
« -l'approche et la lecture pluridisciplinaire
du vieillissement et de la vieil-
lesse.
-des postulats éthiques reconnaissant
à toute personne, quelles que soient les altérations de
l'âge ou de la maladie, une égale dignité jusqu'au bout de
sa vie ».
A ce moment, la notion de bientraitance n'est pas
évoquée, mais ni celle de maltraitance, mais on parle de
violence. D'ailleurs en 1987, le Conseil de l'Europe fait appel à ce
médecin, afin de travailler sur le thème des « violences au
sein des familles105 ». De ce rapport final, ainsi que de son
livre « Violences contre les vieux » en 1990, se crée
un réseau d'écoute téléphonique au plan national.
Ce dernier répond aux problèmes de maltraitance, alors
considérée comme invisible et surtout tabou. Le réseau
ALMA (Allo Maltraitance Personnes âgées et/ou handicapées)
naît.
Le rapport Belmont106, ou rapport sur les
principes, éthiques et directives concernant la protection des
sujets humains dans le cadre de la recherche, en 1979 parle de
bienfaisance : « Le terme bienfaisance est souvent
compris
comme couvrant des actes de gentillesse ou de
charité allant au-delà de ce quiest strictement
obligatoire. La bienfaisance a un sens plus fort dans ce
contex-
te, c'est véritablement une obligation.
Deux règles générales ont été
formulées en tant qu'expressions complémentaires des actes
bienfaisants dans ce sens : »ne faites pas de tort`' ; et `'maximisez les
avantages et minimisez les dommages possibles». La maxime d'Hippocrate
`'Ne faites pas de tort» est depuis long-temps un principe fondamental de
l'éthique médicale ».
La notion de bientraitance est apparue dans le domaine
de l'enfance lors de l'opération « pouponnières », vers
1990, dont l'objectif était « l'humanisation de l'accueil des
jeunes enfants dans les structures d'accueil de la petite enfance
107». Elle arrivera en EHPAD dans les années 2000. Une
culture professionnelle de la bientraitance nait.
Les pouvoirs politiques ont beaucoup oeuvrés pour
la promotion de la bientraitance depuis les années 2000. Plusieurs
textes réglementaires sont sor-
tis 108:
> La reprise de la charte des droits et
libertés de la personne âgée dépendante,
> La charte des droits fondamentaux, par l'union
Européenne en 2000,
104 Site :
www.alma-france.org/Professeur-Robert-HUGONOT.html
consulté le 10/05/2011
105 Loc.cit
106 Site: http://www.fhi.org/ (family health
international) consulté le 12/05/2011
107 Site:
http://accompagnerlavie.net
consulté le 11/05/2011
108 Site:
www.legifrance.gouv.fr
> La circulaire du 30 avril 2002, qui incite les
établissements à élaborer des protocoles de signalement
dans le cadre de leurs obligations en matière de signalement des actes
de maltraitance,
> La loi du 11 février 2005 sur
l'égalité des droits et chances et participation et
citoyenneté de personnes handicapées,
> Le décret du 12 mars 2007 sur la
création d'un comité national de vigilance et de lutte contre la
maltraitance des personnes âgées et adultes
handicapés,
> La circulaire du 22 mars 2007 relative au
développement de la bientrai-
tance et au
renforcement de la politique de lutte contre la maltraitance.
Suite à ce plan de développement de la
bientraitance et au renforcement de la politique de lutte contre la
maltraitance109, dix actions sont préconisées dont
:
> «La création de l'ANESM, agence de
la bientraitance,
> Une démarche qualité
dynamique,
> Sensibiliser et former les personnels à
la bientraitance,
> Augmenter les effectifs et valoriser les
métiers,
> Humaniser le cadre de vie
».
Ces mesures renforcent le plan Solidarité Grand
Age 2007-2012.
L'ANESM définit la bientraitance comme «
une culture inspirant les actions individuelles et les relations
collectives au sein d'un établissement ou d'un service. Elle vise
à promouvoir le bien-être de l'usager en gardant présent
à l'esprit le risque de maltraitance110 ». Elle est
selon toujours cet organisme, « l'une des dimensions essentielles de
l'amélioration de la qualité de l'accompagnement111
».
Face à cette question de la bientraitance, le
management du cadre de santé va prendre une dimension éthique. Il
faut noter que l'institution en ellemême peut s'avérer
maltraitante vis-à-vis de la personne âgée : règles
de la collectivité qui lui donnent une impression de `'prison»,
animation où elle va à contre coeur pour faire plaisir à
sa famille ou aux soignants, horaires des re-pas...
Le cadre de santé va se positionner. En tant
que moteur de l'équipe de professionnels, il va inciter ces derniers
à réfléchir sur leurs pratiques professionnelles par
rapport au résident. Il va les encourager vers l'autonomie, donc la
responsabilisation de leurs actes.
Pour cela, la connaissance des droits fondamentaux des
résidents et leurs respects font partis des acquis des professionnels,
notamment au cours de formations. Chacun doit se sentir responsable de ses
actes, non seulement au sens pénal ou civil, mais au sens
éthique.
109 Rapport de BAS Philippe sur le plan de
développement de la bientraitance et de renforcement de la lutte contre
la maltraitance, 30 p.
110 ANESM, (2008), La bientraitance : définition
et repères pour la mise en oeuvre, 51 p.
111 ANESM, (2010), Analyse nationale de l'état
du déploiement des pratiques professionnelles concourant à la
bientraitance des résidents en EHPAD et perception de leurs effets par
les conseils de vie sociale, 36 p.
Le cadre de santé, de part l'organisation, va
induire une prise en charge la plus bien traitante possible :
> par l'utilisation d'outils adaptés au
quotidien : supports de fiches de toilette évaluative, de sommeil,
d'alimentation...,
> par l'utilisation des supports de transmissions, via
l'informatique, > par une continuité de cette prise
en charge de jour comme de nuit, > par la création
d'un environnement propice et sécurisant,
> par une organisation qui sera la plus souple
possible
> en tenant compte des conditions de travail des
professionnels,
> en ayant des compétences professionnelles
diverses, dont le coeur de
leur métier sera une ressource incontournable :
ergothérapeutes, ortho-
phonistes...
Ce management est en fait un questionnement et une remise
en question perpétuelle.
Lors de situations difficiles, face à des
résidents opposants à tout soin ou acte de la vie, des
philosophies du soin sont nées, dont la philosophie de soins
`'Humanitude»112.
Il s'agit d'un ensemble de théories et de
pratiques qui vont permettre de : « - rapprocher le soignant et le
soigné dans leur Humanitude
- améliorer les soins et le prendre soin des
personnes en établissement et à domicile
- accompagner ainsi les personnes âgées
dans la tendresse et le respect de l'autonomie, debout, jusqu'à la fin
».
Lorsque cette conception du soin correspond aux
valeurs de l'établissement, des référents sont
nommés au sein de l'équipe afin de transmettre les techniques
employées et d'informer chacun sur les types de relations
utilisées auprès du résident.
Le cadre de santé diffuse cette notion de
bientraitance auprès des professionnels et des familles. Il ne doit pas
induire dans ses propos ou faits, ainsi que son équipe, de la
culpabilité envers les familles.
Ce principe de la bientraitance ne peut induire que
des réactions positives pour les pratiques professionnelles. Le cadre
veille à ce que ce concept soit appliqué, au quotidien. Il ne le
lui est pas toujours facile de le faire. Mais en cas d'actes dits de
maltraitance, la sanction sera prise sur le principe de la justice. Pour ce
faire, le cadre de santé sera à une distance professionnelle de
l'équipe, rendant sa décision plus équitable.
L'ANESM, dans ses recommandations sur la «
mission du responsable d'établissement et rôle de l'encadrement
dans la prévention et le traitement de la maltraitance » parle dans
le positionnement du manager d'engagement, de responsabilité et de
justice.
112GINEST YVES, PELLISSIER
Jérôme, (2007), Humanitude: Comprendre la vieillesse, prendre soin
des hommes vieux, Editions Armand, paris, 319 p.
6.2.2. La communication
D'après le dictionnaire Hachette (2010), en
sociologie, la communication est l'ensemble des phénomènes
concernant la possibilité, pour un sujet, de transmettre une information
à un autre sujet, par le langage articulé ou par d'autres
codes.
La communication peut paraitre évidente dans
les métiers de la santé et du social et pourtant, ce n'est pas si
simple. Le cadre de santé va établir avec tous des relations de
travail, basées sur la communication. Cette dernière pourra
être orale, écrite, informatique ou informelle. Chez les personnes
très dépendantes, cette communication pourra se faire par le
toucher, le regard, comme la méthode `'Humanitude» le
préconise. Chaque personne s'exprime à sa manière, avec
ses valeurs et doit être écoutée.
Le cadre va construire des réunions de travail.
Chacun apprendra à connaitre les valeurs, les compétences de
l'autre. Il décèle ainsi les personnes ressources pour le projet
de vie : « [...] favoriser le tissage des liens entre professionnels,
imaginer et mettre en place les modalités de travail qui favoriseront
ces échanges deviennent les rôles clés du manager
d'aujourd'hui113 ». De ce fait, chacun va être
identifié professionnellement, ses rôles aussi.
Différents types de communication
existent114 :
> « communication interpersonnelle
:
> communication de masse
> et communication de groupe
».
Dans un contexte multiculturel, la relation d'emploi
va prendre son importance. Chaque contribution du professionnel pourra
bénéficier d'une rétribution, à sa hauteur. «
Donner, c'est vivre l'expérience d'une appartenance communautaire
qui loin de limiter la personnalité de chacun, au contraire
l'amplifie115 ».Ce don de certains, ce volontariat
instaure un autre don, celui du retour : « donner sans se sacrifier
» selon Marcel Mauss.
Cela permet de comprendre ce qui se passe pendant des
échanges : donner mais avec un contre don. Le cadre de santé
inclut cette dimension lors des échanges avec les professionnels. Une
diffusion de l'information se fera par des échanges bidirectionnels,
voir circulaires.
Par cette communication, le cadre de santé va
mieux accompagner les professionnels durant ce projet de vie. Il va les
intégrer et développer un réseau de communications. Cette
recherche des échanges se fera aussi avec le médecin
coordonnateur et l'aval du directeur d'établissement.
Le cadre de santé est à l'interface de ces
échanges : il reçoit de sa hiérarchie, transmet,
reçoit à nouveau de son équipe et retransmet. Dans un
climat
113 LAMBERT Jacques, op.cit.
114
http://fr.wikipedia.org/wiki/Communication#Principaux_types_de_communication
consulté le 08/05/2011
115 GODBOUT Jacques T, (2000) Le don, la dette et
l'identité Montréal, Edition de Boréal (Edition
électronique) p108
de travail serein, ce type de communication est
fluide. Des facteurs externes dégradent cette dernière : mauvais
climat social par exemple. Le cadre de santé, selon Mintzberg est
défini selon dix rôles116 dont trois sont liés
à la communication : « diffuseur, porte-paroles, observateur
actif ».
Le cadre est cohérent, clair dans ses propos.
Ce positionnement lui per-met d'obtenir la confiance de professionnels,
professionnels qui ont besoin de donner un sens à leur
travail.
Ces échanges sont aussi transversaux. Il est
nécessaire que chaque professionnel échange avec un autre sur le
projet de vie du résident. Parfois programmés, parfois non, ces
temps permettent un ajustement de ce projet de vie. Les familles et le
résident sont invités aussi à communiquer et donner leur
avis sur le projet de vie.
Echanger va impliquer chaque acteur et le
responsabiliser sur le projet de vie. C'est un changement de pratiques que le
cadre de santé va accompagner.
6.2.3. La conduite du changement
Qui dit conduite du changement y associe aussi une
conduite de projet, qui va bousculer les habitudes des professionnels. La carte
socio-dynamique de Fauvet, Herbemont et César117 classe les
acteurs du projet, levier du changement.
Carte socio-dynamique de Fauvet, Herbemont et
César
Grâce à ce schéma, le cadre de
santé va identifier les professionnels selon un type de profil. Son
état des lieux fait, il compose avec certains afin d'en
116 MINTZBERG Henry, op.cit.
117 Site :
http://laconduiteduchangement.com/index.php?post/2010/11/13/La-sociodynamique-pouridentifier-les-acteurs-du-changement
consulté le 09/05/2010
attirer d'autres. Le problème de tout
changement, c'est la résistance. Le cadre de santé, en la
quantifiant, organisera de ce fait et planifiera la mise en oeuvre du projet de
vie.
« Etre un manager efficace = faire son travail
technique + piloter son activité = transformer son
activité118 ».
Le cadre de santé va user de stratégies
afin de faire adhérer les professionnels au projet de vie. C'est un
changement mais il ne faut pas oublier que le projet de vie existe depuis 10
ans cependant en EHPAD. Il va donc étudier les caractéristiques
de l'EHPAD concerné.
La conduite du projet de vie est un
élément déterminant. Car « il n'existe pas de
résistance au changement mais seulement des acteurs qui ne
perçoivent pas l'intérêt qu'ils auraient à changer.
Chercher à comprendre l'intérêt du changement pour les
acteurs, c'est s'interroger et accepter leur approche, leurs
représentations, c'est reconnaître leur individualité et
leurs valeurs119 ».
Ce changement passe donc par un plan d'actions pour le
cadre de santé. Il va le présenter au personnel, lors d'une
réunion programmée.
Ce plan va se décliner en plusieurs
phases120 :
-Nommer le projet,
-Ses objectifs et sa finalité,
-Le conducteur du projet,,
-La personne concernée
-les moyens utilisés (humains, techniques...),
-Les contraintes existantes,
-Le bilan et les évaluations,
-Le réajustement.
Cette planification va amener à créer
des groupes de travail. Ces derniers sous la tutelle du cadre de santé,
vont participer, apporter des idées, échanger, mettre en exergue
ce projet. Le cadre en tant que leader et meneur, va créer une dynamique
autour de ce projet. Cette dernière sera un moteur à tout projet.
Des délais seront établis, permettant ainsi de cadrer ce travail
et de le rendre plus objectif. Ce rôle d'animateur permet au cadre de
déceler les éventuelles difficultés du groupe, mais aussi
les ressources des professionnels. En tant que manager, il va favoriser les
échanges, les avis, les réflexions de chaque professionnel.
Evidemment, il tiendra compte des contraintes institutionnelles.
Cette conduite n'est pas menée seule par le
cadre de santé : il est accompagné lui aussi du médecin
coordonnateur, voire du directeur de l'EHPAD. Mon enquête ne montre pas
forcément ce cheminement, mais dans un EHPAD, le directeur est
très impliqué. Par contre, le cadre sera parfois obliger de
pren-
118 AUTISSIER David, VANDANGEON-DERUMEZ Isabelle, VAS
Alain, (2010), Conduite du changement: concepts clés, Editions Dunod,
Paris, 232 p.
119 THEVENET Maurice, (2010), La culture d'entreprise,
Editions Puf, Paris, 127 p.
120 D'après NOYE Didier, (2008) ; Construire un
plan d'actions jusqu'au résultat, Editions Insep consulting, Paris, 48
p.
dre des décisions en accord avec ses valeurs, sur
le projet de vie, en cas de désaccord des professionnels.
Ce changement de pratiques ne doit pas laisser le
cadre de santé esseulé. Il s'agit d'un travail non seulement
d'équipe, mais avec la présence du résident et de sa
famille. Assurer une efficacité collective pour des projets individuels
n'est pas aisé certes. Le cadre accompagne aussi les familles, pour
lesquelles cette notion est nouvelle. Il peut déléguer certaines
tâches, comme le recueil de l'histoire de vie à des
référents de résident. L'identification de ce
réfé- rent sera un moyen de communication supplémentaire
pour la famille, et aussi une personne ressource dans le projet de vie
individualisé.
« Le changement est un passage d'un état
de compétences, mentalités, représentations, à un
autre état de compétences et de
représentations121 ».
Tout changement s'accompagne d'une résistance,
que le cadre connait et temporise. Par cette conduite de projet et du
changement induit, le cadre conduit et accompagne les professionnels. Il ne
faut pas oublier les familles et les résidents, acteurs les plus
concernés.
Il n'y a pas de projet de vie sans implication du
personnel, des familles, des résidents, à sa construction et son
évaluation, en EHPAD.
6.3. Des axes nouveaux
Pour le futur cadre de santé que je serai, il
m'apparait que le projet de vie nécessite la participation de tous
(résident, familles, professionnels) mais aussi une articulation entre
chaque catégorie.
Impliquer pour motiver et responsabiliser. Donner du sens
au travail, se connaitre et connaitre les autres, pour faire vivre le projet de
vie.
Etre un acteur très actif, mobilisant sans
cesse le personnel, afin que ce projet reste dans une dynamique de groupe.
Faire un état des lieux avant de créer un projet est un
atout.
Identifier les compétences, responsabiliser les
familles et les résidents aptes à comprendre. C'est une mini
révolution, dans le sens où avant, tout était fait pour le
résident, décidé pour lui et non fait par lui et sa
famille. De même, les professionnels doivent apprendre à
communiquer, à travailler ensemble, d'autant que les supports
informatiques sont de beaux outils de transmissions transversales.
Le cadre doit selon moi, être dans
l'anticipation. L'anticipation sur un nouveau management concernant les
générations actuelles de soignants, les brassages socioculturels
aussi à connaitre.
« Le préventif, c'est l'invisible au
quotidien qui rapporte énormément sur le long terme122
».
121 THEVENET Maurice, op.cit.
122 REJAULT William, op.cit.
Ce travail d'enquête m'a permis d'affirmer mon
positionnement de future cadre de santé. Dans le même temps, j'ai
reçu des réponses concernant ma réflexion sur le projet de
vie en EHPAD et l'ai enrichie par ce travail. Par contre, des limites sont
apparues très vite.
7. Les limites de cette enquête
Lors de ce travail, des limites me sont apparues, que ce
soit dans la par-tie théorique, ou de l'enquête.
Le facteur temps a joué. Il existe des
multitudes de livres sur la vieillesse, sur les projets aussi. De nombreux
articles et de nombreux sites reprennent les mêmes thèmes. Je me
suis égarée à un moment, essayant de tout lire et de tout
voir, et donc perdant du temps pour l'essentiel. Mon directeur de
mémoire m'a remis sur le bon chemin et je l'en remercie. Il a fallu que
je choisisse des concepts, en lien avec mon mémoire, mais il en existe
tant que ce choix s'est révélé plus difficile que
prévu. Et le temps passait. Anticiper et gérer ai-je dit pour le
cadre, c'est tout à fait cela.
Dans la partie enquête, les entretiens se sont
bien déroulés et je regrette de n'avoir pas pu en faire plus, du
fait de l'indisponibilité des cadres de santé. Pourquoi cette
indisponibilité ?
Le taux de réponses aux questionnaires est moyen,
et certaines questions n'ont pas pu être exploitées du fait de
l'insuffisance de réponses.
Je n'ai pas pu en distribuer aux familles des
résidents en EHPAD, car le planning de l'année ne le permettait
pas. Se présenter aux familles, s'entretenir avec elles, auraient
nécessité de prendre du temps, c'est une de mes limites. J'aurai
aimé savoir ce qu'elles en pensaient, si ce projet de vie avait des
bénéfices pour la personne âgée.
Evidemment, le résident non plus, je ne l'ai
pas entendu. Certains auraient été à même de me
répondre, mais le facteur temps a joué contre moi. Il me reste
cependant l'expérience que j'ai eue en EHPAD, quand j'y ai
travaillé.
De même, d'autres acteurs comme les
médecins coordonnateurs, les psychologues manquent dans cette
enquête. Il aurait fallu élargir le champ des acteurs.
Je n'ai pas parlé de certains problèmes
comme la dépendance, qui va forcément faire évoluer les
EHPAD, qui y sont de plus en plus confrontés. De même, les
auxiliaires de vie qui sont de plus en plus sollicitées pour faire les
mêmes tâches que les aides-soignants.
Conclusion
Le monde de l'EHPAD change au gré du temps et
selon les politiques en cours. La loi HPST ( Hôpital, patient,
santé, territoire) de 2009, reprend le fait que l'EHPAD doit s'ouvrir au
monde extérieur et créer des réseaux.
Le projet de vie, dynamique de l'établissement,
le permet déjà, à condition qu'il soit conduit dans une
logique de changement par le cadre de santé notamment.
Tout changement dans une organisation doit je pense,
au regard de l'enquête menée auprès des EHPAD, être
accompagné par le cadre de santé. Il doit s'appuyer sur les
personnes concernées par ce projet, les informer, les
impliquer.
Cette dynamique sera le point de départ d'une
motivation de tous, et d'une responsabilisation aussi de tous. Le
résident, la famille, les professionnels, sont tous
interdépendants dans ce projet de vie. L'articulation qui existe entre
eux est primordiale, afin de faire vivre ce projet de vie.
Cela s'accompagne aussi d'un changement de
mentalités de la part de tous, d'un mode de management du cadre de
santé autre, au regard des nouvelles générations de
professionnels. Le cadre de santé doit en effet prendre en
considération les changements environnementaux afin de conduire ce
projet dans une visée optimale.
Le travail en transversalité permettra
d'inclure aussi les acteurs de la vie sociale, extérieurs à
l'EHPAD: les mairies, les écoles dans le cadre de rencontres
intergénérationnelles, les hôpitaux aussi.
En débutant ce travail de réflexion
autour du projet de vie, je ne pensais pas trouver toutes ces notions. Le
projet de vie est en perpétuel mouvement, comme le cadre de
santé. Un projet ne peut être mené à terme et
évalué, que par la présence d'un cadre dynamique et leader
de son équipe.
Ce que j'espère, c'est pouvoir appliquer ces
notions dans mon futur travail, qui ne sera pas en EHPAD. A l'issue de la
formation de cadre de santé, je vais de fait être nommée
dans une unité de médecine, orientation cardiologie.
Le travail de réflexion effectué tout au
long de ce travail de fin d'études m'a permis d'approfondir ma
réflexion sur le rôle du cadre, son management en lien avec la vie
`'ici et maintenant» des usagers et je compte bien `'transposer» les
composantes nécessaires au `'projet de vie en EHPAD», leur richesse
à une posture cadre quelque soit le service hospitalier où je
serai amenée à exercer.
« Ce n'est pas assez de faire des pas qui
doivent un jour conduire au but, chaque pas doit être lui même un
but en même temps qu'il nous porte en avant » (Johann Wolfgang Von
Goethe)
Bibliographie
Ouvrages
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oeuvre le projet de vie dans les établissements pour personnes
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(2010), Conduite du changement: concepts clés, Editions Dunod, Paris,
232 p.
GINESTE Yves, PELLISSIER Jérôme, ( 2007),
Humanitude : Comprendre la
vieillesse, prendre soin des Hommes vieux,
Editeur Armand Colin, 319 p.
GODBOUT Jacques T, (2000) Le don, la dette et
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électronique) p108
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Code de l'action sociale et des familles
Loi du 07 août 1851 sur les hôpitaux et les
hospices
Loi du 14 juillet 1905 sur l'assistance aux vieillards,
infirmes et incurables Loi du 30 juin 1956 portant institution d'un fonds
national de solidarité
Loi du 31 décembre 1970 portant réforme
hospitalière
Loi du 31 juillet 1991 portant réforme
hospitalière
Loi du 24 janvier 1997 tendant à mieux
répondre aux besoins des personnes âgées par l'institution
d'une prestation spécifique dépendance, dans l'attente du vote de
la loi instituant une prestation d'autonomie pour les personnes
âgées dépendantes
Loi du 02 janvier 2002 rénovant l'action sociale
et médico-sociale
Loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et
à la qualité du système de santé
Loi n°2003-289 du 31 mars 2003 portant
modification de la loi n° 2001-647 du 20 juillet 2001 relative à la
prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées et
à l'allocation personnalisée d'autonomie.
Loi du 30 juin 2004 relative à la
solidarité pour l'autonomie des personnes âgées et des
personnes handicapées modifiée par la loi du 16 avril 2008 Loi du
09 août 2004 relative à la politique de santé
publique
Loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et
à la fin de vie
Loi du 11 février 2005 sur l'égalité
des droits et chances et participation et citoyenneté de personnes
handicapées,
Loi Hôpital Patient santé Territoires du 21
juillet 2009
Décret du 26 avril 1999 relatif à la
gestion budgétaire et comptable des établissements
hébergeant des personnes âgées
dépendantes
Décret du 26 avril 1999 relatif aux
modalités de tarification et de financement
des établissements hébergeant des personnes
âgées dépendantes
Décret du 4 mai 2001 modifiant les décrets
du 26 avril 1999 relatifs aux modalités de tarification et de
financement des établissements hébergeant des personnes
âgées dépendantes
Décret du 12 mars 2007 sur la création
d'un comité national de vigilance et de
lutte contre la maltraitance des personnes
âgées et adultes handicapés, Décret n° 2007-547
du 11/04/2007 relatif au temps d'exercice du médecin
coordonnateur
Décret du 15 mai 2007 fixant le contenu du cahier
des charges pour l'évaluation des activités et de la
qualité des prestations des établissements et services sociaux et
médicosociaux
Décret n° 2008-806 du 20 août 2008
modifiant le décret n° 95-926 du 18 août 1995 portant
création d'un diplôme de cadre de santé
Arrêté du 08/09/2003 relatif à la
charte des droits et libertés de la personne accueillie
Arrêté du 30 mai 2008 fixant la liste des
dispositifs médicaux à réintégrer dans les forfaits
soins en EHPAD
Arrêté du 26/04/1999 fixant le cahier des
charges de la convention pluriannuelle prévue à l'article 5-1 de
la loi du 30 juin 1975
Circulaire du 5 décembre 1958 relative à
l'humanisation des hôpitaux
Circulaire n 82-13 du 7 avril 1982 relative à la
politique sociale et médico-
sociale pour les retraités et personnes
âgées (circulaire Franchesci) Circulaire du 30 avril 2002, qui
incite les établissements à élaborer des
protoco-
les de signalement dans le cadre de leurs obligations en
matière de signa-
lement des actes de maltraitance,
Circulaire du 22 mars 2007 relative au
développement de la bientraitance et au renforcement de la politique de
lutte contre la maltraitance.
Charte des droits fondamentaux, par l'union
Européenne (2000)
Charte des droits et libertés de la personne
âgée en situation de dépendance ou de handicap
(2007)
Annexes
Annexe 1 : Les EHPAD pour personnes âgées
en Essonne Annexe 2 : Les EHPAD sélectionnés sous forme de
tableau Annexe 3 : Retranscription des 3 entretiens
Annexe 4 : Les questionnaires
Annexe 5 : Histogrammes de représentation du
projet de vie selon les catégories de professionnels
Annexe 6 : La connaissance du projet de vie
Annexe 1
Les EHPAD pour personnes âgées en
Essonne
Annexe 2
Les EHPAD sélectionnés sous
forme de tableau
Les EHPAD sélectionnés sous forme de
tableau
LIEU
|
statut
|
type de po- pulation
|
nombre de lits
|
Prestations
|
Annexes
|
CERNY
N°1
|
public aide sociale
|
Troubles neu- ropsy autono- mes,
dépen- dants, déso- rientés,
Alz- heimer
|
70 places
|
cuisine, ménage, blan- chisserie avec
supplément, choix menus
|
5 places accueil de jour et 5 places
accueil temporaire
|
STE-GENEVIEVE- DES-BOIS
N°2
|
public, aide sociale, 1989
|
Troubles neu- ropsy autono- mes,
dépen- dants, déso- rientés,
Alz- heimer
|
80 places
|
cuisine par prestataire, lingerie,
mé- nage
|
1 accueil de jour
Alz- heimer
|
CORBEIL- ESSONNES
N°3
|
public, aide
sociale, 1987 réno- vé en
1997
|
Troubles neu- ropsy autono- mes,
dépen- dants, déso- rientés,
Alz- heimer
|
84 places
|
cuisine, ménage, blan- chisserie, choix des
menus
|
Attaché à un centre hospitalier, 1
place accueil temporaire
|
LANNION (22)
N°4
|
public
|
autonomes, dépendants,
désorientés, Alzheimer
|
136 places
|
cuisine, mé- nage,
blan- chisserie
|
|
BRAY SUR SEINE (77)
N°5
|
public, aide sociale
|
autonomes, dépendants,
désorientés, Alzheimer
|
90 places
|
cuisine, mé- nage,
blan- chisserie
|
attaché à un hôpital
|
ETAMPES
N°6
|
public, aide sociale
|
troubles neu- ropsy,
auto- nomes, dé-
pendants, désorientés, Alzheimer
|
122 places
|
cuisine, mé- nage,
blan- chisserie
|
Attaché à un centre hospitalier, 1
unité Alzheimer
|
MILLY-LA-FORET
N°7
|
associatif, aide socia- le,
1978 rénové en 2002
|
autonomes, dépendants,
désorientés, Alzheimer
|
74 places
|
cuisine et linge par
pres- tataires, mé- nage en
inter- ne
|
1 unité Alzheimer
|
ETAMPES
N°8
|
privé aide sociale groupe ACIS
Fran- ce
|
autonomes, dépendants, désorientés
|
91 places
|
cuisine, mé- nage,
blan- chisserie
|
3 places accueil
tem- poraire
|
BALLACOURTSUR ESSONNE
N°9
|
privé com- mercial 2002
|
autonomes, dépendants,
désorientés, Alzheimer
|
97 places
|
cuisine, mé- nage,
blan- chisserie
|
|
MAISSE
N°10
|
privé grou- pe Aplus santé,
2005
|
autonomes, dépendants,
désorientés, Alzheimer
|
81 places
|
cuisine presta-
taire, choix des menus,
ménage et blanchisserie
en interne
|
4 places accueil tem- poraire, 1
unité Alz- heimer
|
CHAMPCUEIL
N°11
|
privé grou- pe
médica France
|
autonomes, dépendants,
désorientés, Alzheimer
|
94 places
|
cuisine interne choix des menus,
mé- nage en ex- terne
|
1 jardin thérapeutique, 1 unité
Alzheimer
|
Annexe 3
Retranscription des 3
entretiens
Retranscription de l'entretien 1 avec le cadre de
santé de l'EHPAD A
le 01/03/2011 de 10h00 à 10h30
L'entretien se déroule dans le bureau du cadre de
santé. Pas de bruits de fonds.
Question 1 : Le projet de vie est-il synonyme de
Qualité pour vous ?
OUI, mais il faut faire attention à ce que l'on
nomme qualité : qualité des soins, qualité de
l'environnement, qualité des repas par exemple. Les résidents
devraient avoir chacun un projet de. vie
Il y a eu un début en 2007, avec l'aide de la
psychologue et du médecin coordonnateur.
Pour des raisons non identifiées, cela s'est
arrêté. Manque de temps, turn over, on ne sait pas. Depuis cette
année, on essai avec l'équipe de remettre en route le projet de
vie : sur informatique, car depuis l'an dernier, sur le logiciel psi, existe un
icône projet de vie qui reprend les lignes principales.
J'en ai déjà fait quelques uns. Une
personne qui a travaillé ici vient aussi en faire de temps en
temps.
En ce qui concerne Angélique, il a
déjà été auto évalué en 2009 avec
l'aide d'une société externe.
Bien mis en place ce projet de vie devrait
améliorer la vie des résidents mais aussi le travail des
soignants, par une meilleure connaissance du résident.
Peu de familles y ont participé pour le
moment.
Question 2 : comment l'équipe
pluri-professionnelle s'est-elle impliquée dans ce projet de vie
?
L'équipe a du mal à s'y
impliquer
D'une part en ce moment il y des absences à
gérer, d'autre part il y a un grand brassage culturel dans
l'équipe. Le projet de vie, c'est un changement de culture, une
évaluation de nos pratiques professionnelles et je pense que
l'équipe ne se sent pas bien alors, même si elle fait par ailleurs
un très bon travail.
Je pense qu'il faut donner plus d'informations afin qu'il
n'y ait pas cette résistance aux changements.
Je suis un peu obligée d'imposer, ce qui n'est pas
forcément au mieux mais je n'ai pas trouvé de solutions pour le
moment.
Question 3 : Les familles des résidents se sont
elles jointes à ce projet de vie ?
A la visite de pré admission, la famille est
informée des différents projets de
l'établissement.
Elle n'en prend peut être pas la mesure, ne
comprend peut être pas forcément cette notion de projet de vie.
Son intérêt va plus vers les soins et l'accompagnement tel
l'animation, la fin de vie.
Pour moi, le projet de vie commence par le projet
d'accueil.
Les familles qui ont été
sollicitées pour des projets de vie y ont montré beau-coup
d'intérêts, surtout s'il s'agit d'optimiser la prise en charge de
leur résident. Elles demandent où il en est, ce qui peut
changer....
Mais toutes les familles ne répondent pas ainsi :
il faut mieux les informer, leur expliquer...
(Coup de téléphone pour une
absence)
Question 4 : `faire vivre' un projet de vie est-il
mobilisateur d'une équipe ?
Faire vivre un projet de vie c'est le prendre à la
base : dès l'accueil, et jusqu'à la fin de vie. Il est en
perpétuel mouvement.
Les effectifs actuels en EHPAD ne permettent pas de
l'optimiser au mieux, de le faire comme sur le papier, c'est-à-dire
selon les textes législatifs.
En ce moment, l'ARS demande à ce que les projets
soient mis en place. Une grande pression sur les EHPAD.
L'entretien est interrompu par une demande de famille. Le
cadre de santé doit s'absenter. L'entretien se termine.
Retranscription de l'entretien 2 avec le cadre de
santé de l'EHPAD de B.
le 19/03/2011 de 16h15 à
17h00
Bruit de fonds ++ : animation musicale dans le salon.
L'entretien se déroule dans le bureau du cadre de santé, portes
fermées pourtant.
Question 1 : le projet de vie est-il synonyme de
Qualité pour vous
Un OUI franc
Le projet de vie est synonyme de qualité surtout
dans sa conception de projet de vie personnalisé, individuel. Ce n'est
pas la même histoire pour chacun.
Il n'est pas toujours facile à mettre en oeuvre :
manque de pièces d'animation, du point de vue architectural. (Dit deux
fois)
Le projet de vie est celui d'animation, de soins,
individuel. Il est partout, à tout moment du matin au soir, pas
forcément validé en tant que tel (dit deux fois).
Le projet de vie est existant depuis au moins 2007(date
d'arrivée du cadre de santé). Mais il s'est
amélioré d'année en années.
Pas de dossier informatisé ici. Des transmissions
ciblées. Le projet de vie existe tous les jours : en réunions, en
transmissions ciblées,
Il y a une mise à jour trois fois par semaine
de dossiers de résidents. Une mise en place de référents a
été faite afin d'améliorer le suivi des résidents.
L'avantage est les douze heures de travail pour le suivi du
résident.
L'outil Angélique a été mis en place
par la directrice. L'évaluation se fait aussi par la directrice et le
médecin
coordonnateur.il
y a une notion d'équipe.
Je ne m'en occupe pas : c'est l'affaire de la
direction.
Question 2 : Comment l'équipe
pluri-professionnelle s'est-elle impliquée dans ce projet de vie
?
Par des réunions (deux fois par semaine), des
transmissions ciblées, des rappels réguliers du cadre de
santé qui doit surveiller continuellement (en cas d'oublis ?). En cas de
problèmes, des réunions d'équipe sont faites.
Les solutions sont avec le dialogue (deux fois), des
échanges, tout peut s'arranger.
Parfois difficile, mais on arrive à un consensus.
Quand on se réunit, on échange, chacun apporte des idées
qui sont évaluées.
Rien n'est imposé, par des échanges de
dialogues, des réévaluations continues, l'équipe fait
attention. Si on impose, rien ne marche.
Des formations sur la bientraitance sont faites par le
médecin coordonnateur.
Question 3 : Les familles des résidents se sont
elles jointes à ce projet de vie ?
Lors de la visite de pré admission sont
présents le médecin coordonnateur, le cadre de santé, donc
moi, la famille et le résident.
C'est un moment de source d'informations sur le
résident. Le projet de vie est non formalisé lors de la visite de
pré admission Les familles sont vues par le psychologue après
l'admission.
Elles ne sont pas prévenues
systématiquement pour le projet de vie : seules celles qui viennent
régulièrement voir leur résident.
Elles ont des questionnements mais pas sur le mot projet
de vie : que pensez vous, quel est le mieux ? Accompagnement ?
Le projet de vie est vu globalement par les familles et
par les soignants : il y a une intégration des sphères
animations, soins, accompagnements.
Les demandes des familles sont
régulièrement mises à jour lors des transmissions, des
rappels aussi des familles : désir d'un résident....
Les résidents autonomes : GIR 5, 6 : sont plus
à l'écart. Je suis en train de m'en rendre compte quand vous me
posez la question. Ces personnes ne viennent jamais en animation la semaine
sauf cas rares : soirées du beaujolais, grands événements.
Je suis en train de me dire que par rapport à la fête de cet
après-midi au salon, ces personnes ne sont jamais à ces
animations.
Je n'ai pas de demandes de leur part
Pour les personnes plus dépendantes, des
soirées débats sont organisées où les familles sont
invitées à venir un jeudi par trimestre: ce mois ci, le
thème en est l'hygiène. Je dois m'en occuper ce mois ci et je
l'ai su tardivement. Sont invitées aussi les personnes moins
dépendantes : elles ont alors un autre regard, car des
difficultés de cohabitation existent entre ces différentes
personnes.
Nous organisons une journée à lamer et
là les familles se sentent impliquées .
Question 4 : `faire vivre' un projet de vie est-il
mobilisateur d'une équipe ?
Ne rien imposer, faire des piqures de rappel
C'est un changement de culture dans les pratiques
professionnelles : c'est assez difficile, il faut accompagner
l'équipe.
Une formation sur le tas avec le médecin
coordonnateur et deux psychologues à mi temps s'est faite sur le projet
de vie. Une grande place du psychologue dans les soins pour l'équipe :
difficultés liées à la toilette...
Une animatrice est présente la semaine, des
intervenants extérieurs le weekend, de la musique le samedi
après-midi.
Mes weekends de travail sont irréguliers : un sur
deux en moyenne, pas d'horaires.
Un turn over important est une cause de
difficulté afin d'intégrer le nouveau personnel même si il
existe un personnel ancien fixe. Une saturation du personnel fixe
s'opère, ce n'est pas facile du tout(le dit trois fois de
suite).
Une famille vient frapper : le cadre s'absente pendant 18
minutes. Pendant ce temps la musique continue.
A la question de l'amélioration du projet de vie
:
Le cadre de santé fait un blanc quant à
l'adaptation des structures/ textes législatifs.
Il faut plus de moyens et de personnel (elle le dit trois
fois). Pour le quotidien, il y a beaucoup de travail à faire pour
obtenir un projet de vie au mieux.
En ce qui concerne l'évaluation du projet de vie
il faut surtout une évolution à prévoir.
Une autre famille frappe à la porte. L'entretien
se termine.
Retranscription de l'entretien avec le cadre de
santé de l'EHPAD C
Le 08 avril 2011 de 11h45 à
12h15
L'entretien se déroule dans le bureau du cadre de
santé, porte fermée de 11h45 à 12h15. Pas de bruits de
fond.
Question 1 : le projet de Vie est -il synonyme de
Qualité pour vous ?
Qualité de prise en charge ? Oui
Il nous permet de donner du sens dans ce que l'on fait
dans la prise en charge des résidents, de ne pas être
centré sur notre organisation à nous, et de vraiment
individualiser et personnaliser la prise en charge. Si je
réfléchis à ce que je fais, si j'y mets du sens je tends
à aller vers une qualité optimale.
Nous ne travaillons pas avec le référentiel
Angélique, nous ne sommes pas bien structurés, non.
L'évaluation en fait, est faite, pour notre
grand bonheur et notre grand malheur, puisque adossé aux murs de
l'hôpital et dans les murs de l'hôpital, on se calque sur la
certification.
Mais dans les EHPAD existe effectivement ce
référentiel médico-social. Les données ne sont pas
les mêmes, il nous est souvent reproché par l'ARS d'avoir des
protocoles hospitaliers et des organisations très hospitalières.
Cela est le biais d'habiter entre guillemets sur l'hôpital.
Question 2 : comment l'équipe
pluri-professionnelle s'est-elle impliquée dans ce projet de vie
?
Le projet de vie ici est un voeu pieu. On a
écrit un projet de vie global, mais l'individualiser, le décliner
à la personne, hormis de façon très sporadique, dans la
partie admission, et réunir des professionnels de tous horizons,
à part des aides soignantes et des ASH, je n'ai pas beaucoup de
monde.
Il n'y a pas de kinésithérapeute,
d'ergothérapeute, de psychologue, d'orthophoniste. Il ressemble au
projet de soins notre projet de vie !
Késako sur la notion de projet de vie chez les
paramédicaux ? Non, je suis méchante, beaucoup de filles ont
travaillé en gériatrie, elles connaissent le mot, certaines ont
travaillé sur le projet de vie global, elles savent ce que c'est,
à quoi cela sert, mais on a du mal à faire le distinguo entre
projet de vie et projet de soins. Qu'est ce que j'ai de plus dans le projet de
vie, qu'est ce que j'ai de moins dans le projet de soins, car elles voient cela
comme faisant partie naturellement du soin. On n'a pas réussi à
l'individualiser, à l'écrire pour chaque résident. Elles
savent ce que c'est mais la déclinaison individualisée ne se fait
pas.
Elles n'arrivent pas à faire la synthèse
des différents projets qui forment le pro-jet de vie : il n'y a pas de
temps pour les travaux de groupe, et on n'a pas forcément tous les
outils, quelque chose de pratique, pour le passage à l'écrit.
Nous n'avons pas de dossier de soins informatisé, juste pour le circuit
du médicament.
Si un outil écrit permettait de mettre des mots
sur les pratiques qu'elles ont, car dans le quotidien, la façon dont
elles pratiquent le soin tend à respecter les habitudes du
résident, l'individu, son histoire antérieure. On n'est pas loin
du pro-jet de vie mais il n'est pas formalisé.
Question 3 : Les familles des résidents se sont
elles jointes à ce projet de vie ?
Je ne parle pas du projet de vie aux familles lors des
visites de pré admission, je n'utilise pas les mots : projet de vie (dit
en distinguant chaque mot) non. Je leur dis que l'objectif de la prise en
charge va être de respecter ses habitudes de vie antérieure, ses
croyances, la personne, d'essayer de limiter les contraintes de l'institution,
de faire des bilans réguliers de ce qu'il veut ou pas, de ce qu'il aime
ou pas, de ce qu'il voudra améliorer, de personnaliser sa chambre, de
donner un trousseau indicatif, il n'y a pas d'uniforme maison de retraite. Le
résident vient avec sa personnalité, ses habitudes. Mais
P-r-o-j-e-t d-e-v-i-e non.
La famille et les résidents ne sont pas donc
impliqués dans le mot projet de vie, si on parle de ce mot. Dans les
échanges, ce mot n'est pas dit. Mais les familles ont des temps de
paroles dans la structure, en plus des réunions de famille. Une
infirmière et un psychologue s'en occupent. Le conseil de vie sociale
est dynamique. Les récriminations des familles tournent autour de la
gestion du linge et sur les animations. Elles voudraient qu'ils y en aient
plus. On est un peu démunis face à cela : que faire avec les
personnes en fauteuil : on fait des sorties dans le parc, mais avec le peu de
personnel, c'est dur. L'animateur essaie de dynamiser les ateliers. Il faudrait
plus de formations auprès du personnel : il faut le temps, les outils
adaptés mais cela coute cher notamment les jeux adaptés pour les
gens Alzheimer.
Il faut que les jeux soient à disposition des
patients et des familles : on perd vite nos jeux.
Par rapport au plan Alzheimer, nous n'avons pas plus de
moyens. Faire au mieux avec le minimum.
Les dossiers des résidents sont vus en moyenne une
fois dans l'année, plus si problèmes.
Les animateurs font des débriefings avec les
résidents au retour de sorties. En fin d'année, ils planifient
des activités avec les résidents pour l'année suivante.
Des sorties sont difficiles : accès à vaux le Vicomte par
exemple.
Question 4 : `faire vivre' un projet de vie est-il
mobilisateur d'une équipe ?
`Faire vivre' un projet de vie, c'est un
euphémisme. Avec la réduction de personnel, la dynamique en tout
cas, de personnalisation de la prise en charge et de respect de l'individu dans
cette grande masse qu'est l'institution. Maintenant l'écrire (le
téléphone sonne, la cadre de santé finit sa phrase avant
d'y répondre.), il va falloir passer par ça.
Dans l'idéal, le projet de vie n'est pas
adapté à ici. Franchement, moi je vois cela comme un peu comme
quand sont arrivés les diagnostics infirmiers, c'est beaucoup de temps
passé dans l'écrit, de jolies vitrines sûrement dans
certains EHPAD, et pas forcément une application
derrière.
Ici il n'existe pas, il n'est pas formalisé, ma
vitrine est super vide et super nulle, mais néanmoins dans la
réalité, je prendrai un exemple concret : une dame est
arrivée chez nous à titre provisoire en attendant une place
ailleurs. La famille nous a parlé des habitudes de vie de cette dame qui
aime visiter les églises. Ici je n'ai pas de chapelle, néanmoins
on a mis en place des sorties avec l'aumônerie, elle va à la messe
le mardi. Ce n'est pas parce qu'elle n'est pas prévue chez nous à
long terme qu'on n'a pas tout de suite mis en place des choses qui lui
permettent de s'intégrer, de s'adapter.
Vaut mieux peut être l'écrire dans un
deuxième temps mais le faire vivre réellement, je ne suis pas
persuadée que tous les EHPAD qui l'ont joliment écrit arrivent
à le faire vivre.
Maintenant, pour le faire vivre réellement
partout, puisque nos tutelles le veulent, ce serait que nos tutelles nous
donnent les moyens. Quand on me dit que j'ai trop d'aides soignants aux soins,
ce sont quand même les tutelles qui les payent.
Avoir du personnel qualifié aux soins, du
personnel spécialisé, du temps de concertation avec
l'équipe pluridisciplinaire, du temps avec les familles et les
résidents à condition que eux le puissent.
On est plus en difficultés dans un projet de
vie avec les personnes non communicantes, que chez les personnes qui sont
capables d'exprimer leurs désirs. Les GIR 1 concernent 50% de l'EHPAD.
C'est énorme. Ce n'est pas si simple de se dire pour les soignants qu'on
est dans un projet de vie.
Demande de la part des médecins de
l'hôpital (pas de médecin coordonnateur) d'un projet de soins,
mais pour le moment, au vue de la réduction des effectifs, ce sera fait
plus tard (Téléphone à nouveau).
Fin de l'entretien.
Annexe 4
Les questionnaires
Questionnaire concernant le projet de vie adressé
aux cadres de santé
1) Depuis combien d'années êtes- vous Cadre
de Santé dans cet EHPAD ?
2)
Existe- il un projet de vie ? OUI NON
3) Si OUI, depuis quand ? Par qui a-t-il
été élaboré ?
4) Si NON, merci de préciser pourquoi ?
Comptez-vous en mettre un en oeuvre et dans quels délais ?
5) Etait- il en place lors de votre prise de
fonction?
OUI NON
6)
Sous quelle forme existe-il ou se décline t-il
?
Projet de vie individualisé Projet de
soins
Projet d'aide à la personne Autre :
7) Quel en est le support ?
Informatique Papier Autre :
8) Quelle est la capacité d'accueil de
l'établissement/nombre de résidents ?
9) Merci de préciser les degrés
d'autonomie des résidents
10)
Les familles des résidents ont-elles connaissance
du projet de vie? OUI NON
Sont-elles impliquées ? OUI NON
11)
Le projet de vie a-t-il évalué ? OUI
NON
Si oui, merci de préciser combien de temps après sa mise
en oeuvre ?
Si non, est-il envisagé de réaliser une
évaluation et dans quels délais ?
12) Avez-vous rencontré des difficultés
lors de la mise en oeuvre du projet de vie ?
OUI NON
Si OUI celles-ci se révèlent plutôt
au quotidien ? OUI NON
Merci de cocher ce que vous avez identifié comme
caractéristiques des difficultés.
Résistances au changement Démotivation des
profes-
sionnels
|
Turn over important Cultures différentes des
soignants
Non compréhension du sens du projet de vie Manque
de temps Autres
|
13) Selon vous, le projet de vie est-il garant d'une
qualité de vie pour le résident ?
OUI NON
Merci de préciser.
Peut- il être amélioré ? OUI
NON
Comment selon vous ?
Questionnaire concernant le projet de vie adressé
aux animateurs (-rices)
1) Depuis combien de temps travaillez-vous dans cet
EHPAD ?
2) Connaissez-vous le projet de vie de
l'établissement ?
OUI NON
Si NON, merci de précisez pour quelles
raisons.
3)
Comment définissez-vous un projet de vie
?
Projet de vie individualisé Projet d'aide
à la personne
Projet de soins Projet d'animation
4) Quels sont selon vous, les participants à ce
projet ? (Merci d'entourer votre choix)
Résident Famille Cadre de
santé
Infirmiers Aides soignants Animateur (rice)
Psychologue médecin coordonnateur
Kinésithérapeute
Autre
5)
Pour vous, l'animateur fait-il parti du projet de vie du
résident ? OUI NON
Merci de préciser votre choix
6) Les familles des résidents ont- elles
connaissance de ce projet de vie ?
OUI NON
Sont- elles impliquées ? OUI NON
OUI NON
7) Les familles des résidents participent-elles
aux animations ?
Si NON, merci de précisez pour quelles
raisons.
8) Elaborez-vous un projet d'animation pour vos
résidents ?
OUI NON
Si OUI, l'utilisez-vous au quotidien ? OUI NON Pour
quel type de résidents ?
Si NON, merci de précisez pourquoi.
9) Selon vous, le projet de vie est-il garant d'une
qualité de vie pour le rési-
dent ?
OUI NON
Merci de préciser votre choix
Peut- il être amélioré ? OUI
NON
Comment selon vous ?
Questionnaire anonyme concernant le projet de vie
adressé aux soignants
et professionnels de santé (infirmiers,
aides-soignants, auxiliaires de vie,
kinésithérapeutes,
ergothérapeutes...)
Précisez votre fonction (merci) :
1) Depuis combien de temps travaillez-vous dans cet
établissement ?
2) Que signifie pour vous le projet de vie ?
Projet de vie individualisé Projet
d'animation
Projet de soins projet d'aide à la
personne
Autre :
3)
Avez-vous connaissance du projet de vie de votre
établissement? OUI NON
Si NON, merci de préciser pourquoi
?
4) selon vous, qui participe au projet de vie ?
(entourez votre choix)
Résident Famille Cadre de
santé
Infirmiers Aides soignants Animateur (rice)
Psychologue médecin coordonnateur
Kinésithérapeute
Autre
5) Quel en est le support ?
Informatique Papier Autre :
6) Vous servez vous du projet de vie dans votre
quotidien avec les résidents ?
Si NON, merci de préciser pourquoi ?
7) Avez-vous rencontré des difficultés
lors de sa mise en oeuvre ?
OUI NON
Si OUI, se révèlent-elles plutôt au
quotidien ?
OUI NON
Merci de cocher ce que vous avez identifié comme
caractéristiques des difficultés.
o Manque de temps
o Manque d'informations sur le projet de vie
o Démotivation du personnel
o Multi culturalité des soignants
o Inexistence de dynamique de groupe o
Non implication des familles
o Résistance aux changements o
Autre
8)
Les familles vous demandent elles des informations sur le
projet de vie ? OUI NON
De quel ordre ?
Et les résidents ?
OUI NON
Pourquoi ?
9) Selon vous, le projet de vie est :
Adapté Utile Personnalisé
Un vecteur de changement Fédère une
équipe
Réunit des pluri professionnels Un gage de
qualité
A améliorer Si oui, comment :
10) Pour les infirmières, aides soignantes et
auxiliaires de vie :
Etes- vous référents de résidents
?
OUI NON
Annexe 5
Histogrammes de représentation du
projet de vie
selon les catégories de professionnels
Histogrammes de représentation du projet de
vie
selon les catégories de professionnels
Histogrammes de représentation du projet de
vie
selon les catégories de professionnels
Tableau de représentation personnelle de chaque
professionnel du projet
de vie
représentation personnelle du projet de vie n=
78/126
Enquête Avril 2011 dans 11 Ehpad
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oui
5'
=.: non =
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infirmier
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0
|
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|
santé
U)
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|
a) oui c
|
auxilliaire
vie
|
de
|
|
divers
· non
cli
|
|
type de professionnel
120%
100%
80%
60%
40%
20%
% de reponses
0%
adapté utile personnalisé vecteur de
changement
fédère équipe réunit
pluriprofessionnels qualité de vie amélioration
Annexe 6
La connaissance du projet de
vie
120%
100%
110%
100%
90%
80%
67%
70%
55%
50%50%
60%
50%
36%
33%
40%
23%
30%
15% 8%
9%
20%
10%
0%
professionnels
% de connaissance
ANIMATEUR CDS IDE AS AUX DE VIE DIVERS
Connaissance du projet de vie en EHPAD par
les
professionnels
n= 85/136
Etude du 21/02/2011 au
18/03/2011
92%
85%
oui non sans réponses
120%
100%
100%
110%
100%
82%
90%
75%
80%
68% 67%
70%
60%
50%
40%
25%
20%
20%
30%
17%
12%
20%
9%9%
8%
8%
10%
0%
% de reponses
Demande d'information du projet de vie par les
résidents
auprès des professionnels
types de professionnels
oui
non
sans réponses
110%
92% 95%
90%
90%
67%
70%
45%
50%
36%
33%
18%
30%
10%
8%
5%
10%
-10%
% de reponses donnees
Connaissance par la famille du projet de vie
professionnels interrogés
oui
non
sans réponses
120%
100%
90%
100%
75%
80%
67%
66%
58%
60%
42%
33%
40%
25%
24%
10%
10%
20%
0%
% des reponses
Demande d'informations par la famille aux
professionnels
oui
non
sans réponses
LA VIEILLESSE Georges Moustaki
Où et quand viendra-t-elle et comment
sera-t-elle
En robe de velours ou vêtue de dentelle
Chargée
de nostalgie ou porteuse d'ivresse
La vieillesse
Deviendrai-je un vieux singe un vieux fou un vieux
con
Mandarin sclérosé radoteur ou bougon
Ou
m'accordera-t-elle un peu de sa sagesse
La vieillesse
Viendra-t-elle comme une amie
Comme une dame aux
cheveux blancs
À l'air paisible et souriant
Qui viendrait partager
mes nuits
Ou comme l'ultime adversaire
Celle qui reste à vaincre
encore
Avant de rencontrer la mort
Et de s'endormir sous la
terre
Où et quand viendra-t-elle et comment
sera-t-elle
En robe de velours ou vêtue de dentelle
Chargée
de nostalgie ou porteuse d'ivresse
La vieillesse
Fera-t-elle de moi un sinistre
dévot
Préoccupé de Dieu beaucoup plus qu'il ne
faut
Ou me donnera-t-elle droit à la paresse
La
vieillesse
Serai-je comme un arbre sec
Qui semble défier le
temps
Et qui supporte bravement
Des coups de hache des coups de bec
Ou
le vieux beau qui vieillit mal
Et regarde avec inquiétude
Son beau
crâne qui se dénude
Et ses dents qui se font la
mâle
Où et quand viendra-t-elle et comment
sera-t-elle
En robe de velours ou vêtue de dentelle
Chargée
de nostalgie ou porteuse d'ivresse
La vieillesse
Je dis qu'il est trop tôt mais je sais qu'il est
tard
Je veux être un vieil homme sans être un vieillard
Et
vivre chaque instant tout le temps que me laisse
La jeunesse
42 Bd Jourdan 75014 PARIS - Tel 01.56.61.68.60 Fax
01.56.61.68.59
Diplôme de cadre de
santé
DCS@10-11
Mémoire
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TITRE DU DOCUMENT
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Réflexion autour du projet de vie
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AUTEUR
Catherine NEDELEC-LISSILLOUR
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MOTS-CLÉS
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KEYWORDS
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Personne âgée, projet de vie,
qualité de vie, professionnels, famille,
implication, Management
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Elderly person, project of life, quality of
life, health professionals, family, involvement, management
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RÉSUMÉ
En 1999, le monde médico-social commence
à se modifier. Avec la signature de la convention tripartite, les EHPAD
(établissement d'hébergement pour personnes âgées
dépendantes) doivent respecter un cahier des charges et notamment
établir un projet d'établissement duquel en découlera un
projet de vie pour le résident.
Véritable révolution culturelle, symbole
de la qualité et de l'éthique de l'établissement, ce
projet de vie se décline en projet de vie individualisé ou de
projet d'accompagnement, de projet d'animation et de projet de soins. L'EHPAD
est un lieu de vie et non de soins.
Le résident ou la personne âgée
est au centre du projet : sa famille, les professionnels gravitent autour de
lui. Ce projet doit vivre, il fait parti de la qualité de vie du
résident. Comment le cadre de santé peut il arriver à
concilier tous les acteurs gravitant autour du résident, les motiver
afin que ce projet perdure ? Sont-ils tous bien informés sur ce projet ?
Comment le cadre de santé peut il assurer la conduite de ce projet au
regard des contraintes institutionnelles et législatives ?
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ABSTRACT
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Since 1999, the medical and social world has begun to
change. With the signing of the three parts agreement, the EHPAD (home for
elderly dependent people) must respect specifications, and notably implement an
institution project from which a life project will result for the
resident.
A True Cultural Revolution, a symbol of the quality
and the ethics of the home, this life project includes an individualised life
project, or support project, asocial and cultural activities project and a care
project. The EHPAD is a home of life and not care.
The resident or the elderly person is at the centre of
the project: his or her family, the health professionals, revolve around him.
This project must live, because it is a part of the quality of life for the
resident.
How can the health manager bring all players who are
in charge of the elderly person together, to motivate them so that this project
continues? Are they all well informed about this life project? How can the
health manager manage the project in relation with organisation and legal
requirements?
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