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Point sur l'internet et la téléphonie mobile au Cameroun

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par Salomon MAHAMA
Université de Yaoundé I - DEA Informatique 2008
  

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CHAPITRE TROTS

LIMITES DE L'INTERNET ET

SUGGESTIONS DE SOLUTION

3.1 Introduction

Cette section est consacrée aux limites de l'Internet en termes d'accès et d'utilisation optimale de la population Camerounaise ainsi que des propositions de solutions. Le travail se base sur l'expérience personnelle et les éléments recueillis sur le terrain (ANTIC, MINPOSTEL, CUTI/UY1, Université de Yaoundé 1, CAMTEL).

3.2 Limites de l'Internet

3.2.1 Cadre juridique et réglementaire inadéquat

Sur le plan juridique, s'il fallait comparer le Cameroun à la France qui est dotée du CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés), nous dirons simplement que nous vivons une situation de vide juridique. En effet nous notons :

- l'absence des lois appropriées pour lutter contre les délits informatiques et cybernétique, la protection et la sécurité des données, la liberté d'accès à l'information;

- l'absence de loi concernant les intrusions non autorisées ;

- la principale loi portant réglementation des télécommunications [28] ne fait pas d'allusion à l'accès à l'Internet;

- l'inexistence d'une législation relative au commerce en ligne ou à l'échange de données informatisées (EDI). Cette législation devrait pourtant donner une reconnaissance juridique à la signature électronique et favoriser la mise en place des transactions en ligne.

3.2.2 Insuffisance et coût élevé des offres

Nous notons dans cette section les points suivants :

- les redevances de l'Internet restent encore très élevés par rapport au niveau de vie pour une offre avec un débit acceptable ce qui constitue un frein supplémentaire à la demande de l'Internet dans les ménages;

une grande disparité (géographique, niveau de revenu, niveau d'instruction) dans l'accès à l'Internet;

l'offre est pratiquement restreinte à l'Internet bande étroite, de plus cette bande est rarement garantie;

une forte concentration des opérateurs en milieu urbain au détriment de l'arrière pays.

3.2.3 Insuffisance d'offres en services

- de nombreux sites webs d'entreprises et des administrations ne sont qu'à titre figurative avec une publication pauvre et dans certains cas rarement mis à jour;

- la majorité des bases de données constituées dans la plupart des services publics et privés est dans une phase de développement embryonnaire. Ce qui contraste avec les exigences de gestion moderne des structures, des infrastructures et des services.

- sur le plan de la santé par exemple le constat est le suivant :

o- inexistence de la notion de dossier médical personnalisé pour les patients exploitable en ligne entre les différents centres de santé.

o- système d'information sanitaire embryonnaire

o- absence de la notion d'assurance maladie universelle ne favorisant pas l'usage public à grande échelle dans ce domaine.

- les plates formes fédératrices d'application sectorielles et territoriales, facilitant le travail collaboratif en ligne des différents acteurs sont presque inexistantes.

- l'infrastructure de collecte, de traitement et de diffusion en ligne de l'information (banque de données) est encore rudimentaire; il n'existe pas à proprement parler de véritables systèmes d'informations dans la plupart des administrations et entreprises.

3.2.4 Problème de souveraineté et de sécurité nationale

- des services sont fournis par voie hertzienne sans l'autorisation formelle de l'administration, il en est de même des boucles locales sans fil.

- le choix de nommage est dans beaucoup de cas incohérent, en effet très peu de nom de domaine ont une extension «.cm »y compris pour les institutions républicaines.

- l'absence de législation en matière de cybercriminalité, la non dotation des services de sécurité des moyens (structure et personnels spécialisés) pour la prévention et la répression des actes criminels exposent le Cameroun à toute forme de perversion dans ce domaine. Nous citerons à titre d'exemple l'accès non autorisé aux systèmes d'informations des entreprises et institutions publiques avec possibilité de détérioration de données et d'atteinte aux bonnes moeurs.

- les renseignements personnels et l'information sociale, juridique et économique détenus par les entreprises et institutions sont stockés et traités à l'extérieur du pays.

- la non disponibilité ou l'obsolescence des renseignements sur le Cameroun dans les sites webs officiels entraîne la dépendance des chercheurs de ces renseignements vis-à-vis des informations produites par les étrangers.

3.2.5 Insuffisance en ressources humaines

Le Cameroun ne dispose pas de la masse critique minimale de spécialiste permettant de soutenir son développement dans les technologies Internet. Comme raison nous pouvons énumérer : - le système éducatif où :

o- la quasi-totalité des établissements d'enseignement primaire et secondaire ne dispose pas de salle multimédia et Internet.

o- la plupart des laboratoires de recherches en milieu universitaire ne disposent pas d'une connexion Internet et lorsque cela existe, le débit est peu praticable et la connexion pas toujours permanente.

o- la production scientifique électronique est embryonnaire et très peu visible sur le réseau. o- la production et l'usage des contenus pédagogiques interactifs sont pratiquement inconnus

o- très faible présence des centres de formations en technologie Internet

l'exode massif des spécialistes vers l'étranger à cause du traitement et d'une absence de

perspective de carrière attrayante dans les administrations et les entreprises locales.

3.2.6 Déficit organisationnel

- faible coordination entre les différents acteurs : la mise en place des réseaux se fait de manière non concerté à l'intérieur d'un même secteur (administration publique par exemple). Cela entraîne une duplication des actions et une incompatibilité des choix technologiques qui finalement conduit dans certains cas à l'impossibilité d'échanges d'informations interréseaux.

- gestion manuelle d'allocation des adresses IP : Les adresses IP dont la réserve s'épuise déjà sont parfois attribuées de façon manuelle en dehors d'un gestionnaire d'adressage IP, ce qui conduit à la duplication des adresses et donc des conflits sur le réseau. [8]

3.3 Suggestions de solutions

3.3.1 Mise en place d'un cadre réglementaire approprié

Il est nécessaire de mettre en place un cadre réglementaire et juridique approprié, pour d'une part faire face aux contentieux relevant du domaine (Cybercriminalité, atteinte aux bonnes moeurs), mais aussi lancer les bases de services nouveaux (Commerce électronique par exemple).

3.3.2 Réduction des coûts d'exploitation et d'acquisition

L'acquisition et l'exploitation de l'Internet au Cameroun demeure relativement très coûteux. Cela est à l'origine d'une télédensité Internet très faible. L'Etat peut améliorer cette situation en réduisant les taxes vis-à-vis des FAI.

3.3.3 Amélioration de l'accès, Rationalisation de l'utilisation

Il s'agit d'améliorer l'accès et de rationaliser l'utilisation de l'Internet dans le secteur de l'éducation et de la recherche

- mise en place d'un centre virtuel interuniversitaire de ressources documentaires accessible en ligne et régulièrement mis à jour.

- multiplication au niveau des campus des établissements d'enseignement secondaire, des points d'accès gratuit ou à coût accessible au grand nombre.

- création des espaces enseignants sur les sites web des institutions universitaires et scolaire où les étudiants/élèves pourront accéder aux ressources (Cours, Travaux dirigés, épreuves des sessions antérieurs).

- développement et vulgarisation des centres Internet dans les établissements du secondaire sur toute l'étendue du territoire national

- dotations des institutions éducatives en véritable système d'informations permettant l'accès, l'exploitation, la collecte et la diffusion des ressources éducatives.

- développement des centres de formation spécialisés en technologie Internet (à l'image des académies CISCO, Acerfi) sur l'ensemble du territoire national.

- consolidation du réseau RIC.

- création de technopoles.

3.3.4 Développement d'un backbone national à haut débit

- interconnexion de tous les chefs lieux de département

- finalisation du projet de connexion des grandes villes au moyen des 12 points de sortie de la fibre optique le long du pipeline Tchad-Cameroun

- privilégier les technologies d'accès par voie hertzienne pour les zones rurales (Car sont moins onéreuses que le déploiement d'un réseau filaire)

- développement des accès communautaires en zone rurale (Télécentres communautaires). - diversification des sources d'approvisionnement du pays pour éviter la panne du câble SAT3 qui au mois de novembre 2007 avait plongé le pays pendant quinze jours dans l'isolement.

3.3.5 Implication de l'Etat dans la gouvernance de l'Internet au niveau local

- développement des noeuds nationaux d'interconnexion des réseaux nationaux et mise en place des points d'échanges Internet (IXP)

- mise en place d'une structure chargé de définir les normes, les standards et les bonnes pratiques nationales

- élaboration et vulgarisation des codes éthiques en matière de TIC en général.

- formation des forces de l'ordre en ressources humaines et matérielles dans la lutte contre la cybercriminalité

- l'Etat doit contrôler les bandes de fréquence utilisées par les opérateurs nationaux et Internationaux dans la fourniture de la connexion par voie hertzienne (Tout doit se passer dans le cadre d'une Licence dûment délivré par l'institution en charge).

3.3.6 Utilisation rationnelle et optimale des ressources humaines disponibles

- promotion de la formation et du recyclage des personnes en activité dans l'administration et les entreprises privés;

- valorisation du statut professionnel des spécialistes (bonne perspective de carrière, recyclage par exemple) pour réduire la fuite massive de ces derniers vers l'étranger;

- implication du genre féminin surtout dans les zones en dehors des grandes villes.

3.3.7 Amélioration des services administratifs par le biais de l'Internet

- mise en oeuvre d'un Intranet gouvernemental sécurisé qui facilite la gestion et la circulation des données administratives

- développement des systèmes d'informations pour la collecte (numérisation) et la diffusion en ligne des données publiques

- mise en place d'un réseau mutualisé de l'administration publique

- développement de l'archivage électronique pour désengorger les institutions publiques, faciliter les recherches et la publication des ressources en ligne.

3.3.8 Vulgarisation de l'Internet dans les secteurs porteurs de l'économie

Mise en place de sites webs dédiés pour les secteurs porteurs de l'économie Camerounaise en occurrence l'agriculture. Ces sites doivent être interactifs et doivent diffuser des informations pertinentes et régulièrement mises à jour pour permettre d'adapter les méthodes, les techniques et l'organisation de la production à l'évolution de l'offre et de la demande.

3.3.9 Développement du commerce électronique

- implantation d'une infrastructure a clé publique - création d'une autorité de certification nationale

3.3.10 Développement du télétravail

Le télétravail signifie en plus simple le travail pour une entreprise en dehors de ses locaux. On pourrait alors travailler de chez soi pour une entreprise qui se trouve a l'étranger par exemple. Cette disposition rend possible la création de nombreux emplois, cependant un cadre juridique approprié devrait être élaboré et l'accès Internet a domicile devrait aussi être facilité.

3.3.11 Développement des réflexes sécuritaires par les utilisateurs

Le réseau Internet regorge des menaces en tout genre allant de l'arnaque (phishing, vol d'identité par exemple) a la destruction des données de l'internaute par des virus dédiés. L'internaute doit par conséquent développer des reflexes sécuritaires pour échapper a ces menaces. Parmi ces reflexes sécuritaires nous pouvons citer :

- se renseigner régulièrement sur les mises a jour sécuritaires des logiciels et systèmes d'exploitation utilisés

- disposer d'un antivirus efficace et régulièrement mis a jour

- faire preuve de vigilance lorsqu'un site web propose des gains en tout genre (beaucoup de ces sites web sont écrit dans un Anglais ou un Français vulgaire et contenant des fautes. De plus l'adresse e-mail fourni n'a souvent rien a voir avec l'entreprise ou l'organisme qui prétend proposer les gains).

- faire preuve de vigilance lorsqu'un site web demande des informations d'identité de l'internaute (mot de passe, numéro de carte de crédit par exemple).

3.3.12 Gestion efficace des adresses IP

utilisation systématique des utilitaires de gestion de l'adressage IP (IPAM) pour leur allocation et leur suivi (exemple : IPplan, Easy-IP, efficient IP, myIPs 500).

etude du passage a la norme IPV6 (Version 6 de l'adressage IP)

o- formation du personnel

o- audit de l'infrastructure avec pour objectif de vérifier la capacité a supporter ou non l'adressage IPV6

o- mise a jour des serveurs DNS

o- remplacement des pilotes des machines

3.4 Conclusion

Au terme de cette partie consacrée a l'Internet au Cameroun nous constatons que l'Internet n'est pas encore exploité de façon optimale et bénéfique pour la société camerounaise. De nombreux services d'intérêt public a grande échelle restent encore a implémenter.Le taux d'accès a grande échelle n'est pas encore satisfaisante, les raisons peuvent être : un réseau filaire très peu développé (moins de 200 000 lignes téléphoniques fixes, beaucoup plus concentré en villes et vétustes), les coûts d'accès a domicile restent encore élevés par rapport au niveau de vie du camerounais moyen, des systèmes d'informations très peu développés.

L'Internet au moyen de technologies énumérées dans cette section peine encore a toucher tout

le monde. Le réseau de téléphonie mobile qui affiche une progression spectaculaire pourrait constituer une solution, avec le débarquement sur le segment de l'Internet des opérateurs de la téléphonie mobile. De plus le téléphone mobile est aujourd'hui vulgarisé au Cameroun. De cela nous en parlerons dans la deuxième partie de notre travail.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille