IV. LES ACQUIS ET INSUFFISANCES
IV. 1. Les acquis
A travers le traitement de l'axe sur la création des
organes locaux de gestion et de médiation foncière, la
participation a permis d'engranger des acquis considérables. La mise en
place des nouveaux organes a été guidée par un souci de
séparation des pouvoirs. Pour que l'organe chargé de gestion du
foncier ne soit pas à la fois juge et partie, les populations ont
opté pour la création de deux instances: la première,
chargée de la gestion foncière à proprement parler et la
seconde, chargée de la médiation.
La seconde avancée concerne une meilleure prise en
compte des femmes. Dans les villages de Djigouèma et de Banwaly
où les GR ne comptaient pas de femmes parmi leurs membres, la plupart
des anciens membres de ces structures soutiennent que la non-prise en compte
des femmes au départ du processus a été une erreur grave.
Les femmes sont des actrices majeures dans la production agricole. De ce fait,
elles ont tout à fait le droit de participer aux débats et
à la prise de décision. C'est ce droit primordial à la
parole qui leur est désormais formellement reconnu. La plupart de femmes
rencontrées font montre d'une grande détermination à jouer
leur partition dans le maintien de la paix sociale dans leurs villages.
IV. 2. Les insuffisances de la
participation
La principale difficulté rencontrée au cours du
traitement de cet axe de travail est la lenteur du processus. En effet, les
populations ont engagé la réflexion sur cette
problématique dès 2004. Après plusieurs mois, voire
plusieurs années de tractations, c'est seulement au cours de la
période 2007 - 2008 que des propositions concrètes ont
commencé à se dessiner à l'horizon. Cette lenteur
constatée dans les négociations n'a pas manqué de
démotiver certains qui s'en sont vite lassés.
Par ailleurs, les agents de l'OPSF ont souhaité en vain
l'implication des auxiliaires de justice, notamment la police et la
préfecture. La raison est toute simple: pour la justice, la loi en
vigueur régissant la gestion foncière locale est la RAF. Selon
cette législation, le CVGT devenu CVD est la structure légale
chargée de gérer les questions foncières au niveau local.
Or l'OPSF dans sa démarche va à l'encontre des dispositions de la
RAF. Bien que légitime, cette démarche demeura aux yeux de la
justice une action illégale.
Tout compte fait, la réflexion sur la création
d'organes locaux de gestion et de médiation foncière est
intervenue dans un contexte marqué par une gestion anarchique du foncier
local. En dépit des difficultés rencontrées au cours de la
réflexion, les populations ont réussi à mettre en place
des instances voulues légitimes avant d'être légales. Une
fois de plus, la participation aurait permis aux populations de dépasser
leurs divergences et de prendre des décisions socialement
acceptables.
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