IV. 2. Les insuffisances
Les insuffisances se résument à la faiblesse de
l'engagement des populations d'une part, et à l'exclusion de certains
groupes sociaux, d'autre part.
IV. 2. 1. La faiblesse de la
participation des populations
Dans ce processus qui se veut être participatif,
l'engagement des populations demeure insuffisant. Bien que les conditions
soient réunies, la participation des populations aux différentes
activités d'intérêt général n'est pas
automatique. Il semble que les membres des GR ont du mal à susciter
l'adhésion des populations aux activités qui vont au-delà
des assemblées villageoises. Une grande partie de la population est
restée à l'écart de la matérialisation des pistes.
Seuls ceux qui sont engagés à fond dans le processus, les membres
du GR et quelques autres, s'y sont investis. De toute évidence, le bon
fonctionnement de ce processus dépend grandement de la bonne
volonté d'une poignée de personnes qui acceptent de consentir des
sacrifices individuels pour le bien de leur communauté.
IV. 2. 2. Les oubliés
de la participation
Les modalités de participation créent des exclus
et mettent au grand jour de nouvelles oppositions. En effet, il est possible de
distinguer théoriquement d'un côté, une sphère de la
participation qui regroupe les propriétaires de bétail, qu'ils
soient éleveurs professionnels ou cultivateurs. D'un autre
côté, dans le cercle des non participants, il y a les bergers et
les éleveurs transhumants. Le déficit de légitimité
des bergers tient à leur place dans l'échelle sociale. Ils sont
peu considérés, car n'étant pas propriétaires des
troupeaux qu'ils conduisent. Les propriétaires des troupeaux, eux, sont
plus riches et donc mieux considérés. Ils jouissent ainsi, d'une
plus grande légitimité pour participer à la prise de
décisions.
Quant aux transhumants, leur absence dans les discussions
tient à leur nomadisme et à leur non intégration dans les
communautés villageoises. Pour la réalisation de forages et puits
pastoraux, les transhumants sont impliqués financièrement, mais
à un autre stade : comme tous les utilisateurs, ils devront payer pour
utiliser les forages. Seulement les coûts d'utilisation sont fixés
par les seuls sédentaires, en leur absence. Aux bergers et transhumants,
se joignent certains éleveurs transhumants, qui ne participent pas non
plus aux négociations. Ils « subissent » donc les
décisions qui en découlent.
Tout compte fait, il semble nécessaire de nuancer
l'opposition cultivateur/ éleveur que l'on serait tenté de
dresser systématiquement à propos des problématiques
pastorales. A travers les GR, cultivateurs et éleveurs se mettent
ensemble pour discuter, proposer et mettre en oeuvre des initiatives communes
en vue de résoudre les problèmes pastoraux ou liés au
pastoralisme auxquels ils font tous face. Les cultivateurs qui s'investissent
de plus en plus dans l'activité pastorale et les éleveurs devenus
cultivateurs font montre d'une plus grande compréhension mutuelle. On
note alors une tendance à une pacification des villages. La
participation aurait donc permis aux cultivateurs et aux éleveurs de
dépasser leurs divergences pour trouver des solutions communes et
durables aux problèmes réels auxquels ils sont confrontés.
Toutefois, dans la réalisation des aménagements pastoraux, la
participation physique des populations laisse à désirer.
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