IV. LES ACQUIS ET INSUFFISANCES
IV. 1. Les acquis
La conduite de la réflexion sur les aménagements
pastoraux marque la victoire de l'intérêt général
sur les intérêts particuliers, mais aussi la pacification des
différents acteurs.
IV. 1. 1.
« Intérêts particuliers » /
« intérêt général »
Les négociations sur les aménagements pastoraux
ont mis en confrontation les intérêts des individus à ceux
de la communauté. L'aboutissement de la réflexion à des
actions et réalisations concrètes marque la victoire de
l'intérêt général sur les intérêts
particuliers. La participation a permis de faire triompher cet
intérêt général. Certains ont accepté de
renoncer définitivement à une partie de leur champ, souvent sous
la pression de la communauté, d'autres, à une ou deux
journées de travail dans leur champ pour se mettre au service de leur
communauté. Ceci est une nouvelle preuve de la légitimité
des GR et de la souveraineté des populations réunies en
assemblées villageoises.
IV. 1. 2. La dynamique de la
« tolérance forcée »
En rappel, les dégâts des champs par les animaux
constituent la première source des conflits liés à
l'activité pastorale. En cas de dégât, quelle peut
être la réaction immédiate de la victime? La plupart des
cultivateurs à qui la question a été posée disent
ne pas demander d'indemnisation et préfèrent une
résolution à l'amiable. En effet, les recours à
l'administration sont rarissimes. De plus, les tensions nées des
dégâts d'animaux ne débouchent presque jamais sur des
conflits ouverts. Mais pourquoi cette tendance au pacifisme? A Banwaly, les
cultivateurs affirment se sentir obligés de faire preuve d'une grande
tolérance. Ce village a la particularité de n'abriter aucun
éleveur professionnel. Chaque cultivateur possède au moins une
paire de boeufs de trait ou d'élevage. Ainsi, beaucoup de
dégâts dans les champs sont causés par des boeufs de trait
appartenant à un cultivateur. La victime fait généralement
montre d'une grande tolérance, sachant que ses boeufs peuvent du jour au
lendemain, commettre des dégâts dans le champ d'autrui.
Cultivateurs et éleveurs, en s'adonnant indifféremment aux deux
activités que sont agriculture et l'élevage, les grandes
rivalités d'antan cèdent de plus en plus la place à une
dynamique de « tolérance forcée ».
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