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UNIVERSITE CHEKH ANTA DIOP
FACULTE DES SCIENCES ET TECHNOLOGIES DE L'EDUCATION
ET DE LA FORMATION
Thème: Etude toponymique des
villages de la communauté rurale de
NDRAME ESCALE
Présenté par: Encadré
par:
Mamadou Aliou Diallo F1A/ HG Mr EL HADJ HABIB
CAMARA
Formateur/Fastef
ANNEE ACADEMIQUE 2010/2011
PREMIERE PARTIE :
PARTIE DOCUMENTAIRE
3
Remerciements
Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont
consenti une aide sous quelque forme que ce soit à la réalisation
de ce document.
Au regard de leur nombre important devons nous éviter
d'ouvrir une liste, qu'il soit permis de dire merci de manière
solennelle à certaines d'entre elles.
Je voudrais exprimer toutes mes considérations à
Mr El Habib Camara, mon directeur de recherche et
formateur à la Fastef, qui n'a ménagé aucun effort pour
guider mes premiers pas dans la voie de la recherche.
Je ne saurai trouver les mots justes pour lui exprimer toute ma
gratitude et lui dire merci.
Outre ses encouragements et sa confiance, la pertinence de ses
critiques et suggestions ont permis de façon indéniable à
l'achèvement de ce travail d'étude et de recherche.
Il y'a des personnes pour qui toute la richesse de ce monde ne
pourrait suffire pour leur exprimer toute notre reconnaissance.
A mon père Kalidou Diallo, A ma
mère Diariétou Diallo, trouvez ici les fruits de
vos sacrifices et les peines encourues pour guider nos pas et nous forger vers
la voie de la droiture.
A ma tante Fatou Diallo et à son mari Assane Baldé,
A ma tante Mariama Diallo et famille.
A mes frères et sSurs. Mes amis
Nos remerciements vont également à l'endroit de
l'assistant communautaire de Ndramé Escale Mr Camara
et à tous mes collègues du Cem de Ndramé
Escale.
SOMMAIRE
INTRODUCTION&&&&&&&&&&&&&&&&
I. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
II. REVUE DOCUMENTAIRE ET METHODOLOGIE
III. ETUDE TOPONYMIQUE DES VILLAGES DE LA COMMUNAUTE
RURALE DE NDRAME
ESCALE&&&&&&&&&&&&&&&
IV. CLASSIFICATION TOPONYMIQUE CONCLUSION GENERALE
5
INTRODUCTION:
Une meilleure étude de la toponymie des villages de la
communauté rurale de Ndramé Escale ne peut bien se faire sans
pour autant cerner toutes les acceptions que peut prendre la notion de
toponymie.
La toponymie est une discipline qui étudie les noms de
lieux, leur origine et leur signification. Elle permet également de
recenser tout lieu habité ou ensemble végétal ou naturel
préalablement identifié et d'en expliquer les origines ou les
modifications sémantiques.
Plus que cela « les toponymes renseignent sur la
manière dont chaque communauté fabrique, perçoit,
délimite et gère son espace de vie. Son choix n'est guère
neutre. Il répond toujours à des critères et à des
comportements communautaires subjectifs et aléatoires. »1
En effet, à travers certains noms de lieux, on peut
retrouver l'histoire d'une fondation, surtout lorsqu'ils renvoient à des
déterminants naturels ou culturels.
C'est ainsi que la toponymie recherche d'abord la
signification des noms des lieux en déterminant leur origine et
étudie leurs transformations. On sait que dans la plupart des cas les
altérations sémantiques sont des évolutions qui sont dues
à la présence des pôles linguistiques différents et
des variations phonétiques et linguistiques.
Dans cette optique, la toponymie permet d'explorer le
passé linguistique et de comprendre le monde.
D'un autre abord cette toponymie nous renseigne sur les
circonstances dans lesquelles tel ou tel groupe a occupé un espace bien
défini, un site, l'exploite selon ses besoins, selon ses avantages.
1 Diop Brahim. Fabriquer le territoire en Afrique au
« Moyen Age » : Approche ethno anthropologique et
ethnoarchéologique, une contribution au livre « Les Territoires du
médiévistes ».
Ainsi à travers l'étude de Brahim Diop2,
on peut voir combien l'analyse toponymique est importante pour comprendre
l'historique de la production d'un territoire.
Les exemples de Godagen qui veut dire
défricher (god) et habiter (gen) et de
Waxaljamm (qui signifie « parle de paix »,
liberté, francise) sont illustratifs.
Mais cependant force est de constater qu'il n'est pas toujours
aisé de connaitre l'origine toponymique de certains lieux.
L'évolution des toponymes à travers les époques, mais
également la diversité des populations et des groupes
linguistiques qui les utilisent expliquent qu'ils puissent être
successivement désignés par plusieurs noms. De ce fait
l'étude et les exploitations des noms de lieux font par
conséquent apparaître certaines difficultés : leur
traduction notamment, qui implique la recherche d'une équivalence
sémantique du nom étranger ; au-delà de la traduction
apparaît le problème de la translittération, qui suppose la
conversion d'un système alphabétique dans un autre&
CONTEXTE ET JUSTIFICATION:
L'apport d'une contribution à l'étude de la
communauté rurale de Ndramé Escale à travers une approche
toponymique est une façon de bien comprendre l'histoire de la
localité. En effet, il n'y a pas une documentation suffisante qui parle
de tous les détails historiques de la zone. Les rares informations que
nous disposons ne traitent que de l'historique du village de Ndramé
Escale (le chef-lieu). Donc la voie est frayée pour bien saisir les
articulations et les relations qui se sont tissées entre les
différentes communautés villageoises et d'enrichir le chantier de
la recherche. Nous évoluons également dans un monde qui ne nous
est pas familier, le monde rural avec ses réalités
intrinsèques. Pour échanger et interagir avec ces populations il
faut comprendre leur mode de vie, d'évolution,
Diop Brahim. Idem
7
leur histoire. Au delà de cet aspect il y'a une
curiosité quand on entend l'originalité de certains noms de lieux
qui réveille notre désir d'être éclairé.
La recherche toponymique dans la communauté rurale de
Ndramé Escale permettra de comprendre la signification des noms des
villages et de connaitre leur origine et leur évolution en vue d'un
développement de l'esprit de participation et de la citoyenneté
chez les populations. Elles doivent saisir le sens de leur installation dans
leur milieu, bref de leur histoire, afin de s'identifier à ce territoire
et s'approprier leur propre développement.
Cette étude nous permettra de vérifier certaines
hypothèses en rapport à la toponymie.
HYPOTHESES:
Ø La compréhension de l'histoire de la
localité est bien possible grâce à une étude
toponymique.
Ø La toponymie peut-être un outil indispensable
qui réveille chez l'individu un sentiment de fierté et
d'appartenance à une communauté villageoise.
Ø L'étude toponymique est enfin un
élément important dans le renforcement des unions entre
groupe.
OBJECTIFS :
Les objectifs visés par cette étude sont :
Ø Etudier la toponymie des villages de la
communauté rurale de Ndramé Escale
Ø Déterminer la signification des noms des
villages
Ø Identifier les auteurs de ces noms de villages
Ø Classifier les noms des villages de la communauté
rurale
METHODOLOGIE :
La vérification de nos hypothèses de recherche
et l'atteinte des objectifs que nous nous sommes fixés, nous ont
amené à réaliser une enquête auprès des chefs
de villages des localités suivantes : Keur Dame Dieubou, Keur Boh Fall,
Mbackery, Ndiayène Keur Momath Anta, Keur Katim, Thiamène Keur
Massamba, Keur Malick Ndiaré, Bowé, Keur Samba Hamath, Ndiaye
Counda, Keur Massiré Diawara, Djissa Sadio, Thiarène Djissa,
Touba II, Ndieufory ,Keur Momath Anta ou Keur Noyé, Thiamène
Maka, Keur Matar Souna, Santhia Aladji Samba, Médina Ndiané,
Médina Mbandjie ou Santhie Yague, Tallène Guédé,
Fass ngueyène, Keur Birane Ndoupy ou Keur Birane Fanta, Keur Abdou Mata,
Keur Lamine Sakho ou Lahine Sakho, Ndramé Peul et Ndramé
Escale.
Cette enquête a été réalisée
le lundi 13 juin 2011 coïncidant au jour du marché hebdomadaire de
la communauté rurale. Il n'était pas facile vu mes moyens
financiers trop maigres et l'éloignement des villages de me rendre dans
chaque localité pour réaliser l'enquête. C'est ainsi que
j'ai jugé nécessaire de me rendre dans la communauté
rurale pour y attendre la majeure partie des chefs de village qui venaient
payer leurs impôts. J'ai pu ainsi avec l'aide de l'assistant
9
communautaire (ASCOM) y enquêter 12 personnes. A 13h il
n'y avait plus de chefs de villages dans la communauté rurale. Avec
l'aide d'un chef de village je me suis rendu au « Louma » pour
chercher et enquêter les autres. J'en ai trouvé 14 dans leur lieu
de travail.
Ce jour là l'enquête est terminée vers 17
H.
Pour les villages de Ndramé Escale et Ndramé Peul,
l'enquête s'est faite dans la maison des chefs de village. C'était
le 17 juin 2011.
Ce qu'il faut souligner est que la majeure partie des
enquêtés était réticents à nos questions et
le travail n'aurait pu être facile sans l'aide de l'ASCOM et du chef de
village.
Ce travail a porté sur l'étude de 28
villages soit plus de la moitié (la communauté rurale en
compte 46).
I. PRESENTATION DE LA COMMUNAUTE RURALE 1.
Situation géographique :
La communauté rurale de N'drame Escale est située
dans l'arrondissement de Wack Ngouna (département de Nioro du Rip /
région de Kaolack). Elle couvre une superficie de 118,460 Km2 dont 100
Km2 de terres cultivables soit 84,42 %. En outre, la collectivité locale
de Ndramé Escale est limitée :
Ø au Nord par la collectivité locale de
Diossong,
Ø au Sud par la communauté rurale de Wack
Ngouna,
Ø à l'Est par les collectivités locales de
Ndiédieng et de Keur Madiabel, Ø et à l'Ouest par les
communautés rurales de Keur Saloum Diané et de Nioro Alassane
Tall.
10
La Communauté rurale de Ndramé Escale est
divisée en sept zones selon des critères socio-économiques
et géographiques.
· La zone de N'DRAME ESCALE :
située au centre de la collectivité locale, elle est la plus
nantie. Elle abrite le Poste de Santé, la Maison communautaire, le
marché hebdomadaire et l'unique forage de la collectivité. Elle
est la zone la plus peuplée après celle de Bowé avec 5
villages dont le chef-lieu de la communauté rurale.
· La zone de BOWE: elle
compte huit villages officiels et se trouve un peu à l'Est du chef lieu.
Cette zone compte aussi le plus grand effectif de bétail à cause
de l'abondance de ses pâturages.
· La zone de Thiamène
Djissa: située au nord de Ndramé, elle est
composée de 3 Villages et les populations ont des difficultés
d'accès à l'eau potable et aux soins de santé. C'est une
zone essentiellement agricole, enclavée par rapport au reste de la
communauté rurale.
· La zone de Keur Momath Anta :
Avec 6 villages, elle est la zone la plus démunie en infrastructures
scolaires françaises mais compte beaucoup d'écoles coraniques.
C'est une zone de production arachidière.
· La zone de Keur Gaye: elle est
composée de cinq villages. Elle occupe la partie sud-est de la
communauté rurale. Elle est la plus proche du chef lieu de la
sous-préfecture (Wack Ngouna).
· La zone de Ndienguène mody
: occupe la partie sud de la communauté rurale de Ndramé. Elle
est composée de 6 villages. Elle est coincée entre les
communautés rurales de Wack Ngouna et Keur Saloum Diané.
· La zone de Keur Lahine Sakho :
Elle a le plus grand nombre de villages (9 villages).Cette zone compte le plus
grand nombre d'écoles coraniques.
Localisation de la communauté rurale de
Ndramé Escale :
Source: DTGC (Direction des
Travaux Géographiques et Cartographiques)
2. MILIEU PHYSIQUE:
a.
12
Le relief:
Il est caractérisé par sa platitude et sa
monotonie. En effet sur l'ensemble du territoire de la communauté rurale
on ne trouve pas d'élévations et les rares dépressions
rencontrées sont des bas fonds et quelques mares temporaires.
b. Le climat :
Il existe deux saisons :
· l'hivernage qui dure 4 mois environ avec la
prédominance de la mousson qui est un vent humide,
· La saison sèche qui dure 8 mois et qui est
caractérisée par l'arrivés des vents (l'harmattan et
l'alizé).
c. Les sols :
Il existe trois types de sols :
ü Les sols Dior qui représentent
80% de la superficie de la communauté rurale soit 9476,8 ha et qui
sont favorables à la culture arachidière ;
ü Les sols Deck Dior qui
représentent 16% soit 189,536 ha sont souvent réservés
à la production céréalière ;
ü Les bas fonds qui représentent 4
% soit 47,384 ha généralement utilisés pour les cultures
de contre saison.
d. La végétation : Elle
est constituée de deux strates.
Ø La strate arborée : formée
d'espèces diverses avec la prédominance du
« Dimb ». Il faut noter que d'autres espèces
sont présentes dans la localité (Adansonia digitata, Guiera
senegalensis, Acacia seyal&).
Ø La strate herbacée : elle est essentiellement
constituée de graminées vivaces et annuelles. On note une
présence remarquée de nduxum (striga sp) qui est une plante
envahissante qui détruit les sols et empêche toute production dans
son milieu.
e. Le réseau hydrographique :
Les eaux de surface : il n'y a ni fleuve, ni marigot dans la
communauté rurale. Mais, on note la présence de quelques mares
temporaires dont le remplissage dépend des quantités de pluies
recueillies pendant l'hivernage. Les eaux souterraines : la nappe
phréatique est entre 25 et 35 m sauf dans les vallées où
elle se situe entre 10 et 15 m.
3. Le milieu humain :
a. Evolution démographique :
La population de la collectivité locale de Ndramé
Escale augmente d'année en année. C'est ainsi qu'elle est
passée de 16275 habitants en 2003 à 19173 habitants en
20063.Cependant ces chiffres sont biaisées car les
données du recensement administratif sont souvent sous estimées.
En effet, les imposables font toujours une corrélation entre le
recensement de la population et le paiement de la taxe rurale.4
3 Recensement local
4 Programme de développement local de la
communauté rurale de Ndramé Escale
b.
14
Structure démographique :
L'analyse des statistiques de 2001 relatives à la
population, révèle une prédominance des jeunes qui
représentent plus de 52% de la population. Le rapport de
masculinité homme-femme donne un ratio de 0,95; ce qui montre que les
femmes constituent 51,5 % des habitants.
c. Composition ethnique et
religion:
Sur le plan ethnique, on note une prédominance des wolofs
qui représente 80 % de la population. Les peuhls et les Toucouleurs
constituent 15 % de la population tandis que les sérères font 3 %
des habitants. En outre, 99,77 % de la population sont des musulmans tandis que
le reste est constitué de chrétiens.
Naturellement une telle étude sur la communauté
rurale de Ndramé Escale soulève un certains nombre de questions
à savoir quelle signification ces populations donnent-elles au nom de
leur village? Qui sont les auteurs de ces noms ? Le nom originel a-t-il subit
une quelconque altération sémantique ? Estce qu'une
classification de ces noms étudiés est-elle possible?
Un tel questionnement nous pousse à revérifier le
passé historique de tous ces villages de la communauté rurale par
l'étude de leur nom.
Avant d'entamer cette phase il sera indispensable de faire une
petite étude bibliographique de la localité.
II. Revue bibliographique :
· Le Plan de développement local
élaboré en 2003 dans la communauté rurale de
Ndramé Escale nous a fourni les éléments cartographiques
et les indicateurs démographiques dont nous avions besoins pour cette
étude. Ce document fut en réalité une source
d'informations précieuse quand il s'est agit pour nous de faire
l'état des lieux de la localité.
·
Le plan local d'hydraulique et d'assainissement (PLHA)
de la communauté rurale réalisé en 2007 par le
ministère des infrastructures et de l'assainissement fait l'inventaire
des ouvrages d'assainissement présents dans la localité. Il fixe
des objectifs pour l'amélioration de ce réseau d'ici l'horizon
2015.
· L'article publié par MAMADOU AMAR
NDIONE de l'observateur le Vendredi 4 Février 2011,
intitulé Ndramé Escale : 42 millions de FCFA polluent
l'air met l'accent sur un problème de détournement de
l'argent de l'ASUFOR par la trésorière. Dès lors une
marche est effectuée par les populations qui veulent que la
lumière soit faite sur cette affaire.
· L'article publié par Omar Ngatty Ba
du soleil le 26 mai 2009, intitulé Kaolack : le Cem de
Ndramé Escale inauguré. Il parle de l'inauguration du Cem,
construit et équipé par PLAN à hauteur de 81millions de
francs CFA. Le ministre Kalidou Diallo a magnifié le partenariat de PLAN
avec l'état du Sénégal et a promis des équipements
informatiques au collège.
· L'article publié par Mamadou Cissé
du soleil le 24 août 2001, intitulé «Omar
Dramé chef du village de Ndramé Escale : nous devons notre bien
être à Plan international». Le chef du village se
félicite des réalisations de l'ONG américain PLAN
international qui a véritablement contribué au
développement économique, éducatif, sanitaire de la
communauté rurale.
16
III. ETUDE TOPONYMIQUE DES VILLAGES DE LA COMMUNAUTE
RURALE DE NDRAME ESCALE :
1. Le village de Ndramé Escale
Ndramé Escale est le chef lieu de la communauté
rurale. Ce village wolof a été crée en 1872
par Mame Samba Dramé originaire de
Ndramé Dimb dans la communauté rurale de
Keur Maba. Avant de s installer, il a d'abord
défriché le site avec une partie réservée à
l'habitation et une partie destinée aux travaux champêtres.
Dès lors le village avait pris le nom de Ndramé Mamouth Samba.
Cependant il est décédé trois ans après et sa
famille abandonna le village.
Après un éleveur peul du nom de Ali Salla
Diallo est venu et a découvert le site. Il s'installa à
coté sachant que tôt ou tard les occupants pouvaient revenir.
La famille de Mame Samba Dramé, de retour, se
réinstalla sur le site. C'était toujours Ndramé Mamouth
Samba.
Le nom « Ndramé Escale » est
apparu en 1949 avec la mise sur pied d'un fonds de Traite.
C'était devenu un lieu où l'on pouvait acheter l'arachide et
vendre des marchandises. Tous les villages environnant s'y rendaient et y
faisaient escale. On parlait désormais de Ndramé Escale.
Quant à « Ndramé » c'est
le lieu où habite la famille Dramé.
2.
Le village de Ndramé Peul
C'est un village peul crée par Ali Salla
Diallo. Il a fondé également le village de
Koténété. Installé dans ce
dernier, Ali s'y sentait seul puisqu'il n'y avait que la brousse. Donc il est
venu habiter près de Djissa Aliou et de Ndramé
escale (inoccupé en ce moment là) pour se rapprocher. Son village
prit le nom de Ndramé Ali Salla (Salla est le nom de sa
mère et Ndramé c'est par rapport à Ndramé
Escale).
Etant donné que le village était
entièrement occupé par les peuls contrairement à un
Ndramé Escale où dominaient les wolofs, il a pris le nom de
Ndramé Peul. On parle aussi de « Peulga
».
3. Le village de Keur Dame Dieubou
C'est un village wolof fondé par Babacar
Dieubou Ndiaye originaire de Mbouma. Après
l'avoir crée, il donna au village le nom de son frère
Dame Dieubou. « Keur » signifie le
lieu d'habitation ou la maison.
4. Le village de Keur Boh Fall
Ce village bambara crée par Boh Fall a
pris le nom du marabout cheikh Boukounta Ndiassane. Le nom
« Boh » vient de Boukounta, c'est
une réduction du mot. On devait dire keur Boukounta .Ce pendant le mot
« Fall» est le nom du chef de village.
5.
18
Le village de Mbackery
C'est un village peul qui a pris le nom de son fondateur
Mbackery Ba. Le site actuel du village n'est pas le site
originel. Il a été déplacé sur des centaines de
mètres de l'ancien site.
6. Le village de Ndiayène Keur Mamouth
Anta
C'est un village wolof fondé par Mamour Anta
et habité par les Ndiaye. Le nom du fondateur a subit une
modification sémantique qui a abouti au nom Mamouth. En
ce qui concerne le mot « Ndiayène », c'est le
nom de famille Ndiaye suivi du suffixe « ène »
pour caractériser la famille à laquelle appartient le
village.
7. Le village de Keur Katim
Le nom de ce village wolof vient de son fondateur Katim
Touré. Plus tard il quitta ce village pour fonder celui de
Touba II.
8. Le village de Thiamène Keur
Massamba
Ce village wolof est fondé par Massamba
Thiam. Dans les trois mots qui le composent nous avons «
Keur » qui signifie la maison. Thiamène est composé
d'un radical « Thiam » qui désigne le nom de
famille du fondateur et d'un suffixe « ène »
pour signifier « chez les Thiam »,
à ce mot on rajoute le nom du chef de famille.
9.
Le village de Keur Malick Ndiaré
Le village est habité par les wolofs. Son fondateur
s'appelle Malick Ndiaré qui lui a donné son
nom.
10. Le village de Bowé
Le village de Bowé est fondé par Mbaye
Diouf et Demba Ndiaye sous le nom de
Ndioufène ou Darou Salam. Quand un
certain Ibrahima Lèye est devenu chef de village en
1922, le village a pris le nom de « Bowé
». Le nom « Bowé » serait venu d'un bSuf : un
jour un bSuf est venu dans le village, on l'a chassé mais il refusait de
partir. Quand on a demandé à savoir d'où venait le bSuf,
quelqu'un a répondu qu'il venait d'une localité appelé
Bowé dans le royaume du fouta.On le tua et le village prit son nom.
11. Le village de Keur Samba Hamath
C'est un village wolof crée par Samba Hamath
Dramé. Il lui donna son nom précédé par le nom
« Keur » ou le lieu d'habitation. On dit souvent
dans le Saloum que là où on note les lettres « th
» il y'avait la trace d'un « r »
disparu.
12. Le village de Ndiaye Counda
Le village toucouleur est crée par Thierno
Diallo en 1941. Il est originaire d'un village qui
s'appelait Ndiaye Counda et quand il est venu sur le nouveau
site il a jugé bon de conserver ce nom. Ce qui est sûr est que
« Counda » est une expression socé ou bambara
qui signifie « la maison de ». Donc Ndiaye Counda
veut dire la maison des Ndiaye.
13.
20
Le village de Keur Massiré Diawara
C'est un village sarakholé fondé par
Massiré Diawara. Comme la plupart des villages
commençant par le vocable « Keur », il
signifie la maison de Massiré Diawara.
14. Le village de Djissa Sadio
Ce village des toucouleurs est crée par Sadio
Ba. Le nom « Djissa » signifie en wolof
« khour » et en français « la
cuvette ». Autrefois c'était un fleuve qui venait de
Sokone et qui s'est tari aujourd'hui. Donc tous les villages qui se trouvent
dans cette cuvette prennent le nom de « Djissa »
(Djissa Sadio, Djissa Aliou, Thiarène Djissa).
15. Le village de Thiarène Djissa
C'est un village wolof fondé par Al
Sény Sarr. Le mot « Thiarène »
est l'expression utilisé pour dire « chez les Sarr
». Au lieu de dire Sarrène, les
Saloum-Saloum disent Thiarène. Quant au mot
Djissa c'est la cuvette.
16. Le village de Touba II
Le village est fondé par Katim Touré
lui même qui a crée celui de Keur Katim. Le nom
« Touba II » est donné au village par amour
à la ville sainte de Touba, capitale du mouridisme et par tout ce qu'il
symbolise (Serigne Bamba y est enterré).
17. Le village de Ndieufory
Ce village wolof est crée par Baba Binta Sarr
sous le nom de « Darou » qui signifie la
maison en arabe. Cependant le mot « Ndieufory » a
une origine : un éleveur peul du nom de Ndieufory
venait en pâture sur le site du village. Des années plus
tard Baba Binta Sarr a occupé le site. On a demandé
22
à savoir où habitait Baba Binta et les populations
avaient répondu là où Ndieufory allait en pâture.
Depuis le nom a fait son chemin.
18. Le village de Keur Momath Anta ou Keur
Noyé
Le village wolof est crée en 1925 par
Momath Anta Ndiaye. Le nom signifie la maison de Momath Anta
Ndiaye. Cependant le fondateur avait certaines orientations homosexuelles
c'est-à-dire qu'il était mou. En wolof pour dire que tel individu
est mou, on utilise le mot « noye ». C'est de
là qu'est venue l'expression « Keur Noyé
».
19. Le village de Thiamène Maka
Ce village est fondé par Abdou Mèta
Thiam qui lui a donné son nom de famille. Il est habité
par les wolofs et plus particulièrement les familles Thiam. Le nom
« Maka » désigne en wolof la Mecque, lieu
saint de l'islam où les gens se rendent chaque année en
pèlerinage.
20. Le village de Keur Matar Sounah
C'est un village crée par Matar Sounah.
Comme les villages qui commencent par Keur, il signifie la maison de Matar
Sounah.
21. Le village Santhia Aladji Samba
Le nom du village vient de son fondateur Aladji Samba
Cissé qui l'a crée en 1952. «
Santhia » est un mot wolof qui veut dire nouvelle création
ou nouvelle habitation (installation).
22. Le village de Médina Ndiané
Le village est crée par Abdoulaye
Diané. On parle également de Keur Abdou Diané.
« Ndiané » est en rapport au nom de famille
Diané. Quant au
nom « Médina » c'est à
cause de la ville de Médine en Arabie Saoudite, ville du prophète
Mohamed (psl).
23. Le village de Médina Mbandjie ou Santhie
Yague
Le village wolof est fondé par Yague Thiam
en 1954. Il a pris le nom de Médina en rapport
à Médina Baye Niass. Le village se situait près d'une
cuvette appelé «Mbandjie » ou «
Khour » d'où le nom Médina Mbandjie. Pour le mot
« Santhie » c'est la nouvelle création.
24. Le village de Tallène Guédé
Ce village toucouleur est crée par Samba
Ndiémé Sokhna Diaw. Il est occupé par la famille
Tall. L'origine du nom émane d'une reprise du nom de village de
Cheikh Oumar Foutiyou Tall, Tallène Guédé
au Fouta Toro.
25. Le village de Fass Ngueyène
Le village est fondé par Birane
Guèye. L'autre appellation est Keur Birane Guèye.
« Ngueyène » représente la famille
Guèye et marque une certaine idée de zonage. Pour le nom
« fass » c'est le marabout du fondateur El
Hadji Serigne Touré qui lui a demandé de choisir ce
nom.
26. Le village de Keur Birane Ndoupy ou Keur Birane
Fanta
Le fondateur de ce village wolof s'appelle Birane
Ndoupy qui lui a donné son nom. On dira chez Birane Ndoupy.
Quant au nom Birane Fanta on nous dit que dans le village il y
'avait une fille d'une beauté rare, une fille d'une beauté
à endormir toute une armée. Elle s'appelait Fanta
.Quand il s'agissait de parler de Keur Birane Ndoupy on disait tout
simplement Keur Birane Fanta.
27.
Le village de Keur Abdou Mata
C'est un village wolof crée par Abdou Mata
qui lui donna son nom. C'est toujours la demeure d'Abdou Mata.
28. Le village de Keur Lamine Sakho
C'est un village des wolofs dior-dior fondé par
Lamine Sakho. Au début il appela son village
Hainoumane mais ce nom est rarement usité. Dans un
autre langage on entendra dire Keur Lahine Sakho qui est une
déformation sémantique de Lamine.
IV. CLASSIFICATION TOPONYMIQUE :
L'étude toponymique était essentiellement
axée sur 28 villages de la communauté rurale de Ndramé
Escale. Cette présente étude a montré que l'essentiel de
ces villages ont une appellation à caractère humain qui renvoie
au patronyme du fondateur. Nonobstant cette remarque on peut classifier les
villages en fonction de leur toponymie :
- tous les villages dont leurs noms commencent par les mots
qui signifient maison ; « Keur » en wolof,
ou « Darou » en Arabe ou «
Counda » en bambara et « Santhia »
formeront le groupe 1.
- Le groupe 2 sera composé des villages dont le nom est
formé du nom de famille occupant la première le terroir suivi du
suffixe « ène » pour signifier
l'appartenance du terroir à cette famille. A ces villages on va ajouter
tous les villages qui sont désignés par le nom d'une famille.
- Le groupe trois (3) sera composé de tous les villages
dont le nom est rattaché à un fait historique.
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- Dans le groupe 4 nous y mettrons le reste des villages dont
la toponymie dérive d'une ancienne création c'est-à-dire
qui sont des homonymes d'autres lieux.
Tableau de classification toponymique des villages de
la communauté rurale de Ndramé Escale :
Groupe
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Villages
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Total
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Groupe 1
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Keur Dame Dieubou, Keur Boh Fall, Keur Katim, Keur Malick
Ndiaré, Keur Samba Hamath, Keur Massiré Diawara, Keur Momath Anta
ou Keur Noyé, Keur Matar Souna, Keur Birane Ndoupy ou Keur Birane Fanta,
Keur Abdou Mata, Keur Lamine Sakho ou Lahine Sakho, Ndiaye Counda, Santhia
Aladji Samba
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13 villages
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Groupe 2
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Mbackery, Ndiayène Keur Momath Anta, Thiamène
Keur Massamba, Thiarène Djissa, Fass ngueyène, Ndramé
Peul, Thiamène Maka
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7 villages
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Groupe 3
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Bowé, Djissa Sadio, Ndramé Escale, Médina
Mbandjie ou Santhie Yague, Ndieufory
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5 villages
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Groupe 4
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Touba II, Médina Ndiané, Tallène
Guédé
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3 villages
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Diagramme circulaire des différents groupes
toponymiques rencontrés dans la zone étudiée
:
L'étude toponymique des villages du groupe 1
montre que le fondateur du village cherche à s'approprier les
terres du village. Il est celui qui détient l'autorité et le plus
souvent le choix du chef de village se fait dans sa famille. Il est
l'autorité incontesté et lui seul détient le pouvoir de
distribution des terres. On constate également que dans ces villages,
les lois et règles sont dictées par les chefs de villages. Ils
sont en grande partie animés par un désir de valoir leur
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suprématie sur les autres car le fondateur est soit leur
père ou leur grand-père. Ils représentent 46,50 %
des villages enquêtés.
Pour ce qui concerne le groupe 2 (25% des
villages), leur étude toponymique révèle
une appropriation d'un espace par un groupe ethnique (famille) qui s'y
identifie et dont les droits d'exploitation leur reviennent. Donc ils sont les
seuls à disposer des terres. Dans ces villages l'autorité du chef
de famille est reconnue d'où ce souci de toujours ajouter au nom du
village le prénom du chef de concession (Ndiayène Keur Momath
Anta, Thiamène Keur Massamba). Mais cette pratique a aussi le
mérite de faciliter la distinction des villages fondés par les
membres de la même famille surtout pour l'administration. Ainsi les
villages fondés par les membres d'une même famille vont se
distinguer par les chefs de concession qui les ont créés.
Alors que dans le premier groupe ce
problème ne se posera pas puisque ici on a déjà
opté pour le prénom du chef pour désigner le village (Keur
Dame Dieubou, Keur Boh Fall, Keur Katim).
Cette toponymie est source de renforcement des liens entre les
différents membres de la communauté, donc source de
cohésion et d'entraide sociale. Il répondent tous à un
même patronyme et sont donc conscients des défis que cela
implique.
Dans les villages du troisième groupe
(17,9%), la toponymie ne suit aucun schéma comme pour les
villages précédemment étudiés. Mais cela ne
signifie pas qu'il y'ait une absence d'appropriation. Même si à
partir du nom de village on ne voit pas un signe d'appartenance à un
groupe ethnique, il y'a toujours une famille dominante qui fait valoir ses
droits d'exploitation sur les autres groupes ou une personne. Pour la plupart
de ces villages, le nom originel est un nom de personne (Bowé
fondé par Mbaye Diouf et Demba Ndiaye et dont le nom originel a
été Ndioufène, Ndieufory crée par Baba Binta
Sarr).
Enfin pour le groupe quatre (8,8%), les
toponymes révèlent tantôt l'idée d'appartenance du
terroir à un groupe, tantôt la non appartenance à un
groupe. Les chefs de villages cherchent plutôt à imprégner
au terroir leur marque d'affection envers un lieu (l'aspect sacré ou
sain) ou à faire ressortir leur appartenance à une
confrérie (à travers l'exemple de Touba II on peut sans se
tromper dire que les occupants sont en grande majorité des mourides). De
ce fait, le chef de village peut édicter des lois qui sont en rapport
à celles en vigueur à Touba Mbacké. Dans la plupart de ces
villages comme celui cité en haut et Médina Ndiané, la
religion occupe une place prépondérante et régit les lois
(c'est pourquoi certains villages montrent une réticence envers
l'école, la musique &).
Pour le village de Tallène Guédé, il y'a
l'appropriation du terroir par la famille Tall qui l'exploite. Cependant, le
nom analysé sous un angle différent, montre le désir d'un
groupe ethnique à s'identifier à El hadj Omar Tall.
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