Chapitre 3 : ORIENTATION THEORIQUE
Il convient, pour aborder cet aspect de notre travail, de
présenter avant tout le concept clé de théorie qui
constitue l'objet du développement. Eu égard à
l'inscription de cette étude dans le vaste champ de la psychologie
sociale, nous avons jugé opportun de procéder par un rappel de
l'objet même de cette branche de la psychologie.
Pour Maisonneuve (1985), l'émergence et le
développement croissant de la psychologie proviennent de
l'incapacité de la sociologie ou de la psychologie prise
séparément de rendre compte de la totalité des conduites
humaines concrètes. C'est dans ce sillage que Fischer propose la
définition ci-après :
« La psychologie sociale est un domaine de la
psychologie qui étudie les relations et les processus de la vie sociale
inscrits dans les formes organisées de la société
(groupes, institutions, etc.) d'une part, et pensées et vécus par
les individus, d'autre part ; l'approche du social comme ensemble de processus
relationnels met en lumière la nature dynamique des conduites et des
phénomènes sociaux, qui se traduit par l'importance des
influences sociales et la valeur des représentations en oeuvre dans un
contexte déterminé » (1996 : 14)
C'est dire donc que la psychologie sociale est l'étude des
rapports interpersonnels, des rapports intergroupes et des rapports
individu-groupe.
Ainsi, Citeau et Engelhardt-Bitrian (1999) en reprenant
Stoetzel ont circonscrit le champ d'intervention et d'investigation des
psychosociologues autour de cinq grands secteurs d'intérêt :
- Les problèmes des rapports entre l'individu et la
culture ;
- L'étude des aspects divers de l'interaction entre les
personnes ;
- Les comportements dans les grands groupes ;
- La personnalité du point de vue psychosocial ;
- L'étude des comportements psychologiques dans des
conditions sociales.
Ce dernier aspect est celui dans lequel nous situons notre
étude. Compte tenu du fait qu'elle a un ancrage en psychologie sociale,
quelle (s) est (sont) la (les) théorie (s) sur laquelle (lesquelles)
s'appuie une recherche pareille ? Et d'entrée de jeu, qu'est ce qu'une
théorie ?
Selon Fischer, la théorie peut être définie
comme : « la formulation d'énoncés généraux,
organisés et reliés logiquement entre eux » (op.cit : 17)
Elle permet de décrire un domaine d'observation et de
fournir à son sujet un système explicatif général,
c'est à dire de dégager des lois propres et spécifiques
qui peuvent servir à comprendre des phénomènes identiques.
Il s'agit en outre de « propositions cohérentes qui tendent
à montrer pourquoi tels comportements se produisent et quelles relations
peuvent être établies entre tel phénomène et telle
attitude » (Fischer, 1996 : 17)
Appliquée à un domaine précis, la
théorie formule un ensemble cohérent et organisé
d'énoncés capables de rendre compte et d'analyser ce domaine
d'observation. Le domaine d'observation dans lequel notre théorie a
été prélevée est celui du travail car ses premiers
développements sont en rapport avec la vie de l'homme au travail : il
est question de la motivation.
3.1. La théorie de la motivation
Avant de présenter ses divers développements et
principalement les approches dans lesquelles s'inscrit cette recherche, il
convient de retracer son histoire, relever ses différentes
définitions pour après parvenir aux approches pouvant rendre dans
l'explication de cette investigation.
3.1.1. Historique
Le concept de motivation est apparu comme objet de recherche
pour la première fois dans les travaux de Tolman (1932) et Lewin (1936).
Ces études portent d'abord sur la famille, l'école,
l'église, le parti politique, etc.
La psychologie expérimentale, quant à elle,
orientât ses premières recherches sur la motivation vers les
notions de besoin et d'impulsion (drives) liées aux conditions
physiologiques. Le souci ici était alors d'évaluer l'influence
des phénomènes tels que la soif, la faim, la sexualité, le
besoin de respirer, de dormir, d'évacuer etc. sur le comportement. Les
behavioristes estiment que la motivation est une notion holistique et peu
scientifique. Pour eux, elle ne saurait être responsable de l'impact des
états physiologiques sur le comportement. Ils postulent que la
psychologie traite de tous les déterminants du
comportement sans en isoler ou grouper quelques-uns uns sous
le vocable de motivation. D'ailleurs le paradigme S-R postule que l'excitant
conditionne le comportement car la réponse est fonction du stimulus. Vu
sous cet angle, les behavioristes tiennent à l'écart le
phénomène motivationnel. Ils concluent donc à la
prédiction de tout comportement une fois le stimulus le
déclenchant est identifié. La motivation devient un leurre car
l'organisme étant essentiellement réactif, le comportement n'est
plus que réponse spécifique aux stimulations
spécifiques.
Certains psychologues, expérimentalistes en
particulier, dépassant les thèses behavioristes, pensent que
l'organisme ne réagit pas toujours à l'excitant que le milieu lui
propose. Ils préconisent pour cela une explication de ce
phénomène par l'influence du facteur de motivation. Ce dernier,
selon eux, permet d'expliquer le passage de l'organisme d'un état stable
à un état d'activité. Kelli (1958) récuse cette
thèse car il estime qu'elle est une conception statique de
l'organisme : l'état naturel de l'être vivant serait celui
d'inactivité et il faudrait faire appel à un ressort
spécial pour expliquer son passage à l'activité. En
considérant l'organisme vivant comme en soi actif, faire appel à
la motivation deviendrait donc superflu.
L'accent a donc été mis sur l'activité
spontanée du système nerveux et l'activité comportementale
serait inhérente à la vie même de l'organisme, de
même que l'activité physiologique.
3.1.2. Définition
Etymologiquement, le terme vient de l'anglais et a, autant que
possible, gardé son sens original car il recouvre un ensemble de
facteurs jouant un rôle primordial dans la vie de l'homme au travail.
Les travaux sur la motivation remontent au XXe
siècle où elle renvoyait à la justification d'un acte et
à l'exposé des motifs d'une décision. Cette notion apporte
des éclaircissements sur l'origine te le pourquoi des comportements dans
un groupe, dans une société. Elle permet de répondre
à la question qu'est ce qui pousse ou qu'est ce qui suscite la
décision de
l'individu de se comporter de telle ou telle manière selon
le contexte, d'agir dans telle ou telle direction selon sa décision ou
sous la pression exercée sur lui.
Dans le grand dictionnaire de la psychologie, la motivation
renvoie au :
« Processus physiologiques et psychologiques
responsables du déclenchement, de l'entretien et de la cessation d'un
comportement ainsi que de la valeur appétitive ou aversive
conférée aux éléments du milieu sur lesquels
s'exerce le comportement. »
La motivation est un processus psychophysiologique car elle
dépend des activités du système nerveux et des
activités cognitives. Du point de vue neurophysiologique, la motivation
est une variable qui rend compte des fluctuations du niveau d'activation, c'est
à dire du niveau d'éveil ou de vigilance d'une personne. Du point
de vue psychologique, elle correspond aux forces qui entraînent des
comportements orientés vers un objectif, forces qui permettent de
maintenir ces comportements jusqu'à ce que l'objectif soit atteint. En
ce sens, la motivation procure l'énergie nécessaire à une
personne pour agir dans son milieu.
Vallerand et Thill (1993 : 18) affirment que : « le
concept de motivation représente le construit hypothétique
utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes
produisant le déclenchement, la direction, l'intensité et la
persistance du comportement ». Ce qui met en évidence la
difficulté d'observer directement la motivation d'une personne. La
motivation confère trois caractéristiques à toute conduite
: la force, la direction et la persistance. En effet, toute conduite est
orientée vers un but (direction) auquel la personne attribue une
certaine valeur. Cette dernière est tributaire de la force du besoin
(pris au sens large) dont elle est issue et de la valeur sociale à
laquelle l'objectif visé est associé. L'intensité ou la
force et la persistance de l'action dénotent la valeur qu'attribue la
personne à l'objectif qu'elle poursuit ou, mieux, l'Internet que
représente la finalité du comportement pour le jeune.
Francès (1979) propose une définition plus
mathématique de la motivation. La force de la motivation
appliquée au travail (m) serait la somme des résultats attendus,
dans un emploi (A), multipliée par la valence (V). A correspond aux
attentes de l'emploi et V étant la désirabilité,
l'importance, la valence plus ou moins grande des attentes.
On relève trois éléments fondamentaux dans
toutes les définitions de la motivation : - Elle inclut ce qui pousse
une personne à agir
- Elle est décrite comme un processus (c'est à dire
dynamique) où l'on retrouve des concepts comme le choix, la direction et
l'objectif du comportement
- Enfin, pour Jones (1955), elle doit tenir compte de la
façon dont le comportement est déclenché, soutenu,
interrompu et de la sorte de réaction subjective qui est présente
dans l'organisation alors que tout ce processus est en marche.
Ces facteurs de motivations internes ou dispositionnels et
externes ou situationnels sont variables et fluctuent d'un individu à
l'autre et dans le cadre de notre recherche, d'un jeune à un autre.
Pinder (1984 : 8) pense que le niveau de motivation peut être « soit
fort, soit faible, variant à la fois entre les individus à des
moments déterminés, et chez une même personne à
différents moments et selon les circonstances »
3.1.3. Eléments constitutifs de la
motivation
Les psychologues s'accordent sur les principales
caractéristiques de la motivation et en distinguent quatre
éléments constitutifs de ce construit. Il s'agit du
déclenchement, de la direction, de l'intensité et de la
persistance du comportement. Il convient de présenter sommairement ce
que signifie chacun de ces concepts.
Le déclenchement du
comportement.
C'est la situation de transition entre l'absence
d'activité et l'exécution des tâches qui requièrent
une dépense d'énergie physique, intellectuelle ou mentale. La
motivation à ce niveau, fournit l'énergie nécessaire pour
effectuer le comportement. On se situe, ici, à la mise en route de
l'action, du comportement.
La direction du comportement
La motivation dirige l'action ou le comportement dans le sens
qui convient c'est à dire vers les objectifs que s'est fixé
l'individu et qu'il doit atteindre. C'est dans cette optique qu'on dit d'elle
qu'elle est une force incitatrice qui oriente :
- l'énergie nécessaire pour la réalisation
des buts à atteindre ;
- les efforts pour réaliser le mieux possible et selon ses
capacités, le travail attendu.
L'intensité du comportement
La motivation pousse à la dépense d'énergie
à la mesure des objectifs à atteindre. Elle se manifeste par le
niveau des efforts physiques, intellectuels et mentaux
déployés.
Lapersistance du comportement
La motivation incite à dépenser l'énergie
nécessaire à la réalisation régulière
d'objectifs, à l'exécution fréquente des tâches pour
atteindre un ou plusieurs buts. Elle se manifeste par la continuité dans
le temps des caractéristiques de direction et d'intensité de la
motivation.
Nous comprenons dès lors que la manifestation la plus
proche de la motivation est l'ensemble de l'effort déployé dans
le travail dirigé avec intensité et de manière persistante
vers les objectifs attendus.
3.1.4. Le phénomène
motivationnel
En tant que phénomène, la motivation s'applique
à toutes les situations de la vie courante. En effet, toutes les
activités de l'homme sont suscitées par la motivation et pour
Fraisse et Piaget (1979 : 8) « la conduite humaine est conçue
spontanément comme guidée et dominée par un effort de
réaliser ou d'atteindre un objet but. »
L'individu dans son environnement est en situation
d'interaction avec les faits, les objets, les évènements, etc.
parmi lesquels il a des préférences pour certains et non pour
d'autres. Il a donc tendance à rechercher certaines catégories
d'objets qui l'intéressent et à éviter celles des objets
qui ne l'intéressent pas. C'est de cette façon que ses conduites
sont orientées de manière sélective vers les objets
préférés ou recherchés, d'où la direction
intrinsèque et l'organisation du comportement. Cet objet
désiré peut ne pas être connu de l'individu ou être
retrouvé au travers d'une relation comportementale innée ou
acquise (apprise) qui dirige le sujet. Cependant, quand l'objet but
recherché est absent ou inexistant, il acquiert dans l'organisme une
importance capitale ; et les fonctions imaginatives et cognitives de l'individu
lui permettent de construire l'absent de façon anticipative ou
compensatrice. Cette conduite de l'homme envers ce qu'il désire occupe
une place privilégiée dans la motivation. Fraisse et Piaget
(op.cit : 9) affirment à ce sujet que : « cette orientation active,
persistante et sélective qui caractérise le comportement
constitue le
phénomène motivationnel de base qui s'exprime
sous une multitude de formes suivant le type de conduites (innée ou
acquise par exemple) et le niveau de développement de l'organisme.
»
Ce phénomène motivationnel présente deux
aspects :
- l'aspect dynamique en ce que la motivation est source
d'activité ;
- l'aspect directionnel en ce que la motivation dirige le
comportement vers l'objet-but à atteindre.
C'est fondamentalement autour du phénomène
motivationnel que se sont construites la majorité des approches
théoriques de la motivation. Nous allons essayer de présenter
quelques-unes unes pour ensuite parler de celles qui nous concernent.
3.2. Quelques théories de la
motivation
Campbell et al (1970) ont distingué une taxinomie
catégorisant les théories de la motivation en deux grands
groupes. Ce sont les théories de contenu et les théories de
processus. Plus tard, devenue exiguë pour contenir tous les
développements théoriques et rigides pour la classification de
certaines d'entre elles, la taxinomie de Campbell a connu de nombreux
amendements. C'est alors que Kanfer (1990) propose une taxinomie qui
intègre les derniers modèles théoriques de la motivation
et repose sur trois paradigmes qui sont : celui des besoins - mobiles -
valeurs, celui du choix cognitif et celui de
l'autorégulationmétacognition.
Les théories des besoins - mobiles - valeurs sont des
approches qui examinent les déterminants personnels c'est à dire
internes et ceux situationnels (externes) du comportement humain. Dans ce
groupe de théories, la taxinomie repère trois grands courants
théoriques. Ce sont les théories des besoins, les théories
classiques de la motivation intrinsèque, les théories de la
justice organisationnelle et de l'équité. Toutes ces
théories tentent d'identifier les besoins, les mobiles et les valeurs
qui sont à l'origine du comportement et de répondre à la
question quelles sont les forces internes et externes qui agissent comme
stimulus ? L'approche qui nous concerne est celle des besoins et nous pensons
présenter les différents aspects qui entrent dans ces
conceptions. Les théories des besoins dont il s'agit dans ce travail
sont la théorie des besoins de Maslow, la théorie des
besoins d'Alderfer et ses différentes applications avant
de les situer dans le cadre de notre travail.
3.2.1. La théorie des besoins de
Maslow
Abraham Maslow est un psychologue américain qui
développe le premier modèle théorique qui sera
appliqué plus tard et abondamment dans les organisations. Maslow
propose, dès 1943, une théorie de la hiérarchie des
besoins à partir d'observations cliniques. Cette théorie veut
donner une réponse à la question qu'est ce qui motive ? Quels
sont les facteurs de motivation ? En guise de réponse, Maslow postule
que la motivation de tout individu serait suscitée par la volonté
de satisfaire des besoins (force interne). Dès lors que l'individu a
cette volonté, il agit, on dit qu'il est motivé. Maslow observe
que les sujets hiérarchisent les besoins et cherchent à les
satisfaire selon un ordre prioritaire croissant. Il construit une
échelle de besoins en cinq points : besoins physiologiques, besoins de
sécurité, besoins d'amour (de rapports sociaux, d'affection,
d'appartenance à un groupe), besoins d'estime (de reconnaissance) et
enfin les besoins de réalisation de soi ou d'actualisation de soi (de
progresser, de se développer, de s'épanouir).
Pour Maslow (1970), le comportement est aussi notre
désir conscient de croissance personnelle. Les humanistes soulignent
même que certains individus peuvent tolérer la douleur, la faim et
beaucoup d'événements qui sont sources de tension pour atteindre
ce qu'ils considèrent comme un accomplissement personnel. Selon Maslow,
les besoins humains sont organisés selon une hiérarchie
où, à la base, on retrouve les besoins physiologiques
élémentaires et à son sommet, on retrouve les besoins
psychologiques et affectifs d'ordre supérieur. Ce sont ces besoins qui
créent la motivation humaine.
Besoins physiologiques
Dans la hiérarchie des besoins de Maslow, les besoins
physiologiques sont prioritaires. Généralement, une personne
cherche à satisfaire ses besoins physiologiques avant tous les autres
(Maslow, 1970).
o Par exemple, une personne qui manque de nourriture, de
sécurité et d'amour cherche habituellement à satisfaire
son besoin de nourriture avant de satisfaire son besoin d'amour.
· Les besoins physiologiques sont les besoins dont la
satisfaction est importante ou nécessaire pour la survie. Les
êtres humains ont huit besoins physiologiques fondamentaux : les besoins
d'oxygène, de liquides, de nourriture, de maintien de la
température corporelle, d'élimination, de logement, de repos et
de rapports sexuels.
o Un nourrisson doit avoir de l'aide pour satisfaire ses
besoins de nourriture, de logement, de liquides, de maintien de la
température corporelle et d'élimination.
· À mesure qu'une personne croît et se
développe, elle est de plus en plus en mesure de satisfaire ses besoins
physiologiques.
o Un enfant de deux ans qui veut de l'eau sait habituellement
où se trouve l'eau et comment en avoir. Bien que ses efforts puissent
être mal dirigés, s'il est très motivé et n'a
personne pour l'aider, il réussira à obtenir son verre d'eau.
Habituellement un adulte en santé est en mesure de satisfaire ses
besoins physiologiques sans aide.
· Les très jeunes enfants, les personnes
âgées, les pauvres, les malades et les handicapés
dépendent souvent des autres pour satisfaire leurs besoins
physiologiques fondamentaux. L'infirmière a souvent pour fonction
d'aider le client à satisfaire ses besoins physiologiques.
Besoins de protection et de
sécurité
Les besoins de protection et de sécurité physique
et psychologique viennent immédiatement après les besoins
physiologiques dans l'ordre de priorité des besoins.
Sécurité physique
o Lorsqu'un nourrisson vient au monde, sa
sécurité physique dépend entièrement des gens qui
l'entourent. Puis, à mesure qu'il grandit et se développe, il
parvient progressivement à une plus grande autonomie pour la
satisfaction de ses besoins. Généralement un adulte peut combler
lui-même
ses besoins de sécurité physique. Toutefois, une
personne âgée, malade ou handicapée peut ne pas être
en mesure de satisfaire sans aide ses besoins de sécurité
physique.
· Le maintien de la sécurité physique
implique la réduction ou l'élimination des dangers qui menacent
le corps ou la vie de la personne. Le danger peut être une maladie, un
accident un risque ou l'exposition à un environnement dangereux.
o Un client malade peut ne pas être en mesure de se
protéger d'un danger
comme l'infection. Sa protection face à un tel danger
dépend alors des
professionnels de la santé.
· Parfois, la satisfaction des besoins de
sécurité physique est plus importante que la satisfaction des
besoins physiologiques.
o Par exemple, une infirmière qui s'occupe d'un client
désorienté devra peut-être veiller à le
protéger pour qu'il ne tombe pas de son lit avant de lui dispenser des
soins visant à satisfaire ses besoins nutritionnels.
Sécurité psychologique
· Pour se sentir en sécurité
psychologiquement une personne doit savoir ce qu'elle peut attendre des autres,
y compris des membres de sa famille et des professionnels de la santé,
ainsi que des interventions, des expériences nouvelles et des conditions
de son environnement
· Toute personne sent sa sécurité
psychologique menacée lorsqu'elle fait face à des
expériences nouvelles et inconnues. Généralement, ces
personnes ne disent pas ouvertement qu'elles sentent leur
sécurité psychologique menacée, mais leur conversation
peut indirectement révéler leurs sentiments.
o Un étudiant qui entre au collège peut
ressentir une certaine insécurité s'il ne sait pas à quoi
s'attendre ; une personne qui commence un nouvel emploi peut se sentir
intimidée à l'idée d'avoir à entrer en contact avec
des inconnus ; un client qui doit subir une épreuve diagnostique peut
être effrayée par les techniques utilisées.
Besoins d'amour et d'appartenance
Après les besoins physiologiques et les besoins de
sécurité viennent les besoins d'amour et d'appartenance.
Généralement, une personne ressent le besoin
d'être aimée par les membres de sa famille et d'être
acceptée par ses pairs et par les membres de sa communauté.
Habituellement, le désir de combler ces besoins survient lorsque les
besoins physiologiques et les besoins de sécurité sont
satisfaits, car ce n'est que lorsqu'une personne se sent en
sécurité qu'elle a le temps et la force de rechercher l'amour et
l'appartenance et de partager cet amour avec d'autres (Rogers, 1961).
· Une personne qui est généralement en
mesure de satisfaire ses besoins d'amour et d'appartenance est souvent
incapable d'y arriver lorsqu'une maladie ou un traumatisme vient interrompre
ses activités.
o De plus, lorsqu'un client est hospitalisé, il lui
est encore plus difficile de satisfaire ces besoins. Le client est
obligé de s'adapter à certains aspects du système de
santé, comme l'organisation, les horaires, les contraintes du milieu,
les heures de visite. Il lui reste donc peu de temps ou d'énergie pour
satisfaire ses besoins d'amour et d'appartenance avec sa famille ou les
personnes clés dans sa vie.
Besoins d'estime de soi et de
considération
· Toute personne doit éprouver de l'estime pour
elle-même et sentir que les autres ont de la considération pour
elle.
· Le besoin d'estime de soi est rattaché au
désir de force, de réussite, de mérite, de maîtrise
et de compétence, de confiance en soi face aux autres,
d'indépendance et de liberté. Une personne a aussi besoin
d'être reconnue et appréciée des autres.
· Lorsque ces deux besoins sont satisfaits, la personne
a confiance en elle et se sent utile ; s'ils ne sont pas satisfaits, la
personne peut se sentir faible et inférieure (Maslow, 1970).
Besoin d'actualisation de soi
Les besoins d'actualisation de soi se trouvent au sommet de la
hiérarchie des besoins humains de Maslow.
· Lorsqu'une personne a satisfait tous les besoins des
niveaux précédents, c'est dans l'actualisation de soi qu'elle
parvient à réaliser pleinement son potentiel (Maslow, 1970).
· La personne qui s'est actualisée a l'esprit
mûr et sa personnalité est multidimensionnelle ; elle est souvent
capable d'assumer et de mener à terme des tâches multiples et elle
tire satisfaction du travail bien fait.
o Elle peut juger de son apparence, de la qualité de
son travail et de la façon dont elle résout les problèmes
sans se soumettre entièrement à l'opinion des autres.
o Bien qu'elle ait des échecs et des doutes, elle y fait
généralement face avec réalisme.
· La façon dont une personne réussit à
satisfaire le besoin d'actualisation de soi dépend de ses besoins
actuels, de son environnement et des agents stressants.
o Pour s'actualiser, le client doit créer un
équilibre entre ses besoins, les agents stressants et sa capacité
d'adaptation aux changements et aux exigences de son organisme et de son
environnement.
· L'actualisation de soi se définit par de multiples
caractéristiques :
- résoudre ses propres problèmes
- aider les autres à résoudre leurs
problèmes
- accepter les conseils des autres
- témoigner un grand intérêt pour le travail
et les questions sociales
- posséder de bonnes aptitudes à la communication,
tant pour écouter que pour communiquer
- contrôler son stress et aider les autres à
contrôler le leur
- apprécier son intimité
- rechercher de nouvelles expériences et de nouvelles
connaissances - prévoir les problèmes et les résoudre
- s'accepter.
Maslow postule que, tant que l'individu n'a pas satisfait les
premiers besoins de l'échelle, la motivation se prolonge ; ce qui
crée une tension. Cette tension n'est réduite que lorsqu'il a
assouvi les besoins inférieurs, puis il se trouve face à une
nouvelle classe des besoins, et ainsi de suite jusqu'au cinquième niveau
de l'échelle, celui de la réalisation ou de l'actualisation de
soi. Une seconde théorie est développée quelques
années plus tard.
3.2.2. La théorie des besoins
d'Alderfer
La théorie d'Alderfer est encore appelée
théorie ERD (ERG 1) et est à l'origine appliquée aux
situations de travail. Elle suggère que la motivation humaine est
provoquée par une tension (force interne), en l'occurrence la
nécessité de satisfaire trois types de besoins :
- les besoins d'existence (E)
- les besoins de rapports sociaux (R)
- les besoins de développement personnel (D)
Les motivations n'entretiennent pas des rapports
hiérarchiques, mais peuvent agir concomitamment et sont fonction de
l'intensité du besoin, qui dépendrait elle-même du
degré de satisfaction du désir. Plus l'individu les satisfait,
moins ils sont intenses. Cette classification d'Alderfer reposerait
plutôt sur un continuum allant du plus concret (besoin d'existence) au
plus abstrait (besoin de développement personnel) en trois
catégories. Seulement, l'intensité est subjective, fluctuante
dans le temps et compensable par un autre besoin
(frustration-régression) d'un individu à l'autre en fonction des
attentes de chacun. Il n'existe pas de préséance d'une
catégorie par rapport aux autres au sens de Maslow.
Cette théorie est graphiquement représentée
sous la forme :
Frustration des besoins de progression
Importance des besoins de progression
Importance des besoins de progression
Frustration des besoins de relation
Importance des besoins de
relation
Importance des besoins de relation
Représentation graphique de la théorie SPR
d'Alderfer
Frustration des besoins désir ou force satisfaction
des besoins
Frustration des besoins de subsistance
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Importance des besoins de subsistance
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Importance des besoins de subsistance
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Source : Landry, Psychology of work behavior, 3e
édition, Dorsey, 1985, p 324.
Les lignes discontinues traduisent le caractère frustrant
d'un besoin non assouvi.
Les lignes continues présentent le cheminement normal du
processus de mise en place et surtout de réalisation par la satisfaction
des besoins.
Il s'agit de la relation entre les différents besoins et
le processus de leur réalisation.
3.2.3. Implications de la théorie des
besoins
Les travaux sur l'approche des besoins ont eu de nombreuses
applications. Elle a d'abord été a l'origine appliquée au
domaine des organisations. Elles ont été étudiées
sur des ensembles d'individus dans l'optique d'améliorer les
capacités productives. La théorie des besoins de Maslow, elle, a
fait l'objet de nombreuses applications à la médecine. C'est
ainsi qu'Henderson est parvenu à identifier quatorze besoins chez les
malades.
Henderson pour définir sa conception du rôle de
l'infirmière à défini quatorze besoins fondamentaux de
tout être humain (souvent formalisé sous forme d'une
grille). Ces
différents besoins sont : I. Respirer - II.
Boire et manger - III. Éliminer - IV. Se Mouvoir et
maintenir une bonne posture - V. Dormir et se reposer - VI. Se
vêtir ou se dévêtir - VII. Maintenir sa
température - VIII. Être propre soigné,
protéger ses téguments - IX. Éviter les
dangers - X. Communiquer - XI. Agir selon ses croyances ou ses
valeurs - XII. S'occuper en vue de se réaliser - XIII.
Besoin de se récréer - XIV. Besoin d'apprendre.
Polleti, infirmière suisse, dans une conférence
donnée en 1979, a précisé le contenu des
besoins qu'elle classe par ordre de priorité :
Besoins physiologiques de base :
Oxygénation - Équilibre hydrique et sodé
- Équilibre alimentaire - Équilibre acide-base -
Élimination des déchets - Température normale - Sommeil -
Repos - Relaxation - Activité - Mobilisation - Énergie - Confort
- Stimulation - Propreté - Sexualité.
Besoins de sécurité :
Protection du danger physique - Protection des menaces
psychologiques - Délivrance de la douleur - Stabilité -
Dépendance - Prédictibilité - Ordre.
Besoins de propriété :
Besoin de maîtrise sur les choses, sur les
événements - Besoin d'impact, de pouvoir sur l'extérieur
et donc besoin important de connaissances pour y arriver.
Besoins d'appartenance :
Amour et affection - Acceptation - Relations et communications
chaleureuses - Approbation venant des autres - Être avec ceux qu'on aime
- Être avec des compagnons.
Besoins d'estime de la part des autres :
Reconnaissance - Dignité - Appréciation venant des
autres - Importance, influence - Bonne réputation - Attention - Statut -
Possibilité de dominer.
Besoins d'estime de soi :
Sentiment d'être utile, valorisé - Haute
évaluation de soi-même - Se sentir adéquat, autonome -
Atteindre ses buts - Compétence et maîtrise -
Indépendance.
Besoins de se réaliser :
Croissance personnelle et maturation - Prise de conscience de
son potentiel - Augmentation de l'acquisition des connaissances -
Développement de son potentiel - Amélioration des valeurs -
Satisfaction sur le plan religieux et/ou philosophique -
Créativité augmentée - Capacité de percevoir la
réalité et de résoudre les problèmes,
augmentée - Diminution de la rigidité - Mouvement vers ce qui est
nouveau - Satisfaction toujours plus grande face à la beauté -
Moins de ce qui est simple, plus de ce qui est complexe.
Dans le cadre de ce travail de recherche, nous saisissons
l'approche des besoins comme stimulateur au niveau des stratégies
d'insertion professionnelle auprès des jeunes demandeurs d'emploi. Eu
égard de l'ancrage en psychologie sociale de la théorie des
motivations en général, et de l'approche théorique des
besoins en particulier, le besoin d'estime sociale se trouve compris dans le
quatrième stade de l'approche hiérarchique de Maslow. Le cadre
méthodologique va donc présenter la méthode
utilisée pour la saisir.
CADRE METHODOLOGIQUE
DEUXIEME PARTIE
Chapitre 4 : MODELE D'ANALYSE ET
OUTIL D'INVESTIGATION
Dans ce chapitre, nous nous évertuons à mettre
en exergue les méthodes et techniques d'approche du sujet que nous avons
utilisé dans le cadre de ce travail. Grawitz dit à propos qu'
« au sens le plus élevé et le plus général
du terme, la méthode est constituée de l'ensemble des
opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre, les vérifie » (2001 : 345). Ainsi nous nous
proposons avec Kaplan repris par Grawitz (op.cit) d'aider à comprendre
au sens le plus large, non pas les résultats de la recherche
scientifique, mais le processus de recherche luimême.
Ce chapitre présente donc le modèle d'analyse et
l'outil d'investigation utilisé dans la collecte des données,
ainsi que l'énoncé de la question de recherche. Auparavant, il
convient de rappeler le problème qui aura conduit à cette
investigation scientifique.
4.1. Rappel du problème
Les statistiques sur le chômage représentent un
épineux problème pour les gouvernements de la
quasi-totalité des Etats du monde entier. Ces chiffres sont
évocateurs du malaise que crée la situation de manque d'emplois
dans les groupes où il se manifeste. Cette situation est le fait, dans
notre pays, de la crise économique des années 80 qui s'est
traduit par le gel des recrutements dans la fonction publique passée
pour être le principal consommateur de la main d'oeuvre issue des
écoles. A coté de cette crise économique, on
déplore la segmentation accrue du marché du travail. Ces
différents phénomènes permettent de conclure de
l'inadéquation de la formule formation/emploi fort chère aux
approches théoriques de la théorie du capital humain. Dès
lors se sont développées des stratégies pour
répondre au souci d'insertion professionnelle. Ainsi, le processus
d'insertion a déterminé un ensemble de stratégies
reconnues comme démarches d'insertion professionnelle au sens de
Ferrieux et Carayon. A coté de ces stratégies, se sont mises en
place d'autres stratégies ayant pour but de permettre la transition
sociale par le biais de l'insertion professionnelle. Faisant suite à ce
constat, nous avons pensé à la notion de besoin de Maslow et
principalement de besoin d'estime non pas de soi mais d'estime sociale d'une
part. Il s'est
ensuite agi de voir les questions relatives aux
stratégies d'insertion professionnelle d'autre part. Le problème
de la recherche ainsi rappelé s'organise autour d'une question centrale
qu'il convient, en plus, de mentionner.
4.2. Enoncé de la question de
recherche
Compte tenu de l'abondante littérature sur le concept
d'estime et principalement d'estime de soi, eu égard à la
conception de Grawitz selon laquelle « le concept n'est pas seulement une
aide à percevoir, mais une façon de concevoir » (op.cit :
385), nous en sommes parvenus à considérer le besoin d'estime
sociale. Il nous revient, pour mener à son terme une recherche,
d'énoncer une question.
Dans le cadre de ce travail, elle est libellée telle
que suit : Existe-il- un lien entre le niveau du besoin d'estime sociale et les
stratégies d'insertion professionnelle ?
Quelles réponses sont à envisager à cette
interrogation principale de recherche ? Par la formulation des
hypothèses, une réponse sera apportée à cette
question. Cette réponse permettra de vérifier la qualité
de la relation entre le besoin d'estime sociale et les stratégies
d'insertion professionnelle.
4.3. Formulation des hypothèses
Cet aspect concerne l'ensemble constitué des
hypothèses, variables, facteurs, modalités et indicateurs que
nous nous proposons de combiner. La formulation de l'hypothèse
générale trouve sa réponse dans la question de recherche
préalablement posée. A cet effet, Rossi (1989 :16) affirme que
l'hypothèse est « une prédiction consistant à mettre
en relation des variables et un comportement » Seule l'évaluation
de l'hypothèse générale nous permettra de formuler des
hypothèses de recherche dont la confirmation ou l'infirmation se fera
par le truchement des variables indépendante et dépendante.
Robert (1998 : 70) distingue, en plus de l'hypothèse
générale, l'hypothèse de recherche qui s'intéresse
« aux manifestations et observations empiriques qu'on entend effectivement
réaliser ».
Quant à la variable, Doron et Parot (op.cit. : 745) la
définissent comme une « entité qui sans changer de nature,
varie (modalité ou valeur numérique) d'un élément
à l'autre »
La planification de l'enquête nous permettra de
dégager les modalités des hypothèses après un
éclatement de l'hypothèse générale.
4.3.1. Planification de l'enquête
En guise de réponse anticipée à notre
question de recherche, nous avons posé l'hypothèse
générale suivante :
« Il existe un lien entre le niveau de besoin
d'estime sociale et les stratégies d'insertion professionnelle des
jeunes ».
Cette hypothèse générale met en relation
deux variables. La variable indépendante est intitulée : le
niveau de besoin d'estime sociale et la variable dépendante est les
stratégies d'insertion professionnelle.
La planification de l'enquête requiert que nous nous
intéressions à la variable indépendante, car c'est elle
qui est, aux dires de Grawitz (op.cit.), susceptible de manipulation par le
chercheur. Nous étudierons les composantes qui la constituent et la
nature des relations qu'elle entretient, à travers ses modalités.
Il s'agit des relations de croisement et d'emboitement.
En référence aux travaux de Maslow (1970),
Coopersmith (1967) et Bouvard (2003), il apparaît que notre variable
indépendante, à savoir le niveau de besoin d'estime sociale peut
revêtir en définitive trois modalités qui
représentent des niveaux du besoin. Ces différents niveaux sont
:
M1 : Fort besoin d'estime sociale
M2 : Moyen besoin d'estime sociale
M3 : Faible besoin d'estime sociale.
Ces différents niveaux découlent des scores
issus de la cotation des modalités des facteurs que sont la famille
restreinte, la famille élargie et le groupe de pairs. Nous avons
recensé quatre modalités pour chacun des facteurs. C'est à
partir de ceux-ci qu'ont été élaborés des items du
questionnaire. Les indicateurs sont en rapport avec le degré d'accord
avec les items. Les indicateurs oscillent entre « fortement en
désaccord » et « fortement en accord » en
passant par des degrés intermédiaires. Les scores obtenus,
à partir de la cotation des indicateurs en fonction des modalités
de chacun des facteurs, ont été regroupés pour permettre
d'obtenir un score global associé à un facteur. Ces
différents scores ont permis
par un processus de regroupement de parvenir à des
intervalles. Ces intervalles sont obtenus sur la base du calcul de
l'écart théorique par intervalle (valeur maximale
théorique moins valeur minimale théorique divisé par trois
(nombre de modalités relatif au score global : faible, moyen,
élevé)). Ce sont ces intervalles qui sont à la base
des trois niveaux du besoin d'estime sociale. En rappel, ce sont : le fort
besoin d'estime sociale, le moyen besoin d'estime sociale et le faible besoin
d'estime sociale.
La variable dépendante, à savoir les
stratégies d'insertion professionnelle, comprend deux modalités
:
VD1 : Stratégies formelles d'insertion
professionnelle
VD2 : Stratégies informelles d'insertion
professionnelle
Compte tenu de l'impossibilité de vérifier
directement ces variables, il convient de procéder à
l'opérationnalisation. Le recours au plan factoriel nous permettra
d'observer les différentes combinaisons possibles de la variable
indépendante. Il nous revient comme le précisent Parot et
Richelle (1996 : 322-323) à « mettre en évidence non
seulement leurs effets respectifs, mais aussi leurs éventuelles
interactions »
C'est ainsi que l'analyse factorielle mise au point par
Spearman en 1924 constitue pour Grawitz (op.cit.) une méthode qui permet
d'analyser un facteur unique contenu dans le test d'intelligence. Par analogie,
nous appliquerons à notre étude et les variables,
indépendante et dépendante ainsi que les liens, sont contenus
dans le tableau suivant :
Tableau no 1 : Plan factoriel des
hypothèses de recherche
VI
VI1 VI2 VI3
VD
De cette analyse factorielle, découlent nos
hypothèses de recherche.
HR1 : Il existe un lien entre le fort besoin d'estime sociale
et les stratégies d'insertion professionnelle
HR2 : Il existe un lien entre le moyen besoin d'estime
sociale et les stratégies d'insertion professionnelle
HR3 : Il existe un lien entre le faible besoin d'estime
sociale et les stratégies d'insertion professionnelle.
Ces hypothèses, variables, modalités et indicateurs
mis en lumière précédemment sont à l'origine du
tableau ci-dessous.
Tableau no 2 : Récapitulatif
des hypothèses, des variables, facteurs, modalités et
indicateurs
HG
|
VI
|
Facteurs
|
Modalités
|
Indicateurs
|
Il existe un
|
Niveau de besoin
|
Famille
|
Facilités dans les
|
-Tout à fait en
|
lien entre le
niveau de besoin
|
d'estime sociale
|
restreinte
|
rapports,
Sentiment d'aise, Nécessité du travail
|
désaccord,
-En désaccord, -Indécis
|
d'estime
sociale et les
stratégies d'insertion professionnelle
|
|
|
pour une meilleure considération, Incidence de
la famille restreinte sur les SIP
|
-D'accord,
-Tout à fait d'accord
|
|
|
Famille élargie
|
Utilité du jeune, Bonne appréciation,
Nécessité de travail comme réponse aux sollicitations,
Influence de la famille élargie sur les SIP
|
-Tout à fait en
désaccord,
-En désaccord, -Indécis
-D'accord,
-Tout à fait d'accord
|
|
|
Groupe de
pairs
|
Facilités de contact, Confiance en sa
valeur face au groupe, Nécessité de travail pour
une meilleure
intégration,
Impact du groupe de pairs sur les SIP
|
-Tout à fait en
désaccord,
-En désaccord, -Indécis
-D'accord,
-Tout à fait d'accord
|
|
VD :
|
Stratégies
|
Attendre les
|
-Tout à fait en
|
|
Stratégies d'insertion professionnelle
|
formelles d'insertion professionnelle
|
propositions
parentales
Passer des concours
|
désaccord,
-En désaccord, -Indécis
|
|
|
|
Solliciter un
recrutement
|
-D'accord,
-Tout à fait d'accord
|
|
|
|
Perfectionner son
niveau académique
|
|
|
|
Stratégies informelles d'insertion professionnelle
|
Cooptation,
Adhésion aux
sectes,
Rapports sexuels
|
-Tout à fait en
désaccord,
-En désaccord, -Indécis
|
|
|
|
|
-D'accord,
-Tout à fait d'accord
|
Le tableau précédent a l'avantage de donner un
aperçu sur les différents aspects pris en compte dans la
construction de l'instrument de collecte de données.
4.3.2. L'instrument de collecte de
données
En sciences sociales, les techniques servent à observer
les réactions et attitudes humaines par le recueil de données
à des fins d'analyse. Il n'est donc pas question de
constater en bloc des différences mais plutôt selon
Grawitz (op.cit. : 740) de distinguer les « composantes des attitudes,
réactions et comportements »
Si un chercheur est amené à comparer et à
chercher la proportion de tel élément par rapport à tel
autre, il voudra recueillir les données nécessaires de la
manière la plus apte à faciliter son travail. C'est dans cet
optique que Grawitz (ibid. : 740) pense que :
« La méthode la plus employée est la
méthode des échelles. Elle demande au sujet de réagir
verbalement par une approbation ou une réprobation, un accord ou un
refus à une série d'interrogations ou de propositions
standardisées. Le propre de l'échelle consiste à
transformer des caractéristiques qualitatives en une variable
quantitative, et pour cela à attribuer automatiquement à chaque
sujet, d'après ses réponses, une position le long d'une
échelle allant d'une approbation enthousiaste à une
désapprobation totale, en passant par des stades intermédiaires
»
Dans le cadre de cette recherche, notre choix s'est
porté sur une échelle de mesure. Celui que nous avons
utilisé à notre travail est l'inventaire d'estime de soi sociale,
la version de Bouvard et Coll. de 2003. Ne pensant pas l'utilisé tel
quel, nous l'avons adapté d'où la version présentée
ci-après.
Présentation du
questionnaire
L'instrument qui nous a inspiré, à savoir
l'inventaire d'estime de soi sociale, a été à l'origine
conçu par les anglais Lawson, Marshall et Mc Grath en 1979. Cette
première version a été traduite en français par
Gauthier, Samson et Turbide en 1981. La version qui a inspiré la
construction de notre échelle est l'adaptation de Bouvard et coll.
présentée en 2003. Cette échelle a été
développée pour évaluer l'estime de soi dans les
situations sociales. Bouvard (2003 : 236) pense qu'il a « l'avantage de
n'évaluer qu'une dimension de l'estime de soi »
Il convient de préciser que cet inventaire est
utilisé à des fins thérapeutiques car il présente
une visée diagnostique. Les études menées pour sa
validation concluent de sa liaison à « des capacités
d'affirmation de soi mais aussi à la dépression et à
l'anxiété » (Bouvard, ibid. : 238). C'est la raison pour
laquelle, dans notre énoncé, nous avons supprimé les items
relatifs l'anxiété et à la dépression pour
n'adapter que ceux inhérents à l'affirmation de soi. Il s'est agi
en outre d'arrêter un paramètre relatif à une
indifférence dans l'incidence des
différents groupes sociaux sur l'enquêté
dans l'ensemble du questionnaire. La méthode de l'IES exige de signifier
la similarité du sujet avec les énoncés proposés
sur une échelle de six (6) ponts. Cette échelle va de 1 «
complètement différent de moi » à 6 «
complètement comme moi ». Les notes de 2 à 5
représentent des cotations intermédiaires définies. Afin
de permettre à un individu de signifier son indifférence pour ce
qui est du besoin d'estime de sociale d'un des groupes dans notre étude,
nous avons opté pour l'échelle de Likert à 5 dimensions.
C'est cette cotation qui est utilisée dans notre adaptation du Bouvard.
Ce dernier comprend :
En I les informations sur le répondant sur 5 questions
allant de l'âge à l'état actuel d'étude.
En II, le besoin d'estime sociale pour lequel nous avons
élaboré une vingtaine d'items afin de mieux apprécier les
différents niveaux. Les sept premiers se rapportent à la famille
restreinte. De l'item 8 à l'item 13, il s'agit de besoin d'estime
sociale au sein de la famille élargie. De l'item 14 à l'item 20,
le besoin se rapporte au groupe de pairs.
La dernière partie du questionnaire porte sur les
stratégies d'insertion professionnelle qui se divisent en deux sous
groupes. Le premier est relatif aux stratégies formelles et va de l'item
1 à 4. A partir de l'item 5 jusqu'à la fin il est question des
stratégies informelles.
La version de l'instrument utilisée sur le terrain figure
en annexe. Elle est tributaire des modifications issues de la
pré-enquête.
4.3.3. La pré-enquête
Par la pré-enquête, on entend essayer sur un
échantillon réduit les instruments qui ont été
prévus pour effectuer l'enquête. D'après Fortin « le
pré-test (pré-enquête) consiste à faire remplir le
questionnaire par un petit échantillon reflétant la
diversité de la population visée (entre 10 et 30 sujets) afin de
vérifier si les questions peuvent être bien comprises. Cette
étape est tout à fait indispensable et permet de corriger ou de
modifier le questionnaire, de résoudre les problèmes
imprévus et de vérifier le libellé et l'ordre des
questions » (1996 : 251).
Notre pré-enquête a été conduite
sur échantillon réduit à 14 jeunes rencontrés au
FNE avec 11 déjà inscrits et 3 venus le faire. Elle a permis
d'une part de reformuler les items en transformant tous les
énoncés de la forme négative à la forme
affirmative. Lé but ici étant de
permettre une certaine uniformité devant faciliter la
compréhension. D'autre part, la préenquête nous aura permis
de supprimer certains items (4) dont la compréhension n'était pas
fluide. En plus, ces items jouaient un rôle de filtre.
4.3.4. La collecte des données
Elle a été facilitée par le fait que nous
avions entrepris auparavant une démarche administrative auprès
des dirigeants du FNE. Nous leurs avons adressé une demande
d'enquête justifiée. Nous tenons à préciser que
malgré cette démarche, nous avons été sujet
à suspicion, ce qui nous aura fait perdre trois jours et un accès
limité à nos besoins. L'enquête proprement dite s'est
déroulée au sein du FNE du 22 au 31 Octobre en fonction des jours
ouvrables de la semaine.
Du fait de l'implication de l'administration, les demandeurs
d'emploi nous étaient envoyés dans une salle d'attente
apprêtée pour la circonstance. Le téléviseur qui
meublait la salle d'attente a été éteint pour
éviter des nuisances devant perturber les sujets. Des indications en
termes de consigne étaient auparavant apportées pour faciliter le
remplissage. Ce dernier s'effectuait en notre présence. Ceci nous aura
permis de récupérer le maximum de questionnaires. Ceux des
enquêtés qui estimaient n'avoir pas assez de temps étaient
immédiatement remplacés. Cet échantillon était
extrait de la population existante sur le site de l'étude.
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