Les anciennes puissances coloniales et la résolution des conflits en Afrique( Télécharger le fichier original )par Netton Prince TAWA Université de Cocody - DEA Droit Public 2006 |
Paragraphe 1 : L'Union européenneUn cas spécifique de conflit fera l'objet d'étude pour montrer l'engagement de l'Union européenne (B) dans la résolution des conflits en Afrique. Mais de prime abord, il faut signaler que cet engagement européen procède d'un appel des Nations unies (A). A : L'appel des Nations unies à L'UE La volonté-politique-européenne d'apparaître comme un acteur dans la résolution des conflits en Afrique s'est exprimé dès l'amorce du 21ème siècle. En effet, le 14 mai 2001 l'Union européenne a adopté une position commune sur la prévention, la gestion et la résolution des conflits en Afrique. Cette déclaration sera suivie par la désignation de représentants spéciaux de l'Union ou de la Présidence dans deux grandes régions du continent188(*). Pourtant, ces signaux ne seront pas suivis d'actions concrètes sur le terrain. De sorte qu'à un moment donné, on a pu légitimement croire que la PESC en Afrique s'est malgré tout et dans une large mesure limitée à l'adoption de positions communes, donnant le sentiment d'une "diplomatie essentiellement réactive et déclaratoire189(*)", selon BAGAYOKO-PENONE. Or cette prédisposition ou ces signaux vont être déterminants dans l'appel que vont adresser les Nations unies à l'Union européenne, surtout que quelques mois auparavant, elle avait conduit une opération sur un théâtre de conflit190(*). En effet, au Conseil Affaires générales et Relations extérieures du 19 mai 2003, Javier SOLANA, Secrétaire Général du Conseil de l'UE/Haut Représentant pour la PESC indique que le Secrétaire général des Nations unies, Kofi ANNAN demande à l'UE d'envoyer une mission en Ituri. En réponse à cette information, le Conseil l'invite à étudier la faisabilité de l'opération. Il faut cependant noter que cet appel des Nations unies procède des difficultés que rencontre la MONUC sur le terrain et dont le mandat parait inadapté à la situation en cours191(*). Il s'agissait donc de porter un secours d'urgence à une population en souffrance avec en toile de fonds, l'objectif d'éviter un second génocide à l'Afrique. Le cadre juridique de l'opération émanera donc du mandant- en l'occurrence des Nations unies-, qui sous la base du chapitre VII192(*) de la Charte autorise le déploiement d'une force européenne en Ituri. C'est l'Opération Artémis. B : L'engagement de l'UE en Afrique : le cas de l'Opération Artémis Lancée le 12 juin 2003, l'Opération Artémis avait pour cadre la République démocratique du Congo, déchirée par de violents combats opposant les ethnies Hema et Lendu. Cette intervention s'inscrit plus largement dans les efforts déployés par la communauté internationale pour sauver le processus de paix en RDC et mettre ainsi un terme à un conflit qui s'est déjà soldé par plus de trois millions de victimes directes ou indirectes, selon Niagalé BAGAYOKO-PENONE193(*). Mission "oecuménique"194(*), l'Opération Artémis se déroule du 12 juin au 1er septembre 2003 selon le paragraphe 3 de la résolution 1484. Sous la conduite d'une "nation-cadre" rompue en l'espèce aux interventions d'urgence en Afrique, selon Josiane TERCINET, cette opération a produit des résultats on ne peut plus satisfaisants195(*). En plus de l'Union européenne comme nouvel acteur dans la résolution des conflits en Afrique, il semble de plus en plus possible d'affirmer que les organisations non gouvernementales (ONG) sont admises en tant qu'acteurs ; c'est ce qu'il nous faut étudier à présent. * 188 Aldo Ajello pour les Grands Lacs et Hans Dahlgreen pour les pays du fleuve Mano. * 189 Niagalé, BAGAYOKO-PENONE, « Les politiques européennes de prévention et de gestion des conflits en Afrique subsaharienne », les Champs de Mars 2005. * 190 La première opération de gestion de crise de l'UE n'est pas une opération militaire mais une opération de police, ladite MPUE (Mission de police de l'Union européenne), lancée en Bosnie-Herzégovine en janvier 2002. Le 31 mars 2003, a été lancée la première opération militaire de l'UE, l'Opération Concordia, en Macédoine. Celle-ci a été relayée par une opération de police, l'Opération Proxima. Pour plus d'information sur cette opération, lire Josiane TERCINET, « La prise en charge par l'Union européenne du maintien de la paix en Macédoine, au Congo et ... au-delà ? », in Josiane TERCINET (sous la dir. de), Les relations transatlantiques et l'environnement international, Bruxelles, Bruylant, 2005, pp.243-245. * 191 Sur la question de l'adaptation du mandat de la MONUC à la situation militaire au Congo, lire Kpri Kobénan, Kra, Les opérations de maintien de la paix de l'ONU à l'épreuve des conflits actuels : Le cas des conflits de la région des Grands Lacs africains, Mémoire de DEA, Université de Cocody, Chaire Unesco pour la Culture de la Paix, janvier 2006. * 192 A travers la résolution 1484 du 30 mai 2003. * 193 Niagalé BAGAYOKO-PENONE, « L'Opération Artémis, un tournant pour la politique européenne de sécurité et de défense ? », Afrique contemporaine, avril, 2004. * 194 L'expression est de Josiane TERCINET, op. cit. Pour Niagalé BAGAYOKO-PENONE, il s'agit d'une "opération européanisée." * 195 Même si sur un ton pessimiste et moqueur, Thierry VIRCOULON estime qu'il s'agit d'une opération de sauvegarde destinée à sauver les casques bleus de la MONUC. |
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