2- La gestion des risques dans les IMF
La gestion des risques demeure au coeur des
préoccupations des IMF, qu'elles soient rurales ou urbaines. Or les
réflexions à ce sujet sont éparses, et les IMF ne
disposent pas forcément de moyens financiers et humains, ni de panel
d'outils techniques pour y faire face.
Plusieurs travaux de recherche ont été
réalisés sur la gestion des risques dans les IMF. Ils ont permis
pour la plupart de mettre en exergue ses avantages.
Pour CARE, le risque est l'exposition à une forte
probabilité de perte. La gestion du risque, ou la prise de risques
calculés, réduit la probabilité de réaliser des
pertes et minimise le degré de la perte au cas où celle-ci
arrivait. La gestion de risque implique la prévention des
problèmes potentiels et la détection anticipée des
problèmes réels quand ceux-ci surviennent. La gestion des risques
est un processus continu à trois étapes.
Figure : la gestion du risque, un processus
interactif.
Identifier les vulnérabilités
: avant de gérer les risques au sein d'une organisation, il est
important d'identifier au préalable les faiblesses, les limites, les
menaces actuelles et potentielles de l'organisation. Un aspect important de
gestion des risques est de prévoir les risques probables de
l'organisation à court, moyen et long terme.
Concevoir et mettre en oeuvre des systèmes de
contrôle : une fois que l'IMF a identifié ces points
vulnérables, elle peut concevoir et mettre en exécution des
mesures de contrôles pour les amoindrir.
Suivre l'efficacité des systèmes de
contrôle mis en place : une fois le système de
contrôle en place, les IMF doivent pouvoir suivre et apprécier son
degré de fonctionnalité et son efficacité. Les outils de
suivi consistent avant tout en un tableau de bord d'indicateurs de performance
que les Directeurs et
Administrateurs doivent établir et suivre afin de
s'assurer de la bonne gestion de l'IMF.
La gestion des risques est un processus continu car la
vulnérabilité change avec le temps.
De façon spécifique, la gestion du risque de
crédit peut se présenter sous deux aspects : les mesures
préventives que les prêteurs prennent avant l'octroi du
crédit et les mesures d'encouragement après le
déboursement pour permettre le remboursement dans les délais.
Certains indicateurs permettent d'apprécier le
risque dans
l'institution de microfinance : Les ratios de
qualité de portefeuille
Nous présentons parallèlement aux indicateurs
publiés par MicroRate, ceux du CGAP, en raison de quelques nuances sur
les terminologies et le nombre de jours à considérer pour
provisionner une créance à risque11.
La loi PARMEC à travers les instructions de la BCEAO a
utilisé de façon générale les indicateurs proches
du CGAP.
· · Le Portefeuille à Risque
(PAR)
Pour MicroRate (2003), le Portefeuille à Risque (PAR)
se calcule en divisant l'encours de tous les crédits présentant
des arriérés de paiement excédant 30 jours, plus l'encours
des crédits rééchelonnés (restructurés), par
l'encours total du portefeuille de crédits arrêté à
une date. Vu que ce ratio est souvent utilisé pour mesurer les
crédits affectés par des arriérés de paiement de
plus de 30, 60, 90, 120 voire 180 jours, le nombre de jours doit être
clairement mentionné (par exemple PAR90). La distinction entre
crédits
11 Les ratios publiés par MicroRate ont
été repris dans les modules 3 et 4 de la formation en «
Microfinance et Développement Economique Communautaire »
organisée par le réseau MAIN à Kampala (Ouganda) en 2003
puis en 2004 à Abidjan (Côte d' Ivoire) et à Accra
(Ghana).
rééchelonnés et crédits normaux
n'est pas toujours évidente pour les IMF. Par conséquent, si la
partie des prêts rééchelonnés n'est pas
significative (inférieure à 1%) alors le total des crédits
affectés par les retards de paiement de plus de 30 jours pourra
être accepté comme la mesure approximative du portefeuille
à Risque. Si les prêts rééchelonnés sont
significatifs, mais ne peuvent être déterminés avec
précision, le ratio Portefeuille à Risque reste toujours une
mesure utile, mais il devra être accompagné d'une mention
précisant qu'il n'inclut pas les prêts
rééchelonnés. Le fait de négliger purement et
simplement les prêts restructurés reviendrait à
sous-estimer largement le risque.
Le PAR représente la mesure de qualité du
portefeuille la plus acceptée. Il montre la partie du portefeuille de
crédit « contaminée» par les impayés et
présentant donc un risque de ne pas être remboursé. Il
s'affranchit de la plupart des interprétations subjectives dont sont
l'objet d'autres indicateurs de qualité de portefeuille tel que le taux
de remboursement et le taux d'impayés parce qu'aussi bien le
numérateur que la dénominateur prennent en compte l'encours total
restant dû. Le PAR est donc très utile pour mesurer le risque
actuel et les pertes potentielles à venir. De manière
générale, tout PAR30 excédant 10% doit être
préoccupant car la plupart des micro-crédits ne sont pas couverts
par des garanties facilement réalisables telles que les titres, le
matériel etc.
(Encours des crédits ayant des impayés
excédant 30 jours+Encours des crédits
rééchelonnés (restructurés)
Encours total du portefeuille brut de crédits
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Quand au CGAP, il n'est pas tenu compte des prêts
rééchelonnés (restructurés). Le nombre de jours n'a
pas été défini. La formule est la suivante.
Capital restant dû ayant des versements en retard d'au
moins (1,31...) jours Encours de crédit
· · Le ratio de dotation aux
provisions
Le ratio de dotation aux provisions se calcule en divisant
les dotations aux provisions pour créances douteuses effectuées
sur la période (à ne pas confondre avec la réserve
(provision) pour créances douteuses, qui est inscrite au bilan) par
l'encours moyen du portefeuille.
Cette mesure donne une indication sur les provisions
effectuées par l' IMF pour anticiper les futures pertes sur prêts.
Le niveau de dotation doit être analysé de concert avec le ratio
de couverture des risques.
Dotation aux provisions pour créances
douteuses Encours moyen du portefeuille brut de crédit
· · Le ratio de couverture des
risques
Le ratio de couverture des risques se calcule en divisant les
réserves pour créances douteuses par l'encours des crédits
présentant des échéances impayées de plus de 30
jours ajouté à l'encours des crédits
rééchelonnés. Cette mesure indique le pourcentage du
portefeuille à risque qui est couvert par les réserves pour
créances douteuses. Il donne une indication sur la manière dont
une institution est préparée pour affronter le pire
scénario.
Réserves pour créances douteuses
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(Encours des crédits ayant des impayés
excédant 30jours+Encours des crédits
rééchelonnées)
· · Le ratio de perte sur
créances
Pour MicroRate (2003), le ratio de perte sur créances
est calculé en divisant le total des créances passées en
perte sur la période par l'encours moyen du portefeuille brut de
crédit.
Cet indicateur représente les prêts qu'une
institution a décidé de rayer de sa comptabilité en raison
d'un doute important concernant leur remboursement.
Créances passées en pertes Encours moyen du
portefeuille brut de crédits
La loi PARMEC à travers les instructions de la BCEAO,
utilise le terme de Taux de perte sur créances. Ce ratio
représente la proportion de prêts accordés par
l'institution qui ont été sortie du bilan en raison de la
très faible probabilité de remboursement de ces
crédits.
Montant des crédits passés en perte durant la
période
Montant brut moyen du portefeuille des crédits de la
période
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II- Méthodologie de la recherche
Notre méthodologie est articulée autour de la
dimension empirique et de l'approche théorique.
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