a- Notion du crédit
Le mot «crédit» a son étymologie dans
le verbe latin «credere» qui signifie << croire ; avoir
confiance ». Les origines du crédit ne sont pas connues avec
précision, cependant on pourrait penser qu'il a vu le jour avec la
pratique du troc, avant même l'avènement de la monnaie.
Ainsi le crédit peut être défini comme un
prêt consenti par un banquier moyennant une rémunération
prenant en compte la durée du prêt et le risque lié
à la situation de l'emprunteur. Il peut aussi correspondre à un
délai de paiement pour le débiteur.
Selon G. Petit DUTAILLIS << faire crédit, c'est
faire confiance, c'est donner librement la disposition effective et
immédiate d'un bien réel, d'un pouvoir d'achat, contre la
promesse que le même bien sera restitué dans un certain
délai, le plus souvent avec rémunération du service rendu
et du danger couru, danger de perte partielle ou totale que comporte la nature
même de ce service ». 9
Cette définition révèle que le
crédit ne concerne pas seulement le << commerce de l'argent »
et fait ressortir aussi la complexité de l'opération du
crédit.
9 Georges P. DUTAILLIS, le risque du crédit
bancaire, Editions Clet Banque, 1981. Page 19
De ces définitions, il se dégage certains
éléments dont les plus importants sont :
· Le temps qui est le délai pendant lequel le
bénéficiaire disposera du bien ou du fonds prêté.
· La confiance faite par le créancier au
bénéficiaire. Cette confiance nécessite à son tour
une promesse de restitution.
· Le risque dû au danger de perte partielle ou
totale de la chose mise à la disposition du bénéficiaire.
Il est également dû à l'engagement de la
responsabilité du créditeur dans cette opération.
· La rémunération qui est le prix du service
rendu et du danger couru par le créditeur.
Ces éléments communs à toutes les
opérations de crédit confèrent au crédit une
originalité et une attention particulière.
A l'origine, le crédit était consenti par des
particuliers et des commerçants à l'aide de leurs
disponibilités propres. Mais son octroi est devenu progressivement une
activité autonome mettant en rapport les disponibilités en
attente d'emploi et les emprunteurs. Cette activité fait appel à
des techniques et des instruments diversifiés. Elle sera alors
attribuée à des entreprises spécialisées que sont
les établissements bancaires et institutions financières.
Cependant, cette délicate opération
réservée aux banques et institutions de microfinance comporte
originairement un élément qui le domine et qui suscite notre
attention à ce sujet : le risque.
Il importe donc d'aborder à présent la notion du
risque du crédit.
b- Notion du risque
Selon CAMARA (L), par risque, il faut entendre, tout fait ou
événement dont la réalisation est
susceptible de grever le patrimoine d'une Institution de Microfinance.
Lorsqu'il se produit, le risque a des conséquences qui se traduisent sur
trois variables clés de la gestion de l'Institution : ce sont la
solvabilité, la liquidité et la rentabilité. La
solvabilité est la capacité d'une IMF à faire face
à toutes ses dettes (dettes à court, moyen et long terme) avec la
totalité de son actif. La liquidité est sa faculté
à honorer ses engagements à court terme avec son actif
réalisable ou disponible. Quant à la rentabilité, elle se
traduit comme le résultat obtenu par l'IMF au vu des moyens mis à
sa disposition.
Selon DID (2005), le risque de crédit est le risque de
pertes financières résultant de l'incapacité de
l'emprunteur pour quelque raison que ce soit de s'acquitter entièrement
de ses obligations financières à l'endroit de l'institution.
Pour CARE INTERNATIONAL (2001), le risque est l'exposition
à une forte probabilité de perte. Le risque de crédit est
la détérioration de la qualité du portefeuille de
crédit qui cause les pertes et des charges énormes en gestion de
la défaillance. Ce risque connu comme le risque de défaillance,
est lié à l'incapacité du client à respecter les
termes du contrat de prêt.
Selon Lucien CAMARA (2006), le risque de crédit se
définit comme la probabilité de non-paiement du crédit
octroyé à un client ou membre de l'IMF pour une raison
quelconque. C'est donc le risque de non remboursement des crédits de
l'IMF.
Pour Clément WONOU (2006), le risque de crédit
peut être défini comme la probabilité (grande ou petite)
que des concours accordés à un ou plusieurs clients ne soient pas
remboursés.
Quant à François DESMICHT (2004), il
définit le risque de crédit comme le risque de perte en cas de
défaillance de l'emprunteur. Il s'agit du risque d'impayé ou
risque de défaut.
En octroyant le crédit, le banquier court essentiellement
deux catégories de risques :
? Le risque de perte définitive du capital
prêté : ce type de risque est fonction de la nature des
crédits accordés et spécifique à la qualité
du client. Le risque d'insolvabilité constitue un danger pour le
banquier car ce dernier n'est pas un assureur pour lequel le sinistre constitue
un évènement normal et statistiquement prévisible. Une
institution de microfinance qui enregistre des pertes importantes provoquerait
la méfiance de ses bailleurs de fonds.
? Le risque d'illiquidité : c'est le risque pour le
banquier que le débiteur honore ses engagements au-delà de
l'échéance prévue. Ce risque peut être dû
d'une part à la défaillance du débiteur de rembourser le
banquier à l'échéance, et d'autre part à la non
observation par la banque de la règle des échéances.
Le risque n'est pas une mauvaise chose en soi. Parfois, c'est
important de prendre des risques pour atteindre des objectifs louables qui
valent vraiment la peine. Ceci est particulièrement vrai dans les IMF
où les Chargés de prêts prennent chaque jour des risques en
prêtant aux personnes sans historique en matière de crédit,
ou qui ne tiennent aucune comptabilité de leurs activités
commerciales ou qui n'ont pas de garantie à offrir. Mais il est
très important de prendre des risques calculés car le risque est
l'élément d'incertitude qui peut affecter l'activité d'un
agent économique. Il est la caractéristique des opérations
de crédit.
Son appréciation est le problème majeur que
pose la distribution et la gestion des crédits dans une institution de
microfinance. Il tient aux aléas qui
peuvent survenir avant l'échéance à
laquelle le bénéficiaire d'un délai de payement ou d'un
prêt d'argent s'engage à rembourser.
Le risque est indispensable pour toutes activités de
micro crédits, mais il est très important de prendre des risques
mesurés et contrôlables.