En conclusion de ce mémoire, il apparaît que la
crise offre une opportunité rare de réformer le Système
Monétaire et Financier International. L'ampleur des pertes invite
à redessiner les contours de la finance internationale, de façon
à ce qu'elle puisse assurer ses fonctions sans porter préjudice
à l'économie réelle. Car, au delà des
marchés, la crise des subprimes s'est propagé à
l'économie réelle, entrainant la récession dans laquelle
nous sommes encore aujourd'hui. Les pertes se chiffrent dès lors en
nombres d'emplois supprimés, en quantités d'investissements
annulés ou en points de croissance perdus. En outre, les distorsions
monétaires et les déséquilibres globaux sont, eux aussi,
coûteux en matière de stabilité internationale. Or une
stabilisation du SMFI est non seulement souhaitable, mais également
nécessaire à un rétablissement de la croissance mondiale
et au financement du développement des pays du Sud.
Pour mener à bien cette tâche, nous avons
montré que des solutions existent. Des pistes de réforme du SMFI
sont désormais avancées. Nous avons vu que le système
bancaire présente des défauts, et qu'une redéfinition de
l'encadrement est possible : revoir le cadre macroprudentiel, mais
également règlementer les acteurs dont la gestion du risque est
défaillante (réforme des produits dérivés,
réglementation des hedge funds, etc). Au delà, il
apparaît crucial de tourner les investisseurs vers des perspectives de
long-terme, les seules qui sont à même se remplir les conditions
de stabilité mais aussi d'assurer un financement dont la logique est
économique plutôt que spéculative. L'ensemble de ces
réformes ont été argumentées au cours de la partie
I.
Au cours de la partie II, nous nous sommes
attaché à montrer quelles pouvaient êtres les
évolutions souhaitables du Système Monétaire
International. En effet, le semi-étalon dollar nécessite de
profondes remises en question. Nous avons présenté, sans
prétendre à l'exhaustivité, les points de vues des
différents auteurs. Pour certains, le SMI doit se doter d'une monnaie
supranationale. Dans l'ensemble, ces idées revisitent les
théories monétaires de Keynes. Face aux nombreuses
difficultés de mise en oeuvre, les DTS pourraient assumer ce rôle,
et devenir une « quasi-monnaie internationale », à condition
d'être approfondis et réformés. Pour d'autres, le SMI se
dirige vers une situation de polycentrisme monétaire, ce qui permettrait
d'atténuer les forces, et
d'aboutir à un équilibre ; là encore,
les DTS ont leur rôle à jouer. Enfin, nous avons montré que
des initiatives d'intégration monétaire régionale
apparaissent, en particulier en Amérique du Sud ; elles pourraient
être complétées par une prise en charge institutionnelle
des déséquilibres monétaires, ce qui présuppose une
forte volonté politique.
De cet état des lieux, il ressort que l'ensemble des
pistes de réformes peuvent faire écho aux ambitions
affichées : la finance sera davantage régulée qu'avant la
crise. Elle permettra, si les moyens adéquats lui sont
conférés, de transférer les capitaux selon les besoins, et
de présenter une réelle efficience à l'échelle
globale. Cependant, elle demeura démunie de toute gouvernance
monétaire mondiale. Les monnaies persisteront dans leurs fluctuations
désordonnées, et la régulation des taux de change comme
des réserves en devises continueront d'être des défis
majeurs. Des conflits d'intérêts politiques risquent d'en
découler, amplifiant au passage la fracture économique
internationale. Et l'hypothèse de futures crises financières n'en
sera alors que renforcée.