2.3.3. Récupération du bitume ou
production àfroid
Dans certains gisements, particulièrement ceux
de la région de Cold Lake, le bitume a subit une biodégradation
moindre et se retrouve sous une forme plus légère et moins
visqueuse qui se prête à une production à froid,
c'est-à-dire sans apport extérieur d'énergie dans le
réservoir en vue de stimuler l'écoulement du bitume vers le puits
de production. La majorité des projets d'exploitation font appel
à des puits verticaux. Le sable extrait en même temps que le
bitume entraîne une usure extrêmement rapide du matériel de
pompage, mais il semble cependant que l'extraction simultanée des sables
et du pétrole, particulièrement au début du cycle
d'exploitation d'un puits, permette d'atteindre des taux de production plus
élevés.
3. EXPLOITATION EN ALBERTA 3.1. Historique
3.1.1. Découverte des sables bitumineux
Les sables bitumineux canadiens sont pour la
première fois localisés, en 1875, par des scientifiques de la
Commission géologique du Canada (CGC)24, soit un
siècle environ après les premières mentions d'observation
de bitume sur les rives de la rivière Athabasca par des
commerçants de fourrures et des explorateurs (Comité permanent
des ressources naturelles, 2007), et notamment par Peter Pond,
considéré comme le premier Européen à avoir atteint
la région de l'Athabasca, en 1778.
A la fin des années 1890, Christian Hoffman, de
la CGC, fait des expériences de traitement à l'eau chaude des
sables bitumineux dans son laboratoire d'Ottawa. Il réussit alors
à séparer le bitume des grains de sable.
La recherche d'un gisement « d'huiles libres
» qui, comme le croyait les géologues de la CGC, aurait
alimenté les sables bitumineux, se solde par un échec.
L'intérêt du gouvernement fédéral pour les sables
bitumineux est laissé en suspens jusqu'en 1913, date à laquelle
Sydney Ells, un jeune ingénieur, recommande la mise au point de
techniques de séparation du bitume et développe l'utilisation du
bitume extrait pour la production d'asphalte25. Malgré les
performances intéressantes des sables bitumineux dans les applications
routières, comme revêtement de la chaussée, seul ou
mélangés à d'autres granulats, les coûts
élevés de leur transport les rendent économiquement peu
intéressants. De plus, les promoteurs se rendent compte de la valeur que
les sables bitumineux pourraient avoir en tant que source de carburants de
transport (Office national de l'énergie, 2000). Conscient de cette
opportunité, le Dr. Karl Clark entreprend des études de
séparation des bitumes selon un processus de flottation d'eau chaude. La
méthode qu'il développe consiste à faire mousser le
mélange initial de pâte et d'eau chaude en y ajoutant de
l'hydroxyde de sodium dans un tambour rotatif à 80°C (Humphries,
2008). La mousse qui contient le pétrole peut être recueillie,
alors que les grains de sables se déposent au fond du
récipient.
Entre les années 1920 et 1940, de nombreux
projets d'exploitation et de séparation des sables bitumineux, ainsi que
de nouvelles campagnes d'exploration et de caractérisation de gisements
sont mis en oeuvre, tant par le gouvernement que par des entreprises
privées.
|