3.2.3. Effet de la croissance de la demande
mondiale
(a) Demande mondiale
L'offre pétrolière mondiale comprend
deux groupes de pays producteurs : les pays de l'OPEP et les pays hors OPEP.
Les producteurs hors OPEP sont présumés être des
«preneurs de prix», qui produisent jusqu'à ce que leurs
coûts marginaux égalent le prix mondial du pétrole. A
l'inverse, le cartel de l'OPEP peut agir sur les prix en ajustant sa
production. En ce qui concerne la demande, trois grands blocs peuvent
être distingués : la zone de l'OCDE (subdivisée entre les
trois principales économies 1 Etats-Unis, zone euro et Japon 1 et les
autres pays de l'OCDE), la Chine, propulsée en tête des
économies en développement par son dynamisme et la forte
intensité pétrolière, et le reste du monde (OCDE,
2004).
La demande mondiale de pétrole devrait
croître de 1,6% par an, pour atteindre 121 millions de barils par jour en
2030, la moitié de ce chiffre pouvant être couverte par l'OPEP
(IEA, 2004). Le reste devra être fourni par les pays hors OPEP. Or, la
volonté de l'OPEP est clairement de rester dans le sous-investissement.
Ses capacités excédentaires se situent actuellement à leur
niveau le plus bas depuis trois décennies, et ne permettraient
guère d'accroître les approvisionnements dans
l'éventualité d'une désorganisation inattendue des
marchés pétroliers (OCDE, 2004).
(b) Demande des Etats-Unis
Bien que les volumes actuels de production à
partir des sables bitumineux ne soient pas suffisants pour avoir un impact sur
les parts de l'OPEP sur le marché mondial, ils représentent
toutefois un potentiel important de remplacement de ses exportations vers
l'Amérique du Nord et particulièrement vers les
États-Unis. A l'heure actuelle, le pays consomme 25% du pétrole
produit dans le monde et les importations couvrent 70% de ses besoins
(Deslandes, 2008). Ils représentent le plus vaste marché
potentiel pour les volumes croissants de brut synthétique et de bitume
fluidifié. Le Canada est déjà le plus important
fournisseur d'énergie des Etats-Unis, satisfaisant à 12% de ses
besoins en matière de consommation de pétrole et
représentant 18% des importations de pétrole américaines
(CAPP, 2010). Les sables bitumineux sont de plus en plus perçus comme
une opportunité de garantir l'indépendance
énergétique des Etats-Unis tout en assurant la
prospérité économique du Canada.
La production déclinante de sources autrefois
fiables ainsi que la volatilité du prix du pétrole
engendrée par l'incertitude économique et l'instabilité
géopolitique dans les régions productrices compromettent
l'assurance d'un approvisionnement énergétique sûr à
long terme. Alors qu'il y a quarante ans, les réserves
pétrolières appartenaient majoritairement à des
sociétés pétrolières privées, principalement
américaines, elles appartiennent aujourd'hui à des
sociétés nationales de gouvernements étrangers (CAPP,
2010). Les multinationales américaines ne font pas le poids face aux
monopoles d'État de la Chine, de la Russie et de l'Inde qui cherchent
à s'approprier une part des ressources mondiales en hydrocarbures sans
forcément vouloir bénéficier d'un profit (Deslandes,
2008). De plus, l'hostilité de nombreux pays producteurs face aux
Etats-Unis, tels le Venezuela et l'Iran dont la production se dirige vers
d'autres marchés, et la place de plus en plus importante qu'occupent les
Etats émergents obligent les Etats-Unis à diversifier et à
revoir leurs
sources d'énergie (Deslandes, 2008). Cette
vulnérabilité face au contexte géopolitique et les menaces
sur le développement et la sécurité nationale qui en
découlent imposent aux Etats-Unis des mesures pour garantir la
sécurité de leur approvisionnement énergétique. Les
nouvelles perspectives s'orientent donc vers le Canada qui s'avère
être une source de pétrole sûre et logique. L'effort
d'investissement suppose, en effet, un environnement politique, juridique et
économique stable et favorable (CAPP, 2010).
L'ampleur de la demande sur le continent et la
proximité des marchés destine à l'Amérique du Nord
la plus grande partie de la production issue des sables bitumineux, même
si les perspectives de leur exploitation reposent sur de nombreux autres
paramètre, tels la conjoncture économique internationale, les
prix pétroliers, les coûts de production, l'environnement et la
réglementation, l'amélioration des technologies et la situation
géopolitique (Deslandes, 2008).
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