1.2 L'automobile, un poids pour le budget des ménages
1.2.1 Un luxe indispensable
Liée à l'émergence du périurbain,
l'automobile est un élément essentiel et même indispensable
dans la vie du ménage périurbain. Du fait de la distance entre le
lieu de résidence et celui de travail, qui est bien souvent situé
en centre ville, soit à plusieurs kilomètres voire dizaines de
kilomètres, les trajets pendulaires sont donc une caractéristique
majeure des habitants de ces territoires. Si, en ville, les déplacements
sont plus courts, avec des coûts d'utilisation faibles, dans le
périurbain, ils représentent une part très importante,
surtout si la bimotorisation des ménages vient à s'imposer comme
une règle (Dias, Langumier et Demange, 2008). L'étude des
coûts pour ces derniers va mettre en évidence les enjeux pour les
personnes à faible revenus.
Une famille installée dans le périurbain,
accédant à la propriété, consacre aujourd'hui un
tiers de ses revenus au remboursement de l'emprunt, et de l'ordre d'un quart
à sa facture énergétique (Dias, Langumier et Demange,
2008). Or, on sait qu'à ses dépenses très lourdes mais
nécessaires, il faut encore ajouter près de 20% des revenus
consacrés aux déplacements (chiffre pour le périurbain
parisien, Polacchini, Orfeuil, 1999). Dans ces dépenses, plus de 86%
sont consacrés à l'achat, l'utilisation, l'entretien de la ou des
voitures personnelles (Bonnel et al, 1998). On arrive donc parfois
à des situations de surendettement inévitables pour les plus
modestes, et qui peuvent encore se fragiliser d'avantage à la moindre
hausse du prix des carburants. Pire, le moindre choc pétrolier ou
écotaxe sérieuse entraîneront des faillites (Dias,
Langumier et Demange, 2008). Les ménages du périurbain
apparaissent donc comme structurellement vulnérables.
Pour aller plus loin, on pourrait alors imaginer ce type de
scénario:
« Dans les quartiers pavillonnaires de grande
périphérie, des salariés n'arrivent plus à payer le
carburant pour se rendre à leur boulot. Certains décident de
vendre leur pavillon pour se rapprocher de la ville. La qualité des
services diminue. Des retraités rejoignent également la ville. Il
y a de plus en plus de maisons vides, les prix baissent... Des plus pauvres,
non salariés, en profitent pour s'y réfugier car les prix montent
près des centres-villes. Le parking de l'hypermarché local est de
plus en plus vide le samedi après midi, puis l'hypermarché ferme,
ainsi que les commerces adaptés à l'automobile. L'immobilier
s'effondre, les pauvres chassés par la hausse des loyers en ville
affluent, et les derniers périurbains aisés, encore en relations
avec la ville la rejoignent,... et le quartier résidentiel est
entièrement paupérisé. » (Dias, Langumier
et Demange, 2008)
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