2.2.3. Analyse diachronique 2.2.3.1. Site de
Dédougou
Les densités de glossines ont doublé de 2002
à 2010. Cette augmentation des DAP semble liée à une
variabilité saisonnière des conditions de vie des mouches. En
effet, dans le mois de novembre (notre étude), quelques rares pluies
continuaient d'arroser la zone ce qui a certainement favorisé le
maintien de la forte densité de saison pluvieuse jusqu'en cette
période. De plus, les conditions de vie des glossines sont meilleures
(température, ensoleillement et humidité relative) en saison
sèche froide (période de la présente enquête) qu'en
saison sèche chaude (période de l'enquête menée en
2002). Ceux-ci expliqueraient la supériorité des DAP actuelles.
De 2002 à aujourd'hui, la densité de G. tachinoides a
été multipliée par quatre et celle de G. palpalis
gambiensis diminué par deux. Cette dernière
prédominait en 2002 et cela pourrait s'expliquer par une certaine
conservation de la galerie de type soudano-guinéen pendant cette
période qui était plus favorable à G. palpalis
gambiensis. De nos jours, la situation s'est inversée où
G. tachinoides est dominante. Cette observation semble liée
à l'effet de l'anthropisation qui a entraîné une
destruction de la strate arborée en faveur de celle arbustive
créant ainsi un milieu plus favorable au développement de G.
tachinoides, au détriment de G. palpalis gambiensis
(Bouyer, 2006).
Le risque de transmission s'est doublé de 2002 à
2010. Le risque semble corrélé avec la DAP qui a également
doublé de 2002 à 2010. Même si l'effet saisonnier peut
expliquer ce doublement, on peut au moins dire que le risque n'a pas
diminuée dans cette zone.
2.2.3.2. Site de Folonzo
La diminution des DAP de G. tachinoides et de G.
palpalis gambiensis de 1980 à 2008 peut s'expliquer d'une part par
la variabilité du climat et d'autre part par l'accéleration de
l'anthropisation des paysages environnant le village de Folonzo
(Rayaissé et al., 2009). En effet, les zones
sahélo-sahariennes particulièrement la zone sahélienne du
Burkina Faso, ont connu une baisse de la pluviométrie de 1970-1996 suite
à des épisodes de séchresses se traduisant par le
déplacement des isohyètes vers le Sud (L'Hôte et
Mahé, 1996). La conséquence observée est la
réduction de l'hygrométrie et du temps de crue des cours d'eau.
Ce bouleversement des conditions de survie des glossines a certainement
entraîné une forte mortalité et le glissement vers le sud
des tsé-tsé suivant le niveau élevé des cours
d'eau. En outre, le nombre d'habitants de la population du village de Folonzo a
triplé de 1999 à 2005, suite à l'arrivée de
migrants et de rapatriés venus de la Côte d'Ivoire (Courtin,
2007),
engendrant ainsi une augmentation des superficies
cultivées et de l'installation des campements (ou hameaux de culture).
Cette augmentation de la densité humaine s'est faite d'une part au
détriment des interfluves et cordons ripicoles indispensables à
la survie des glossines et d'autre part au détriment de la population
des animaux sauvages (favorable aux fortes densités des espèces
riveraines étudiées ici) via le braconnage. Le site de
piégeage est situé dans une zone interdite au pâturage
d'animaux domestiques (forêt classée), donc les animaux sauvages
sont, en plus des hommes, les principaux hôtes nourriciers pour les
glossines.
La diminution des densités des mouches de moitié
de 2008 à aujourd'hui, notamment G. tachinoides, ne peut
cependant être uniquement attribuable aux causes citées
précédemment. En effet, lors de nos enquêtes, la zone a
reçu quelques jours de pluies importantes, ce qui a certainement
favorisé une dispersion de cette espèce dans la savane
avoisinante.
La faible densité de G. palpalis gambiensis
depuis les années 80 est une preuve que la galerie de type soudanien est
moins favorable à cette espèce qui préfère les
galeries de type guinéen (Bouyer et al., 2005).
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