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Le pneumothorax tuberculeux (a propos de 23 cas)

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par Mounir SLIMENE
Faculté de Médecine de Sousse Tunisie - Doctorat en médecine 2005
  

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VII. Evolution :

Le PT était naguère associé à un très mauvais pronostic et était pratiquement toujours fatal à plus ou moins brève échéance [8, 12]. Si les traitements modernes ont atténué dans l ensemble cette gravité pronostique, ils n arrivent pas à diminuer sa morbidité.

1. Durée d hospitalisation :

Blanco-Perez J [13] a trouvé que la durée d hospitalisation était plus longue chez le groupe de malades porteurs de pneumothorax tuberculeux par rapport à ceux dont le pneumothorax était d origine non tuberculeuse (en moyenne 41 jours versus 18 jours). Rachdi M [8] a rapporté que la durée d hospitalisation était de 108 jours en moyenne, allant de 3 à 235 jours. Dans notre série, elle était d une moyenne de 67,5 jours, variant de 9 à 164 jours.

2. Evolution sous traitement :

Différentes études soulignent le caractère astreignant et onéreux du traitement médical du PT. Toutefois, on insiste plus sur la valeur pronostique de la précocité de l instauration de ce traitement avant même la constitution de l épanchement.

Sharma T N [16] rapporte que le traitement médical a donné de bons résultats chez 60 % des malades. Pour Blanco-Perez J [13], ce même traitement a été mené avec succès seulement chez 30 % des patients. Dans notre série, le traitement médical a donné des résultats favorables chez 60,8 % des malades.

Le taux de mortalité enregistré au cours de la prise en charge par traitement médical du PT est rapporté de façon variable selon les auteurs, il varit de 5,2 % pour Sharma T N [16] à 28,5 % pour Taeib J M [12].

A côté du décès, les autres complications qui ont été fréquemment signalées sont :

- La surinfection du liquide pleural par des germes hospitaliers expliquant l échec du drainage et la possibilité d apparition d un choc septique[12, 16]. - La récidive du pneumothorax après l ablation du drain qui ne devra être ôté qu après plusieurs tentatives de clampage, montrant la stabilité sur plusieurs jours de la réexpansion pulmonaire.

- La décompensation de tares préexistantes (diabète, âge physiologique, insuffisance cardiaque, éthylisme) [12].

-Les localisations tuberculeuses extrapulmonaires notamment neuroméningée [20].

- La résistance thérapeutique aux antituberculeux [20].

- Les complications iatrogènes et inhérentes à une réanimation prolongée (emphysème sous-cutané, intolérance et toxicité médicamenteuse, accidents thrombo-emboliques...etc) [8].

L évolution après traitement chirurgical reste marquée surtout pendant la période post-opératoire immédiate par le risque parfois vital des complications infectieuses qui bien qu amendées par les thérapeutiques actuelles sont redoutables car il s agit souvent de malades débilités par la tuberculose sousjacente ainsi que par la virulence des germes rencontrés (staphylocoque, bacille pyocyanique) [8, 13].

Dans la série de Sharma T N [16], 16 malades sur 115 ont été opérés (13,9 %) avec évolution favorable chez 10 malades, 3 patients sont décèdés en postopératoire (défaillance respiratoire ; hémorragie interne ; infection postopératoire sévère) et pour les 3 autres patients, il y a eu reprise par thoracoplastie à cause de la persistance de la fistule.

Indiqué chez 5 de nos patients, le traitement chirurgical s est compliqué par le décès d un malade par choc septique à pseudomonas aéruginosa.

3. Complications à long terme :

L évolution vers la guérison du PT se fait souvent au prix de séquelles d importance variable. Rachdi M [8], sur une série de 24 PT a rapporté une évolution vers une pachypleurite chez 4 malades et l enkystement de l épanchement chez un malade. Dans notre étude, le suivi ultérieur des malades a révélé un enkystement de l épanchement pleural chez 3 malades (13 %) et le développement d une pachypleurite chez 12 patients (52,1 %) avec retentissement fonctionnel respiratoire d importance modérée à sévère.

Le PT conserve donc encore malgré l efficacité des drogues antituberculeuses et les progrès des méthodes de traitement local, une gravité pronostique incontestable avec une évolution longue et pénible presque toujours grevée de séquelles pleuro-pulmonaires engageant parfois lourdement le pronostic fonctionnel respiratoire.

Au terme de cette étude, certains faits méritent d être soulignés :

Bien que rare, le PT en particulier le pyopneumothorax tuberculeux constitue une forme sévère de tuberculose post-primaire qui s associe à une lourde morbidité.

Son diagnostic est volontiers facile lorsque le pneumothorax s associe à des lésions parenchymateuses fibro-cavitaires.

Même si l étiologie tuberculeuse n a pas été apportée, il ne faut pas hésiter à mettre en route un traitement anti-tuberculeux devant un contexte évocateur pour éviter les complications liées à un retard de prise en charge.

Insistons sur l intérêt aussi de la prévention basée sur un diagnostic précoce et un traitement adéquat de toute tuberculose pulmonaire cavitaire.

Enfin, espérons qu avec l application rigoureuse du programme national de la lutte anti-tuberculeuse et du DOTS ( Directly Observed Treatment Short-course) nous assisterons à une disparition des formes graves de tuberculose et notamment du PT dans un futur proche.

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