La participation outil de citoyenneté ?( Télécharger le fichier original )par Gildas CADUDAL Université de Nantes (France) - Maitrise en intervention et développement social 2005 |
Chapitre 1 : Les Foyers de Jeunes TravailleursI/ Présentation des FJT 36 1/ Histoire du mouvement 36 a/ La naissance des FJT et de leur Union 36 b/ L'âge de la pierre 37 c/ L'essor du socio-éducatif 38 d/ Le temps des incertitudes 39 2/ Cadre et missions 42 a/ Le projet pédagogique 42 b/ La fonction socio-éducative 43 c/ La fonction habitat 43 3/ Public accueilli 44 a/ La politique d'accueil 44 b/ Données statistiques sur les FJT et leur public 45 II/ Le cadre participatif dans les foyers 52 1/ Plusieurs instances légales 52 a/ Le conseil de concertation du Code de la construction 52 b/ La loi de rénovation sociale du 2 janvier 2002 53 c/ Le cadre associatif 55 2/ Une affirmation politique forte de l'UFJT 55 I/ Présentation des FJTLes Foyers de Jeunes Travailleurs sont destinés à accueillir et accompagner le public jeune dans son insertion sociale et professionnelle, en mettant à sa disposition des logements et des services appropriés. Avant de détailler plus précisément quels sont le cadre réglementaire, les missions et le public des Foyers , il est nécessaire de revenir sur leur histoire. 1/ Histoire du mouvement Les Foyers de Jeunes Travailleurs font partie des grands mouvements d'éducation populaire qui sont nés et se sont développés après 1945 dans les conditions difficiles de l'après guerre. S'ils constituent désormais des institutions reconnues il n'en a pas toujours été ainsi, et la construction du mouvement mérite l'attention, car il retrace et accompagne par delà son histoire spécifique l'évolution de la société française depuis soixante ans. a/ La naissance des FJT et de leur Union Les années cinquante sont marquées par deux phénomènes de fond très importants : la crise du logement et la migration massive vers les villes. Les problèmes de migrations intérieures, de manque de logement et d'insalubrité ne sont pas nouveaux. Ils existent et persistent depuis le XIXème siècle, mais cela se passe différemment pour les jeunes dans les années 50, car le phénomène est beaucoup plus massif et il revêt un caractère nouveau qui est l'isolement. En effet, durant la révolution industrielle un encadrement des jeunes célibataires en déplacement existait sous différentes formes, en liaison avec le métier (apprentissage, compagnonnage) ou l'origine géographique (installation dans le quartier de son « pays »). Cela constituait une transition et permettait une préservation des liens sociaux. Pour les jeunes filles des « couvent-internats » ont été mis en place dès le XIXème siècle par des oeuvres chrétiennes pour des motivations morales et hygiénistes, afin d'éviter par dessus tout qu'elles ne soient isolées donc vulnérables. Il y avait donc là aussi inscription dans un réseau de socialisation. Les foyers de jeunes travailleurs sont les héritiers de cela « La notion de protection traverse à des degrés divers l'histoire et la préhistoire des foyers (...) L'action auprès de la jeunesse s'impose naturellement pour sauver cette jeunesse du « désastre », pour la prémunir des déviances de leurs aînés, pour la protéger contre elle-même »103. Pour les « déplacés », ces jeunes qui migrent massivement vers les villes dans les années 50, il y a une rupture sociale et familiale, voulue ou subie, à laquelle s'ajoutent des difficultés à se loger et se nourrir dans des conditions salubres et décentes. Pourtant les jeunes déplacés ont du travail, mais leurs revenus sont faibles. De plus, ils ne constituent pas pour la société de l'époque une priorité. La préoccupation politique concerne la famille, et dans ce contexte « pro-nataliste » de l'après-guerre l'intérêt public ne se porte aux jeunes lorsqu'ils sont en couple qu'à partir de leur premier enfant. La 103 B. BASTIEN & P. BATAILLE, 1998, p.101-102 pénurie de logements concerne toute la population, et il n'y a pas de reconnaissance particulière de besoins qui seraient spécifiques à « la jeunesse ». Face à ce problème de nombreuses initiatives fleurissent un peu partout. Elles émanent de bénévoles souvent issus du militantisme social catholique. De nombreux foyers pour jeunes travailleurs sont créés un peu partout mais ils sont isolés. Du regroupement d'une vingtaine de foyers de l'ouest de la France naît le 6 février 1955 une association dénommée « Union nationale des Foyers de Jeunes Travailleurs » (UFJT), alors qu'à cette époque le nombre total de FJT est estimé à environ quatre cent. b/ L'âge de la pierre La période allant des année 50 aux années 70 est marquée par la nécessité impérieuse de bâtir. Les foyers qui existent sont petits et anciens, et pour répondre à la forte demande il faut construire plus grand et plus moderne. Les militants d'origine ont beaucoup « bricolé » pour créer des foyers, et les besoins tant financiers qu'humains nécessaires dépassent leurs possibilités. Bâtir n'est pas envisageable sans l'intervention de l'Etat. Guy Houist, premier président de l'UFJT, qui était aussi président de la commission logement de l'Union Nationale des Allocations Familiales, vice président de l'Union Nationale des Habitations à Loyers Modérés (HLM), et a appartenu à plusieurs cabinets ministériels du Mouvement Radical Populaire (MRP), va proposer et obtenir la possibilité pour les sociétés HLM de louer à une personne morale. En effet, un problème majeur pour les jeunes était le refus de louer à des célibataires tant de la part des propriétaires privés que des HLM. L'impossibilité pour les FJT de sous louer des logements HLM constituait un obstacle important. La possibilité obtenue par Guy Houist de louer à une personne morale laisse le champ libre aux foyers concernant les attributions de logement. De plus cette avancée va permettre des collaborations entre les offices et les FJT, les premiers constructeurs et propriétaires laissant aux seconds la gestion des bâtiments. Des débats nombreux et passionnés ont lieu à cette époque à propos de la taille idéale des Foyers de Jeunes Travailleurs. Ils ont en fait été tranchés par les normes de financements imposées aux constructions HLM à l'époque. Il fallait construire vite, beaucoup et à bas prix. Ce sont donc des foyers moyens et grands qui sont construits : « Nombre de foyers édifiés dans les années 60 présentent (...) les mêmes caractéristiques que les immeubles de banlieues qui naissent au même moment, et ont connu un vieillissement semblable » 104. La gestion de foyers de plus en plus grands va profondément transformer les équipes qui s'occupent des FJT ; c'est à cette période qu'apparaissent les premiers « permanents ». Ce sont d'abord des militants qui deviennent permanents, mais des professionnels entrent également dans les foyers. Progressivement, ils vont se substituer complètement aux bénévoles lesquels vont se retrouver cantonnés aux rôles d'administrateurs. c/ L'essor du socio-éducatif Progressivement, les FJT qui ont résolu les soucis de construction vont quitter la simple 104 Françoise GASPARD, UFJT d'une jeunesse ouvrière à une jeunesse incertaine, quarante ans d'histoire d'un mouvement associatif 1955-1995, 1995, p.56-57 logique hôtelière pour se concentrer sur leur mission socio-éducative : « La maison était construite. Il nous fallait nous occuper du contenu, et le contenu (...) c'était le socioéducatif »105. L'objectif prioritaire est alors de concourir à travers les Foyers de Jeunes Travailleurs à la socialisation des jeunes « ouvriers et ouvrières » en leur apportant « ...un environnement convivial, des points de repères ainsi qu'un idéal à atteindre : celui de la famille bourgeoise »106 . Cette volonté d'accompagner vers l'autonomie arrive dans un contexte nouveau, où la préoccupation de donner un toit et un logement décent n'est plus la priorité. Les enfants du baby-boom ont grandi et les années 60 sont marquées par l'émergence de la « jeunesse » en tant que groupe spécifique. Il est tout à fait nouveau que l'effet de génération se substitue aux communautés d'appartenance, qu'elles soient d'origine ou professionnelle. C'est ainsi que dans les foyers également « ...le travailleur s'efface, insensiblement, derrière le jeune... »107 . Au niveau national, la jeunesse suscite le débat et l'inquiétude dans la société ; des phénomènes nouveaux comme l'allongement de la durée de la scolarité entraînent une entrée plus tardive dans l'âge adulte. Devant ces constats, des enquêtes nationales sont menées et cette nouvelle « classe » devient objet d'étude pour les sociologues. La professionnalisation des personnels dans les FJT, liée à l'évolution de la mission du logement vers le socio-éducatif entraîne une hausse des charges de gestion pour les foyers. L'Union nationale des Foyers de Jeunes Travailleurs va servir de relais et de groupe de pression auprès des pouvoirs publics pour faire reconnaître cette nouvelle mission sociale et en obtenir le financement partiel. Lors du congrès de l'UFJT de 1967 une motion rajoute l'aspect socio-éducatif aux missions des FJT. Afin de valoriser et unifier les pratiques au sein des foyers l'Union nationale réalise et diffuse des grilles d'analyse. Cela permet de rendre visible et de montrer l'efficacité de l'intervention socio-éducative aux pouvoirs publics. Ce travail conjugué d'analyse de terrain de la part des Foyers et de pression au niveau de l'Union nationale des FJT va déboucher en 1971 d'une part sur la création d'une ligne « Aides aux jeunes travailleurs » dans le budget du ministère des affaires sociales, d'autre part sur l'éligibilité des FJT aux postes subventionnés par le Fond de Coopération de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire (FONJEP)108. L'institutionnalisation des foyers est concrétisée lorsque l'Etat publie une circulaire définissant le rôle des Foyers de Jeunes Travailleurs et fixant des conditions à leur agrément109. La valorisation du travail socio-éducatif dans les FJT va amener à accorder aux jeunes résidents une place nouvelle dans l'organisation, la gestion et le fonctionnement des foyers. L'idée d'aider les jeunes à s'intégrer dans la vie de la cité passe par la participation et la prise de responsabilités au sein du foyer. Cela ne va pas se faire sans remous, puisqu'au début des années 70 les résidents vont se servir de cela pour créer des mouvements protestataires au sein des FJT, remettant en cause « les foyers caserne » dans leur fonctionnement et leur règlement intérieur, ceci en organisant des manifestations et des grèves de loyer. L'analyse sociologique de ce mouvement montre qu'il s'agit moins d'une porosité tardive aux idées libertaires que d'une évolution de la 105 Idem, citation de Paul GUERIN p.73 106 Idem 107 Idem 108 Créé en 1964, le FONJEP est une association loi 1901, qui réunit des financeurs publics et des associations. Son but est de faciliter la rétribution de personnels permanents, remplissant des fonctions d'animation et de gestion employés par des associations . 109 Circulaire du ministère des Affaires sociales du 18 mai 1971 population des FJT, qui traduit un changement en profondeur de
la société. En effet les En quelques années la composition du public des Foyers s'est pourtant profondément modifiée. L'allongement de la durée des études, l'accès en nombre des filles aux universités ont pour conséquence une baisse du nombre de jeunes travailleurs pour les FJT. D'un point de vue sociologique, ce ne sont plus massivement des jeunes ruraux déracinés qui poussent la porte des Foyers de Jeunes Travailleurs, mais de jeunes urbains, c'est également un changement important. La fin des années 60 est marquée par un phénomène nouveau, il y parfois vacance de logement dans les FJT, qui en réaction ouvrent désormais à des publics de jeunes ayant d'autres statuts que jeunes travailleurs, notamment les étudiants. Cela contribue à un brassage et à une certaine mixité sociale, la population est moins homogène et plus revendicative. Ce mouvement va se traduire au niveau des FJT par une transformation très progressive des foyers séparés de garçons et de filles en foyers mixtes, ainsi que par la création de conseils de résidents où les résidents peuvent s'exprimer110 et désigner des représentants qui siègent dans les instances des associations gestionnaires. d/ Le temps des incertitudes Cette période débute avec le choc pétrolier de 1974 et le développement massif du chômage. La seconde moitié des années 70 est pour les foyers la période du constat de la fragilisation des jeunes face à l'emploi. En 1974, l'abaissement de l'âge de la majorité a pour conséquence l'arrivée nouvelle et importante de jeunes majeurs en rupture familiale. Face à cette évolution globale du public accueilli et aux problèmes nouveaux d'emploi, qui touchent principalement les jeunes peu qualifiés, les FJT vont expérimenter des actions de formation en direction des résidents. Petit à petit les cours du soir de remise à niveau donnés par des étudiants bénévoles se transforment en stages visant à des qualifications encadrés par des formateurs. Peu à peu, cela devient une nouvelle branche d'activité à part entière pour nombre de Foyers. A la mission socio-éducative s'ajoute donc de facto celle de l'insertion professionnelle. L'UFJT, désormais interlocutrice privilégiée des pouvoirs publics sur les questions relatives à la jeunesse, va faire reconnaître ce rôle nouveau lié à l'évolution du public. En 1976 puis en 1977 deux circulaires ministérielles viennent modifier et compléter sur ces points la circulaire de 1971. La situation économique qui se dégrade de plus en plus dans la deuxième moitié des années 70 frappe de plein fouet les jeunes, et les termes de précarité et d'exclusion apparaissent pour désigner les nouveaux problèmes sociaux. Les Foyers une nouvelle fois élargissent les critères d'accueil pour répondre à cette nouvelle catégorie de jeunes précaires. Toujours en collaboration avec l'Etat, l'UFJT obtient que le ministère des affaires sociales puisse accorder une « Aide de dépannage » pour aider les jeunes chômeurs à accéder à un logement en FJT. L'accueil de jeunes chômeurs dans des lieux créés pour aider des « jeunes travailleurs » est une rupture symbolique importante. 110 Entre autre « Il doit être consulté sur l'élaboration et la révision du règlement intérieur » précise le code de la construction qui régit l'organisation des résidences sociales. Au début des années 80, les Foyers de Jeunes Travailleurs n'hébergent plus majoritairement des « jeunes déplacés » venus des campagnes vers la ville pour travailler. Désormais, de nombreux jeunes citadins sont accueillis. Ils vivent hors de leur famille pour des raisons diverses : formations, ruptures, études... Cela s'accompagne d'une part par des séjours plus courts d'autre part par l'utilisation des foyers comme d'un mode de logement parmi d'autres pour les jeunes. Ce n'est plus le logement intermédiaire privilégié servant de lieu d'apprentissage entre le départ de la famille et le logement autonome. A l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, trois grandes commissions ayant les jeunes comme enjeu central sont créées. L'une d'elle dirigée par Bertrand Schwartz s'attache à l'insertion sociale et professionnelle des jeunes. Cette commission a associé étroitement à ses travaux l'Union nationale des FJT, car les expériences d'insertion menées expérimentalement dans certains Foyers, notamment à Nantes, étaient très en pointe dans ce nouveau champ. Cette ouverture à la société civile suscite beaucoup d'espoirs et amènera à des réalisations concrètes : « ...la création des Missions locales d'insertion est, en partie, sortie de notre travail de terrain et de son évaluation... »111. Avec l'explosion du chômage, il y a deux millions et demi de demandeurs d'emploi en 1986, soit cinq cent mille de plus qu'en 1981. L'exclusion s'étend, rendant les missions d'insertion de plus en plus difficiles. La précarisation se banalise, la « nouvelle pauvreté » apparaît, et le « traitement social » du chômage devient une priorité d'Etat. Désormais ce dernier ne s'appuie plus sur les expérience novatrices menées par les grandes associations, refermant la porte aux initiatives impulsées par la société civile. La « rigueur économique » imposée par l'Etat touche dans leur gestion les FJT au même titre que nombre d'autres structures sociales ou socio-culturelles. Les aides publiques diminuent, et les foyers doivent gérer au mieux leur ressources pour survivre. Le passage de 600 foyers en 1964 à 470 en 1991 tient de cela en grande partie. Les FJT qui n'ont pas pris le virage de « l'économie sociale », nouveau concept qui émerge au tournant des années 80, ont pour un certain nombre disparu. Cela a bien sûr des conséquences : « Vouloir faire aussi bien qu'une entreprise privée peut cependant conduire à des tensions entre gestion équilibrée et finalité sociale »112. A l'entrée dans les années 90, la situation dans les FJT est analysée comme un retour en arrière. En effet, les foyers construits dans les années 60 tout d'abord ont mal vieillis, et ensuite ont une palette d'habitat désormais inadaptée. L'offre majoritaire des Foyers de Jeunes Travailleurs reste de la chambre individuelle dans des grands collectifs, ce qui ne correspond plus à la demande. Le bâti s'est dégradé et réclame de lourdes réhabilitations. Paradoxalement les foyers sont remplis car les jeunes peinent à se loger, du fait de leur précarisation et de la pénurie de logements sociaux. « A Paris et dans la région parisienne on se retrouve dans la situation qui était celle au lendemain de la guerre (...). Compte tenu de la demande, les foyers pourraient réaliser leur équilibre de gestion en logeant simplement les étudiants et les jeunes travailleurs parfaitement solvables »113. Face au constat de dégradation du bâti et à la faible capacité financière des Foyers devant de tels chantiers l'UFJT, comme lors de sa création, monte au créneau pour solliciter l'intervention de l'Etat. Cela abouti sur un accord cadre conclu avec la Caisse des Dépôts et Consignations pour la réhabilitation d'une centaine de FJT. 111 M. GOUREAUX, ancienne présidente de l'UFJT, citée in F. GASPARD, 1995, p.114 112 Idem, M. GOUREAUX, ancienne présidente de l'UFJT, citée p.114 113 Idem, C.A. Armand, ancien président de l'UFJT, cité p.121 Document n°5 : Extrait d'éditorial du président de l'UFJT, avril 2004 Les maires de France, les centrales syndicales, les acteurs du logement expriment des inquiétudes vives et fondées sur le devenir du logement social... Mais qui les écoute ? On construit aujourd'hui moins de logements sociaux que dans les périodes les plus noires. (...). L'avenir est sombre pour les jeunes. Déjà souvent exclus du travail, ils auront de plus en plus de difficultés à accéder à un logement. Les besoins repérés aujourd'hui ne pourront être satisfaits que sur plusieurs années, et les programmes de constructions ont déjà cinq ans de retard ! Cette situation faite aux jeunes les disqualifie à leurs yeux mêmes ! Et il ne s'agit pas seulement des plus fragiles d'entre-eux, mais aussi de ceux qui seraient sur le point de trouver un emploi et de nombre de ceux qui en ont un. Source : Brève n°77 Arrivé au milieu des années 90, l'histoire des FJT et de leur Union Nationale est marquée par « le temps des incertitudes ». Le public des foyers est extrêmement précarisé et morcelé ; depuis longtemps déjà les « travailleurs », au sens de ceux qui ont un emploi stable, sont en minorité. La fonction des FJT est désormais de faire en sorte d'éviter l'exclusion aux jeunes qui y sont hébergés, ceci en croisant les missions d'hébergement, d'accompagnement socio-culturel et d'insertion, le tout avec une dimension partenariale de plus en plus affirmée. Un symptôme de cette évolution est que désormais dans nombre d'équipes socioéducatives il y a au côté des « traditionnels » animateurs des éducateurs, des conseillers en économie sociale et familiale et parfois même des psychologues. Les années 2000 sont marquées à nouveau par la situation de crise du logement, comme en témoigne l'éditorial114 ci-contre. Cette crise s'accroît dans un contexte de baisse des financements publics, de retards pris dans les programmes de logements sociaux et de hausse considérable des prix sur le marché de l'immobilier (voir document n°6115 ci-dessous). Une conséquence est « ...pour les jeunes, la part du revenu consacrée au logement est passée de 29% en 1988 à 40% aujourd'hui avant aide publique, lorsqu'elle existe »116.
Nous retiendrons de ces cinquante ans d'histoire trois points. D'une part la capacité qu'ont eu les fondateurs de l'UFJT à s'unir, et à transformer cette Union en interlocutrice et partenaire incontournable de l'Etat et des collectivités locales sur la question du logement des jeunes. Ensuite face à la considérable évolution de la situation des jeunes en un demi siècle et l'adaptation, la réactivité, qu'ont su avoir les FJT en élargissant leurs champs d'action. Enfin les dimensions associative et professionnelle qu'ont su combiner et faire évoluer les FJT, articulant soucis d'éducation populaire et soucis de gestion, assurant par là une troisième voie que « ...ni l'Etat, ni l'entreprise privée ne pouvaient assurer... »117. 114 Jean ALLAIN, président de l'UFJT, « Le logement social grande cause nationale », Brèves n°77, avril 2004 115 Pierre AUREJAC, « Pour une nouvelle politique du logement des jeunes », Brèves n°81, juin 2005 116 Idem 117 Simone VEIL, dans la préface F. GASPARD, 1995, p.10 2/ Cadre et missions Aujourd'hui, les FJT sont des institutions sociales régies par la loi du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale118 (qui a réformé la loi du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales). Depuis janvier 1995, les FJT nouvellement créés rentrent dans la réglementation des logement-foyers instituant les résidences sociales lorsqu'ils ont été financés avec une aide de l'Etat. En tant que logement-foyers, ils sont également soumis à la réglementation du Code de la construction et de l'habitation relative à ces établissements. Les FJT sont principalement gérés par des associations. Ils peuvent l'être également par des Centres Communaux d'Action Sociale (CCAS) ou désormais, dans le cas des résidences sociales, par des organismes d'HLM. Les FJT sont « des institutions à but non lucratif qui mettent à la disposition des jeunes un ensemble d'installations matérielles pour leur hébergement et, le cas échéant, leur restauration, ainsi que des moyens qui permettent directement ou indirectement de favoriser leur insertion dans la vie sociale »119. Plus concrètement « Le FJT est un lieu de transition vers l'autonomie, de régulation sociale qui favorise le passage du jeune dans la vie active »120. La mission des FJT se répartit autour de trois axes : un projet pédagogique, une fonction socio-éducative et une fonction d'habitat. a/ Le projet pédagogique Les FJT définissent leurs missions dans un projet pédagogique, qui est élaboré par l'organisme gestionnaire et qui fait l'objet d'un contrat avec le résident. Les missions des FJT sont larges et concernent : ? la mise à disposition de logements adaptés aux besoins des jeunes pour des phases de transition préparatoires à l'autonomie et à la citoyenneté. ? l'accueil de jeunes en cours d'insertion professionnelle et sociale ; leur socialisation par des actions de qualification sociale s'appuyant sur la valorisation de leurs potentialités. 118 Ces aspects réglementaires seront davantage développés dans le chapitre II consacré au cadre de la participation dans les FJT 119 Extrait de la fiche de présentation des FJT disponible sur le site internet de l'UFJT 120 Jean-Claude ACCARIER, « Quelle itinérance pour les jeunes ? », Forum n°89, 1999, p.8 b/ La fonction socio-éducative Cette fonction comprend quatre aspects différents :
Document n°7 : Les différents habitats des FJT
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