3.4 Anatomie du genre Rhizophora 3.4.1 Anatomie des
Racines
Les palétuviers sont ancrés dans le substrat par
de nombreux rhizophores qui prennent naissance sur le tronc et les basses
branches. Ces rhizophores, dont la structure anatomique archaïque ne
correspond ni à la structure d'une tige, ni à celle d'une racine
se transforment en racines vraies sous la surface du sol et émettent
chacune une dizaine de racines secondaires horizontales
qui vont à leur tour se ramifier
abondamment. Les racines des palétuviers sont
d'une couleur blanche caractéristique, légères, à
écorce épaisse et spongieuse. Les racines les plus fines ont un
diamètre à peu près constant de 110 à 140 um et
correspondent aux ramifications d'ordre 3 ou 4. Elles peuvent atteindre une
longueur de 15 à 20 cm, parfois plus sans se ramifier. Ces radicelles
capillaires, de couleur blanche, sont pourvues d'une coiffe transparente de
type liorhize (Belzung,15 1900) de 1,5 mm de long et ne portent pas
de poils absorbants. La structure anatomique de ces radicelles capillaires est
très simple. L'écorce mesure 0,2 mm
d'épaisseur environ et renferme plusieurs assises de cellules à
tanin.
3.4.2 Anatomie du Bois
Tomlinson (1986) a résumé les
caractéristiques anatomiques uniques du bois de la mangrove. Sur le bois
d'Avicenia, Das et al. (1998) nous renseignent que les
anneaux de croissance sont manifestement anormales et
généralement absents (photo 5). Par conséquent, le
vieillissement des peuplements est difficile. Duke et al. (1992)
suggèrent que le nombre de cicatrices foliaires nodales est une
meilleure façon d'estimer l'âge des plants de Rhizophora.
Le bois de mangrove a des caractéristiques particulières qui
permettent aux arbres de surmonter le fort potentiel osmotique de l'eau de mer
et de la transpiration causée par des températures
élevées (Tomlinson, 1986). Par ailleurs, les
Rhizophoracae ont des plaques de perforation
scalariformes16 qui entrainent l'influence de la conduction de l'eau
à travers le bois. L'eau se déplace plus rapidement à
travers la zone poreuse dans laquelle se trouvent des vaisseaux de croissance
ultrapériphériques. La conduction
15 BELZUNGE, . - Anatomie et Physiologie
Végétales, Félix Alcan Ed., Paris (1900).
16 Ponctuations intervasculaires allongées ou
linéaires disposées en barreaux d'échelle
est beaucoup plus lente dans les pores où les tissus sont
plus uniformes en taille et en distribution. La plupart des bois de mangroves
ont des pores diffus, Wier et al., (1996).
3.4.3 Anatomie des feuilles
Photo 3 : Feuilles de Rhizophora à Saboya (ph. P.
BALDE)
Les feuilles de Rhizophora sont presque coriaces,
avec les nervures obscures. La cuticule est épaisse et lisse avec de
petits poils, ce qui donne à la plante une apparence brillante. Les
feuilles sont de taille moyenne et sont disposées successivement
à un angle inférieur à 180° (Photo 3). Cet
arrangement réduit l'auto-ombrage et produit des systèmes de
branche qui remplissent l'espace dans la plupart des cas en permettant une
optimisation de la photosynthèse (Tomlinson, 1986). Les feuilles ont
généralement une symétrie dorsiventrale. L'excroissance
cuticulaire porte soit sur la face externe du pore stomatique soit sur les deux
faces. Ces structures permettent de réduire la transpiration stomatique
qui est importante, étant donné la forte concentration des
solutions de l'eau (Das et al., 1993). Les feuilles de mangrove ont
des cellules spécialisées idioblastes, des cellules tannins
(Rhizophoracae), des cellules muqueuses (Rhizophora,
Sonneratia), des cellules cristallifères (Rhizophoracae),
des cellules du pétiole (Osbornia) et des cellules laticifères
(Tomlinson, 1986). Dans le cas général, les feuilles
placées ensemble manquent de fibres alors que la gaine est une extension
fasciculaire. Toutefois les feuilles possèdent des trachéides
élargies se terminant dans la veine.
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