Conclusion
Il résulte de notre étude que la pertinence de
la mesure de façon exclusive du capital humain par des mesures relatives
au niveau d'instruction n'est pas vérifiée. Nous avons
estimé que le fond du problème réside dans
l'hypothèse que l'éducation formelle est la principale composante
de l'investissement en capital humain. A cet effet, nous avons
vérifié cette hypothèse en tenant en compte d'autres
moyens d'acquisition du capital humain.
Le résultat de cette confrontation a montré
qu'effectivement, pour la filière riz, l'éducation contribue
à l'acquisition du capital humain mais son poids n'est pas le plus
important. Par conséquent, la mesure du capital humain par les
années d'instruction doit incorporer d'autres mesures comme
l'orientation des études (académique, technique,
professionnelle), les formations reçues qu'elles soient de type formel
ou informel, l'expérience. En effet, ces formes d'acquisition du capital
humain ne sont pas négligeables et leur omission peut engendrer des
biais. La partie simulation de notre étude qui est elle-même
basée sur un fond théorique et des résultats empiriques, a
par exemple montré que pour un niveau d'éducation donné,
l'âge et surtout l'expérience sont des facteurs altérant la
culture scientifique et que par ailleurs, l'expérience contribue de
façon notable à l'acquisition de connaissances pratiques. La
fiabilité du nombre d'années d'instruction comme mesure du
capital humain se trouve alors limitée si ces formes d'acquisition sont
négligées.
Une mesure multidimensionnelle intégrant le maximum de
moyens potentiels d'acquisition du capital humain se trouve alors avantageuse
du point de vue de sa capacité à refléter plus
fidèlement le capital humain. Une mesure plus directe par des tests de
connaissances serait encore mieux mais ces tests se feraient avec un coût
financier lourd. Par conséquent, la méthode que nous proposons se
situe entre les deux procédés en essayant de trouver un compromis
entre fiabilité et coût. En effet, cette méthode donne
l'avantage de pouvoir estimer le score de test à partir des
investissements potentiels en capital humain.
Cependant, il faut reconnaître que notre étude
comporte des faiblesses majeures. D'abord, comme toute étude
basée sur des données transversales, les estimations sont
basées sur l'hypothèse d'une homogénéité de
l'éducation ainsi que les autres formes d'acquisition du capital humain
dans le temps et dans l'espace. Cette homogénéité concerne
aussi les facultés d'acquisition des individus. Deuxièmement,
dans la formulation du test, nous sommes conscients que le poids de chaque
thème n'est pas équilibré. De plus, comme pour le cas de
la théorie du signal, nous nous sommes basés sur nos croyances
sur les compétences directement liées à la
productivité. Nous ne pouvons donc pas être sûrs que ce test
représente complètement le capital humain dans le cadre de la
filière étudiée. Enfin, nous sommes conscients que la
taille de notre échantillon est faible. En conséquence, la
précision de nos estimations est très réduite, ce qui
réduit la portée des conclusions tirées de cette
étude.
Toutefois, la méthode proposée est applicable
dans d'autres filières. En effet, il s'agit d'une méthode mais
non d'une mesure toute faite. Elle renseigne sur les démarches à
suivre mais non sur les résultats, elle n'est pas parfaite et des
améliorations sont concevables.
Si nous voulons étendre le débat, il est
intéressant de remarquer qu'ici nous n'avons pas pu combiner des
données sur la productivité avec celles sur le capital humain.
Or, c'est par le gain de productivité que se transmet le gain de revenu.
La méthode d'évaluation proposée mesure alors
l'efficacité de l'acquisition du capital humain par différents
types d'investissements tandis que le rendement de ces investissements
s'évalue par l'évaluation du surcroit de revenu induit. Avant
d'arriver au bout de la chaîne, plusieurs paramètres sont à
considérer. Par exemple, la technologie de production peut-elle utiliser
d'une manière efficiente le capital humain des travailleurs ?
Comment mesurer la dépréciation du capital humain induit par
l'inexistence de matériels appropriés pour la production ?
Est-ce que le marché du travail est réellement segmenté
comme le suggère la théorie de la segmentation du marché
du travail ? Et par conséquent comment peut-on agir sur ce
marché pour introduire les secteurs cibles dans le marché des
« good job » ?...
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