4. Déséquilibres
environnementaux
En 2000 par exemple, attendues pour mars, les
premières pluies ne sont tombées qu'en mai dans le Sud Ouest du
pays. Entre temps, les puits s'étaient asséchés et le
débit du fleuve Oubangui avait baissé des deux tiers (Direction
de l'Hydraulique). Selon Pierre Mouchili Njipouta (2005), ancien expert des
Nations unies sur les questions d'environnement, ces perturbations
résultent des changements climatiques perceptibles sur toute la
planète. Il faudra « désormais s'y habituer, car les
pays tropicaux d'Afrique ne sont pas épargnés. Les effets de
la dégradation de l'environnement au Japon ou aux États-Unis
peuvent se répercuter facilement dans n'importe quel pays dans le
monde», prévient-il.
Selon les scientifiques, la déforestation contribue
chaque année à près du quart des émissions
mondiales des gaz à effet de serre. Des conséquences qu'ignorent
les habitants pauvres de ces régions qui, en détruisant la
forêt et la savane, cherchent avant tout à se nourrir. La
désertification risque de toucher d'ici peu la moitié de la
superficie de la République centrafricaine, prévient Antoine
Kémba (2005), consultant en environnement. On note déjà
une progression des terres arides, consécutive, selon les chercheurs,
aux feux de brousse et aux trop nombreuses coupes d'arbres. Cette situation
réduit la capacité de l'environnement à absorber le gaz
carbonique et à produire de la vapeur d'eau, nécessaire aux
précipitations, explique Jean-Claude Bomba (2006). La contrainte
climatique principale n'est pas simplement la baisse et la rareté des
précipitations, mais également la variabilité dans la
distribution, et l'imprévisibilité des précipitations, qui
augmente du sud au nord, et constitue des facteurs de contrôle
déterminant de l'écosystème soudano-guinéen et de
la modification de la végétation.
Les aléas climatiques sont considérés
comme des contraintes pour l'environnement. Il semble difficile de
différencier les impacts liés au climat et de ceux
occasionnés par l'homme à l'origine des modifications
environnementales. Brou (2001), recherchant la relation entre climat et
dynamique des écosystèmes dans le V
Baoulé (Côte d'Ivoire), conclut que l'importance des
déficits pluviométriques est susceptible de fragiliser les
écosystèmes de forêt et de savane, surtout à
l'occasion des années «anormalement sèches», comme ce
fut le cas lors de la période 1982-1983.
Les effets de cette variabilité pluviométrique
peuvent se révéler très dommageables sur le plan de
l'environnement, en ce sens qu'ils modifient les données d'un
équilibre déjà mis à mal par la pression
anthropique : déforestation, feux de végétation,
activités agro-pastorales et minières. En effet l'ampleur des
dommages causés par les défrichements et brûlis souvent
sans souci de préservation d'un héritage biologique pour
l'équilibre du milieu est considérable. Les opérations de
reboisement menées dans «tout le pays» restent cependant
isolées et manquent de suivi. Les résultats attendus à
moyen et long termes sont sujets à caution.
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