2.
Position et justification du sujet
En Afrique Tropicale, d'importantes études sur la
variabilité et les fluctuations climatiques en relation avec le
développement et l'environnement ont été menées par
plusieurs auteurs dont : Motha et al. (1980), Fontaine (1981),
Janicot (1985), Boko (1988), Samba-Kimbata (1991), Bakam (1996), Bigot et
al. (1998), Houndénou (1999), Ndjendolé (2001),
Philippon (2002), Sighomnou (2004) et Brou (2005). Ces auteurs, par la
densité des travaux entrepris, ont montré l'existence d'une
opposition de phase entre les anomalies pluviométriques du Golfe de
Guinée et celles des régions de Grands Lacs à partir des
séries de la Côte d'Ivoire, du Bénin, du Nigeria et des
deux Congo. La tendance à la baisse des totaux annuels dans un champ
pluviométrique relativement homogène a été
observée. Les statistiques appliquées aux séries des
hauteurs annuelles précipitées montrent l'existence d'une rupture
survenue entre les années 1968 et 1973. Les déficits
pluviométriques correspondants sont de l'ordre de 20%. Ils atteignent
parfois des valeurs supérieures à 25%, notamment sur la
côte atlantique (Houndénou, 1999) et dans les régions
forestières (Maloba-Makanga, 1995), confirmant ainsi que
l'Afrique Tropicale « humide » a, elle aussi,
été touchée par la variabilité
pluviométrique.
Particulièrement en Centrafrique, peu d'auteurs, avec
des axes et des objectifs de recherche diversifiés ont
étudié la relation entre la variabilité climatique et les
thématiques suivantes : affections pathologiques (Bomba, 1991 et
1999), production agricole (Ndjendolé, 1994 et 2001; Kembé,
1995), ressources en eau (Feizouré, 1994 ; Beangaï, 2003) et
dynamique des écosystèmes (Doukpolo, 2001).
La présente étude qui s'intitule :
Variabilité et tendances pluviométriques dans le Nord-Ouest
centrafricain : enjeux environnementaux s'appuie sur ce
« substratum scientifique » tout en s'ouvrant sur d'autres
aspects novateurs permettant de mettre en exergue les tendances
pluviométriques et leurs enjeux pour l'environnement. C'est ce qui
justifie notre motivation à vouloir apporter une contribution sur une
étude complémentaire des faciès climatiques, certes
explorée, mais encore dénuée d'ouvrages
spécifiques.
3.
Problématique de l'étude
Le Nord-Ouest
centrafricain par sa situation géographique fait partie des
écosystèmes les plus représentatifs et les plus
variés de la sous-région de l'Afrique Centrale. A l'instar des
pays tropicaux au climat soudano-guinéen, l'environnement naturel dans
cette partie du pays est depuis plus de trois (3) décennies
marqué par d'importantes mutations sociales et agro-écologiques
(ARDESAC, 2001): dynamique des agrosystèmes, insécurité
alimentaire, modifications locales induites par les flux migratoires, faible
productivité et érosion des sols. Ces différentes
transformations du milieu suscitent des interrogations sur la gestion des
ressources naturelles, la durabilité des systèmes de production,
les relations entre le climat et la dégradation de l'environnement.
L'accentuation de la fragilité ou de la
vulnérabilité du milieu nord et ouest centrafricain s'inscrit
dans le contexte de la variabilité climatique et de la
précarité des conditions socio-économiques des populations
qui, face à la pauvreté, n'accordent pratiquement pas
d'intérêt aux discours écologiques. L'action
anthropique s'exerce notamment par l'exploitation industrielle des forêts
et gisements miniers, les pratiques pastorales et la culture attelée.
L'ensemble de ces pressions humaines, conjuguées à la
péjoration pluviométrique sur une zone déjà
écologiquement fragile, accélère le processus de
dégradation de l'environnement.
L'analyse de l'évolution des
précipitations dans le Nord-Ouest de la Centrafrique et les tendances
qu'on peut y détecter au cours de la deuxième moitié du
XXème siècle sont du plus grand intérêt pour une
région où les ressources écologiques et hydriques
constituent les enjeux économiques majeurs des populations locales et
par voie de conséquences, de la gestion durable de
l'environnement. Les indicateurs environnementaux disponibles font
état d'une diminution des précipitations, d'une accentuation
de l'irrégularité pluvieuse, d'un raccourcissement de la saison
humide et d'un amenuisement du potentiel écologique.
|