RESUMÉ
Le Nord-Ouest de la Centrafrique, espace situé
entre 3°45' et 8° 35' N, a connu autour des décennies 60-70,
une variabilité du régime pluviométrique. Pour
étudier cette variabilité et rechercher la tendance des
précipitations, des séries chronologiques à divers pas de
temps entre 1951 et 2000 sont soumises aux tests statistiques de
détection de rupture de stationnarité. La variabilité
spatio-temporelle du paramètre étudié a été
caractérisée et la tendance pluviométrique
significativement négative a été mise en évidence.
Les résultats d'analyse révèlent une alternance
d'épisodes humides et d'épisodes secs avec des déficits
pluviométriques très marqués. Diminution progressive de la
pluviométrie, accentuation de l'irrégularité pluvieuse et
raccourcissement de la saison humide ont été confirmés.
Ces fluctuations pluviométriques ont contribué à
fragiliser l'environnement naturel fort déjà anthropisé.
Les enjeux de cette variabilité sont préoccupants pour la
gestion des ressources environnementales.
Mots clés : Nord-Ouest
centrafricain, variabilité pluviométrique, recherche des
tendances, environnement.
ABSTRACT
The North-West of the Central Africa, located between
3°45' and 8° 35' N, has experiential of rainfall cycle around decades
60s-70s. To study this change and look for the trends rainfalls, chronologic
series of some steps of time have been submitted to statistic tests of
detection of stationary rupture between 1951 and 2000. The spatio-temporal
change of the studied parameter has been characterized and the rainfall trend
has been brought to the fore in a significantly negative way. The results of
analysis reveal an alternation of wet episods and dry episods with increased
rainfall deficiencies.
Progressive reduction in rainfall, increase of rain
irregularity and shortening of the rainy season have been confirmed. These
pluviometric fluctuations have contributed to weaken the strong natural
environment which was already exploited. The stakes of this rainfall change are
worth-considering for the management of environmental resources.
Key words: North-West of Central
African, rainfall change, look for the trends, environment.
INTRODUCTION GENERALE
1.
Contexte scientifique de l'étude
Les questions de changement et de variabilité
climatiques préoccupent depuis quelques temps les scientifiques et les
décideurs politiques en raison de leurs conséquences
immédiates et durables sur l'environnement. Les conclusions d'analyses
faites sur l'évolution du climat par l'Intergovernmental Panel on
Climate Change (IPPC, 2001 et 2007) ont prouvé une modification de
l'équilibre énergétique du système
« Terre-0céan-Atmosphère-Biosphère ».
Aux basses latitudes, ce déséquilibre est
caractérisé par une péjoration ou altération
climatique.
En effet, l'espace climatique tropical connaît depuis
quelques décennies une variabilité pluviométrique.
Celle-ci a attiré l'attention de la communauté universitaire
(Paturel et al., 1998 ; Servat et al., 1999) ; elle se
manifeste par des anomalies et des crises plus ou moins aléatoires.
Cette variabilité se caractérise aussi par de phases successives
ou alternatives d'excédents et de déficits hydriques. Ses
conséquences peuvent être durables sur le cycle hydrologique
surtout lorsqu'elle se traduit par de longues périodes de
sécheresse ou d'excès d'eau (Afouda et al., 2001).
En Centrafrique comme ailleurs en Afrique Tropicale, la
pluviométrie est le paramètre climatique le plus
fréquemment observé dans les réseaux de mesures
météorologiques au sol. Elle est même qualifiée de
« variable rebelle » compte tenu de sa grande
variabilité spatio-temporelle. A ce propos, Fontaine (1990)
évoquant la diversité et la variabilité des climats dans
les basses latitudes note qu'ils sont marqués par l'absence
d'un véritable hiver thermique et la primauté du critère
pluviométrique. La plus grande abondance des précipitations, leur
répartition dans l'espace et dans le temps, constitue les principales
contraintes pour l'adaptation des organismes vivants du milieu. Cette
affirmation laisse entrevoir que l'enjeu majeur pour initier les
politiques d'aménagement de l'espace en terme du climat peut
résider dans l'appréhension de ces contraintes. La bonne
répartition spatio-temporelle des pluies a donc une importance
particulière pour les activités socio-économiques, les
écosystèmes naturels et anthropiques.
Cependant, depuis la fin de la décennie 60, des
sécheresses récurrentes ont frappé les régions
sahéliennes de l'Atlantique aux contrées de la Corne de l'Afrique
en passant par les régions de l'Afrique Centrale au point où,
Paturel et al.(1996) ont démontré que la sécheresse gagne
également l'Afrique Tropicale humide. Cette succession d'années
déficitaires n'est pas annonciatrice d'une irréversible
dégradation de la pluviosité (Suchel, 1988) ; toutefois,
elle a provoqué des désastres écologiques et une baisse
drastique des productions agricoles. Ainsi, caractérisées
essentiellement par une baisse sensible de la pluviométrie et une
diminution des apports en eau de surface, ces fluctuations semblent
s'étendre plus au Sud vers les régions équatoriales.
L'analyse de cette situation climatique a permis à
Tsalefac (1986) de noter que la tendance à la baisse de la
pluviosité observée en Afrique de l'Ouest depuis la
décennie 70 a eu des répercussions jusque dans les massifs
forestiers de la Sangha Mbaéré en Centrafrique et de la
Mayombe au Congo. Elle est marquée par un déficit
pluviométrique manifeste en 1982 et 1983. Pour Bakam (1999), ces
années exceptionnellement sèches s'expliquent par une
perturbation dans la migration latitudinale de l'anticyclone de
Sainte-Hélène influencé périodiquement par la
circulation océanique du Pacifique. Ainsi, les résultats des
travaux réalisés par les Hydrologues du projet ICCARE (Servat
et al., 1999) et FRIEND-AOC (Amani et al., 2002) indiquent
qu'il est possible d'établir une relation à l'échelle
annuelle entre le phénomène El Niòo Southern Oscillation
(ENSO) et la succession des périodes sèches et humides
observées en Afrique Occidentale et Centrale au cours des trente
dernières années.
La concomitance des déficits pluviométriques
liés aux phénomènes ENSO observés en 1982-1983 et
1997-1998 constitue une excellente illustration. Une étude sur le
diagnostic saisonnier des anomalies de précipitations en Afrique
Atlantique Equatoriale, montre que le phénomène n'a pas beaucoup
d'influence sur toute l'année. C'est seulement sur les pluies de
décembre, janvier et février que la corrélation est
justifiée.
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