5 PRINCIPAUX PROBLEMES IDENTIFIES ET PISTES DE
SOLUTION
5.1 Insuffisance en personnel formé en prise en
charge syndromique des IST
Le projet durant les trois ans, a formé en prise en
charge syndromique des IST, 128 agents de santé sur un potentiel
à former de 329, cela représente 39% de formés.
L'insuffisance en ressources financières au niveau du projet n'a pas
permis de répondre à une forte demande en formations dans la
région.
En outre on a observé une relative mobilité du
personnel formé, par exemple en fin 2000 dans le district de Diapaga,
sur 40 agents de santé formés 14 (35%) étaient hors de la
DRS de Fada.
Pour minimiser les besoins très importants des
formations initiales, nous préconisons que les différentes
institutions de formation de professionnels de santé (médecins et
infirmiers) intègrent l'enseignement des ordinogrammes en
général, la prise en charge syndromique des IST en particulier
dans les curricula de formation ; toute fois, des sessions courtes de recyclage
seront toujours nécessaires pour intégrer des connaissances
nouvelles sur la problématique des IST. En attendant, il faut trouver un
système de motivation pour mieux stabiliser le personnel soignant ; il
faut dire que la région reçoit annuellement du nouveau personnel
constitué essentiellement d'agents nouvellement sortis des institutions
de formation, d'où un besoin perpétuel en formation pour le
moment.
Nous insistons aussi sur la nécessité de prendre
en compte lors des formations en prise en charge syndromique des IST dans la
région sanitaire de Fada, les agents de santé de l'hôpital
régional et le personnel de santé extra public (militaire et du
secteur privé).
5.2 Coût relativement élevé du
traitement de certains syndromes IST
Les coûts de traitement des syndromes restent
relativement élevés notamment la prise en charge de
l'écoulement vaginal. Si nous comparons par exemple les coûts de
traitement de la vaginite et la cervicite&trichomonase (selon les
algorithmes nationaux et dans la situation où l'on ne dispose pas de
spéculum) par rapport aux coûts moyens de traitement d'un
paludisme simple et d'une pneumopathie simple qui sont estimés dans la
région respectivement à 250 F CFA et 350 F CFA ; nous trouvons
que la vaginite coûte 2,69 fois et 1,92 fois respectivement les
coûts du paludisme simple et la pneumopathie simple. Le traitement de la
cervicite&trichomonase coûte
environ 8,6 fois le prix de traitement du paludisme simple et
6,15 fois celui de la pneumopathie aigue simple.
On arrive à une situation plus compliquée
lorsqu'on doit faire la notification aux partenaires (ce qui est d'ailleurs
recommandé).
Devant cette situation, quelles solutions à envisager ?
Le système de << péréquation >> des prix des
médicaments IST, le marketing social ou encore la subvention pure et
simple de ces médicaments ; nous allons passer alors en revue tour
à tour ces solutions.
Le système de << péréquation
>> des prix des médicaments IST est un mécanisme dont le
but est d'avoir un coût forfaitaire unique pour n'importe molécule
retenue dans la liste des médicaments contre les IST ; la
difficulté majeure de ce mécanisme est la fixation de ce prix
pour permettre le recouvrement des coûts ; sa faisabilité reste
encore à être démontrée.
Le marketing social est considéré comme un moyen
efficace pour augmenter l'acceptabilité, l'accessibilité de la
prévention et du traitement des IST ; il se focalise non seulement sur
les médicaments mais d'une manière générale sur la
lutte contre les IST. Le marketing social des médicaments anti-IST a
été inauguré avec l'expérience du Cameroun, connue
sous le nom << MSTOP >> qui avait enregistré peu de
succès.22 Mais l'expérience Ougandaise << Clear
Seven >> a connu un succès relatif.23 L'intervention
dans ces 2 expériences a consisté à confectionner des
paquets contenant chacun des doses de médicaments contre la gonococcie
et la chlamydiose, un prospectus sur les IST, des cartes de
référence pour les partenaires et enfin des condoms. La mise en
oeuvre d'une telle approche est très difficile dans notre contexte, sa
réussite passe nécessairement par un soutien très fort des
décideurs et une forte sensibilisation des acteurs du système de
santé. Il faut remarquer que les 2 expériences n'ont
concerné que seulement l'urétrite, l'extension aux autres
syndromes pourrait s'avérer difficile.
La subvention (partielle ou totale) des médicaments IST
par l'état ou par d'autres bailleurs de fonds reste la solution la plus
souhaitable mais aussi difficilement réalisable ; en fait nous sommes
devant un problème d'accès aux médicaments en
général ; mais devant cette situation urgente causée par
le VIII, des efforts doivent être faits de part et d'autre pour rendre
ces médicaments contre les IST disponibles et accessibles à la
population.
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