CHAPITRE VII : CONSERVATION DES DROMADAIRES EN
TUNISIE
I- INTRODUCTION
Comme déjà mentionné, l'espèce
cameline a des fonctions multiples, elle contribue au développement
socio-économique des populations rurales et urbaines en Tunisie. Mais,
sous l'effet conjugué de la pression de certains facteurs dont la
croissance démographique, l'évolution socio-économique et
les aléas climatiques, certains éleveurs considèrent
l'élevage camelin comme une activité secondaire et parfois ils
l'abandonnent. Paradoxalement, l'espèce comme réservoir
génétique doit contribuer significativement à combler les
besoins des consommateurs en produits animaux de plus en plus pressants. La
solution à ce dilemme passe nécessairement par la mise en oeuvre
d'actions concertées entre les communautés locales, les
structures techniques et scientifiques et les institutions politiques en vue
d'une meilleure conservation et utilisation durable des ressources
génétiques animales d'une manière générale
et camelines particulièrement dans les régions arides. Cependant,
la préservation et l'utilisation durable de la biodiversité
exigent des données, des informations et des connaissances
complètes sur l'espèce. Les résultats
présentés dans les chapitres précédents, dans le
cadre de cette thèse, apportent des renseignements sur l'élevage
des dromadaires en Tunisie.
La convention mondiale de la biodiversité impose la
conservation des ressources génétiques par deux scénarios
(in situ et ex situ). En premier lieu, la conservation de la
diversité génétique doit se baser sur la conservation
in situ, c'est-à-dire la protection des espèces dans
leur milieu naturel. Cette stratégie conduit à une conservation
durable, notamment pour la sauvegarde des espèces et le maintien de leur
diversité. L'importance de conservation in situ est
soulignée dans les conventions et législations internationales,
elle constitue l'une des bases de conception du développement durable.
En effet, conserver des populations au sein de leur milieu requiert des actions
plus ciblées qu'une simple protection : cela demande un investissement
plus conséquent mais indispensable pour freiner la disparition des
espèces (études sur la biologie et la génétique des
populations, rédaction de plans d'action, mesures sur le terrain,
coordination entre de nombreux partenaires, etc.). La conservation
in-situ d'une espèce cible dans une localité
donnée vise à conserver le milieu associé ainsi que
d'autres espèces typiques, végétales ou animales. C'est
pourquoi toutes ces
actions doivent s'intégrer en aspect multidisciplinaire,
tant au niveau scientifique que technique.
Lorsque la conservation in situ s'avère
insuffisante, notamment dans les cas où une espèce est au bord de
l'extinction (effectif d'individus très réduit) dans une
région donnée, on recourt à la conservation
ex-situ, c'est-à-dire hors du milieu naturel de
l'espèce. Il s'agit d'un dernier recours pour éviter une
disparition définitive. La conservation ex-situ est un
processus onéreux qui demande du temps et de l'expérience et ne
se substitue pas à la protection in-situ, elle la
complète dans les cas les plus problématiques.
Les dromadaires en Tunisie sont loin d'être une population
en état de taille réduite. Dans ce cas le scénario
approprié est de promouvoir la conservation in situ.
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