Les espèces Camelus dromedarius,
communément appelé dromadaire ou chameau à une bosse, et
Camelus bactrianus ou chameau de Bactrian qui n'est autre que le
chameau à deux bosses sont comparables. Au-delà de leur
particularité anatomique, dromadaire et chameau de Bactriane se
distinguent par leur aire de répartition géographique. Tandis que
le premier est l'animal des déserts chauds d'Afrique, du Proche et du
Moyen-Orient jusqu'au désert du Thar en Inde, le second est celui des
déserts froids d'Asie Centrale jusqu'aux confins de la Mandchourie en
Chine. Toutefois, les deux espèces peuvent cohabiter en quelques rares
endroits (Faye, 1997).
La localisation géographique du dromadaire se situe
dans la ceinture des zones tropicales et subtropicales sèches de
l'Afrique, de l'Ouest du continent asiatique et du NordOuest de l'Inde (Carte
1). Une implantation massive de dromadaires a été faite au
siècle dernier en Australie, des introductions très ponctuelles
ont également été réalisées aux EtatsUnis,
en Amérique Centrale, en Afrique du Sud et en Europe (Wilson et
al., 1989). Selon Faye (1997) le dromadaire est
répertorié dans 35 pays originaires s'étendant du
Sénégal à l'Inde et du Kenya à la Turquie. L'aire
originaire de distribution du dromadaire est bien entendu associée aux
caractéristiques climatiques du milieu compte tenu de
l'adaptabilité remarquable de cette espèce aux conditions
d'aridité. L'aire de distribution découle aussi d'un facteur
social d'importance : le dromadaire est tout d'abord l'animal du nomade,
célébré comme tel par le Coran, même si son
utilisation par les bédouins de l'Arabie est antérieure à
l'Islam. Cependant, dans son extension à la faveur de l'expansion de
l'Islam, le dromadaire du nomade a rencontré le cultivateur
méditerranéen ou oasien, et s'est donc sédentarisé.
Il n'en demeure pas moins que son aire de répartition recouvre celle des
populations pastorales nomades ou transhumantes qui au cours de leur histoire
l'ont adopté comme auxiliaire incontournable dans la mise en valeur des
zones arides.
Carte 1 : Distribution géographique
des dromadaires
4.2- Distribution en Afrique
Il est difficile de connaître avec exactitude la
population caméline mondiale, cela est lié à plusieurs
facteurs comme l'absence de vaccination obligatoire pour cette espèce et
la nature même des écosystèmes dans lesquels elle
évolue, ce qui rend difficile le recensement de ces effectifs. Les
chiffres proposés par la FAO s'appuient sur des estimations qu'un
recensement exhaustif. La répartition mondiale de l'espèce
caméline est fortement inégale, et elle est confinée dans
la ceinture désertique et semi-aride d'Afrique et d'Asie. Cependant,
près de 80% de la population de dromadaire se situe en Afrique. Les pays
de la Corne de l'Afrique (Somalie, Soudan, Ethiopie, Kenya, Djibouti) abritent
seuls 60% du cheptel camelin mondial. La Somalie contient environ 6,5 millions
de dromadaires, ce qui est proche de 50% du cheptel africain (Faye, 1997).
4.3- Densité des dromadaires
En fonction de l'effectif de dromadaires par rapport à la
Biomasse des Herbivores Domestiques (BHD) quatre catégories ont
été distinguées (Faye, 1997).
4.3.1- Densité très faible
Cette catégorie concerne les pays qui ont
effectivement une population caméline peu nombreuse (effectif < 1% de
la BHD) et dans lesquels l'élevage camelin constitue une activité
mineure.
En Afrique, il s'agit du Nigeria, du Sénégal et du
Burkina-Faso qui se situent plutôt à la périphérie
de l'aire de l'existence de l'espèce.
En Asie, il s'agit de la Turquie, de la Syrie, de l'Iran et du
Liban, pays dans lesquels l'élevage des petits ruminants (notamment
ovins) s'avère prépondérant.
4.3.2- Densité faible
Elle concerne essentiellement les pays où l'effectif
est compris entre 1 et 8 % de la BHD et dans lesquels l'élevage
camelin représente une part importante de l'activité
économique pour certains groupes de population.
En Afrique, tous les pays d'Afrique du Nord, excepté la
Tunisie, sont concernés (Maroc hors Sahara, Algérie, Libye,
Egypte) ainsi que le Mali, l'Ethiopie et le Kenya.
En Asie, les pays de cette catégorie sont le Pakistan,
l'Afghanistan, l'Irak et Oman.
4.3.3- Densité moyenne
Cette catégorie renferme les pays dans lesquels
l'élevage camelin constitue une part importante de l'économie
agricole et l'effectif est compris entre 8 et 20% de la BHD.
En Afrique du Nord seule la Tunisie est concernée. Mais
on y retrouve surtout les pays sahéliens : Niger, Tchad et Soudan.
En Asie, ce sont les pays de la péninsule arabique,
berceau de l'espèce qui relèvent de ce groupe : Arabie Saoudite,
Jordanie, Bahreïn, Koweït et Yémen.
4.3.4- Densité forte
Ce sont des pays, peu nombreux, où la place culturelle du
dromadaire est centrale et l'effectif est supérieur à 20% de la
BHD. Parmi les grands pays :
En Afrique, la Somalie, la Mauritanie et dans les provinces
sahariennes du Maroc et Djibouti.
En Asie, ce sont les Emirats Arabes et Qatar qui
relèvent de ce groupe. Bien entendu, l'économie caméline
est dérisoire dans ces Etats par rapport à l'extraction
pétrolière, mais le dromadaire est culturellement
indéboulonnable en dépit des évolutions sociologiques
liées à l'enrichissement de la population.