CHAPITRE VI : ANALYSE DE LA DIVERSITE GENETIQUE
CAMELINE EN TUNISIE
I- INTRODUCTION
La disponibilité d'information sur l'histoire des
animaux d'élevage et les données sur les rapports
génétiques entre les races fournissent un support important au
processus de prise de décision pour la conservation des ressources
génétiques dans une région donnée. Dans le
passé proche, les inférences sur l'histoire des races ont
été essentiellement fondées sur des considérations
ethnographiques, anthropologiques et archéologiques. Actuellement, ces
considérations sont de plus en plus remplacées par les techniques
modernes de la génétique moléculaires (Rege et
al., 2003). A l'aide de ces techniques moléculaires, le
polymorphisme de l'ADN est devenu plus accessible et les méthodes de
mesure de ce polymorphisme se sont multipliées : variabilité
génétique, consanguinité et flux génétiques
(Buchanan et al., 1994 ; Moazami-Goudarzy et al., 1997),
identification de gènes d'intérêt économique,
empreintes génétiques et cartographie (Bishop et al.,
1994). Les marqueurs phénotypiques, biochimiques et plus
récemment des marqueurs moléculaires, au niveau de l'ADN,
constituent les principales sources de données pour caractériser
la diversité génétique et les filiations entre les races.
Dernièrement, les marqueurs moléculaires ont constitué de
nouveaux outils pour analyser la diversité génétique.
Parmi ces derniers, les microsatellites qui ont vite acquis le statut de
marqueurs privilégiés en génétique des populations
en raison des avantages qu'ils offrent notamment en matière de
conservation (Canon et al., 2001). La séquence
nucléotidique que constitue un microsatellite est composée de
répétitions en tandem de trimères, dimères ou
même monomère. Très nombreuses, bien réparties sur
le génome, ces séquences se caractérisent par un
polymorphisme important dû à la variation du nombre de
répétitions selon les allèles (Boichard et al.,
1998). Vue, leur informativité élevée et leur
quasi-uniforme distribution dans le génome, les microsatellites
représentent les marqueurs idéaux pour la recherche de
gènes et l'étude de la diversité génétique.
Mis à part leurs propriétés génétiques, les
microsatellites présentent des intérêts techniques
considérables. En effet, le génotypage des microsatellites est
basé sur l'utilisation de la technique PCR, procédure
relativement simple et rapide. Enfin, la technique demande une quantité
d'ADN très faible. Ces caractéristiques techniques favorisent
ainsi la réalisation d'études de populations à grande
échelle. L'utilité des microsatellites pour l'évaluation
de la diversité
génétique et les études de conservation
des races des animaux d'élevage a été confirmée par
de nombreux travaux de recherche (Mburu et al., 2003 ; Boichard et
al., 1998). Toutefois, les microsatellites sont des marqueurs neutres
qui ne correspondent à aucune fonction connue donc probablement à
aucun caractère sélectionné. Certains auteurs (Mburu et
al., 2003 ; Buchanan et al., 1994 ; MacHugh et al.,
1997 ; Hanotte et al., 2000 ; Hanslik et al., 2000 ;
Saitbekova et al., 1999) suggèrent l'emploi de ce type de
marqueurs comme l'outil le plus approprié pour différencier les
races animales et mettre en évidence la diversité
génétique.
L'objectif de ce chapitre est d'étudier la
diversité génétique au sein de la population des
dromadaires en Tunisie à l'aide des marqueurs microsatellites.
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