La connaissance de notre patrimoine de dromadaires et
l'identification des écotypes de cette espèce ont
nécessité en premier temps une prospection des populations dans
les zones d'élevage, sachant que, l'élevage camelin est
très ancien en Tunisie. Cependant, les dromadaires restent encore
sous-exploités et subissent des pressions liées entre autres
à la croissance démographique, les exigences et la demande des
marchés en produits d'origine animale et à des modes
d'exploitation qui leurs sont préjudiciables. Ces différentes
constatations et faits malheureusement réels nous ont incité
à entreprendre un travail d'inventaire et d'évaluation
préliminaire des ressources génétiques de cette
espèce, bien que cette opération reste complexe et
délicate. Cette complexité revêt de l'ambiguïté
de la notion de race qui n'est pas encore définie chez les dromadaires,
contrairement chez les autres espèces animales domestiques.
En Tunisie, les ressources camelines se présentent
sous forme d'une mosaïque de types très
hétérogènes n'ayant pas connu de sélection ou de
travail d'amélioration génétique réfléchi.
Cette population est un mélange des génotypes des croisements
complexes entre les différents types. Certains éleveurs citent 2
ou 3 types dans la composition de leurs troupeaux. Mais, il existe toute une
palette de situation où le génotype est mal
déterminé. Les éleveurs parlent aussi de croisements tout
venant non contrôlés. Ces métissages, les processus de
sélection naturelle, les pratiques d'élevage et les orientations
des éleveurs ont forgé cette population originale. Les
dromadaires sont représentés par la population Maghrebi, qui
existe dans tout l'Afrique du Nord (Ben Aissa, 1989 ; Hermas et al.,
1998). Maghrebi est représentée en Tunisie par
différents types, qui sont polyvalents, élevés
généralement pour la viande, le lait, la selle et d'autres
services. Notons que les critères de classification ne sont pas encore
standardisés chez les dromadaires. Mais, habituellement, la
classification se fait en fonction de : taille (lourde ou
légère), zone d'habitat (plaine ou montagne), couleur de la robe
comme en Arabie Saoudite, Tribu comme au Soudan. Ils sont
généralement, divisés en trois types à savoir les
dromadaires de course, de transport et mixtes (Islam et Osman, 2005). Dans
cette étude, les dromadaires sont décrits selon la couleur de la
robe et classés suivant la dénomination, l'appartenance sociale
et la localisation géographique.
2.1- Couleur de la robe
La couleur de la robe entre dans les standards de certaines
races animales, chez le bovin est souvent une caractéristique de
l'appartenance raciale d'un animal (Girardot et al., 2003).
De plus, elle joue incontestablement un rôle
esthétique et il existe une préférence pour certaines
couleurs dans les élevages et même sur le marché. Al
Motairy et Hashimi (1988) ont signalé que chez beaucoup de tribus
arabes, la couleur de la robe représente un critère de
distinction entre les dromadaires. Ainsi, en Arabie Saoudite, le type
Maghateer
(ÑÜÜÜíÜÜÜÜÊÇÜÜÛã
) regroupe des dromadaires de robe blanche claire et le type
Mejaheem (
ãÜÜÜÜíÜÜÜÜÜåÇÌã
) regroupe des couleurs sombres. Dans ce cadre, il nous a paru
important de préciser les principales couleurs de robe
rencontrées dans les élevages camelins en Tunisie. Sur un
échantillon de 128 individus sur lesquels des prélèvements
sanguins ont été faits, les principales couleurs de la robe
rencontrées dans les élevages se repartissent comme dans le
tableau 7.
Table 7 : Principales couleurs
rencontrées dans les élevages camelin dans le Sud Tunisien
Couleur Nombre des individus (têtes)
Pourcentage
Hamra 60 47
Safra 37 29
Chegra 14 11
Zarga 8 06
Beydha 06 05
Hajla 03 02
Total 128 100
2.1.1- Hamra
:ÁÇÑãÜÜÜÍ
Les éleveurs qualifient la couleur de poils de cette
robe rouge foncée ou brune et uniforme (Photo 1). C'est la robe
dominante (47%), très appréciée et très
demandée par les éleveurs. La préférence de
celle-ci est justifiée chez certains éleveurs par des raisons
esthétiques et parfois religieuses (la chamelle du prophète a
été de couleur rouge). Chez d'autres éleveurs, le
dromadaire ayant la robe rouge est considéré comme le plus
adapté à l'environnement (résistance aux maladie et
tolérance à la sécheresse). La robe de Hamra est
très appréciée pour la qualité de ses poils surtout
pour la confection des objets traditionnels.