2- Révolution de la génétique
moléculaire
Les généticiens des espèces
d'élevage restèrent attentifs aux progrès de leur
discipline mère, une perception claire de cette lacune et le souci de la
combler. Un épisode est à ce titre significatif lorsque, pendant
la seconde guerre mondiale, le groupe de R. Irwin,
immunogénéticien américain de notoriété
internationale, mit en évidence 30 antigènes de groupes sanguins
bovins à déterminisme mendélien, il crut un moment avoir
trouvé un marqueur pour chacun des chromosomes de l'espèce et
envisagea la recherche de ce que l'on appellerait aujourd'hui des QTL! Cette
vision était sans doute bien naïve, mais elle témoigne d'une
attention déjà forte pour la cartographie du génome des
espèces d'élevage. Un nouvel espoir naquit avec l'apparition des
techniques d'électrophorèse en gel, qui permettaient la mise en
évidence du polymorphisme des protéines, en particulier
l'électrophorèse en gel d'amidon, introduite en 1955 par
Smithies, qui commença à se répandre au début des
années soixante. Elles donnèrent lieu à une profusion
d'études, sur les protéines sanguines surtout. C'est ainsi que
les travaux sur les enzymes érythrocytaires d'une dizaine
d'espèces animales ont permis, dès 1975, d'analyser le
polymorphisme de 40 systèmes enzymatiques, contrôlé par 50
loci. Mais ces chiffres ne doivent pas faire illusion. Ces loci ne sont pas
polymorphes dans toutes les espèces, et l'analyse du polymorphisme
existant exige la mise en oeuvre de techniques variées, coûteuses
et parfois délicates. En définitive, ces résultats
permettaient bien d'allonger la liste des systèmes marqueurs potentiels,
mais cette liste était encore bien trop réduite pour permettre un
véritable développement de la cartographie des espèces
d'élevage.
C'est finalement la mise au point des techniques de
détection du polymorphisme de l'ADN, celui des fragments de restriction
d'abord (Botstein et al., 1980), celui des minisatellites ensuite
(Jeffreys, 1985) et surtout celui des microsatellites (Weber et May, 1989; Litt
et Luty 1989) qui donna accès à un nombre de marqueurs suffisant
pour entreprendre une cartographie systématique et raisonnée du
génome des espèces d'élevage, préalable à
l'analyse génétique de caractères ou de fonctions. Ainsi,
les récentes techniques de génétique moléculaire
permettent de visualiser certains traits du patrimoine
héréditaire des individus et offrent des perspectives
d'identification et de traçabilité des individus et de leurs
produits sous forme d'empreintes génétiques (Portetelle et
al., 2000).
|