2.6. Les mesures de lutte contre la vente illicite des
medicaments
Les pouvoirs publics autant que les pharmaciens ont
proposé des mesures de lutte contre la vente illégale de
médicaments.
Pour le Directeur de cabinet du MSPM, « Keur Serigne
bi È n'est pas une structure reconnue par l'Etat. Il affirme
que ce qui est stir dans les jours à venir, Ç Keur Serigne bi
È va fermer, on va mettre en place une brigade mobile.
Nonobstant cela, certains pharmaciens pensent qu'il faut sanctionner
séverement les personnes impliquées dans le trafic illicite de
médicaments et informer davantage les populations des risques qu'elles
peuvent encourir en consommant ces médicaments. Selon le
président du syndicat pharmaciens, il faut aussi réactualiser les
textes et les fortifier car ils datent de 1954. Pour d'autres, il faut observer
une greve en faisant « une journée sans médicament
È en fermant les officines voire ne pas s'acquitter du payement des
impTMts.
M. N declare apres la drogue, et les armes, cÕest
le trafic de medicaments qui est sfirement lÕun des plus rentables pour
bon nombre de malfaiteurs. Mais, il faudra que lÕon arrive à des
sanctions severes et proceder à des journees de destruction des
medicaments illicites saisies et barrer la route aux fossoyeurs de la
profession. Pour manifester cette volonte, je propose à
lÕAssemblee dÕaller vers une prochaine baisse des rideaux de
toutes les officines de pharmacies à travers les 35 departements du
pays. CÕest un signal manifeste pour indiquer à tous que
le
103
médicament n 'est pas une vulgaire marchandise .
Certains pensent qu'Il faut des mesures
de lutte draconiennes : rester une année sans payer
d'impôt. Un autre déclare: maintenant, c'est fini, le temps de
dialoguer. On va passer à une autre étape, ça peut
être n'importe quoi. A mon avis personnel, c'est de fermer les pharmacies
pendant quelques minutes, quelques heures. On va utiliser d'autresformes de
lutte.
Certains pharmaciens pensent qu'il faut sensibiliser davantage
les populations des risques qu'elles encourent en consommant ces
médicaments car l'approvisionnement serait
au niveau du marché parallèle serait lié
à un manque d'information car, il faut une bonne information,
informer les gens du danger des médicaments de la rue, des vendeurs, des
non professionnels mais on ne peut pas faire office de police
affirme-ils.
Il faut noter cependant que la lutte contre la vente illicite
des médicaments ne peut être effective que s'il existe des
brigades de contrôle incorruptibles. En outre, la porosité et le
déficit de contrôle de la frontière
sénégalaise sont parmi les facteurs principaux qui militent en
faveur du développement des réseaux d'approvisionnement officieux
du médicament. Les vendeurs et ra coleurs nous affirment que la part qui
provient de l'extérieur et particulièrement des pays limitrophes
du Sénégal est plus importante que celle provenant de
l'intérieur du pays. Lorsque nous négocions avec un vendeur sur
une liste de
médicaments et d'autres spécialités
(matériels d'hôpitaux) nous demande: laquelle des
amoxicillines 500mg (antibiotique) préférez vous ? Ily a
deux sortes d'amoxicillines: celle des pharmacies et celle provenant de
Guinée Bissau. Voici les deux tablettes; elles ne sont pas identiques.
Celle provenant des pharmacies est la vraie tandis que celle de
Guinée-Bissau est la
contrefaite(le garage de Dakar-Bissau se situe
à quelque 800mètres derrière ÇKeur Serigne bi
È). Pour les pharmaciens, il faut lutter efficacement contre cette
pratique afin qu'elle disparaisse une bonne fois pour toute en la
criminalisant et en prévoyant des sanctions qui
seraient de nature à l'éradiquer. Pour ce
pharmacien, le problème du marché parallèle est
un phénomène qui prend de l'ampleur dans la région
surtout à Touba. Il nécessite une synergie
103 Le Soleil, 28 juillet 2007.
d'actions en direction des professionnels du
médicament, des autorités juridiques et des forces de
sécurit. Selon le président du Syndicat des pharmaciens
privés, le marché illicite des médicaments se
développe de maniere exponentielle. Il déclare que : la
situation est telle quÕil faut criminaliser le délit. Nous
demeurons convaincu que seules des mesures de sanctions coercitives permettre
de résoudre les problèmes à ce fléau 104
pourraient liés . Selon le Directeur de la
PNA, les pharmaciens posent aujourdÕhui le probleme avec
acuité. Il faut
105
quÕon revienne sur les textes car il y a des sommes
dérisoires à payer .
Cependant, quoique le Code la santé publique stipule en
son article L 517 que « quiconque se sera livré sciemment à
des opérations réservées aux pharmaciens sans
réunir les conditions exigées pour l'exercice de la pharmacie
sera puni d'une amende de 240.000 à 1.200.000 francs et en cas de
récidive, d'une amende de 420.000 à 2.400.000 et d'un
emprisonnement de six jours à six mois ou d'une amende d'une de ses
peines seulement »106. Les vendeurs de médicaments
semblent etre dans l'impunité et seraient alors au « dessus de la
loi ». La posture des pouvoirs publics, par rapport aux vendeurs, que nous
qualifions de « tolérance douce » peut etre expliquée
par le fait que l'Etat se trouve confronté à un probleme
d'insertion professionnelle de beaucoup de personnes qui s'activent dans la
vente illégale de médicaments mais surtout par son
incapacité d'assurer l'acces aux médicaments à toutes les
populations : lÕEtat est donc à lÕépreuve de la
santé107 .
Dés lors, la lutte contre la vente illicite des
médicaments implique impérativement une politique adaptée
et efficace qui puisse répondre aux préoccupations et besoins
réels des populations en matiere de soins médicamenteux. Cette
politique passera nécessairement par la création de caisses de
sécurité sociale et le développement des mutuelles et
assurances maladies. Les politiques de protection sociale peuvent etre
envisagées comme une alternative qui puisse permettre aux
catégori es sociales défavorisées d'accéder aux
104 Le soleil, l'Assemblée
générale extraordinaire des pharmaciens, 22mai 2007.
105 Entretien Mémoire de Ma»trise,
2007.
106 Source, Direction de la pharmacie et des
médicaments.
107 FASSIN. D, Les enjeux politiques de la
sante, Op., Cit. p. 7.
médicaments essentiels. Il faut aussi souligner qu'il y a
un
manque réel de volonté politique de la part des
pouvoirs publics. Le D C du ministère de la santé au cours de
notre entretien bien qu'il affirme qu'ils vont prendre des mesures de lutte
contre Ç Keur Serigne bi È, il argue que c'est la sensibilisation
des populations qui est la meilleure forme de lutte. Toutefois, l'Etat, avec
ses prérogatives a la possibilité de Çguérir le mal
à la racineÈ en fermant toutes les structures
irrégulières dont l'existence n'échappe pas sa
connaissance. Il semble manifester sa ÇdébilitéÈ
face au développement du commerce illicite du médicament.
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