Le système de santé du Sénégal
est organisé depuis 1994 selon une structure pyramidale mise en place
par le Ministère de la santé publique et de l'action sociale qui
a procédé au découpage du territoire national en 54 zones
opérationnelles appelées districts. Ce découpage visait
à permettre un renforcement de la planification à la base afin
d'harmoniser les actions en matière de santé sur le plan
national. Ces zones opérationnelles comprennent chacune au minimum un
centre de santé. Cette structure est ainsi constituée:
· A la base, un niveau périphérique
appelé District sanitaire constitué de centres de santé et
englobant un réseau de postes de santé eux mémes
supervisant les cases de santé et les maternités rurales;
· A l'échelon intermédiaire ou niveau
régional, la structure de coordination est la région
médicale ;
· Au sommet, nous avons un niveau politique comprenant le
cabinet du Ministre, les directions et les services nationaux.
Pour son financement, le secteur de la santé compte en
premier lieu sur l'Etat et à un degré moindre sur les
collectivités locales et les ONG. Cependant l'analyse régionale
des financements permet d'identifier certains partenaires au
développement qui interviennent dans plusieurs domaines sanitaires
notamment dans les services, la surveillance
épidémiologique, l'appui institutionnel, le
développement des ressources humaines, le renforcement de la
santé de la reproduction.... Il s'agit notamment de partenaires
extérieurs comme le Canada, l'USAID, la Chine, l'OMS, l'UNICEF, l'UNFPA,
la Coopération japonaise JICA, la Coopération Francaise, la
Belgique, la DCE et la GTZ.
Les médicaments essentiels occupent une place centrale
dans les soins de santé primaire car pour l'OMS, <<les
médicaments doivent être partout et pour tous È.
Le Sénégal a adopté, en 1990, une
politique des médicaments essentiels par arrété
ministériel fixant les conditions de mise à disposition des
médicaments au niveau des cases de santé, postes de santé,
centres de santé et hôpitaux régionaux. La notion de
médicaments essentiels combine les priorités de
l'approvisionnement avec les priorités de la santé publique. Elle
vise principalement à fournir à la plus grande partie de la
population des médicaments qui conviennent le mieux pour prévenir
et traiter les affections les plus courantes. Ces médicaments figurent
en principe sur une liste établie sur la base des besoins sanitaires
identifiés au niveau du pays.
En effet, cette politique des médicaments essentiels,
composante à part entière de l'Initiative de Bamako, vise
à renforcer les soins de santé primaires en vue
d'accélérer l'instauration de <<la sante pour tous
È avec une stratégie dont les objectifs sont les
suivants:
- minimiser les coüts des médicaments de
première nécessité pour accro»tre leur
accessibilité aux plus démunis;
- renforcer le processus de gestion du système de
santé et la disponibilité permanente de ces médicaments
essentiels au niveau des formations sanitaires publiques, surtout celles de
base;
- favoriser la participation des comités de
santé et un système de recouvrement du coüt des
médicaments essentiels pour renouveler les stocks de début mis en
place par les pouvoirs publics.
Les pouvoirs publics ont pour objectif dÕassurer une
disponibilité, une accessibilité et une utilisation rationnelle
des médicaments dans les secteurs publics et privés. La mise en
Ïuvre de la politique pharmaceutique est assurée par plusieurs
institutions publiques mais aussi plusieurs organisations privées y
participent. Nous avons :
La Direction de la Pharmacie et des Laboratoires (DPL) ;
Le Laboratoire National de ContrTMle des médicaments
(LNCM) ;
La Pharmacie Nationale dÕapprovisionnement (PNA) et les
pharmacie régionales dÕapprovisionnement(PRA) ;
LÕordre National des pharmaciens ;
Les grossistes répartiteurs ;
Les industries locales ;
Les officines ;
Les dépTMts ;
Parmi les institutions en charge de la regulation du systeme
pharmaceutique, nous retiendrons trois(3) qui semblent etre les plus
significatives: la Direction de la Pharmacie et des Laboratoires (DPL), la
Pharmacie Nationale dÕapprovisionnement (PNA) et le Laboratoire National
de ContrTMle des médicaments (LNCM).
La Direction de la Pharmacie et des Laboratoires est
lÕautorité nationale chargée de la
réglementation. Ses missions émanant du décret
2003-665 du 24 juin 2003 portant organisation du Ministére de la
Santé de lÕhygiéne et de la Prévention consiste
à :
- élaborer et à veiller à
lÕapplication des textes législatifs et réglementaires
relatifs à la pharmacie, aux médicaments, aux réactifs des
laboratoires dÕanalyses médicales, aux substances
vénéneuses, à lÕalcool et aux dispositifs
médicaux ;
-réglementer lÕexercice des professions
pharmaceutiques et à contrTMler les laboratoires dÕanalyses
médicales ;
- réglementer et dÕassurer la promotion de la
pharmacopée traditionnelle.
La Pharmacie Nationale dÕapprovisionnement (PNA) est
chargée de lÕapprovisionnement en médicaments essentiels
du secteur public. La PNA est devenue un Etablissement Public
de Santé (EPS) par lÕarrêté 99-851
du 27 aofit 1999, suite à la loi 98-012 portant creation, organisation
et fonctionnement des établissements publics de sante (EPS) et du
décret 98- 702 portant organisation administrative et financiére
des EPS. Sa mission première est dÕassurer aux populations les
plus fragiles lÕaccessibilité financiére et
géographique des médicaments et produits essentiels de
qualité.
Avec un effectif dÕune cinquantaine de personnes, la PNA
realise un chiffre dÕaffaires de lÕordre de 7 milliards de francs
CFA par an50.
Le Laboratoire National de ContrTMle des Médicaments est
chargé du contrTMle technique des médicaments, en relation avec
la Direction des Pharmacies et des Laboratoires (DPL).
Par ailleurs, lÕOrdre national des pharmaciens
intervient aussi dans la regulation du secteur car il est chargé de
contrTMler lÕexercice de la profession à travers le code de
déontologie et de donner des avis motives sur des aspects concernant la
politique pharmaceutique.
L'offre dans le secteur public.
La PNA avec ses dépTMts régionaux (PRA) est
chargée dÕapprovisionner les structures sanitaires publiques qui
à leur
tour vendent directement aux malades les médicaments
qui sont inscrits sur la liste nationale des médicaments essentiels.
Cette liste est élaborée par la Commission Nationale Permanente
dÕélaboration et de Revision de la Liste des Médicaments
Essentiels. La PNA est approvisionnée en médicaments par appel
dÕoffre
51
international et national dans une moindre mesure. Cet appel
dÕoffre concerne 500articles . La marge de vente est fixée
uniformément pour tous les médicaments dans le public et le
privé. Le district a un dépTMt qui est une centrale
dÕachat chargée dÕapprovisionner les dépTMts des
centres, postes et cases de sante. Le secteur public de distribution a
été confronts pendant longtemps à de nombreuses
difficultés. Suite à la dévaluation du franc CFA, la
promotion des médicaments essentiels a largement contribué
à sa rehabilitation.
50 Rapport final du Forum Civil sur la corruption dans le
système de Santé, 2005.
51 LÕaspirine et la nivaquine constitue chacun un
article
· L'offre dans le secteur
privé
Le secteur privé sénégalais concerne
plus de 70% en valeur du marché des approvisionnements. La structure de
prix en vigueur dans le secteur privé est la suivante: le prix grossiste
hors taxes (PGHT) est le prix de base accepté dans l'AMM (autorisation
de mise sur le marché). Nous avons des coefficients
multiplicateurs du PGHT:
· 1.32 pour les médicaments sociaux;
· 1.8586 pour les médicaments
ÇnormauxÈ ;
· 2.12 pour les médicaments à conditionnement
hospitalier.
La production locale est assurée par trois firmes :
Aventis Pharma, Pfizer Afrique de l'ouest pour l'essentiel avec Valdafrique et
l'institut Pasteur pour les vaccins.
Toutefois, nous assistons à une gestion
bureaucratique du médicament dont les failles militent
en faveur du développement du marché parallèle du
médicament. Ceci se manifeste à travers le mode
d'approvisionnement des structures sanitaires publiques si l'on sait que les
commandes des districts doivent passer d'abord au PRA avant que la PNA ne
puisse les délivrer. Cette lenteur dans la distribution entra»nent
des ruptures de stocks qui font que certaines populations font recours aux
réseaux d'approvisionnent illicite qu'elles considèrent comme une
alternative. Dés lors, la gestion du médicament montre ses
limites.