La problématique de l'intégration africaine( Télécharger le fichier original )par Kokou KOUNOUDJI Université de Lomé (Faculté de Droit) - DEA Droit public fondamental 2008 |
B/ Sur la responsabilité d'un gouvernement panafricainL'initiative de la création d'un gouvernement panafricain n'est pas dépourvue de toute inquiétude en ce qui concerne la nature juridique d'une telle institution, d'autant qu'elle suscite diverses interrogations sans une réponse fiable. En effet, il paraît logique de s'interroger sur la responsabilité d'un tel gouvernement et sur ses liens avec les gouvernements respectifs des Etats membres de l'Union africaine. Comment les peuples seront-ils associés à la formation d'un tel gouvernement et quels en seront les différents départements ministériels ? Voilà des questions toutes simples auxquelles il n'y a guère de réponses pour l'instant. Car, il n'est de secret pour personne que la plupart des dirigeants africains ne bénéficient d'aucune légitimité démocratique et, par conséquent, ils n'ont pas la confiance de leurs peuples. Dès lors, comment ceux-ci pourront-ils se reconnaître dans un gouvernement coopté par ceux-là même qui n'ont pas leur confiance ? Il devient donc impératif pour l'Union Africaine de définir un cadre d'information sur les préalables et les critères que chaque Etat devra remplir avant de réaliser l'intégration totale. Ainsi, en l'état actuel de la situation de la plupart des pays africains, c'est le camp des gradualistes, emmené par le président sud africain Thabo MBEKI qui réclame la mise en place ou la réalisation d'un certain nombre de préalables, qui a la bonne méthode, face au camp des maximalistes dirigé par le leader libyen. Pour cette raison, le professeur Koffi AHADZI a réaffirmé que : « telle que l'Union Africaine est organisée actuellement, elle ne peut que servir de miroir à ses Etats membres en leur renvoyant l'image de leur impuissance et de leur incapacité à concevoir et à réaliser un dessein ambitieux non seulement pour leurs peuples respectifs mais aussi pour l'Afrique qui, de ce fait, a virtuellement disparu du concert de la mondialisation... ». Dans le même temps, le projet de création de l'Union pour la méditerranée, initié par l'Europe, risque de fragiliser davantage les institutions de l'Union Africaine. Section 2/ Sur la politique générale de l'Union Africaine par rapport à la mondialisation La question fondamentale qui mérite d'être posée ici est de savoir quelles peuvent être les perspectives156(*) pour les échanges africains à cette ère de la mondialisation ? Lorsque la croissance des économies africaines a commencé à donner des signes inquiétants de faiblesse, en particulier dans les années 1970, les organismes internationaux de développement sont intervenus de manière de plus en plus active pour organiser différents aspects de la politique économique des pays africains par le biais de conseils et la fourniture d'un soutien financier. De ce fait, la plupart des pays africains ont été progressivement dépossédés du processus décisionnel en matière économique. Il est à craindre que le mouvement actuel de mondialisation et son corollaire, une harmonisation mondiale des éléments clefs de la politique économique, empiètent davantage sur le pouvoir de décision interne des pays africains. Ce qui fait peser une menace particulièrement significative sur l'Afrique, étant donné les handicaps spéciaux de la région, les conditions de départ médiocres et le manque de compétitivité internationale dans pratiquement tous les domaines de la production moderne. Face donc aux implications de la mondialisation sur la politique commerciale de l'Afrique (paragrahe1), quels peuvent être alors les défis à relever par l'Union Africaine pour combattre la marginalisation persistance du commerce africain (paragraphe 2) ? Paragraphe 1 : La mondialisation et ses implications sur le développement de l'Afrique
La mondialisation a largement favorisé non seulement la pauvreté de masse (A) mais aussi la marginalisation de la politique commerciale (B) des pays en développement et plus particulièrement des pays africains. A / Le phénomène grandissant de la pauvreté de masse La mondialisation a incontestablement creusé l'écart entre les pays pauvres et les pays riches. Il faut reconnaître que malgré les progrès sociaux qui ont accompagné les décennies d'après-guerre, la misère de masse est une réalité tragique. On évalue aujourd'hui à environ 1,1 milliard le nombre de personnes vivant dans un dénuement presque absolu, disposant d'un revenu qui serait l'équivalent d'un dollar par jour157(*). La présidence de la Banque mondiale affirme que près de trois milliards de personnes, à savoir la moitié de la population de la planète, ont moins de 2 dollars par jour pour vivre158(*). Environ la moitié de la population de l'Asie du Sud et de l'Afrique subsaharienne, un quart de celle d'Amérique latine et des Carabes, un tiers de celle du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord vivraient, ou plutôt survivraient, dans des conditions de misère159(*). Il y aurait 850 millions d'adultes qui ne sauraient ni lire ni écrire. L'UNESCO affirme, à ce propos, que 104 millions d'enfants dans le monde ne sont pas scolarisés, mais d'autres organismes énoncent des chiffres plus élevés. Ceci étant, il y aurait actuellement plus d'un milliard d'individus n'ayant pas accès à l'eau potable et un nombre bien supérieur encore n'ayant pas accès aux services de santé160(*). Ce fléau de la famine ou de la malnutrition entrave le développement physique et mental d'un enfant sur trois dans les pays en développement notamment en Afrique. Il frappe avant tout des pays dont l'agriculture est la principale activité économique. Dans les pays que les Nations Unies définissent comme « les moins avancés », qui comprennent 614 millions de personnes, 15% des enfants n'atteignent jamais l'âge de 5 ans et l'espérance de vie est de 51 ans161(*). Ces conditions de misère sont souvent associées à des pandémies. A ce sujet, quelques 30 millions de personnes sont infectées par le VIH/SIDA dans la seule Afrique subsaharienne et la progression de cette maladie a des conséquences humaines dramatiques qui s'avèrent également très néfastes en termes économiques et sociaux. C'est cette pandémie du VIH/SIDA qui détruit, malheureusement, les structures de protection familiale et provoque de grands mouvements migratoires. Elle entraîne, du coup, une régression significative de l'espérance de vie. Or, la plupart des victimes du SIDA sont de jeunes adultes qui meurent en laissant des enfants en bas âge162(*). Ces pandémies se perpétuent d'autant plus qu'elles contribuent aux conditions d'insécurité politique et juridique dissuadant les flux d'investissements étrangers. On les définit volontiers en termes « humanitaires » mais Amartya SEN, le prix Nobel d'économie, et bien d'autres chercheurs, ont mis en évidence leurs causes politiques et sociales. On ne peut donc pas dissocier ces phénomènes de l'ensemble des problèmes liés au sous-développement en Afrique. N'ayant pas accès à l'éducation, à la formation, et aux conditions nécessaires à leur hygiène et à leur santé, nos pays ont peu de chance de participer à la dynamique de l'économie dominante. Par ailleurs, il est nécessaire de mettre l'accent sur les causes institutionnelles et politiques de la misère au niveau des Etats comme dans l'ensemble de la société africaine. Aujourd'hui comme par le passé, la pauvreté doit être appréhendée avant tout comme un phénomène de nature politique. Elle traduit une carence des rapports de solidarité et par conséquent des mécanismes d'intégration politique. Ainsi, cette pauvreté s'inscrit dans des conditions d'exclusion ou de désintégration sociale, causées par l'affaiblissement des structures communautaires, et surtout par les défaillances des pouvoirs publics. C'est justement la raison pour laquelle, la F.A.O. souligne que « La majorité des affamés de notre planète vivent dans les zones rurales du monde en développement, loin des leviers du pouvoir politique et hors de portée visuelle des médias et du grand public des pays développés. A moins qu'une guerre ou une catastrophe naturelle ne capte momentanément l'attention et la compassion du monde, peu est dit et moins encore est fait pour mettre un terme aux souffrances de ce « continent d'affamés 163(*)...»». Il faut aussi rappeler qu'en dehors du phénomène de la pauvreté de masse, la mondialisation a favorisé la défaillance des Etats africains. Récemment, l'ex-Secrétaire Général des Nations Unies affirmait : « Si l'Afrique n'a pas pu améliorer sa productivité, c'est parce que les Etats tendent à contrôler étroitement, sinon efficacement, l'activité économique, ce qui se traduit par des barrières tarifaires élevées et des services publics déficients. La corruption est également très répandue164(*) ». La Banque mondiale insiste volontiers sur cette responsabilité des Etats africains, allant jusqu'à remettre en cause la nature des conditionnalités auxquelles elle a si souvent recouru. Elle prétend aussi que l'aide extérieure n'est pas un gage de succès et qu'elle peut même contribuer à perpétuer les situations de marasme économique et social, puisqu'elle incite les gouvernements à différer le temps des réformes. Seuls, les pays qui ont bénéficié de gouvernements capables de réaliser des réformes de structures internes importantes, notamment le Ghana, l'Ouganda et le Mali, ont connu des succès manifestes en termes de progrès économiques et sociaux165(*). En clair, la pauvreté des populations africaines continue d'être entretenue par des politiques macroéconomiques défavorables aux paysans qui constituent la grande majorité de la population d'autant que les gouvernements ont établi des contrôles de prix favorisant les minorités urbaines et décourageant les investissements dans les infrastructures nécessaires au stockage des produits agricoles et à leur commerce. Ils ont aussi accumulé les déficits budgétaires, maintenu des taux de change surévalués et des droits de douane excessifs. Ils se sont montrés longtemps hostiles au secteur privé et aux capitaux étrangers. Ils ont aussi nationalisé des industries ou soutenu artificiellement des entreprises para-étatiques mal gérées. Ce fut notamment le cas en Ethiopie, en Tanzanie, en Mauritanie, en Ouganda et au Sénégal166(*). Ces entraves, portant sur le contrôle des changes et la taxation des produits de la terre, ont permis d'enrichir les élites dirigeantes et d'asseoir leur pouvoir et leurs privilèges. C'est donc sur le terrain de la lutte contre la pauvreté de masse et celui de la démocratie que l'Union Africaine devra faire ses preuves au risque de continuer à exposer au grand jour son impuissance à réaliser l'intégration du continent.
Soulignons aussi que la mondialisation a des effets néfastes sur les exportations en Afrique. B/ Le spectre de la marginalisation par rapport aux exportations africaines Pendant les années 1980 et 1990, on a assisté à une expansion rapide de la valeur et du volume du commerce mondial des marchandises, et nombre de pays en développement ont vu leur part dans ce boum commercial. Mais l'Afrique, elle, n'a pas participé à ce développement quasi mondial des échanges. Alors même que les échanges mondiaux de biens connaissent un rythme de croissance annuelle dépassant tout juste 6% au cours de cette période, les exportations africaines ont diminué en moyenne de 1% par an, tandis que l'Asie et l'Amérique latine connaissent des taux de croissance autrement plus robustes, respectivement de 7% et de 5%. Ainsi, les résultats médiocres enregistrés par l'Afrique sur le plan de la croissance des exportations expliquent la diminution constante de la part de la région dans les échanges mondiaux de marchandises. Cette diminution a été de l'ordre de deux tiers à peu près, et a fait passer la part de l'Afrique d'environ 6% au début des années 1980 à 2% à peine au milieu des années 1990. Par comparaison, l'Amérique latine a su maintenir sa part d'environ 5% tout au long de cette période, tandis que l'Asie accroissait fortement la sienne, qui est passée de 16% à 27%. Ces chiffres confirment davantage l'idée que l'Afrique continue d'être marginalisée en ce qui concerne la contribution aux échanges mondiaux (voir tableau167(*)) :
Les résultats peu encourageants enregistrés par les exportations africaines suffisent-ils à expliquer les chiffres tout aussi médiocres de la croissance économique de la région au cours de cette période ? Si la réponse est affirmative, il reviendrait à l'Union Africaine de se préoccuper véritablement de cette marginalisation qui réduit considérablement ses capacités par rapport au commerce mondial. En outre, un autre facteur permet d'expliquer cette marginalisation. Il s'agit de la croissance relativement lente du PNB168(*) africain. C'est dire qu'en premier lieu, l'Afrique ne commerce pas autant qu'on peut attendre d'elle, eu égard à son niveau de revenu par habitant et à sa situation géographique par rapport au reste du monde. En deuxième lieu, le ratio africain commerce-PNB n'a pas connu une diminution aussi brutale que la part de la région dans le commerce mondial pendant les années 1980 et 1990. On peut en déduire que la marginalisation de l'Afrique par rapport aux échanges mondiaux s'explique par le fait que la croissance du PNB de la région a été plus faible que dans d'autres régions en développement. Aussi devons-nous admettre que d'autres raisons expliquent davantage la part chimérique de l'Afrique dans les échanges mondiaux : · Tout d'abord, les exportations africaines comportent un pourcentage beaucoup plus élevé de produits primaires (plus de 60%) que le reste du monde (moins de 25%), y compris l'Asie et l'Amérique latine. Et ces produits primaires dont tant de pays d'Afrique dépendent si lourdement ont été affectés par une demande mondiale peu animée et une baisse continue des prix réels169(*). · Ensuite, cette diminution est imputable également au fait que l'Afrique n'a pas su concevoir et promouvoir d'autres produits d'exportation, comme les produits manufacturés. Lorsque de tels produits figurent en bonne place dans le panier des exportations d'un pays, cela traduit le fait que ce pays est en contact avec les techniques internationales, qu'il apprend ces techniques et bénéficie d'un transfert de technologie et qu'il est capable de produire à des prix compétitifs sur le marché international. Par rapport aux autres régions en développement, c'est en Afrique que le pourcentage des produits manufacturés est le plus faible (environ 10% des exportations). Il revient donc à l'Union Africaine d'harmoniser, de façon rigoureuse, les politiques nationales de ses Etats membres afin de diversifier les exportations africaines et de contenir, un temps soit peu, la marginalisation persistante de l'Afrique dans les échanges mondiaux. Ceci ne sera certainement pas facile à la nouvelle organisation panafricaine, car si elle ne parvient pas à ce stade le plus tôt possible, sa mission d'intégration du continent serait probablement « mort-née ».Ainsi, pour éviter de sombrer davantage dans la médiocrité dans les relations internationales, l'Union Africaine devra relever une diversité de défis sur le plan des échanges commerciaux de l'Afrique. Paragraphe 2 : Les défis actuels au niveau des échanges commerciaux de l'Afrique Pour attirer les investissements étrangers (B), l'Union Africaine doit promouvoir, sur le continent, un commerce non seulement plus ouvert, mais aussi diversifié (A). A/ La nécessité d'un commerce plus ouvert et diversifié Il faut reconnaître que les efforts actuels d'intégration régionale remontent à 1994, date de l'entrée en vigueur du traité d'Abuja auquel ont adhéré les membres de l'ex-O.U.A.. Ce traité prévoit une intégration progressive à l'établissement d'une communauté économique africaine : · La première étape consistera en la création des zones de libre-échange en éliminant les tarifs douaniers sur les produits échangés au sein des diverses communautés économiques. · Il s'agira ensuite d'éliminer les barrières non tarifaires et d'adopter vis-à-vis de l'extérieur un tarif douanier commun pour former une union douanière. Aussi faut-il reconnaître que les taxes commerciales imposées sur le continent sont plus élevées que dans les autres régions. Ce qui contribue à freiner le commerce entre pays africains. En effet, l'approche progressive définie dans l'Accord d'Abuja, notamment la réduction de certains tarifs douaniers au niveau régional, n'a été que partiellement appliquée dans une ou deux régions. Elle a été en grande partie remplacée par la libéralisation généralisée des échanges que préconisent les programmes d'ajustement structurel financés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international170(*) (FMI). De même, les tarifs douaniers africains sur les matières premières comme les fibres textiles restent donc élevés. Or, taxer les intrants clefs d'industries à haute intensité de main d'oeuvre comme la confection et les textiles, secteurs où l'Afrique dispose d'avantages concurrentiels sur le plan de la production et de l'exploitation, est contre-productif, note la Banque mondiale. De même, les tarifs douaniers élevés sur les engrais, les pesticides et les produits chimiques agricoles constituent «un frein important à la production locale pour l'exportation», d'après l'étude de la Banque, car ces tarifs sur les intrants essentiels à la production agricole comme les engrais (produits par certains pays africains) sont en moyenne quatre fois supérieurs à ceux imposés en Asie du Sud-Est. De ce fait, le danger que constituent les programmes d'ajustement structurel pour l'Afrique a été constaté par une étude de Yilmaz AKYÛZ et Charles GORE de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (C.N.U.C.E.D.)171(*). Selon cette étude, il est certain que, sur tout le continent africain, de nombreuses incitations au développement industriel ont été battues en brèche par l'ajustement structurel. « L'impact immédiat a été la désindustrialisation172(*) générale». Et, selon la conclusion de cette étude, il faudrait que les pouvoirs publics africains «interviennent plus activement que ne leur permettent les programmes d'ajustement structurel», de façon à mieux soutenir l'industrialisation de l'Afrique. Sur ce point précisément, l'industrialisation apparaît comme l'un des défis majeurs de l'Union Africaine, car, si rien n'est fait pour démarrer l'industrialisation de l'Afrique, sa marginalisation perdurera au niveau des échanges mondiaux. Ce qui va certainement faire échouer toute politique d'intégration du continent. Par ailleurs, il revient à l'Union Africaine de développer des stratégies en faveur d'une diversification des échanges commerciaux de l'Afrique à travers le monde. Il s'agira en effet pour les Etats africains de réduire leur trop grande dépendance vis-à-vis des secteurs du textile et de l'habillement en s'orientant vers la production d'autres biens très demandés. C'est dire que l'Union Africaine doit, davantage, inciter ses Etats membres à se lancer dans la transformation des matières premières locales en produits finis pour l'exportation. D'où, l'importance de la restauration d'un climat favorable aux investissements étrangers. B/ L'obligation de restaurer un climat propice aux investissements étrangers Pour encourager leurs échanges commerciaux dans le monde, les pays africains devront, sous le contrôle de l'Union Africaine, promouvoir des politiques qui attirent les entreprises privées aussi nationales qu'étrangères. Le respect de l'Etat de droit et la mise en oeuvre de politiques macroéconomiques claires, cohérentes et prévisibles sont des conditions nécessaires à un environnement commercial digne de ce nom. En effet, il ne fait aucun doute que l'Afrique est perçue comme un continent où il y a tellement de perturbations, de guerres, de troubles et de conflits civils, de confusion et d'instabilité politique. Dans de nombreux pays africains, l'absence de politique macroéconomique crédible fait fuir les industriels. Les politiques changent trop souvent et par conséquent, les hommes d'affaires ne savent pas exactement, d'un jour à l'autre, d'une semaine à l'autre ou d'un mois à l'autre, à quoi s'attendre. De même, la plupart des pays africains ne disposent pas de réseaux173(*) de transport et de communication performants. Ce qui explique davantage le fait que le délabrement des infrastructures apparaisse véritablement cause la principale du manque de compétitivité de l'Afrique. Pour permettre donc l'accroissement des échanges régionaux en Afrique, il faut d'abord réaliser des investissements en infrastructures physiques (routes, rails, lignes électriques, services aériens et télécommunications). Par ailleurs, l'Union Africaine doit promouvoir à l'intérieur de ses Etats membres le développement du secteur des petites entreprises. En effet, dans de nombreux pays africains, le secteur privé est souvent composé, d'une part, de quelques multinationales géantes et, de l'autre, d'un vaste secteur informel de micro-entrprises. Les responsables africains doivent donc s'interroger sur la gestion de ce secteur informel qui assure une part importante de la production, du commerce et des services. Car, bien qu'étant le moteur de la plupart des économies africaines, le secteur informel n'est pratiquement pas réglementé, il a peu accès aux financements, échappe souvent à la fiscalité et sa contribution à l'économie n'est généralement pas comptabilisée. Pour que sa politique d'intégration réussisse, l'Union Africaine ne peut continuer à ignorer ce secteur important pour l'accroissement de l'économie africaine sur la scène internationale. Pas plus, qu'elle ne doit pas relâcher au niveau des autres secteurs clefs précités. * 156 Article publié par T. Oyejide ADEMOLA, Coopération Sud : La mondialisation et ses effets sur : La culture et la consommation, le commerce et la technologie, les problèmes régionaux (P.N.U.D.), n° 2, 1998, pp. 121-134. * 157B.I.T., Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation, Genève, 2004, p.48, cité par Pierre DE SENARCLENS, La mondialisation : Théories, enjeux et débats, 4e édition, Armand Colin, p.102. * 158P.N.U.D., Rapport annuel sur le développement humain, New York, 1999. * 159G. Rodgers (ed.), New Approaches to Poverty Analysis and Policy -1. The poverty agenda and the ILO. Issues for research and action, Genève, Organisation internationale du travail, 1995,p.2. * 160P.N.U.D., Rapport sur le développement humain, 1997. * 161UNCTAD, The Least Developed Countries 2000 Report, Genève, 2000, p.8, cité par Pierre DE SENARCLENS, La mondialisation : Théories, enjeux et débats , 4e édition, Armand Colin, p.102. * 162«La F.A.O. anticipe que d'ici 2020 l'épidémie aura anéanti au moins le cinquième de la population active agricole dans la majorité des pays d'Afrique australe», Pierre DE SENARCLENS, La mondialisation : Théories, enjeux et débats, 4e édition, Armand Colin, p.103. * 163« F.A.O : L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde », 2003, p. 4, cité par Pierre DE SENARCLENS, La mondialisation : Théories, enjeux et débats , 4e édition, Armand Colin, p.105. * 164« Le rôle des Nations Unies au XXIe siècle », disponible sur http://www.un.org./french/millenaire/sg/report, consulté le 25 juin 2008. * 165S. Devarajan, D. Dollar, T. HOLMGREN, Aid & Reform in Africa, The World Bank, Washington DC, 2000, cité par Pierre DE SENARCLENS, La mondialisation : Théories enjeux et débats, 4e édition, Armand Colin, p.125. * 166P. Dasgupta, An Inquiry into Well-Being and Destitution, Oxford, Clarendon Press, 1993, p. 272, ibid, p. 126. * 167Source : T. Oyéjide ADEMOLA, La mondialisation et les échanges africains : quelles perspectives ? in Coopération Sud (P.N.U.D.) : La mondialisation et ses effets sur : La culture et la consommation, le commerce et la technologie, les problèmes régionaux (P.N.U.D.), n° 2, 1998, p. 124. * 168P.N.B. : Produit National Brute. * 169La part de marché de l'Afrique dans l'exportation d'un grand nombre de produits primaires clefs a subi une érosion importante entre le début des années 1970 et le milieu des années 1990. La perte a été de 40% pour le cuivre, le bois et le café, de près de 60% pour le minerais de fer et de près de 30% pour le coton et le cacao, T. Oyéjide ADEMOLA, La mondialisation et les échanges africains : quelles perspectives ?,Coopération Sud (P.N..U.D.) : « La mondialisation et ses effets sur :La culture et la consommation, le commerce et la technologie, les problèmes régionaux » (P.N.U.D.), n° 2, 1998, p. 126. * 170« En 1990, le FMI a estimé que 75% des pays d'Afrique subsaharienne avaient des politiques commerciales «restrictives». Maintenant ce pourcentage n'est plus que de 14%. La situation est encore loin d'être idéale, note le FMI, car la moyenne des tarifs douaniers pratiqués en Afrique (19%) est supérieure à celle du reste du monde (12%). Le FMI recommande de libéraliser davantage les échanges pour éviter que le continent ne soit exclu du commerce mondial », Afrique Relance : «L'Afrique toujours en quête d'un véritable partenariat», vol.16 N° 2-3 Septembre 2002, p.21. * 171 Idem pour la référence. * 172 «D'après l'étude de la C.N.U.C.E.D., si en 1980, quatorze pays d'Afrique subsaharienne avaient une production manufacturière par habitant comparable à celle de l'Indonésie, en 1995, l'Indonésie les avait tous dépassés. Au Ghana, l'un des meilleurs élèves de l'ajustement structurel, l'emploi dans le secteur manufacturier est passé d'un chiffre record de 78 700 en 1987 à 28 000 en 1993. De larges pans du secteur manufacturier de ce pays ont été anéantis par la suppression des tarifs douaniers et des aides publiques, tandis que des produits moins chers importés d'autres continents ont eu raison de leur compétitivité. Fait plus troublant encore, disent MM. AKYÛZ et GORE de la C.N.U.C.E.D, le potentiel du Ghana en matière de fabrication et d'exportation de vêtements, chaussures, jouets et autres biens de consommation légers ne peut se concrétiser face à une concurrence extérieure acharnée», idem pour la référence. * 173 «En Afrique, il existe 1, 2 ligne téléphonique pour 100 personnes, le pourcentage le plus bas au monde. D'après la Banque mondiale, les appels téléphoniques entre pays africains coûtent de 50 à 100 fois plus chers que les appels passés à l'intérieur de l'Amérique du Nord, tandis que les coûts du fret des importations vers les pays sans littoral sont deux fois plus élevés en Afrique qu'en Asie», idem pour la référence, p. 22. |
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