UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
Unité de Formation et
de Recherche en Lettres, Art
et Communication
Département de
Lettres Modernes (DEA)
Mémoire de Sémiotique
CA TIRE SOUS LE SAHEL :
Exploration du passé et de la culture
moaga
Dirigé par
Présenté par
Louis MILLOGO K. Landry Guy Gabriel
Professeur YAMEOGO
Etudiant
Année académique 2006-2007
THEME :
Ca TIRE SOUS LE SAHEL :
Exploration du passé et de la culture
moaga.
DEDICACE
Nous dédions ce travail à celui qui nous a
donné la vie et s'est montré pleinement responsable de notre
éducation.
REMERCIEMENTS
Au Professeur Louis MILLOGO qui a accepté nous
assister,
à maître PACERE T. Frédéric, homme de
culture, de lettres et de droit qui a bien voulu nous donner son temps
précieux pour éclairer nos lanternes,
aux parents, amis, collègues et connaissances qui nous ont
galvanisé,
nous exprimons à tout un chacun notre gratitude.
EPIGRAPHE
« Si la termitière vit
Qu'elle ajoute
De la terre à la terre »
Devise de Me PACERE
SOMMAIRE
Pages
INTRODUCTION
.............................................................. ;....................07
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA THEORIE DE LA
DECONSTRUCTION, DE L'AUTEUR ET DE SON
OEUVRE...... .......................12
Chapitre I : De la
déconstruction........................................................ ..........13
Chapitre II : Présentation de l'auteur et de
l'oeuvre........................ ...................17
DEUXIEME PARTIE : EXPLORATION D'UN PASSE ET D'UNE
CULTURE.....26
Chapitre I : Sociétés traditionnelles
dénaturées..................................................27
Chapitre II : Ancrage culturel
africain............................................................63
CONCLUSION
........................................................................................74
BIBLIOGRAPHIE..................... .................................................................77
INTRODUCTION
Le continent africain traverse des difficultés
multiples sur les plans économique, social et politique qui le
maintiennent dans un sous-développement chronique. Plus de la
moitié des pays africains appartiennent au groupe des pays les moins
avancés. Certaines réalités tristes aggravent davantage la
crise ou la progression du sous-développement.
Au plan social, le continent se heurte à de graves
problèmes d'identité, de fracture sociale, de justice et de
dégradation des valeurs traditionnelles qui sont à la source de
la plupart des problèmes de sous-développement.
Mais ce qui a meurtri l'Afrique au plus profond
d'elle-même, c'est, sans conteste, l'impact brutal de la colonisation
qui, dès le XIX siècle, a mis en présence sans aucun
ménagement deux civilisations fort différentes. La civilisation
européenne constituait le modèle auquel il fallait se conformer
de gré ou de force, tandis que la civilisation africaine était
jour après jour dévalorisée.
De nombreuses oeuvres littéraires africaines ont pour
thème les mutations de la société africaine. Certains
écrivains vont même jusqu'à opposer un premier état
de cette société où elle vit en conformité avec ses
propres règles et ses traditions en jouissant d'un équilibre et
d'une harmonie remarquable, à un second état où elle est
ébranlée par l'immixtion étrangère,
perturbée par l'imposition d'idées et d'institutions
nouvelles.
C'est dans ce sillage que s'inscrit le recueil de
poèmes Ça tire sous le sahel (1976) de Me
Frédéric Titinga PACERE qui pose des questions terribles sur la
métamorphose des sociétés africaines. Cette
métamorphose doit faire réfléchir plus d'un car elle
concerne la déchéance de nos sociétés qui sont sans
repères, sans valeurs.
L'oeuvre invite au sursaut car s'ouvrir au monde ne veut pas
dire tourner le dos au lieu d'où on part. La nécessité
d'une renaissance sociale, culturelle, politique et économique se
présente à certaines sociétés africaines comme une
condition sine qua non à leur épanouissement.
C'est dans cette optique que l'étude du recueil de
PACERE permettra de parler d'une littérature africaine engagée
qui s'efforce de dessiner la physionomie socio - culturelle des
sociétés africaines et de préconiser le retour aux
sources. L'intérêt de l'étude réside dans le fait
qu'elle interpelle à une prise de conscience de la décadence des
sociétés africaines et qu'il est temps de partir des paradigmes
essentiels de nos cultures pour nous développer.
La société, nous la définissons comme
étant un ensemble d'individus vivant au sein d'une unité et dont
la satisfaction des besoins passe par des activités diverses et la
cohésion par le respect de certaines règles qui lui sont propres.
Lorsqu'il y a intégration d'éléments exogènes
à son système de fonctionnement au détriment
d'éléments indigènes, elle s'étiole et meurt.
Les sociétés africaines retiendront
exclusivement notre attention, car il s'agit d'elles dont il est question dans
notre corpus. Elles ont connu, à travers des siècles, des avatars
et il est indispensable d'en parler. Une déchéance morale,
psychologique et même physique l'emporte sur la grandeur morale et
psychologique qui permettait de les reconnaître si nous reculons dans le
temps.
C'est cette opposition binaire déroutante que nous
mettrons en relief grâce à une étude déconstructive.
Nous nous inspirons du philosophe français DERRIDA pour montrer que si
l'on parle de déchéance des sociétés africaines,
cela présuppose une grandeur d'antan. Autant nous devrions avoir
conscience de l'ébranlement des sociétés traditionnelles,
autant nous devrions garder en mémoire les moments radieux de ces
sociétés, alors authentiques.
L'ambition de l'étude est de rechercher les
présuppositions qui doivent être reconnues par le récepteur
de l'énoncé. C'est la condition qui rend le message accessible et
acceptable.
On appelle présupposition ce qui est inclus dans un
énoncé sans être exprimé explicitement. Les
présuppositions semblent non seulement rendre compte du passé
d'un peuple mais aussi de l'attachement inconditionnel à ce passé
qui fait la fierté du poète.
Quant au concept de
« déchéance », il désigne
l'incapacité des sociétés africaines à
reconquérir leur liberté, leurs valeurs et leur identité
après leur contact avec la culture de la civilisation occidentale. Elles
ont été incapables de faire la synthèse des deux cultures
et civilisations de sorte à donner naissance à de nouvelles
sociétés africaines multiculturelles. Cette
déchéance se traduit aussi par leur incapacité à
retrouver en elles-mêmes des ressources propres pour se
développer.
A l'opposé, la « grandeur » des
sociétés africaines représente tout ce qui fait leur
fierté au niveau individuel, collectif et universel. Ce sont les
différentes valeurs morales, culturelles et sociales qu'on leur
reconnaît et qui leur sont propres. Toutes ces valeurs orientent l'action
des individus en société en leur fixant des buts, des
idéaux et donc des moyens de juger leurs actes. Le poète est
beaucoup marqué par la dégradation des sociétés
africaines de sorte qu'il oublie de parler de leur grandeur.
Notre but étant de montrer que l'auteur laisse au
lecteur le soin de deviner le passé radieux des sociétés
africaines, il serait intéressant après un aperçu
général de l'oeuvre et de la théorie de la
déconstruction, de mettre un accent particulier sur les
présuppositions de la grandeur qui apparaissent implicitement à
partir de la déchéance dépeinte. Et pour y arriver, nous
aurons recours à une étude alternée des deux concepts pour
rendre la compréhension plus aisée. Ainsi, c'est en nous
référant aux indicateurs de la déchéance des
sociétés que nous évoquerons les éléments de
grandeur des sociétés africaines traditionnelles. Nous
terminerons par une étude succincte de la littérarité des
poèmes. Le poète dispose d'un héritage culturel qui lui
permet de s'exprimer de façon originale.
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