CHAPITRE VII : COTON ET DEVELOPPEMENT DURABLE
Au regard du caractère stratégique du coton en
milieu rural diabolais certaines conjonctures rendent sa production
nécessaire pour le ménage. C'est le cas des producteurs
occasionnels. Dans le contexte socioéconomique du milieu rural
diabolais, le coton se présente parfois comme le seul recours. Mais
quels enjeux le fait pour les paysans de se rabattre sur l'or blanc
soulève-t-il ?
VII. 1. Le coton à l'aune du développement
durable
Dans le milieu agricole, l'espace constitue le premier facteur
de production. Entendu comme surface, c'est la variable sur laquelle jouent
tous les producteurs en fonction des objectifs de la campagne au regard du
caractère extensif de la pratique agricole. En tant que tel, l'espace
constitue un enjeu majeur en milieu agricole diabolais où ses besoins
selon différents usages se sont accrus au cours de cette dernière
décennie.
VII.1.1. De la sécurité
foncière
Traiter de la consommation spatiale revient à
considérer deux phénomènes essentiels : d'un
côté les superficies exploitées ou le nouveau
système d'exploitation de l'espace dicté par la production
cotonnière, et de l'autre l'action de cette production sur les sols et
sur l'environnement rural en général. En effet, avant
l'enracinement de la culture du coton que l'on peut situer autour des
années 1997, la disponibilité des terres permettait aux paysans
de faire de longues jachères. De nouveaux champs étaient
défrichés mais en proportion avec l'ancienne parcelle qui vient
d'être libérée, ce qui était sans incidence sur les
superficies libres de toute activité agricole. C'était une
stratégie qui participait de l'organisation fonctionnelle de l'espace.
Cette organisation tournait autour de deux fonctions essentielles
complémentaires : l'agriculture et l'élevage. A partir de la
vulgarisation du coton en 1997 dans le département, de plus grandes
sollicitations sont observées sur l'aire départementale en
matière de terres cultivables. Les producteurs, éleveurs ou
non,
se rejoignent quant à la perception de la
raréfaction des espaces libres. En effet, « dès qu'un
paysan commence à goUter à la liquidité que procure le
coton et qu'il réussira à se procurer une force de traction
animale, il commence à étendre son champ pour augmenter ses
superficies en coton », constate un éleveur non producteur.
Ainsi, depuis le début des années 2000, de vastes
périmètres supplémentaires sont défrichés
dans les brousses diabolaises. Mus par le mirage cotonnier, de nouveaux
ménages se créent dans les familles étendues. Tous ces
nouveaux se lancent dans de nouvelles défriches de grande envergure
chaque année. La jachère devient impraticable dans cette
atmosphère de pression foncière.
Pour ce qui est de l'effet de la culture du coton sur les
sols, les paysans du département semblent en avoir la pleine mesure.
Pour eux, il est indéniable que le coton « tue » le
sol. Le phénomène semble plus important si l'on ne perd pas de
vue que ces paysans, sans expertise, ne se basent seulement que sur des
manifestations perceptibles à l'oeil nu et observables à court
terme, en l'espace de deux ou trois campagnes. Les éléments
reconnus responsables de la dégradation de ces sols sont l'engrais et
les produits phytosanitaires. En effet, il est donné de constater sur
les champs diabolais un durcissement des parcelles affectées à la
production cotonnière. « Les espaces où nous utilisons
de l'engrais durcissent sérieusement dès les campagnes suivantes
menaçant même de devenir une clairière. Le sol devient
lourd au labour et le travail à la daba très laborieux au bout de
quelques années », témoigne un producteur de la
quarantaine d'age au milieu de son champ de coton et qui nous apprend qu'il a
choisi cette parcelle pour son début dans la production
cotonnière parce qu'elle était molle et agréable à
cultiver, pour être sûr de ne pas manquer son entrée dans le
coton. Mais six (06) campagnes après, « cette parcelle est
devenue la plus dure de ma propriété et la plus sensible à
la moindre sécheresse », constate-t-il malgré sa
pratique de la rotation sur culture.
Des effets négatifs sur l'environnement, il n'y a pas
seulement que l'engrais qui les produit. Il y a aussi les autres produits
phytosanitaires. « Nous n'avons pas d'outils d'analyse mais il est
clair que les produits tuent nos sols. D'ailleurs les ATC déconseillent
l'utilisation de certains produits l'année suivante si vous les avez
utilisés cette année », argumente un producteur. Pour
les paysans du département, producteurs ou anciens producteurs, la
dégradation du sol par les produits
phytosanitaires ne souffre plus de débat. Certains
producteurs en veulent pour preuve le fait que les ATC prescrivent de limiter
la production cotonnière consécutive sur une même parcelle
à un maximum de deux (2) fois ; il faut changer obligatoirement de place
la troisième année. Ceux qui ont déjà enfreint la
règle déclarent avoir caressé le désespoir. Un
producteur s'en souvient en ces termes : « le coton se comporte
très mal, la plante elle-même est très malade et peine
à grandir quel que soit votre apport en engrais et les différents
traitements phytosanitaires. Tu vois profiler la ruine à l'horizon avant
méme la récolte. C'est la perte assurée ». En
réalité, c'est parce que le cotonnier est une plante pivotante.
Ses puissantes racines lui permettent d'aller chercher loin les nutriments
enfuis dans le sol. Deux années de culture successives suffisent au
cotonnier de puiser une bonne partie des composantes organiques du sol ;
composantes avec lesquelles l'engrais a besoin de se combiner pour produire son
effet. C'est pourquoi à la troisième année l'engrais se
trouve incapable de soutenir la plante, la faible teneur des composantes
organiques du sol ne favorisant pas une bonne combinaison. Quoi qu'il en soit,
cette situation nous renseigne sur les effets du cotonnier lui-même sur
les sols. C'est pourquoi, selon le C.C du département, «
prescription a été faite aux producteurs de brûler les
emballages après utilisation pour éviter de dégrader
l'environnement et d'intoxiquer l'entourage, et aussi d'éviter de laver
les matériels de pompe dans les marigots pour éviter
l'intoxication des hommes et des animaux ». C'est le volet
sensibilisation de la mission de son équipe.
Nonobstant cela, un producteur de 42 ans à la
tête d'une unité de production formée de sept (7) personnes
et en migration saisonnière dans une brousse à forte
densité cotonnière soutient être convaincu d'une chose :
«les malaises, les nausées et les maladies bizarres qui nous
attrapent pendant notre séjour au champ en saison pluvieuse et qui nous
poursuivent parfois même en saison sèche au village ont pour cause
les pesticides répandus dans les champs de coton et transportés
par les eaux de ruissellement vers le marigot où tout le monde puisse de
l'eau de boisson ». Il est conforté dans sa conviction par le
fait que les techniciens prescrivent de reprendre le traitement d'un champ de
coton en cas de survenance d'une pluie dans les douze (12) heures suivant le
traitement. C'est la preuve que les eaux pluviales sont efficaces dans le
lessivage des plantes de coton et que ce sont ces eaux provenant des champs qui
emplissent les marigots. Alors que pour l'ATC de Tangaye, «
ces
produits sont dégradables au contact avec la
nature. Les effets toxiques de ces eaux de ruissellement sont donc
réduits au néant parce que les toxines s'infiltrent dans le sol
». Ce qui est sûr, que ce soit le sol qui absorbe ces toxines
(et se dégrade) ou qu'elles parviennent au marigot et fragilisent
l'organisme humain, leur caractère offensif dans l'environnement rural
n'en est pas moins établi. Le producteur lui-même - ainsi que son
entourage - n'est pas à l'abri.
Par ailleurs, les ATC conseillent aux paysans de « se
couvrir entièrement, se masquer et laisser les vétements qu'ils
ont utilisés pour le traitement loin des autres effets d'habillement
pour un nettoyage et se laver correctement après l'épandage des
pesticides ». Malgré cela, ces derniers causent migraines,
diarrhées et nausées à chaque séance de traitement,
lesquels maux se prolongent pendant quelques temps voire pendant toute la
durée de la campagne de production. Ce sont là du moins les maux
dont le producteur peut faire le rapprochement direct avec les produits
phytosanitaires sinon, témoigne un groupe de producteur, «
quand tu souffres d'un malaise et tu arrives au CSPS, on te dit : vous les
hommes de coton-là, c'est le coton qui va vous tuer. On sait qu'on a mal
mais on ne sait pas exactement ce qu'on a ». Il est à noter
qu'il n'existe pas pour les paysans un matériel de protection standard,
chacun se déguisant au gré de ses caprices et de ses
inspirations. Dans cette zone, chaque année, des paysans sont victimes
d'intoxication involontaire. « L'année passée, on m'a
transporté dans un état quasi cadavérique de mon champ
jusqu'au CSPS qui était à plus de 15 Km. Le voisin qui est
là (il indexe son voisin de derrière) a subi le
même sort. Dans notre brousse à Tampeelgo, il y a une famille de
sept (7) personnes qui a été terrassée par le produit.
Heureusement ils n'en sont pas morts mais en sont sortis très affaiblis
», témoigne un producteur de 38 ans sous des éclats de
rire des autres membres du groupe. Les situations dépeintes dans ce
témoignage, même si elles sont la résultante d'un manque
d'attention, n'illustrent pas moins que ces produits restent source de danger
et constituent un réel danger dans l'environnement rural diabolais. Le
BIT estime qu'environ quarante mille (40 000) personnes, quasi exclusivement
des paysans des Etats du Sud, meurent chaque année à la suite
d'une intoxication due aux pesticides et chiffre entre trois (3) et cinq (5)
millions le nombre de paysans gravement atteints (LE CLECH,
1998, p.106). L'Agronome français Bernard LE CLECH
(1998) dans ses recherches sur l'agriculture et l'environnement est parvenu aux
conclusions
selon lesquelles les intrants agricoles provoquent la
contamination des eaux (eau de surface ou aquifères profonds) par
ruissellement ou infiltration dans le sol, la contamination de l'air par
évaporation des produits phytosanitaires. Tout cela a de multiples
incidences sur la santé humaine : effets mytogène,
tératogène, perturbation du système immunitaire, baisse de
la fertilité (p.103).
Somme toute, nous pouvons établir le constat selon
lequel le département évolue vers une insécurité
foncière. L'invasion croissante des brousses du département, les
grandes défriches, en somme la grande consommation spatiale que commande
la production cotonnière d'une part et les effets que cette production a
sur ces grandes superficies en terme de dégradation d'autre part nous
confortent dans cette logique. La région du Bam autrefois zone à
forte intensité cotonnière et aujourd'hui timide en agriculture
même vivrière ou encore le Nord burkinabè où il y a
environ 40 ans le coton était produit constituent une illustration
parlante (SANOU, 2001). Les paysans diabolais eux-mêmes
semblent en avoir pris conscience. « Nous sommes sûrs que nous
connaîtrons un problème foncier à partir de quelques
années seulement, se soucie un producteur, nos champs se
dégradent. C'est clair. Mais nous espérons que cela freinera avec
une vulgarisation du fumure organique qui pourrait remplacer l'engrais chimique
». Ce témoignage montre que non seulement les producteurs ont
connaissance du phénomène mais aussi qu'ils en connaissent
l'origine. Ce producteur dit ne pas connaître Bobo mais « selon
ce qui se dit, les terres y sont complètement foutues à cause du
coton. Les rendements, autrefois très élevés, sont
aujourd'hui bas ». Cette situation de dégradation des sols des
Hauts Bassins par les engrais chimiques trouve confirmation chez YARO
(1986) qui s'est intéressé à
l'impact des cultures de rente dans l'ORD des Hauts Bassins. A ce niveau, il
faut noter la non utilisation de la fumure organique dans les champs de coton
à Diabo. Les fosses fumières sont quasi inexistantes et les
ordures ménagères ne profitent qu'aux champs de case, les seules
parcelles de maïs et de sorgho. Un autre fait important est la
fragilisation de l'environnement paysan. Il n'est aujourd'hui un secret pour
personne que le traitement aux pesticides est source de cancer à long
terme. Dans l'immédiat, les pesticides (les nausées et autres
maux de tête ou d'yeux) rendent vulnérables les ménages
producteurs et parfois non producteurs qui subissent indirectement les effets
de ces produits dans les champs de village.
Ainsi, la production cotonnière, en s'attaquant
à l'élément basique de l'organisation
socioéconomique du milieu rural, n'en est pas un facteur
d'émergence soutenable. Cet état de chose n'est pas
étranger au Directeur de la production de la SOCOMA - Ali COMPAORE,
aujourd'hui Directeur Général de la société - qui
parle d'« imposer d'autres modes de culture, promouvoir les semis
directs pour travailler moins le sol pour le dégrader moins ainsi que le
reboisement ou la revégétalisation des sols pour s'inscrire dans
le développement durable » (Interview diffusée sur les
ondes de la radio Pulsar FM de Ouagadougou le Samedi 17 Juin 2006 à 8h
30mn).
VII.1.1.1. De la sécurité
sociale
L'agriculture est une activité complètement
soumise au gré des caprices de la nature tels les aléas
climatiques, les invasions d'insectes et d'autres ravageurs. Pourtant la vie
sur ces espaces est centrée sur cette agriculture qui constitue à
la fois source de subsistance et de revenus. Pour se prémunir contre ces
éléments non prévisibles, des stratégies ont
été développées dans le milieu paysan diabolais. Il
s'agit notamment de la constitution de stocks de céréales et de
l'achat de bétail, les boeufs essentiellement. Cette épargne
sécurité pratiquée depuis des lustres sur cet espace
social a permis à cette communauté de surmonter des situations
imprévues qui auraient pu menacer son existence. Mais dans le nouveau
contexte d'expansion croissante de la culture du coton, cette stratégie
de survie se trouve mise mal à l'aise par la nouvelle logique de
production et de consommation que cette culture impose aux ménages sur
ces espaces.
VII.1.1.2. / IPSDUJ - sPFXUitP
L'enracinement croissant du coton s'est manifesté par
une croissance des superficies emblavées pour le besoin du coton d'une
part et par une croissance aussi spectaculaire du nombre de producteurs d'autre
part. Au regard des logiques de production que commande la production
cotonnière, la stratégie de prévention des risques se
trouve mise à mal. En effet, avant la conquête des champs
diabolais par le coton, soutient un groupe de paysans, on trouvait du mil vieux
de deux (2) ans sur les places du marché provenant directement de
greniers. C'est dire donc que toute la production de la dernière
campagne hibernait encore dans les greniers et constituait
une sorte d'assurance vie pour le ménage. Ce sont ces
réserves qui répondaient aux besoins socioculturels tels les
mariages, les funérailles, les actes de solidarité, etc. Ainsi,
le ménage est rassuré de pouvoir surmonter une campagne agricole
complètement manquée.
Deux facteurs concourent à l'explication de la
disponibilité de ces stocks. D'une part nous avons la faiblesse des prix
des produits céréaliers. En effet, la relative
généralité de la disponibilité ne peut que
maintenir les prix céréaliers à un niveau bas, ce qui
n'incitait pas à vendre. D'ailleurs, la disponibilité de ces
stocks constituait un prestige. Elle signait l'importance sociale et gouvernait
en partie les alliances matrimoniales. Les granges disposées à
l'entrée des concessions rendaient compte du degré d'aisance de
la famille. D'autre part, il y a la consécration totale du temps de
travail à la production vivrière. La concurrence dans le
calendrier cultural se trouve réduite au minimum. Ce sont certains
produits céréaliers (arachides, haricot notamment) qui
étaient offerts sur le marché pour répondre à
certains besoins financiers, l'autre partie destinée à la
consommation du paysan. D'ailleurs, les besoins financiers étaient
résolus par la vente du petit bétail. Le paysan concentrait donc
tous ses efforts et toute son attention sur les céréales dont il
ne limitait pas la production du moment où le surplus agricole
constituait un motif de fierté et une stratégie de survie. Mais
les moyens de stockage aléatoires rendent difficile la conservation des
vieux stocks de céréales pendant longtemps. Le second
élément de cette épargne sécurité consiste
en la vente de ces vieux stocks ou du simple surplus vivrier pour
acquérir du gros bétail, les boeufs notamment (du fait que ces
derniers sont moins attaqués par les maladies que le petit bétail
et comme un investissement à long terme) ; cela aussi pour
prévenir les menaces des feux de brousse dans les hameaux de cultures et
autres champs à migration saisonnière où sont
disposées certaines granges, ou encore dans le but de fructifier ces
réserves. Ces boeufs, même si certains les gardaient chez eux aux
bons soins de leurs enfants, la majorité de ces troupeaux étaient
confiés aux Peulh. Une relation d'interdépendance s'installait
ainsi, une forme de contrat. Il est opportun de noter que les Peulh du
département ne sont pas de producteurs vivriers à proprement
parler. Ils ne produisent que du maïs et une variété de
sorgho (appelée mil de Peulh) sur de petites superficies fumées
par le troupeau. Cette faible production parce que le ménage peulh dans
cette localité est essentiellement nucléaire, doublé du
fait que
même dans le nouveau contexte de mutation
socioéconomique, la femme peulh ne cultive pas la terre. Donc, c'est le
même berger qui est en même temps paysan en attendant d'avoir de
grands enfants qui soient à mesure de garder le nombreux troupeau. Au
regard de cet état de fait, le contrat consiste pour le producteur qui
confie son troupeau au Peulh à accorder prioritairement la vaine
pâture aux animaux de son berger et surtout à veiller à ce
qu'il ne meurt pas de faim en lui fournissant un peu de vivres de temps
à autre. En retour, le Peulh veille à la pérennité
du troupeau du paysan confié à sa garde et à fumer son
champ en saison sèche. Le paysan est aussi associé au
règlement des dommages causés par le troupeau de son berger.
C'est cette complémentarité qui régissait tant bien que
mal l'agropastoralisme du département jusqu'aux lendemains des
années 90 où le coton a commencé à s'affirmer.
Ce qu'il convient de noter, c'est le primat du symbolique sur
l'économique dans l'élevage des paysans de Diabo. Comme le
témoigne ce vieil agriculteur, « on n'élève pas
les boeufs pour vendre. Pour la vente il y a le petit bétail. Seule la
survenance d'un phénomène susceptible de menacer la survie du
ménage peut envoyer un boeuf au marché ». La possession
d'un parc de boeufs est un signe de grandeur et un motif de fierté :
c'est un prestige. Le troupeau joue aussi un rôle dans la force de
traction pour le labour et dans le maintien de la fertilité du sol dans
cette zone où l'engrais chimique n'est utilisé que pour le coton.
Seuls des commerçants isolés pratiquent l'élevage
commercial (l'embouche pour le marché extérieur, principalement
le Togo).
VII.1.2. La réorganisation
socio-spatiale
L'avènement, du moins l'adhésion massive
à la production de l'or blanc a des effets induits sur l'organisation
socio-spatiale du milieu rural diabolais. En effet, l'augmentation des
superficies pour les besoins du coton et l'investissement de nouveaux terrains
par les nouveaux producteurs ne sont pas sans incidence sur la distribution des
terres selon leurs fonctions. Cet état de fait a bouleversé le
système qui régnait il y a seulement une décennie. En
effet, peu avant l'implosion de la culture cotonnière, les longues
jachères étaient une stratégie au service du pastoralisme.
Notons que le pastoralisme est très développé dans cette
localité. Les
agriculteurs-éleveurs rivalisent de bétails avec
les Peulh, pasteurs par essence. Ces derniers, de par leur importance
numérique, participent à la réforme spatiale de ce
territoire. Ils font partie intégrante de la vie socioéconomique
du département.
En ne perdant pas de vue que le bétail ne se vend qu'en
extreme nécessité et que de nouvelles acquisitions sont faites,
il est indéniable que le cheptel du département croît.
Parallèlement, ne perdons pas de vue que le coton conquiert lui aussi de
nouveaux espaces chaque année sans en libérer d'anciens,
appuyés par les nouvelles pratiques culturales. Ainsi, le nouvel ordre
agropastoral diabolais est régi par deux (2) éléments
contradictoires : le cheptel est en augmentation alors que la surface des
paturages est en pleine diminution. L'élevage étant de type
extensif, il implique une possibilité de mobilité, un
déplacement des zones à fortes concentrations vers des zones
actuellement peu exploitées qui se trouvent être les zones
également recherchées par les producteurs. On assiste alors
à une occupation concurrentielle des terres, avec ses effets induits.
L'implosion du coton dans le département, rendant l'élevage
indispensable (besoins en force de traction dans l'attelage), le circonscrit
dans une logique de pression foncière (surpâturage) aux effets
environnementaux non négligeables. Des pistes pastorales sont investies
à des fins agricoles, toute chose qui est, directement et indirectement,
à l'origine des conflits récurrents dans le département
entre agriculteurs et éleveurs.
Au regard de tout cela, nous pouvons retenir que la production
cotonnière, fortement encrée dans cette zone, fait obstacle
à la constitution de stocks de sécurité et à
l'élevage en tant que stratégies d'épargne (de
sécurité ou de survie) de ces paysans au regard de l'incertitude
et des conditions précaires qui prévalent dans ce milieu. En
tenant compte du fait que l'épargne monétaire n'est pas
pratiquée par les paysans, le coton, même en procurant du revenu
à ces ruraux, affecte fortement leur capacité à
réagir face à la survenance d'un événement ou
risque naturel. Vue sous ce jour, la production cotonnière est un
facteur d'insécurité et de vulnérabilité du monde
paysan diabolais.
VII.2. Le phénomène coton dans la vie
sociale
Dans le nouveau contexte socioéconomique du
département, le coton occupe une place de choix dans les logiques de
production. En tant qu'activité commerciale, les opportunités
dont il bénéficie justifient le rôle secondaire que les
producteurs attribuent aux autres productions. Avec sa capacité
mobilisatrice de liquidité dans ces milieux, la production
cotonnière a révolutionné les moeurs et les usages de ce
groupe social.
VII.2.1. De l'exacerbation des fléaux
sociaux
Il est indéniable que le coton génère des
devises et que dans le département de Diabo, ces revenus sont aussi
importants au regard des caractéristiques économiques du milieu.
Mais l'argent généré par le coton est-il un facteur
d'émergence du monde rural diabolais ? Insuffle-t-il le
développement dans les ménages producteurs ? La
considération du mécanisme de gestion du revenu du coton est
primordiale dans l'appréciation des effets sociaux de cette gestion. En
effet, dès la perception de l'argent du coton, le chef de l'UP est
l'initiateur des allocations qui sont faites selon les différents postes
de dépense. Il reste le maître de l'argent. L'esquisse faite dans
le chapitre précédent20 nous situe sur les
modalités d'allocation des dépenses au sein des ménages
producteurs. En réalité, l'argent du
coton profite très peu à l'ensemble du
ménage. « Au regard de tes responsabilités,
situ veux leur joie par un partage égal, ils vont finir leur
argent et attendre encore de toiquand il y aura un besoin financier
dans la famille ; car c'est toi le chef de famille ».
Les propos de ce chef de ménage étayent la
logique de gestion. Le constat général qui se dégage est
qu'une grande partie de cet argent (généralement 50% au moins)
est géré sinon hors du ménage, du moins par le chef du
ménage à son seul bénéfice. C'est ainsi que l'on
note une récurrence de l'alcoolisme dans la zone (chez les non
musulmans) à partir des campagnes de commercialisation. En effet, «
imaginez quelqu'un qui ne pouvait avoir de l'argent qu'ayant sorti deux (2)
ou trois (3) assiettées de son mil de subsistance. Etant donné la
considération et la crainte qu'il a vis-à-vis des autres membres
de l'UP, il n'ose pas vendre à tout moment. Mais
20 Cf. IV.2.1. Les principales allocations, p.71
avec la liquidité du coton, il ne craint personne
puisqu'il ne touche pas au grenier et qu'il a l'argent sur lui. Il fait donc
chaque jour le tour des cabarets et boit plus que d'habitude. Et quand il
arrive la nuit à la maison (qu'il a quittée depuis le matin), il
ne fait que chercher la bagarre avec tout le monde et les empêche de
dormir. On voit du tout ici à partir de ce moment ». Ceci est
un comportement omniprésent dans les ménages producteurs non
musulmans diabolais que ce musulman de 34 ans déplore. Les producteurs
incriminés (producteurs non musulmans) confirment l'existence de
l'alcoolisme chronique et les effets sociaux que cela produit au sein des
familles même si ceux enquetés ont toujours soutenu l'observer
chez les voisins, chez "les autres" en fait. Ce refus d'assumer ces
comportements qui sont pourtant les leurs montre qu'ils sont conscients du
caractère néfaste de cette pratique, mais ne sont jamais parvenus
à s'en démarquer. D'ailleurs, l'alcoolisme ne semble pas toucher
les seuls non musulmans. Les témoignages de certains musulmans (dans un
entretien collectif) sont sans appel : « il y a beaucoup de musulmans
qui se laissent emporter par le mouvement d'ensemble et commence à boire
à partir de ces périodes post paiement. Ils ne fréquentent
pas les cabarets comme les autres mais ils consomment à la maison. Ils
sont nombreux ces gens-là ». Ce qui est sûr, tous
reconnaissent la récurrence du phénomène à partir
des campagnes de commercialisation et sont témoins de la misère
sociale que cela imprime au quotidien de beaucoup de ménages. C'est
ainsi que les producteurs en migration saisonnière dans les hameaux
prétextent le grand banditisme et les coupeurs de route pour revenir
dans les villages pour en réalité participer à l'ambiance
festive des cabarets de ces périodes.
Consécutivement à ce phénomène, il
y a le fait qu' « avec cet argent, les gens grouillent les femmes des
gens », argumente un non producteur, propos relayé par de
nombreux enquêtés producteurs comme non producteurs. Ce seraient
les cotonculteurs qui, « incapables de réaliser quelque chose
de bon, se livrent à leurs pulsions. Il y a toujours eu des "grouilleurs
de femmes" ; mais depuis ces quelques années où les gens ont
beaucoup adhéré à la culture du coton, le
phénomène a connu une ampleur indescriptible. Comme l'argent du
coton ne permet pas de grandes réalisations, les gens
préfèrent l'utiliser pour leur plaisir surtout que quand on a
gagné la dose (alcool), on se croit tout permis». Les
propos de ce non producteur ont trouvé confirmation auprès des
producteurs qui toutefois relativisent
la généralité de la pratique. A
côté de ces dérives liées à la gestion des
revenus, il y a d'autres fléaux qui naissent ou s'exacerbent pour le
besoin de la production cotonnière dans le département. En effet,
les enfants participent très précocement aux travaux
champêtres pour le besoin du respect du calendrier de semis doublé
du fait que toutes les parcelles de coton doivent impérativement
être labourées dans un laps de temps donné. Du moment
où l'attelage est quasiment le seul moyen de labour à la
disposition du producteur, les enfants sont activement sollicités
à un très jeune âge (dès 6-7 ans) pour tirer
(guider) la paire de boeufs ou pour la stimuler. Dans les ménages non
producteurs, cette situation existe mais la participation des enfants se limite
généralement à ce niveau. Alors que pendant la
récolte du coton, on retrouve encore ces enfants pour répondre au
besoin de finir très vite pour préserver la blancheur, donc la
qualité du coton en cette période où les vents de fin de
saison soulèvent les feuilles mortes des plantes et salissent le coton.
Ainsi le travail des enfants devient un fait et gagne en ampleur et en
intensité. Et en dépit du caractère rural du milieu,
l'individualisme est en train de prendre le pas sur le collectivisme.
En résumé, dans le contexte actuel de la culture
du coton dans le département, le malaise social devient plus visible et
plus menaçant. L'alcoolisme, le banditisme, l'individualisme et le
travail des enfants, autant de phénomènes qui gangrènent
le tissu social zaoga. Le mal serait moindre si, de par leur effectif, des
producteurs de coton n'étaient assez représentatifs et
disséminés pour que ces pratiques se vulgarisent et recrutent de
nouveaux adhérents dans les autres catégories notamment chez les
non producteurs. Ceci explique l'encrage croissant du coton en dépit de
sa faible capacité à améliorer les conditions de vie des
ménages ; l'essentiel c'est de ne pas rester à la traîne
des autres, c'est pouvoir faire comme eux, affirmer son égalité.
C'est aussi ce qui explique les ventes de vivres (mil notamment) par certains
chefs de ménages non producteurs, durcissant la période de
soudure de leur ménage. Ces ménages finissent par trouver
judicieux de produire un peu de coton pour les besoins du chef de ménage
dans l'optique de sauver leur moyen de subsistance. Car le mil se vend mal,
donc beaucoup pour peu de sous. Le coton, en instituant de nouveaux modes de
consommation en milieu zaoga, produit les conditions de son propre maintien et
de sa pérennité.
Il a entraîné le département dans une
économie de marché en l'espace de quelques temps, engageant les
ménages dans une logique de consommation que cette même production
cotonnière ne parvient pas à satisfaire. Les ménages
producteurs comme non producteurs se sont lancés dans une vente des
produits de subsistance accroissant leur degré de
vulnérabilité. Ainsi, l'argent généré par le
coton en milieu rural diabolais est source de misère sociale directement
dans les ménages producteurs avec les incartades que cela occasionne et
indirectement dans les ménages non producteurs qui se dépouillent
de leur subsistance dans l'optique de pouvoir faire comme les autres
(producteurs), de ne pas se marginaliser.
VII.2.2. Une fragilisation des liens
sociaux
Les manifestations des fléaux ci-dessus
évoqués se répercutent sur les liens sociaux qui unissent
les membres d'une même famille ou du groupe social en
général.
? A l'échelle de la famille
En milieu rural zaoga, une caractéristique essentielle
des familles est qu'elles sont étendues. En général, trois
générations cohabitent dans un même ménage. Le
patriarche est le chef du ménage qui peut être composé de
tous ses enfants mariés ou pas avec leurs enfants. En l'absence du
patriarche, le grand frère devient le chef du ménage. Tous
constituent donc une seule UP et une seule UC. Les familles nucléaires
étaient rares parce que mal appréciées (comme étant
une dissidence vis-à-vis de l'autorité parentale) et ne se
rencontrent d'ailleurs qu'à partir de ces dernières
années. D'ailleurs, selon les données du RGPH de 1996, la moyenne
d'habitants par ménage avoisinait les sept (07) habitants alors que
selon celui de 2006, cette moyenne atteint à peine six (06) personnes.
En effet, la monétarisation de l'activité agricole a
créé un climat favorable à la nucléarisation de la
famille. L'argent du coton divise les familles dans son mode de gestion. Chacun
ayant participé à la production, l'autorité du chef de
ménage est parfois remise en cause lors des temps de gestion des
revenus. Mu par l'appât du gain et le désir d'enrichissement
personnel, chacun préfère s'essayer l'année suivante avec
sa petite famille, d'abord sur un petit lopin de terrain qu'il exploite pendant
les heures
extra champêtres. Cela constitue toujours les
prémisses d'une autonomisation. Le groupe nucléaire finit par
s'exclure de l'autorité du chef de ménage pour former un
ménage à part entière et entièrement à part.
Cette démarcation s'accompagne nécessairement d'un
emménagement sur un nouvel espace. « Toutes les petites
concessions que vous rencontrez sont issues de ce processus », nous
explique un ancien producteur, autrefois à la tête d'une UP
comportant quatre (4) couples et aujourd'hui réduite à son
ménage nucléaire. Tant que le ménage s'investit
dans la production céréalière, il n'y a aucun
problème du moment où « chacun mange ce que tout le
monde mange », donc personne ne se sent lésé. Mais
sitôt que le ménage devient cotonculteur, les producteurs donnent
trois (3) ans pour qu'il se désagrège. « Si toi aussi tu
deviens grand jusqu'à prendre une femme et que tu cultives avec ta femme
pour de l'argent que quelqu'un d'autre va gérer sans que tu ne puisses
demander des comptes, vous voyez que c'est pas facile. Le problème c'est
que quand tu demandes où est entré l'argent, ça devient un
sérieux problème. Et si en présence de ta femme quelqu'un
va aller boire et revenir t'insulter ou te rendre la vie impossible, c'est pas
facile à supporter, fut-ce de la part de ton père »,
explique un nouveau chef de ménage entamant sa première campagne
agricole.
? Entre producteurs et non
producteurs
A côté de ces relations intrafamiliales, il y a
le fait que la production cotonnière soit parfois source d'autres
difficultés dans la cohabitation producteur--non producteur. En effet,
l'exploitation en coton de certains champs de village est source de nombreuses
tensions. Le traitement de ces champs aux pesticides rend l'air de certaines
aires familiales irrespirable suivant la direction du vent. Cela est cause de
fréquentes altercations dont les conséquences sont parfois
inimaginables. « Tu ne peux pas sentir le poison de quelqu'un alors
qu'il ne te laissera méme pas sentir l'odeur de son argent. Tu vas
attraper une maladie du coton alors qu'il n'y a pas l'argent de coton pour te
soigner. Et il ne te regardera méme pas », argumente un non
producteur. « Il y a surtout le fait que le coton est un facteur
d'appauvrissement pour nous les non producteurs. Si tu laisses quelqu'un
produire du coton près de chez toi, tu n'auras plus de chèvre
à vendre à la longue pour résoudre tes petits
problèmes alors que lui, il a l'argent de son coton. Toutes les
chèvres qui parcourent les champs de coton meurent pendant la
période de récolte. Généralement ce sont
en début de campagne de petites bétes que
l'on ne peut pas encore attacher. Mais si c'est un champ de mil, il n'y a pas
de problème », complète un autre. Au regard de ces
effets, tous les moyens sont bons pour contrarier ceux qui font la sourde
oreille. Etant donné l'usage de la culture attelée dans les
champs de coton, les animaux de trait piétinent inévitablement
les champs du voisinage. Les non producteurs acceptent volontiers que des
animaux labourant un champ de vivres piétinent voire tuent leurs plantes
vivrières. Mais même quand le voisin est un frère, la
tension monte quand il s'agit du labour d'une parcelle cotonnière dans
le champ de village.
? A l'échelle du GPC
A côté de ces désaffections familiales et
de voisinage, le problème le plus criard et récurrent dans tous
les groupements de producteurs de coton du département est
l'atmosphère tendue et conflictuelle qui sévit sur le
marché de commercialisation. Sur ce marché ad hoc, les causes de
conflits sont diverses. « Méme l'espace pour déposer ton
coton il faut bagarrer pour l'avoir ; il faut vous chauffer pour le nettoyage
du marché et après la sortie du coton sur le marché, la
pesée comporte aussi des problèmes. Il y a des gens qui aiment se
faire aider pour la pesée ou le chargement de leur production et qui ne
veulent pas aider les autres. Après la pesée de leur coton, ils
disparaissent. Nous avons prévu des sanctions pour cela qui est de
retenir 2 500 FCFA par jour d'absence sur le bénéfice de la
production des absentéistes. Il y a aussi le problème de
gardiennage du coton la nuit sur le site de commercialisation. Pendant toute la
durée de la commercialisation les producteurs sont en perpétuel
combat », nous confie un président de GPC. Et ces conflits ont
plus d'envergure que cela ne laisse transparaître. Certains perdent
d'importantes sommes déductibles sur un avoir déjà
insignifiant ; car ce sont les petits producteurs qui boycottent
généralement. « Imagine que tu produis 700 kg de coton.
En moins de quelques minutes, tu peux finir la pesée toi seul. A cause
de ce petit coton tu vas rester plus d'une semaine à peser et à
charger le coton des gens, tu vas souffrir autant que des gens qui ont produit
plus de 2 tonnes. Vous voyez que ce n'est pas normal. Non seulement tu ne
gagneras rien dedans, en plus tu vas travailler à mourir au même
titre que ceux qui gagneront de grosses sommes. C'est de l'exploitation que moi
en tout cas je ne peux pas accepter », se justifie un producteur
s'étant rendu coupable d'absentéisme lors de la dernière
campagne de pesée et dont les retenues faites sur
son avoir ont valu de fréquentes convocations du GPC.
Ces tensions sont rendues plus vives par le principe de la caution solidaire
où, selon les mots de ce producteur, « le
bénéfice est individuel mais la perte est collective ».
Les grands producteurs adoptent généralement une posture
condescendante, se présentant aux petits producteurs comme leur «
garantie », et en tant que tel, ils pensent avoir droit à une
certaine exonération dans la participation aux travaux physiques du
marché commercial. Toujours en rapport à ce principe de la
caution solidaire, les pressions que subissent les producteurs tombés en
impayé souvent de la part de voisins ou de parents ne peuvent que
dégrader l'atmosphère sociale. Le producteur se retrouve parfois
acculer de s'acquitter par tous les moyens et au plus vite de son crédit
auprès du GPC.
? A l'échell
A ce niveau, les tensions reposent sur des effets plus ou
moins indirects de la production cotonnière. En effet, la pratique de la
culture cotonnière dans une logique extensive a eu un effet notoire sur
la disponibilité spatiale et en tant que tel, a modifié la
relation agriculteurs - éleveurs. Les parcours ou les espaces
laissés au service du pastoralisme sont aujourd'hui entrain d'être
progressivement investis par les paysans. Le pastoralisme s'en trouve compromis
et les irruptions animales dans les champs deviennent
presqu'inévitables. Les dédommagements qui s'en suivent sont
source de problèmes du fait qu'il y a certains paysans qui supportent
avec le pasteur les frais.
Somme toute, nous pouvons retenir que la production
cotonnière n'est pas un facteur d'épanouissement des paysans
diabolais. Elle précarise le climat familial, social en
général. Les paysans vivent désormais dans une
insécurité sociale occasionnée par les difficultés
d'élevage en tant que système d'épargne
sécurité. Pour mieux apprécier la durabilité d'un
développement par le coton, il nous paraît opportun de rappeler
que la Déclaration de Rio sur l'environnement adoptée au Sommet
de la Terre en juin 1992 a défini trois (03) objectifs fondamentaux pour
le développement durable dont le premier est de maintenir
l'intégrité de l'environnement et l'utilisation durable des
espèces et des écosystèmes. Vu sous ce jour, la production
cotonnière n'est pas un facteur de développement durable ;
plus
encore il se présente comme une entrave au
développement. En s'attaquant à l'élément basique
de l'organisation socio-économique du milieu rural (la terre), il
compromet même la survie du monde paysan et accroît sa
vulnérabilité.
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