Le département de Diabo constitue une zone tampon
entre le plateau mossi à l'Ouest, le pays gourmantché à
l'Est et le pays bissa au Sud. Le peuplement de la zone a été
influencé par cette position géographique à l'interface de
trois peuples traditionnels. Plusieurs flux de populations ont abouti à
la création de cette entité. Ces différents flux anciens
de peuplement ont souvent été motivés par des divergences
politiques au niveau des villages d'origine.
Les éléments d'historiques des villages anciens
fournissent donc des informations spécifiques qui retracent les vagues
d'immigration sur l'ère diabolaise.
Le village de Diabo, qui compte actuellement 9 quartiers
répartis en 5 secteurs, aurait été peuplé par des
populations venues de Ouagadougou, Kaya, Koupéla et du Gobnangou. Diabo
signifierait en langue Gourmatchéma «le pays des hommes
courageux qui refusent toute forme de vidage».
Le village de Zonatenga au sud --ouest, qui compte
actuellement 6 quartiers, aurait été peuplé par une
population venue de Boussan Lorgo, à l'Ouest de Tenkodogo, sous la
conduite d'un certain Moyenga Kambado.
Le village de Saatenga au sud, qui compte actuellement 9
quartiers, aurait été fondé par le fils d'un certain
Trewendé venu de Tenkodogo. Il aurait trouvé le lignage
Yougbaré, originaire de Koulpissi qui était les premiers
occupants du terroir. La chefferie serait restée entre les mains du
lignage Zoetyenga.
Le village peulh de Boulyoghin au sud, qui compte actuellement
3 quartiers, aurait été fondé par Moussa Boly qui serait
arrivé de Rambo (Yatenga) à la recherche de pâturage.
Partant des éléments d'historiques ci-dessus,
il ressort une grande diversité de provenance des habitants du
département de Diabo. Le mouvement de peuplement s'est donc
effectué à travers plusieurs vagues. L'état actuel des
connaissances ne permet pas d'être formel sur la chronologie de
l'occupation spatiale du département. Mais selon le pouvoir traditionnel
central, les premiers occupants furent les MOYENGA qui fondèrent par la
suite Zonatenga (la terre du Chef des Zaossé ou la capitale des
Zaossé). Ce sont eux qui auraient accueilli et installé dans leur
quartier actuel les YONI qui incarnent aujourd'hui l'autorité la plus
importante du terroir.
III.3.2. Caractéristiques
démographiques
Selon les résultats provisoires du recensement
général de la population et de l'habitation de 2006, la
population de l'ensemble du département de Diabo est de 43357 habitants
repartis en 7 238 ménages, dont 19 969 hommes et 23 388 femmes soit
respectivement 54% de femmes et 46% d'hommes environ. Dans le
département, le rapport est de 85 hommes pour 100 femmes. Le
département s'étend sur 656 km2 avec une
densité de 66,1 habitants au km2.
III.4. 1 'aJLR fSa/'RLali/Pe
III.4.1. Les activités
agricoles
L'agriculture est la principale activité qui assure
des emplois et des revenus à la majeure partie de la population du
département de Diabo. Le système de production agricole est
caractérisé par deux facteurs essentiels : d'une part le statut
des droits fonciers traditionnels qui déterminent les attributions des
terres, l'accès à la terre, et d'autre part la notion de
subsistance. En effet le système foncier repose sur une base
lignagère. Le droit d'exploitation des terres se transmet de père
en fils sous la supervision du lignage. Sur ces espaces, aucun autre ne peut
accéder à la terre que seulement par emprunt. Les superficies
emblavées annuellement sont estimées à 36 500 ha environ.
Ces superficies sont réparties en petites exploitations familiales de 3
à 5 ha en moyenne. Mais ces superficies ne sont que de simples
estimations au regard du fait que la production vivrière ne
bénéficie pratiquement pas d'encadrement. Cette activité
demeure encore une agriculture de subsistance de type pluvial, largement
tributaire des aléas climatiques. Elle est basée sur les
céréales vivrières qui constituent plus de 80% des
productions. Les productions de rente sont drainées par le coton qui,
cultivé par quelques 2400 exploitants en 2006/2007 regroupés au
sein de 62 GPC, a occupé pourtant 2500 ha.
Le mode de production agricole dominant est la production
extensive ; même pour le coton malgré l'incitation à
l'intensification par la dotation en engrais. On note néanmoins une
intégration progressive des nouvelles techniques et technologies de
production : culture attelée, utilisation de semences
améliorées,... En dépit de cela, le niveau technologique
reste très faible. La daba constitue encore le principal moyen de cette
production.
En saison pluvieuse, tous les actifs travaillent
prioritairement dans le champ collectif où le choix des cultures est
généralement guidé par le souci de la subsistance sous
l'initiative du chef de ménage. Dans les champs individuels, c'est le
souci monétaire qui détermine le choix des productions. La
participation des femmes est aussi importante que celle des hommes. La campagne
débute vers mai --juin selon l'arrivée des pluies.
Les principales spéculations vivrières
demeurent le sorgho rouge et le mil. Le maïs, le riz, le
niébé et la patate sont relativement bien produits. Les
rendements des
différentes cultures varient selon les saisons. Le riz
et le maïs présentent les meilleurs rendements.
Les productions de rente sont destinées
essentiellement à la vente. Elles procurent annuellement des revenus
importants aux producteurs. Pour la campagne 2004-2005, ces revenus sont
estimés à plus de 246.000.000 de FCFA dans le Département
de Diabo. Elles sont constituées majoritairement de coton. Signalons
qu'à la faveur de la libéralisation du secteur coton
entamée par l'Etat en 2004, le lot B de la SOFITEX qui représente
la zone cotonnière de l'Est et tous ses actifs sont passés sous
la coupe de la société DAGRIS S.A, qui n'est rien d'autre que
l'ancienne CFDT. Le conseil des ministres en sa séance du mercredi 12
mai 2004 l'a déclarée provisoirement adjudicataire et la
signature d'un chèque de onze milliards cent cinquante millions (11 150
000 000) de francs CFA libellé au nom de la SOFITEX a fini de sceller
l'adjudication. Cette zone porte désormais le nom de zone SOCOMA
(Société Cotonnière du Gourma). Siège social : BP
265 Fada N'Gourma- Burkina Faso, S.A au capital de 6 000 000 000 F- RC : OUA
2004 B 2307- IFU 72 409 647 P- Division fiscale du Gourma- Régime du
Réel Normal.
III.4.2. Le pastoralisme
Le pastoralisme constitue le deuxième secteur
économique du département. L'élevage remplit plusieurs
fonctions dans la vie socioéconomique des paysans diabolais. Il est
d'une part facteur de fertilisation du sol surtout les parcelles
affectées au maïs. La participation des animaux à la
préparation et à l'entretien des parcelles en culture apporte un
peu de soulagement aux paysans. D'autre part, il constitue une sorte
"d'assurance vie" pour ces ruraux soumis aux incertitudes de la nature.
En 2005 la taille des éleveurs est estimée
à 8 375 personnes et le nombre de ménage d'éleveurs
à 4 679. Selon ces données, environ 10% de la population totale
pratiquerait l'élevage. Cependant les échanges avec les
populations font ressortir un nombre plus important de personnes pratiquant
l'élevage à des échelles différentes (gros ou
petits producteurs).
Deux modes d'élevage coexistent au niveau du
département de Diabo: le système traditionnel dominant et le
système amélioré. Le système traditionnel ou
extensif d'élevage est caractérisé par une faible
utilisation d'intrants ; pas de sous
produits agro-industriels, pas de vaccination ou seulement
pour une partie des bovins en cas de maladies déclarées. Ce
système qui dépend surtout des ressources naturelles est
confronté à plusieurs contraintes dont la compétition avec
une agriculture également extensive consommatrice d'espace. Chaque
année les parcours utilisables par le bétail se restreignent ce
qui complique les déplacements du bétail ; avec comme
conséquence un risque permanent de conflits entre agriculteurs et
éleveurs. La réduction des espaces de pâture et
l'insuffisance en points d'eau conduisent chaque année les gros
producteurs en transhumance de plusieurs mois vers Comin-yanga, le Togo et la
Côte d'Ivoire. Le système amélioré concerne
l'embouche intensive et semi intensive bovine et ovine
caractérisée par des investissements plus conséquents en
intrants et en temps de travail (fauche et conservation de résidus des
cultures...) ; ce qui permet d'obtenir une productivité plus importante.
Ce système permet également de réduire les conflits entre
agriculteurs et éleveurs et entre bergers et propriétaires
d'animaux. Cette activité est encore marginale, voire insignifiante
quand on la rapporte à la pratique extensive. Le faible niveau de
vaccination expose en permanence le cheptel à différentes
pathologies.