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Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

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par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

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A- La recherche d'autres pôles pétroliers et la lutte contre le terrorisme comme impératifs géopolitiques des Etats-Unis dans le golfe de Guinée

De la fin de la Guerre Froide à septembre 2001, la politique africaine des Etats-Unis était construite autour de trois axes : la promotion du libéralisme et de ses corolaires (économie de marché, démocratisation, Etats de droit), la résolution des conflits et la lutte contre le SIDA70(*). Cependant, les attentats du 11 septembre 2001 sur les tours jumelles du Wall Street Center ; manifestation de l'américanophobie et de l'insécurité grandissante dans le golfe Persique - zone de prédilection de l'industrie pétrolière américaine - allaient poser en impératif de survie géopolitique et sécuritaire l'adoption d'une nouvelle politique énergétique et l'endiguement de l'expansion du terrorisme.

Pour ce qui est du premier, les Etats-Unis avaient le choix entre réduire leur consommation du pétrole ou rechercher d'autres pôles d'approvisionnement. C'est cette dernière qui fut retenue car la première s'avérait suicidaire pour l'économie américaine. L'enjeu était donc de réduire la dépendance des Etats-Unis à l'or noir du golfe Persique. Ainsi, dès le début de l'année 2002, cet impératif fut le thème majeur de la réflexion dans les centres d'études politiques et stratégiques américaines dont l'Institute for Advanced Strategic and Political Studies (IASPS) faisait figure d'envergure71(*). Les analyses de cette institution firent de l'Afrique subsaharienne et plus particulièrement le golfe de Guinée, le nouveau pôle pétrolier américain. Ainsi fut mis sur pied à Washington l'African Oil Policy Group (AOPG) qui, dans sa première publication intitulée ``Afican oil : a priority of US national security and African development'' érigea le golfe de Guinée en ``zone d'importance stratégique'' pour la sécurité américaine ; adjoignant à Washington de se passer du pétrole de l'Orient car son importation finançait indirectement le terrorisme72(*). Dans le même ordre d'idée, Walter M. Kansteiner en sa qualité de Sous-secrétaire d'Etat chargé des dossiers africains, proclama dans une conférence organisée par l' IASPS le 25 janvier 2002 que le pétrole du continent noir était « devenu un intérêt stratégique national pour les Etats-Unis »73(*). De son côté, le sénateur républicain de l'Etat de Californie Ed Royce, président du sous-comité Afrique au sein du comité de la Chambre des Représentants pour les relations extérieures, déclarait que « le pétrole africain devrait être traité comme une priorité pour la sécurité nationale de l'après-11 septembre»74(*). Ces recommandations furent reprises et développées par d'autres revues américaines dont celle du Council of Foreign Relation et furent favorablement accueillies par le régime de Georges Walker Bush. Ainsi, dans une publication de la Quadrenal Defense Review (QDR), le Pentagone présentait le pétrole africain comme un enjeu stratégique pour les Etats-Unis75(*).

Pour ce qui est de l'endiguement du terrorisme et de l'extrémisme islamiste, l'impératif découlait autant de la réaction des Etats-Unis après l'attentat du 11 septembre que de la réponse à la détermination des islamistes à frapper les intérêts américains partout dans le monde. Déjà en 1998, les attentats simultanés de Dar es Salam en Tanzanie et de Nairobi au Kenya avaient montré qu'ils étaient capables de le faire en Afrique dont la pauvreté, les frustrations diverses, la corruption et la privatisation de la violence en faisaient un terreau propice au développement du terrorisme. Ainsi, dans ses publications la International Crisis Group76(*) démontrait la grandeur du risque de voir l'islamisme radical se développer dans les pays comme le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte au Maghreb ; au Nigéria, en Mauritanie, au Mali et au Niger en Afrique de l'Ouest ; au Soudan, en Ethiopie, Somalie, Tanzanie et au Kenya en Afrique de l'Est. L'endiguement du terrorisme en Afrique était donc un grand impératif pour les Etats-Unis d'autant plus que de nombreux experts y signalaient déjà la présence d'éléments d'al quaeda et que cette expansion pouvait s'internationaliser jusqu'au Golfe de Guinée et représenter un handicap à la nouvelle politique énergétique de Washington. L'acquisition du pétrole et sa sécurisation allaient donc de paire ; justifiant l'injonction du Vice-président Dick Cheney qui dans sa Politique nationale de l'énergie recommandait de faire de la sécurité énergétique une priorité de la politique commerciale et étrangère des Etats-Unis77(*). Cette ``pétrostratégie''78(*) a modifié la géopolitique africaine des Etats-Unis désormais structurée autour des modalités d'accès aux hydrocarbures et de leur sécurisation par lutte contre le terrorisme et l'extrémisme islamiste79(*).

Dans le golfe de Guinée, les Etats-Unis poursuivent donc trois buts majeurs : construire au travers d'initiatives diplomatiques et d'une panoplie de programmes humanitaires, économiques et sécuritaires leur hégémonie dans la région; y favoriser plus que par le passé le déploiement de leurs multinationales pétrolières80(*) ; sonner le glas des pré-carrés. La feuille de route est d'accroître de 15 à 25% les importations pétrolières en provenance de la région horizon 2015 et de réduire - suivant l'annonce faite par le président George W. Bush le 31 janvier 2006 - de plus de 75% les importations américaines de brut provenant du Moyen-Orient d'ici 202581(*).

* 70 Voir : Albert BOURGI, « Afrique, le rêve américain », in Jeune Afrique l'Intelligent, n°2106 du 22 au 28 mai 2001, p. 8 ; Frederick LERICHE, « La politique africaine des Etats-Unis : une mise en perspective », in Afrique contemporaine, Automne 2003, p.8.

* 71 Alain FOGUE TEDOM, « La géostratégie », op.cit, p.33.

* 72 Ibid. p.34.

* 73 Cité par Jean-Christophe SERVANT, « Une priorité géostratégique : Offensive sur l'or noir africain », in Le monde diplomatique, janvier 2003, p.2, http://www.monde-diplomatique.fr/2003/01/SERVANT/9856, consulté le 29 juillet 2009.

* 74 Cité par Jean-Christophe SERVANT, « Une priorité géostratégique : Offensive sur l'or noir africain », op.cit., p.2.

* 75 Wullson MVOMO ELA, « Pétrostratégie et appels d'empire dans le golfe de Guinée », op.cit., p. 8.

* 76 Cité par Joseph Vincent NTUDA EBODE, «Terrorisme et contre terrorisme en Afrique : perspectives américaines et préoccupations américaines», in Défense et Sécurité internationale, hors série n° spécial, L'année du Terrorisme, Paris, 2006, p.2.

* 77 Conn HALLINAN, cité par Jean-Claude BESSEZ, « Africom : Mode d'emploi du nouveau cheval de Troie », in Strategicc-road, p.12, http://www.strategic-road.com, consulté le 14 juillet 2009.

* 78 Wullson MVOMO ELA, « Pétrostratégie et appels d'empire dans le golfe de Guinée », op.cit.

* 79 Voir, Fréderic LERICHE, « La politique africaine des Etats-Unis : une mise en perspective », op.cit, p. 8.

* 80 Parmi les plus importantes, on peut citer Exon Mobil, Chevron, Texaco, Philips Petroleum, Ocean Energy, Noble Energy, et Grynberg Petroleum.

* 81 Voir :

- Jean-Christophe SERVANT, « Une priorité géostratégique : Offensive sur l'or noir africain », pp.1-2.

- Michael T. KLARE, « Géostratégie de l'énergie », in Reopen 911, Spotless Mind, 7 mai 2008, pp.2-3, http://www.reopen911.info/News/2008/05/07/michael-t-klare-geostrategie-de/l%E2%80%99energie-iii, consulté le 29 juillet 2009.

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