Etude du système d'assurance à Goma( Télécharger le fichier original )par DJUMA IDI Yves Université Libre des Pays des Grands Lacs (ULPGL) - Licence en Sciences Economiques et de gestion, option Gestion des entreprises 2003 |
I.2.Généralités sur Lentreprise publiqueI.2.1. Notions sur l'entreprise publique a. Définition Il existe toute une palette de définitions à utiliser selon que l'on veut mettre en lumière l'aspect économique, juridique ou financier du secteur public. Le centre européen de l'entreprise publique fondé au début de la décennie 1960 a donné la première définition de l'entreprise publique. Ce centre considère comme telle « toute entreprise dans laquelle l'Etat, les collectivités ou établissements publics, les autres entreprises publiques, sont propriétaires, séparément ou ensemble, directement ou indirectement d'une part de capital qui : « - soit excède la moitié du capital de l'entreprise - soit tout en restant minoritaire dans le capital de l'entreprise permet, du seul fait de son existence ou en se conjuguant avec des droits spécifiques à la puissance publique, de disposer d'un pouvoir effectif dans l'entreprise »21(*) Cette définition reflète l'aspect juridique de l'entreprise publique car elle ressort la répartition des parts sociales détenues par l'entreprise pour qu'elle soit considérée comme entreprise publique. La définition économique de l'entreprise publique est celle proposée par Silem et Albertini. En effet, ces auteurs définissent l'entreprise publique comme une organisation à caractère industriel et commercial placée sous l'autorité ou la tutelle de l'Etat ou d'une collectivité publique. La fonction est de produire des biens et/ou des services pour un marché.22(*) L'entreprise publique dispose, cependant, d'une certaine autonomie de gestion. Le problème spécifique relatif à la transparence des relations financières entre l'Etat et l'entreprise publique ramène certains auteurs à définir l'entreprise publique comme toute entreprise sur laquelle les pouvoirs publics peuvent exercer une influence dominante ou le pouvoirs effectifs peuvent éventuellement s'exercer par la simple existence d'un actionnaire public, fut-il très minoritaire dans la mesure où celui-ci disposerait d'une possibilité réelle face à une multitude de petits actionnaires inorganisés. b. Historique de l'entreprise publique L'origine des entreprises publiques est certes en Europe fort ancienne. Des banques publiques créées par les Etats ou des villes libres de la Grèce, existaient déjà en Grèce Antique. La Rome impériale créa par la suite des manufactures d'Etat, notamment dans l'armement, les mines et les tissus. Les mensaes furent aussi des banques publiques rattachées elles-mêmes à une caisse centrale, dont le siège était à Rome. Plus près de notre époque, la tentative la plus remarquable fut, sans doute, au XVIIe siècle celle de Colbert. Il organisa un véritable secteur public « les manufactures du roi » aussi qu'un secteur semi-public « les manufactures royales » et un secteur public « les compagnies françaises des Indes ».23(*) Les successeurs de Colbert abandonnèrent progressivement ses idées et en dehors de la phase éphémère connue sous le nom de « système de law » qui ne dura que quelques années sous la régence, on ne relève pas au XVIIIe siècle, de nouvelles créations d'entreprises publiques. Le secteur public Européen remonte donc seulement à la seconde moitié du XIXe siècle et il apparaît bien que de manière générale il n'y a pas eu au niveau des Etats, sauf en de brèves périodes et sous la poussée des pressions politiques nées d'événements exceptionnels (guerres, crises), de politique permanente d'organisation et d'extension du secteur public industriel et commercial. Ce n'est qu'à l'époque très récente qu'un certain nombre de tentatives globales : « nationalisation » ou « privatisation » ont été faites en ce sens. En Afrique le courant d'entreprises publiques existe avec la décolonisation. Au Congo, on a connu la « zaïrianisation » c'est à dire le transfert aux zaïrois de l'époque de la gestion de certaines entreprises appartenant aux étrangers. Certaines entreprises se sont vues octroyées, de ce fait, le statut d'entreprise publique, d'autres sont restées aux privés nationaux. La création des entreprises publiques ou la mise sous tutelle publique d'entreprises privées existantes s'est plutôt réalisée de manière sporadique et devant des nécessités particulières limitées à l'un ou l'autre des secteurs économiques. c. Formes d'entreprises publiques On classe les entreprises publiques selon les formes juridiques et selon le degré décroissant de l'autonomie financière et de gestion.
- Les entreprises à caractère administratif plus marqué
La dernière forme d'expression de l'intervention publique et incontestablement la plus moderne se rattache exclusivement au droit privé. Les pouvoirs publics interviennent dès lors en qualité d'actionnaires d'une société anonyme. Qu'il s'agisse des sociétés d'économie mixte exerçant leur activité sur l'ensemble du territoire national ou ne possédant qu'un champ d'action géographique local, ces entreprises sont soumises, quant à leur gestion, leurs opérations, leur comptabilité, entièrement au droit privé. Les sociétés d'économie mixte est la forme la plus souple et la plus moderne car elle présente toutes les possibilités de concentration, d'interpénétration, de financement au niveau local comme à l'échelon national ou international.
la concession, la société nationalisée et la régie autonome, les établissements publics à caractère industriel ou commercial et la régie directe. D. Causes de création des entreprises publiquesPlusieurs raisons expliquent la création des entreprises publiques. Entre autres on peut citer la décentralisation des services publics, les doctrines communalistes, nécessité de parer aux crises et aux guerres, les politiques de nationalisation globale, la crise en valeur des régions en voie de développement, le motif d'ordre international. Signalons toutefois, que cette liste n'est pas exhaustive. I.2.2. Notions sur la libéralisation I.2.2.1. Définition On dit qu'il y a libre entrée sur le marché d'un bien si toutes les entreprises qui le désirent peuvent se lancer dans la production de ce bien sans se trouver face à des obstacles d'ordre institutionnel ou autre. Ce courant a pris naissance avec les classiques et l'économiste anglais Adam Smith est considéré comme le père fondateur de l'école libérale. Son ouvrage « la recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) » est le premier grand ouvrage en faveur du libéralisme économique.24(*) Selon cet auteur, trois thèmes centraux expliquent « la richesse des nations » à savoir :
Le terme « privatiser » au sens large traduit l'idée d'un certain dégagement de l'Etat dont selon les thèses néo-libérales, le trop grand dirigisme freine, inconsciemment, l'initiative et perturbe les lois du marché. Au sens strict, il définit le transfert au secteur privé de la propriété des entreprises dont les pouvoirs publics (l'Etat ou d'autres collectivités) possèdent la totalité ou la partie du capital. La privatisation est en ce sens plus large que la « dénationalisation » chargée d'idéologie politique et qui s'oppose au concept préalable de « nationalisation ». Elle n'est pas, non plus synonyme de la « déréglementation » encore qu'elle puisse, le cas échéant entraîner l'abandon des monopoles publics traditionnels ; ni de « la désétatisation » qui peut se traduire, le cas échéant, par un transfert du pouvoir de l'Etat entre les mains de collectivités décentralisées. Elle est également très différente d'une politique de simple application aux entreprises publiques, en dehors de tout transfert de la propriété, de règles de gestion (comptabilité, gestion financière, statut des personnels, etc.) du type privé. La privatisation a pour fondements la recherche des structures plus souples et plus performantes, le développement des places financières, la croisade de l'actionnariat populaire et de la participation des salariés, la contribution avantageuse aux problèmes budgétaires, et le fait que c'est un phénomène récent de portée universelle. Avant de terminer ce point sur la privatisation, présentons ses dangers et précautions. Les programmes de privatisation risquent de se heurter, sans précautions suffisantes, à des environnements négatifs dont nous ne retiendrons que les plus apparents, à savoir les anomalies d'un retour au marché, le possible éviction boursière, l'emploi imprudent des produits par nature exceptionnels. L'une des limites de la privatisation se trouve liée à l'usage que peut faire l'entreprise de la liberté acquise et à l'efficacité plus ou moins grande que l'on peut attendre du caractère régulateur du marché. Des excès opposés sont à éviter. D'une part, la déréglementation des monopoles qui soit l'apanage de certaines entreprises doit accompagner normalement le transfert au secteur privé. En effet, à l'absence d'une concurrence active, la privatisation risquerait de conduire seulement d'un monopole public à un monopole privé. Or, l'efficacité économique dépend beaucoup plus de la concurrence que la simple nature des droits de propriété. Le problème bien entendu, se complique lorsqu'on se trouve en présence des monopoles que l'on peut qualifier non de « réglementaires » mais de « naturels ». Il s'agit donc de créer une réelle concurrence ou dans la mesure où elle était très réduite, de la développer, ce qui n'est pas toujours facile. En sens contraire, une concurrence trop sauvage, une gestion trop rigoureuse, une banalisation trop poussée peuvent risquer d'entraîner dans certains secteurs professionnels des conséquences sociales insupportables au niveau des Etats. Des réductions massives d'effectifs par exemple, même si elles sont capables d'améliorer la productivité et d'assurer le développement de l'entreprise privatisée, ne manqueraient pas d'avoir des incidences fâcheuses quant au fonctionnement à court terme de l'économie nationale. Chapitre II : Aperçu de la Société Nationale des Assurances du Congo
Dans cette partie du travail, nous allons présenter la société nationale des assurances. Il sera question de passer en revue son historique, son organisation et son fonctionnement. II.1. Historique de la SONAS Avant 1966, le secteur d'assurances au Congo était exploité par les étrangers en majorité belges telles que Immoaf, Hevotin , Charles le Jeune limited, Boels, Immocongo, Ochelins, le Cousimo, l'Hervetica, etc . Ces compagnies n'étaient que des succursales dont les sièges se trouvaient en Europe et principalement en Belgique. A cet effet, leur rôle se limitait à la simple récolte des primes. La couverture effective des risques était assurée par « la compagnie mère ». Cette façon de travailler aurait comme inconvénient une vision floue de la réalité du terrain et le retard du règlement des sinistres mais aussi ces mouvements facilitaient la fuite des capitaux vers l'étranger. En novembre 1966 l'exploitation des assurances sur toute l'étendue de la République du Congo sera confiée à une société unique, nationale jouissant d'un monopole jusqu'à nos jours. Les motifs évoqués par le chef de l'Etat à l'époque le Président Mobutu peuvent se résumer en ceci :29(*) Renforcer la souveraineté de l'Etat sur le plan de la vie socio-économique ; étendre à l'échelle de la population le besoin de protection du patrimoine national par les assurances celles-ci s'identifiant ainsi à une opération d'épargne ; enfin procéder au plan national à l'accroissement rapide de la capacité contributive du secteur des assurances au développement du pays. * 21BIZAGUET A., : Le secteur public et les privatisations, 3e édition, PUF, Paris, 1988, P.8 * 22SILEM A et ALBERTINI J.M., op.cit. P. 156 * 23BIZAGUET A., op.cit. P. 13 * 24GUERRIEN B., : Dictionnaire d'analyse économique, La découverte, Paris, 1996, P.350
* 28BIZAGUET A., Op.cit. P.72 * 29 Ordonnance-loi n°66/622 du 23 novembre 1966 |
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