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L'impact religieux et socio-économique de l'épiscopat de monseigneur Paul Etoga sur le développement de la mission catholique de Nlong de 1995 a 1987

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par Joseph Hervé NGAH EKANI
Université Yaounde I - DIPES II 2007
  

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INTRODUCTION GENERALE

L'histoire religieuse révèle que les protestants sont les premiers à arriver au Cameroun en 1843. Il a fallu attendre 47 ans pour voir arriver les catholiques1. Conscients du retard qu'ils accusaient, ces derniers se sont engagés sur les sentiers d'un grand projet d'évangélisation. De Marienberg où ils débutent l'évangélisation, les missionnaires catholiques intensifient les efforts pour étendre leur action en multipliant des postes missionnaires dans le pays. C'est ainsi qu'en 1901, la mission de Mvolyé est créée. Celle-ci étant la seule mission de la région, les pères Pallotins sont débordés par le travail. Ces derniers sont remplacés par les Spiritains après la Première Guerre Mondiale et sont confrontés aux mêmes problèmes. Dans le souci de décentraliser les responsabilités dans l'immense territoire de leur zone d'apostolat, les responsables de Mvolyé créent d'autres missions dont celle de Nlong en 1926.

La mission catholique désigne la station missionnaire c'est-à-dire le site occupé par les missionnaires dans l'exercice de leur travail d'évangélisation. Cette expression fut de moins en moins utilisée au Cameroun après 19612 au profit du terme paroisse. Avant cette année, la mission catholique de Nlong, située à cinquante kilomètres de Yaoundé sur la route de douala, s'étendait sur un site de vingt quatre hectares3. C'est elle qui fait l'objet de notre étude sur le thème : «L'impact religieux et socio-économique de l'épiscopat de Monseigneur Paul Etoga sur le développement de la mission catholique de Nlong de 1955 à 1987 ».

1 E. Mveng, Histoire du Cameroun, Tome II, Yaoundé, CEPER, 1985, p. 211.

2 Le 20 Novembre 1961, Mgr. Graffin céda sa place à l'Abbé Jean Zoa. Par cet acte, l'Eglise coloniale passait le flambeau de la succession apostolique et de la mission évangélisatrice de l'Eglise universelle à l'Eglise locale devenue majeure

3 ANY, APA 10599/C mission religieuse, 1932, contributions imposées.

Les raisons qui ont conduit à un tel choix proviennent du fait que nous voulons sortir l'histoire religieuse du Cameroun de la monotonie des thèmes. Ceux-ci abordent très peu l'impact des rapports des évêques avec leur mission d'origine et ne s'attardent qu'à leurs réalisations dans leur zone d'apostolat.

Notre étude s'inscrit dans un cadre chronologique limité par deux dates de références : 1955 et 1987, chacune ayant une importance particulière dans l'histoire de la mission catholique de Nlong.

L'année 1955 marque la consécration épiscopale d'un fils de Nlong : Mgr. Paul Etoga comme premier évêque camerounais.

L'année 1987 quant à elle marque la retraite épiscopale de Mgr. Paul Etoga d'une part, et d'autre part le rattachement de la paroisse de Nlong au diocèse d'Obala.

Par ce thème, nous nous proposons d'éclairer une zone d'ombre dans l'histoire religieuse du Cameroun. En effet, contrairement à certains de ses confrères dans l'épiscopat4, le prélat n'a pas fait l'objet d'une abondante publication scientifique. A notre connaissance, aucun travail sur les rapports de Mgr. Paul Etoga avec la mission catholique de Nlong, sa mission d'origine, n'a été réalisé.

Pour mieux s'y prendre la nécessité de répondre aux interrogations suivantes s'impose : comment était Nlong avant l'arrivée des missionnaires ? Quant et comment se sont installés les missionnaires ? Quelles sont leurs oeuvres ? Qui est Mgr. Paul Etoga ? Quelles sont ses réalisations ? En d'autres termes, quel est l'impact de sont épiscopat sur le développement de Nlong ? Pour répondre à ses multiples préoccupations que soulève notre étude, nous avons eu recours à des sources multiples et variées que nous avons classées en

4 Sans être exhaustif, parmi les confrères de Mgr Paul Etoga qui ont fait l'objet de nombreuses publications, on peut citer les auteurs suivants et leur ouvrage : J. Criaud, Ils ont implanté l'Eglise au Cameroun, Yaoundé, IMA, 1989 ; Cet ouvrage retrace l'oeuvre de Mgr Henri Vieter. Dussercle, Du Kilimandjaro au Cameroun, Mgr F. X. Vogt (1870-1953), Paris, La colombe, 1954. J. Bouchard, Mgr Pierre Bonneau, évêque de Douala, Yaoundé, L'Effort camerounais, 1959. Mgr Jean Zoa, Son héritage et son enseignement, Mbalmayo, Centre d'étude redemptor hominis, 1999.

trois grandes catégories à savoir : les sources écrites, les sources orales et les sources iconographiques.

Pour ce qui est des sources écrites, elles ont été divisées en trois grands groupes :

- Les documents d'archives (Archives Nationales de Yaoundé, Archives de la Mission Catholique de Nlong, Archives de l'Archidiocèse de Yaoundé, Archives du Diocèse de Mbalmayo et Archives privées) qui nous ont donné des informations sur l'historique de Nlong à savoir les dates d'arrivée du chef catéchiste Joseph Zoa et des missionnaires dans la localité. En plus de cela, nous avons eu des informations relatives aux oeuvres des missionnaires. Les registres des baptêmes, des communions, des confirmations et des mariages de la paroisse de Nlong durant l'épiscopat de Mgr. Paul Etoga ont été consultés. Enfin, les informations sur le parcours sacerdotal du prélat ont été trouvées. Cependant, l'exploitation de ces documents était difficile à cause du mauvais état de conservation de ces archives. Cela nous a amené à faire recours aux ouvrages publiés.

- Quelques travaux ont déjà été réalisés sur le christianisme au Cameroun en général et sur Nlong en particulier.

Philippe Laburthe Tolra5 dans son ouvrage montre les motifs et les effets de la conversion rapide au christianisme chez les peuples de la forêt.

Jean Criaud6 fait une description sommaire de l'oeuvre des missionnaires catholiques au Sud Cameroun entre 1916 et 1990 et plus précisément l'oeuvre de la congrégation du Saint Esprit.

Nicolas Ossama7 retrace l'histoire de la mission principale de Yaoundé dès 1901 jusqu'à la célébration du centenaire de l'Eglise catholique au Cameroun. Il développe surtout des thèmes ayant un impact religieux positif.

5 P. Laburthe Tolara, Vers la lumière ou le désir d'Ariel à propos des Béti du Cameroun. Sociologie de la conversion, Paris, Karthala, 1999.

6 J. Criaud, La geste des spiritains, Yaoundé, St. Paul, 1990.

7 N. Ossama, L'Eglise de Yaoundé : aperçu historique, Yaoundé, St. Paul, 1997.

Jaap Van Slageren et Jean Paul Messina8 reconstituent les temps forts du christianisme au Cameroun, des origines à nos jours.

Jean Paul Messina9 à travers les actions d'un catéchiste retrace l'oeuvre des missionnaires catholiques dans la localité de Nlong.

Monseigneur Paul Etoga10 dans son ouvrage fait son autobiographie mais n'apporte pas des éclaircissements sur ses relations avec la mission catholique de Nlong.

Ces ouvrages publiés nous ont permis d'avoir des informations sur Mgr. Paul Etoga et sur les réalisations des missionnaires à Nlong. Mais nous n'avons pas eu toutes les informations nécessaires pour avancer dans notre étude. C'est pourquoi nous avons recouru aux mémoires et thèses pour essayer de palier aux insuffisances.

- Les mémoires et thèses que nous avons consultés font une analyse globale de l'oeuvre des missionnaires dans le sud forestier. Néanmoins, certains abordent en profondeur quelques aspects de notre thème.

J. P. Messina11 développe la contribution des camerounais à l'éclosion du catholicisme au Cameroun. Il évoque les débuts difficiles de l'épiscopat de Mgr. Paul Etoga à Yaoundé. Mais n'aborde pas les relations que ce dernier a entretenues avec sa mission d'origine.

Jean Gualbert Marius Owona12 retrace l'origine de la mission catholique de Nlong et son évolution jusqu'en 1966. Il n'aborde pas de manière implicite les conséquences de l'évangélisation sur le développement de Nlong.

Eugénie Abessolo13 présente l'épiscopat de Monseigneur Paul Etoga plus précisément, son séjour à Mbalmayo en tant qu'évêque fondateur du diocèse.

8 J. V. Slageren et J.P. Messina, Le christianisme au Cameroun, des origines à nos jours, Paris, Karthala, 2005.

9 J.P. Messina, Une grande figure chrétienne au Cameroun : Joseph Zoa (1885-1971), Yaoundé, CDO, 1989.

10 P. Etoga, Mon autobiographie, Bonn, Chanoine, 1995.

11 J.P. Messina, «Contribution des camerounais à l'expansion de l'Eglise Catholique : le cas de la population du sud Cameroun 1890-1961», Thèse de doctorat 3e cycle en Histoire, Université de Yaoundé, 1988.

12 J.G.M. Owona, «La Mission Catholique de N long (1923-1966) : Origine et évolution», Mémoire de DIPES II, ENS, 1998.

13 E. Abessolo, «L'épiscopat de Monseigneur Paul Etoga : 1955-1987», Mémoire de DIPES II, ENS, 2000.

Elle n'aborde pas les rapports que le prélat a entretenus avec la mission catholique de Nlong.

Ces documents nous ont également permis de mieux éclaircir les informations que nous ne connaissons que vaguement. Mais une fois de plus, nous n'avons pas eu la satisfaction que nous attendions. Il manquait des informations nécessaires sans lesquelles notre travail serait incomplet. Nous nous sommes tournés alors vers les sources orales.

L'oralité constitue la base fondamentale et une donnée privilégiée de l'histoire africaine car, elle reconstitue le passé avec parfois des détails et des précisions que ne nous donnent les sources écrites. De ce fait, grâce aux entretiens et interviews effectués sur le terrain avec des personnes dont l'âge varie entre 40 et 90 ans et qui sont évêque, prêtres, catéchistes, religieux, religieuses, laïcs ; nous avons reçu des informations nous permettant de compléter les détails qui manquaient aux sources écrites. Nous pouvons alors dire que loin d'être un simple palliatif, l'oralité est un véritable fait de civilisation qui assure la transmission des savoirs de génération en génération. Les dépositaires des sources orales sont des personnes d'expériences. C'est pour cette raison qu'Amadou Hâmpaté Ba disait : « En Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle ».

L'histoire en Afrique se constitue avec l'oralité. Elle joue un rôle important dans la société. A cet effet, Joseph Ki-zerbo affirmait que : « L'oralité apporte le degré de certitude qu'on attend normalement de la connaissance historique »14 . Ces sources orales constituent donc un fondement majeur pour la conscience historique de notre continent. Même si les sources orales nous ont permis de compléter les détails qui nous manquaient, même si elles y ont apporté la certitude, il a fallu que nous fassions tout de même recours aux sources iconographiques.

14 J. Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique Noire d'hier à demain, Paris, Hatier, 1978, p.17.

L'iconographie est constituée des photos nous ayant permis d'immortaliser certaines oeuvres de la mission qui ont contribué au développement de Nlong. Nous avons trouvé au sein du presbytère plusieurs photos dont la photo du chef catéchiste Joseph Zoa. Les autres photos qui sont des prises directes représentent le presbytère, l'Eglise St. Pierre Claver, le sixa, le dispensaire, l'internat St. Ange de Nlong, etc.

Pour travailler avec ces diverses sources, il a fallu une méthodologie. Pour ce faire, nous avons procédé par la confrontation des différentes sources, puis nous avons fait la synthèse des informations que nous avions sous la main, et c'est grâce à la complémentarité de ces sources que nous avons réalisé le présent travail. Avec ces sources, nous avons organisé notre travail en cinq chapitres. Il s'est d'abord agi de présenter le cadre physique, humain et économique de Nlong (Chapitre I). Ensuite, nous avons retracé les origines de la mission catholique de Nlong jusqu'en 1955 (Chapitre II) et procéder à la présentation de Mgr. Paul Etoga de sa naissance à son ministère épiscopal (chapitre III). Enfin, Les chapitres IV et V montrent respectivement l'impact religieux et socio-économique de l'épiscopat de Mgr. Paul Etoga sur le développement de la mission catholique de Nlong.

Naturellement, un tel travail ne peut se réaliser sans difficultés. La première difficulté est liée aux sources. Nous avons déploré l'insuffisance des sources écrites relatives à notre sujet, le caractère fragmentaire et la mauvaise conservation de certaines sources comme les archives de la mission catholique de Nlong. Nous avons également été confrontés au refus de certains informateurs à nous renseigner. Nous avons aussi eu comme difficultés l'insuffisance des moyens financiers qui pouvaient nous permettre de faire davantage des investigations pour compléter notre travail. Tous ces problèmes ont limité le champ de nos recherches et ont privé notre travail de certaines informations. Néanmoins, ce travail nous a permis de découvrir ce qu'est la recherche et de faire nos premiers pas dans ce chemin.

CHAPITRE I. NLONG : CADRE PHYSIQUE, HUMAIN ET
ECONOMIQUE

Avant l'arrivée des missionnaires catholiques en 1926, la localité de Nlong s'appelait Ngulmakong. Cette région1 s'étendait sur une superficie de plus de vingt quatre hectares2 à cinquante kilomètres de Yaoundé sur la route de Douala. Trois groupes ethniques peuplaient cette région : Eton, Ewondo et Bassa3.Mais Chaque ethnique avait des caractéristiques socio-économiques qui lui étaient propres.

I- LE CADRE PHYSIQUE

La localité de Nlong laisse apparaître les caractéristiques propres au

plateau Sud Camerounais.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo