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La conférence de Nairobi novembre 2006 et le marché du carbone : cas de l'Afrique

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par Kaddour KENDZI
Université Bordeaux IV - MASTER II Sciences politiques 2006
  

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    Université Bordeaux IV Montesquieu

    MASTER II Sciences politiques

    Spécialité recherche : pensée et mutations démocratiques

    Option relations internationales

    MEMOIRE DE MASTER II

    TITRE

    La conférence de Nairobi novembre 2006 et le marché du carbone : cas de l'Afrique

    Présenté par KENDZI KADDOUR

    Directeur de mémoire: MR DOMINIQUE D'ANTAN DE VAILLAC

    Année universitaire 2006/2007

    Université Bordeaux IV Montesquieu

    MASTER II Sciences politiques

    Spécialité recherche : pensée et mutations démocratiques

    Option relations internationales

    MEMOIRE DE MASTER II

    TITRE

    La conférence de Nairobi novembre 2006 et le marché du carbone : cas de l'Afrique

    Présenté par KENDZI KADDOUR

    Directeur de mémoire: MR DOMINIQUE D'ANTAN DE VAILLAC

    Année universitaire 2006/2007

    Avant-propos

    Je tiens à remercier sincèrement toutes les personnes qui m'ont aidé et ont contribué à la réalisation de ce travail, plus particulièrement monsieur DOMINIQUE D'ANTAN DE VAILLAC, qui a orienté très soigneusement les grandes lignes de cette analyse et enrichi le contenu par ses diverses réflexions sur le fond et la forme. Je dédie ce travail à mes feus parents.

    INTRODUCTION GENERALE

    PREMIERE PARTIE
    L'industrie, les forêts et le réchauffement climatique dans le contexte mondial.

    1 Le contexte historique et mondial : le réchauffement climatique, sujet politique ou écologique ?

    2 Le climat et le dioxyde de carbone

    3 Le protocole de Kyoto et le contexte mondial

    DEUXIEME PARTIE
    La conférence mondiale de Nairobi sur le changement climatique - décembre 2006

    1 Pourquoi cette conférence sur le climat en Afrique ?

    2 La conférence de Nairobi et la forêt africaine

    3 Les échanges internationaux et le marché du carbone africain

    CONCLUSION GENERALE

    Introduction générale

    La question de la forêt mobilise autant le coeur que la raison, elle est ressentie comme un espace de liberté, de vie, de nature et de mystère. C'est dans la forêt que siègent la peur et l'espoir en même temps, c'est le coeur battant du développement et de l'activité humaine, abritant l'Homme du berceau au cercueil.

    La forêt, et par elle le climat, ou tout simplement la nature a des lois que l'homme doit respecter, parce qu'elles le dépassent. Tout déséquilibre sera payé tôt ou tard par les générations actuelles ou futures.

    Un développement responsable, mais pas durable, s'impose de lui-même dans le 21ème siècle. L'environnemental, le social et l'économique doivent se conjuguer ensemble et en harmonie, principe que les Nations Unies prônent depuis une décennie, afin de sauver la planète ! Ce mécanisme vertueux, qui veut que l'on réponde aux besoins du présent sans compromettre l'héritage des générations futures, est la définition que BRUNTLAND a donnée au développement durable en 1987. La forêt et le changement climatique occupent une part très importante dans ce mécanisme de développement soutenable.

    Comme pour tous les malheurs ou presque, l'Afrique est une fois encore le continent le plus vulnérable et le moins préparé. «L'Afrique sera la plus durement frappée», avertit le Dr Anthony Nyong du programme Climat Change adaptation Afrique. Pour le Dr Nyong, les effets du mauvais climat vont se greffer à la liste des maux qui sévissent, déjà, sur le continent (guerre, famine, maladie).

    Avec les changements climatiques annoncés, les pays africains devront faire face à des inondations plus fréquentes. Pour les scientifiques, le cas de l'Afrique est d'autant plus inquiétant que son écosystème est vital pour la survie de ses populations. Plus de 70% des Africains comptent sur leur milieu naturel pour se nourrir ou se soigner. L'économie du continent est également menacée car elle est essentiellement basée sur une production primaire sans valeur ajoutée significative, comme les mines et l'agriculture. C'est cet équilibre que va briser le changement climatique.

    Selon les mêmes prévisions, les villes africaines telles que Dakar ou d'autres, encore plus importantes, situées sur les côtes, risquent de se transformer en marécages avec la montée du niveau de la mer.
    Des réfugiés climatiques feront leur apparition sur le continent. Selon les estimations d'une ONG Tearfund, la Terre compte déjà 25 millions de personnes forcées par les caprices du climat à quitter leur habitat.

    Pour le Kenyan Waganri Maathai, pays du Prix Nobel de la Paix pour l'environnement, « la fonte du bonnet de neige qui coiffe le Mont Kenya est devenu un sujet de grand-place. Les terres les plus fertiles du pays sont menacées d'inondation. Ce qui les rend impraticables à l'agriculture. Dans ce pays, des conflits meurtriers surviennent entre communautés pour l'accès ou le contrôle de ressources devenues rares ».

    Pour faire face à des telles menaces, beaucoup de moyens seront nécessaires. Selon les estimations, l'Afrique devra débourser l'équivalent de trois fois ce qu'elle reçoit en aide, pour contrer les effets du changement climatique. C'est pourquoi à Nairobi, les Africains sont venus, également, réclamer l'argent qu'on leur avait promis, il y a cinq ans, à Marrakech.

    Dans la capitale kenyane où s'est tenue la conférence des Nations Unies sur le changement climatique, des pays ou communautés marginalisés ont pu exposer le bouleversement qui affecte leur vie de tous les jours. Le réchauffement climatique n'est pas innocent dans cette situation.

    Cette conférence portera-t-elle des espoirs, des solutions pour le quotidien déjà difficile pour les populations africaines ? Pendant deux semaines, les experts, les fonctionnaires gouvernementaux, les officiels, les organisations non gouvernementales, veulent renforcer les efforts engagés dans la lutte contre le réchauffement de la planète.

    Dans ce contexte, où la plupart des pays africains manquent de ressources pour affronter les effets du changement climatique, ceux-ci sont exposés en première ligne. C'est en effet la zone la plus exposée au réchauffement climatique et en même temps la plus pauvre, sans moyens consistants pour lutter. Il s'agit de faire face à la sécheresse, aux inondations, aux fortes températures, ce qui entraîne une insécurité alimentaire et hydrique.

    Le rapport de l'ONU, publié à l'ouverture de la conférence, estime qu'entre les années 1993 et 2002, le nombre d'individus tués ou affectés par les catastrophes liées au changement climatique en Afrique, dépasse les 136 millions d'individus.

    Cette conférence n'a réuni pas moins de 189 pays signataires de la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique, signée en 1992.

    Parmi ces pays, 165 nations ont déjà ratifié le protocole de Kyoto, qui les engage à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

    Ces gaz qui proviennent de la combustion des énergies fossiles, absorbent l'énergie reçue du soleil, l'empêchant d'être renvoyée dans l'espace après avoir atteint la surface de la terre. Les scientifiques attribuent l'augmentation de la température terrestre à celle de la concentration de ces gaz dans l'atmosphère, ce qui provoque le réchauffement climatique.

    Le protocole de Kyoto, signé en 1997, demande à 35 pays industrialisés de la planète de réduire, d'ici 2012, leurs émissions cumulées de gaz à effet de serre de cinq pour cent en dessous des niveaux de 1990.

    Les Etats-Unis n'ont pas ratifié le traité de Kyoto, alors qu'ils sont responsables des25% du total des émissions de GES.

    L'enjeu de cette douzième Conférence des parties est de pousser les pays riches et gros pollueurs à mettre la main à la poche. Il y a cinq ans, les pays du Nord s'étaient engagés à pourvoir chaque année des fonds supplémentaires de 410 millions de dollars américains en faveur des pays pauvres, mais rien n'a été fait.

    Le «fonds d'adaptation», destiné à financer des projets dans les pays du Sud, tarde à devenir réalité. Le «fonds de changement climatique» souffre aussi de manque de volonté. La seule opportunité qui reste à l'Afrique est le fameux mécanisme de développement propre (MDP). En vertu du principe du pollueur payeur, le MDP prévoit le financement de projets et l'achat de stocks de carbone par les pays industrialisés.

    Entre temps, le climat africain risque de devenir de plus en plus variable et, globalement, de plus en plus sec. Certes, la situation n'est pas la même à l'Est du continent, généralement plus humide, et au Sahel, généralement plus aride. De plus, elle peut changer d'une année sur l'autre. Mais la tendance dominante est au réchauffement et à une baisse des précipitations qui devraient rendre plus difficile encore l'accès à l'eau. En 2025, quelque 480 millions d'Africains risquent de connaître de réelles difficultés parce qu'ils vivront dans des régions aux ressources en eau insuffisantes. 70 millions d'autres, vivant dans les zones côtières, devront sans doute les quitter vers 2050, du fait de la montée du niveau de la mer.

    En conséquence de cela, la superficie des terres souffrant de "graves limitations environnementales", c'est-à-dire difficilement cultivables ou habitables, devrait progresser au sud du Maharani, passant de 80 000 à 600 000 km2. Ainsi, "les impacts du changement climatique pourraient largement bloquer les efforts de développement dans des secteurs-clés", selon un des rapports.

    L'agriculture, déjà fragile, devrait en souffrir un peu plus alors qu'elle constitue l'activité de 70 % des Africains. Une dégradation de la sécurité alimentaire est donc à craindre tandis que la demande dans ce domaine va doubler dans les trente prochaines années du fait de l'augmentation de la population. L'importation de produits agricoles venant des pays du Nord sera sans doute parallèlement devenue plus difficile, par la mise en culture de terres agricoles au profit des biocarburants. La sous-alimentation, pour ne pas dire les famines chroniques résultant de cette situation, favorisera l'expansion des maladies tropicales - choléra, paludisme - déjà favorisées par le réchauffement climatique.

    Mon questionnement  est donc le suivant : quelles aides et quel développement durable le monde occidental suggère-t-il aux pays en voie de développement et aux pays émergeants à travers cette conférence de Nairobi ? Quels apports positifs les pays du sud en général et les pays africains en particulier récolteront-ils par cette prise de conscience du réchauffement climatique par l'Occident? C'est ce que nous essayons de voir à travers cette analyse modeste de tout ce qui a été dit et décidé au cours de la conférence de Nairobi. Quelle place les relations internationales occupent-elles dans ce contexte mondial, difficile et complexe ?

    PREMIERE PARTIE
    L'économie mondiale, les forêts et les changements climatiques précoces ; quel avenir pour la planète ?

    1.1 Le contexte historique et mondial : le réchauffement climatique, sujet politique ou écologique ?

    1.1.1 L'homme et le changement climatique

    Les changements du climat terrestre, même les plus insignifiants, ont toujours eu des conséquences sur la vie humaine. En l'année 535 après J C, après une éruption volcanique qui rendit le climat plus frais et plus sec, il y eut des migrations, des famines, des fléaux, ainsi que des changements dans l'agriculture, et peut être même la disparition de civilisations, mais les modifications actuelles du climat sont encore plus dévastatrices que toute autre transformation ayant eu lieu dans l'histoire de l'humanité. Leur cause principale est l'augmentation de la quantité de dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère. La teneur en dioxyde dans l'atmosphère ne doit ni diminuer ni augmenter en grandes proportions. Néanmoins, durant les 150 ans derniers années et en particulier à partir de la Deuxième Guerre Mondiale, l'activité industrielle a libéré dans l'atmosphère de grandes quantités de ce carbone. Avant le début de la révolution industrielle, 580 milliards de tonnes de carbone étaient stockées dans l'atmosphère. Aujourd'hui, ce chiffre atteint 750 milliards de tonnes et, par ailleurs, il augmente de 6 milliards de tonnes tous les ans. 90 % de cet accroissement des émissions de CO2 et autres gaz à l'origine du réchauffement global de la planète provient des pays industrialisés. La décennie des années 1990 a été la plus chaude des décennies observées, avec de plus en plus de très fortes tempêtes dévastatrices. Les moussons asiatiques sont à chaque fois plus imprévisibles ; des sécheresses et des inondations extrêmement fortes et inhabituelles sont enregistrées partout dans le monde. Le bouclier de glace Larsen de l'Antarctique a été séparé du continent.

    Et la démocratie dans tout cela ? Y a t-il compatibilité entre le développement durable et la démocratie occidentale ? Comment ne pas se poser cette question alors que l'écologisme radical se lance dans la critique théorique du productivisme, la contestation des organismes génétiquement modifiés, de la publicité, de la société d'information, de la télévision, de l'industrie nucléaire, de l'automobile, etc.

    Le débat trouve ses racines dans la pensée de Jonas HANS, philosophe allemand disparu en 1993, dont la pensée est l'une des principales inspiratrices de l'écologie. Face au danger auquel le développement de la technique expose l'humanité, il notait dans son livre que le principe de responsabilité est de prendre des dispositions et des lois qui font que l'intérêt individuel ne prime pas sur l'intérêt collectif et les générations futures. Il s'agit d'une sorte de démocratie écologique futuriste qui s'inscrit dans le processus démocratique. Et le développement durable, ce passe-partout qu'on emploie dans toutes les situations et toutes les institutions, prétendant concilier développement et protection de l'environnement n'est pas qu'une nouvelle idéologie dont on parle actuellement sans arrêt ! Le développement durable ne serait qu'un faux-semblant, le manteau d'un libéralisme qui ne voudrait rien changer.

    La démocratie a déjà des soucis avec la situation de la démocratie représentative et sa légitimité devant un gouvernement d'opinion et les démocraties participatives et populaires. Et c'est alors qu'arrive le réchauffement climatique, causé en grande partie par les grandes puissances mondiales, qui a contribué et contribue continuellement au désastre écologique. L'idée de Serge LATOUCHE est que  le pouvoir n'est plus exercé par le politique, mais par l'instance occulte des firmes multinationales. L'idéal démocratique est alors en panne à l'échelle mondiale. La dynamique actuelle du capitalisme pousse au particularisme et à l'éclatement du sens collectif.

    On sait depuis plusieurs années, et des dizaines d'études le confirment, que le réchauffement du climat s'accélère, au point de rejoindre certains scénarios parmi les plus pessimistes. Mais on ne sait pas encore où se situe exactement le seuil à partir duquel le réchauffement s'emballerait à cause de l'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, sans parler des impacts de l'arrêt de l'oscillation de l'océan Atlantique et du Golf Stream, dont dépend le climat.


    Ce que les climatologues savent, c'est qu'il est pratiquement inévitable que le climat de la planète se réchauffe de 4 à 5 °C d'ici 2050, car on ne peut pas retirer de l'atmosphère terrestre les énormes quantités de GES émises depuis 10 ou 15 ans, qui vont y rester encore longtemps. L'effet de ce réchauffement variera selon les régions. Dans le nord du Canada, on parle d'un réchauffement qui pourrait atteindre 7 à 8 °C si la couverture de neige s'y modifie sensiblement.
    C'est un réchauffement du climat terrestre moyen, soit entre 3,5 et 4 °C, qui a fait fondre la calotte de glace qui recouvrait Montréal il y a 15 000 ans d'environ deux kilomètres d'épaisseur. On peut difficilement imaginer à quoi ressemblerait la métropole si le climat devait se réchauffer autant en moins de deux générations. Mais c'est malheureusement ce que prédisent les modèles à partir de la situation actuelle.

    Le groupe G.I.E.C (Groupe Intergouvernemental d'Experts du Climat), travaille présentement avec des scénarios qui tablent sur un doublement des concentrations du CO2 atmosphérique d'ici 2050. C'est ce qui devrait provoquer une hausse du climat moyen de la planète qui pourrait atteindre 4 à 5 °C. Cependant, si l'on n'arrive pas à décarboniser l'activité humaine à temps et à réduire globalement et sensiblement les émissions de GES sur la planète, on pourrait, non pas doubler mais tripler, voire quadrupler ce chiffre. Une loi américaine sur les espèces menacées (ours polaire) oblige l'administration Bush à modifier ses politiques pour qu'elles n'ajoutent plus à la menace climatique qui pèse sur cette espèce. S'il s'agit d'une manoeuvre habile pour amorcer un virage dans le dossier du climat, peu importe la subtilité de l'astuce.
    Les trois prochains rapports quinquennaux - le premier au début du mois de février - du Groupe Intergouvernemental d'Experts sur le Climat (GIEC), le groupe-conseil de l'ONU en matière de climat, pourraient non seulement mesurer l'accélération du réchauffement, mais évoquer la question la plus critique entre toutes.

    Un peu partout dans le monde, plusieurs chercheurs ont commencé à dire que l'humanité n'a plus que dix ou vingt ans pour éviter ce seuil fatidique. Certains soutiennent même que ce seuil aurait déjà été franchi et que les dérèglements du climat, de plus en plus frappants à l'échelle mondiale, ne se situent plus dans la «variation» de la météo mais dans la tendance lourde du réchauffement planétaire.

    Aucun chercheur n'ose en effet affirmer si l'hiver en cours, pour le moins doux et parcimonieux côté neige, se situe dans la gamme des caprices souvent exceptionnels de la nature ou s'il est l'effet de la tendance lourde et «irréversible» du réchauffement.1(*)

    1.1.2 Le changement climatique : un sujet politique ou écologique ?

    La question est difficilement cernable car c'est l'interférence de plusieurs domaines qui fait du sujet un domaine pluridisciplinaire, où plusieurs acteurs participent. Il y a deux approches dans cette vision. La première est basée sur de solides connaissances scientifiques. L'expérience prouve l'efficacité obtenue en maintenant les hydrocarbures enterrés, en vue de stabiliser les niveaux de CO2 atmosphérique. Les scientifiques sont d'accord sur le fait que si le taux de concentration en CO2 est le double du taux de concentration existant avant la période industrielle, le climat mondial serait dangereusement modifié. Et si les tendances actuelles perdurent, le taux serait doublé vers la moitié du siècle en cours. Les niveaux actuels de CO2 sont en effet déjà supérieurs de 30% à ceux de la période préindustrielle.

    Les méthodes permettant de réussir une importante réduction des émissions des pays industrialisés et de maintenir celles des pays du sud dans des niveaux actuels sans les augmenter sont assez bien connues (techniques de conservation de l'énergie, amélioration de l'efficacité énergétique, technologies basées sur l'énergie solaire et autres types d'énergies renouvelables). Pour assurer ce développement, les investissements équivalents à ceux consacrés aujourd'hui à l'énergie nucléaire ou à l'utilisation des énergies fossiles seraient nécessaires.

    La deuxième approche est basée sur des fondements scientifiques considérés comme incertains. Leur idée de résoudre par la science l'augmentation du CO2 n'est pas convaincante ; on n'est même pas sûr de savoir quels sont exactement les puits de carbone qui existent actuellement sur la Terre, ni comment ils fonctionnent. Les scientifiques ne se sont pas encore mis d'accord sur la quantité de carbone qui est absorbée et émise par les forêts tempérées, ni sur les moyens à mettre en oeuvre pour la connaître. D'après les scientifiques, il serait encore plus difficile d'essayer de quantifier l'efficacité de chacun de ces puits de carbone à compenser une quantité déterminée d'émissions industrielles.

    Le problème dans cette approche, c'est que les habitants d'un pays riche ne désirant pas réduire leurs émissions de dioxyde de carbone peuvent aller dans un marché de carbone acheter le nombre de mètres de puits de carbone nécessaire à leurs besoins de façon à compenser leurs émissions. Cette vision montre l'incapacité évidente d'analyser avec justice les difficultés existantes.

    Mais la technique la plus connue, qui consiste à employer des plantations forestières conventionnelles afin de fixer les émissions de carbone, semble plus simple et ne pose aucun problème. Pourtant, l'idée de planter des arbres revient uniquement à retarder le problème des émissions et la nécessité de réduction des activités génératrices de dioxyde de carbone. Il est impossible de dire avec certitude combien de carbone pourrait être absorbé de l'atmosphère par un projet de plantations et pour quelle durée.

    Au début des années 1990, les grandes entreprises majoritairement responsables de l'extraction et de l'utilisation de combustible fossiles niaient l'existence du phénomène du réchauffement global en tant que problème créé par l'industrie, et affirmaient que son importance ne justifiait pas la mise en place d'une action politique concertée. Le point de vue de ces entreprises s'est avéré très influent, et c'est ainsi que les émissions des Etats-Unis sont arrivées à un stade équivalent à 135 pays du sud.

    Mais les effets et les recherches sur le climat n'ont presque plus laissé de doutes permettant de nier le fait que le réchauffement global a commencé. Il devient presque impossible de soutenir que la consommation du restant des réserves de combustibles fossiles ne nous mènera pas au désastre.

    Analysons les deux approches : l'une propose de réduire radicalement et rapidement l'utilisation de combustibles fossiles, ce qui implique une réduction des émissions de luxe de la part des personnes qui ont déjà épuisé la quote-part des puits et des dépôts de carbone qui leur correspond. Elle propose de promouvoir la conservation et l'efficacité énergétiques, l'emploi généralisé de l'énergie renouvelable ainsi que l'agriculture écologique au lieu de l'industrie.

    L'autre approche propose l'adoption de programmes spéculatifs visant à modifier la biosphère et l'écorce terrestre afin de leur permettre d'absorber d'avantage de CO2 dans le but de sécuriser un niveau élevé de consommation de combustibles fossiles en constante accélération, de la part des pays industrialisés et des multinationales. Cette approche reçoit un grand soutien des industries productrices et consommatrices de combustibles fossiles, des fonctionnaires des Etats-Unis et autres pays occidentaux.

    Ils préconisent également la promotion de plantations forestières à cet effet, et reçoivent le soutien de nombreux technocrates, agents de promotion, experts, agences multilatérales, entreprises forestières et même de certaines organisations non gouvernementales. Ces deux visions peuvent être perçues comme étant deux moyens complémentaires de contrôler l'accumulation atmosphérique de CO2. En réalité elles sont plus éloignées l'une de l'autre, non seulement du point de vue politique, mais également en ce qui concerne leur efficacité pour réduire le réchauffement global.

    Le point de vue politique : un citoyen des Etats-Unis ou d'Europe occidentale produit vingt fois plus de dioxyde de carbone qu'un citoyen des pays du sud tels que l'Inde. Le citoyen des pays industrialisés représente une charge beaucoup plus lourde en ce qui concerne la capacité dont disposent les mécanismes du cycle du carbone pour maintenir stables les niveaux de CO2. Il considère que cette inégalité est un déséquilibre du pouvoir qui est à l'origine même du problème écologique. Il propose d'égaliser les émissions par habitant au niveau mondial, et donc réduire globalement sans forcer aucune des deux parties à souffrir des pénuries inutiles.

    Le citoyen des pays en voie de développement, ou même émergents, pense que l'inégalité de l'impact dans le cycle du carbone incombe aux pays industrialisés qui ont sur utilisé l'atmosphère tout au long de l'histoire, pour leur développement. Ainsi, les pays du sud ne se sentent pas directement responsables de l'augmentation du carbone dans l'atmosphère et l'environnement n'est pas actuellement leur souci majeur, car la bataille du développement prime. Certains pays du sud demandent des compensations financières pour une quelconque réduction des émissions de gaz à effet de serre.

    Ceci revient à dire que l'exploitation de l'atmosphère de la part d'un riche citoyen occidental sera vingt fois plus importante que celle d'un citoyen des pays en voie de développement, et lui donnera également vingt fois plus de ressources, vingt fois plus de terre pour planter des arbres, vingt fois plus d'employés afin de les planter et les entretenir. Cette approche écologique d'appropriation des ressources infligerait de nouvelles pressions sur les droits des terres et des eaux du sud. L'expérience au niveau mondial en ce qui concerne les plantations de cellulose et de palmiers à huile a mis en évidence ce qui arrive lorsque de puissants intérêts économiques prennent le contrôle de grandes surfaces de terre afin de planter des arbres dans un seul but. Les terres de cultures, de pâturages et les surfaces destinées à la collecte sont confisquées. Les ressources hydriques et la pêche en supportent les préjudices et les sols se dégradent. Les communautés locales sont souvent chassées de leur territoire, très peu d'emplois se créent et les gouvernements locaux diminuent leurs écoutes vis-à-vis des populations locales. Les écosystèmes se simplifient, la biodiversité est ravagée et même les forêts naturelles sont remplacées par des plantations. Cette perspective est menaçante étant donné que certaines personnes proposent de planter une surface équivalente à celle de l'Australie. Une communauté chassée aujourd'hui de ses terres par une entreprise pétrolière qui veut faire une prospection pour l'extraction de matières premières afin d'alimenter des voitures qui sont à des milliers de kilomètres de distance, peut être chassée une seconde fois demain au bénéfice des plantations forestières qui, d'après les conducteurs de ces mêmes voitures, sont utiles pour compenser la consommation du combustible par les voitures en question.

    Des chercheurs pensent que tout ceci est assez ironique : au lieu de réduire la trace écologique du nord, la compensation du carbone, effectuée en utilisant des plantations forestières, ne fait que l'augmenter. Par ailleurs, les terres ainsi que les ressources utilisées dans ce genre de foresterie sont achetées avec de l'argent dont une partie a été obtenue au moyen de la surexploitation de l'atmosphère qui a accompagné le développement industriel. La dette historique du carbone que les pays industrialisés ont envers les pays du sud est ainsi carrément ignorée.

    A notre avis, cette approche ratifie et approfondit encore les inégalités liées à l'utilisation des ressources qui existent entre le nord et les pays en voie de développement.

    Les différences politiques entre les deux approches sont claires. Mais quel serait le niveau d'efficacité de chaque solution en ce qui concerne la limitation du réchauffement global ?

    · La première approche est basée sur des connaissances scientifiques. Tout le monde scientifique est d'accord sur le fait que si le taux de concentration de CO2 est le double du taux existant avant la période industrielle, le climat serait dangereusement modifié. Si les tendances actuelles perdurent, le taux serait doublé vers la moitié du siècle en cours. Pour s'assurer que le volume de CO2 n'atteigne pas le double du taux préindustriel, une réduction drastique de 60% au moins par rapport aux émissions observées en 1990 est nécessaire.

    · La deuxième approche est basée sur des fondements scientifiques considérés comme flous par une bonne partie des scientifiques. On n'est même pas sûr de l'efficacité des puits de carbone, ni de la manière dont ils fonctionnent. Les scientifiques ne se sont pas encore mis d'accord sur la quantité de carbone absorbée et émise par les forêts tempérées, ni sur les moyens à mettre en oeuvre pour la connaître. La quantification des puits serait encore plus difficile. Le problème serait qu'un jour, les habitants d'un pays riche ne désirant pas réduire leurs émissions de CO2 puissent aller dans le marché du carbone acheter le nombre de mètres de puits de carbone nécessaires pour polluer encore, pour la simple raison qu'ils sont riches. Cette logique montre l'incapacité évidente à analyser de manière juste les difficultés existantes pour apprécier les résultats de l'interaction des différentes types de systèmes, à savoir l'écologie, le social, le géologique, le politique, le bureautique, le biochimique, l'économique et l'environnemental.2(*)

    Solutions récentes proposées pour absorber le CO2 :

    · Lancer des torpilles de glace carbonique vers les profondeurs de l'océan

    · Construire des voitures à partir du carbone

    · Enterrer des troncs d'arbres ou des restes organiques dans les fonds marins

    · Planter de grandes surfaces d'organismes génétiquement modifiés afin de fixer du carbone

    · Mettre en place des fermes flottantes d'algues sur des milliers de kilomètres qui s'enfonceraient éventuellement dans la mer au fur et à mesure qu'elles consomment du CO2 et deviennent lourdes.

    · Voler avec des avions militaires C-130 en laissant tomber des millions de cônes métalliques avec des plants de pins à l'intérieur.

    .

    La technique la plus connue, qui consiste à employer des plantations forestières conventionnelles afin de fixer les émissions de carbone, semble être simple et ne poser aucun problème. Pourtant, l'idée de planter des arbres afin de pouvoir remettre à plus tard la nécessaire réduction des émissions est basée sur une science aussi discutable que celle des solutions citées précédemment.

    La question qui se pose est alors : comment établir une équivalence, significative et fiable, entre le carbone stocké en permanence dans les dépôts de combustible fossile, le CO2 transitoire présent dans l'atmosphère et le carbone absorbé temporairement par les plantations d'arbres ou les programmes nationaux de foresterie ? Personne ne sait comment le faire et il est peu probable qu'on puisse le faire un jour.

    Qui sont les bénéficiaires ?

    · Les réseaux d'entreprises dont la structure et les investissements sont basés sur l'extraction et la consommation du combustible fossile

    · Les entreprises productrices d'électricité qui considèrent que le boisement compensatoire sont un moyen bon marché de persuader les organismes régulateurs de l'Etat ainsi que les consommateurs.

    · Les entreprises énergétiques

    · Les fabricants d'automobiles, essayant de donner une image verte en se servant des plantations forestières.

    · Les sociétés commerciales, banques d'investissement espèrant percevoir des commissions pour leur participation lors des transactions dans les futurs marchés du carbone.

    · Les fonctionnaires de nombreux gouvernements occidentaux, qui soutiennent avec enthousiasme ce processus. Ils espèrent que la création des marchés de carbone favorisera la création de nouveaux emplois et, de ce fait, la croissance économique.

    De nombreux professionnels forestiers voient dans l'essor des plantations compensatoires de carbone une façon de transformer leur profession, allant jusqu'à la marginaliser et l'affaiblir.

    Cependant, il est peu probable que les gouvernements du sud soient prêts à faire face à cette grande vague de plantations à carbone.

    Beaucoup de groupes sont intéressés par l'idée des plantations compensatoires de carbone et il n'est pas surprenant que cette approche se soit imposée avec une telle force.

    Ainsi, la banque mondiale prévoit un chiffre de 150 milliards de dollars. L'Electric power rester institue pense que la valeur des autorisations d'émissions de dioxyde de carbone pourrait atteindre 13 000 milliards de dollars en 2050.

    L'atmosphère deviendra ainsi une « propriété privée », une poubelle à dioxyde de carbone, une réserve financière pour les riches, afin qu'ils continuent à contaminer l'atmosphère sous prétexte qu'ils occupent de vastes surfaces de la Terre avec des plantations forestières, à l'origine de sa dégradation.

    1.2 Le climat et le dioxyde de carbone

    Les modifications actuelles du climat mondial sont plus dévastatrices que toute autre transformation ayant eu lieu dans l'histoire de l'humanité. La cause principale est l'augmentation de la quantité de CO2 présent dans l'atmosphère.

    Ainsi, l'habitabilité de la planète dépend de la teneur en dioxyde de carbone dans l'atmosphère : celle ci ne doit ni diminuer ni augmenter en de grandes proportions. En l'absence de CO2 et autres gaz permettant que la chaleur reste près de la surface de la terre, sa température moyenne baisserait jusqu'à - 6 ° C ; et en présence de trop de CO2, l'eau des océans commencerait à bouillir. Dans les niveaux actuels, la surface terrestre reste à une température moyenne adéquate de 15°C.

    Les organismes vivants tirent du CO2 de l'atmosphère et approvisionnent en carbone leur corps ou carapace. Une partie de celui-ci revient rapidement à l'atmosphère en raison de l'action de la décomposition et du feu. Les carbonates, qui s'accumulent dans les fonds marins en raison de la météorisation, du ruissellement et autres processus, finissent parfois sous les plaques continentales des bords océaniques et reviennent à l'atmosphère des millions d'années plus tard à travers l'activité volcanique.

    D'autres stocks de carbone se trouvent enterrés dans les profondeurs terrestres ou sous-marines, sous forme de charbon et de pétrole. La masse de carbone présente dans les organismes vivants est seulement quatre fois plus importante que celle qui se trouve dans l'atmosphère.

    Durant les 150 dernières années et en particulier à partir de la Deuxième Guerre Mondiale, l'activité industrielle a libéré dans l'atmosphère de grandes quantités de ce carbone, jusqu'alors confinées en lieu sûr. Avant la révolution industrielle, environ 580 milliards de tonnes étaient stockées dans l'atmosphère. Aujourd'hui, ce chiffre atteint 750 milliards et il augmente de 6 milliards tous les ans. 90% de cet accroissement des émissions de CO2 et autres gaz à l'origine du réchauffement global de la planète proviennent des pays industrialisés.

    Une étude publiée dans la revue Science estime que les ressources marines pourraient avoir en grande partie disparue d'ici 2050 à cause de la pression insoutenable des activités humaines sur le milieu marin.

    Les espèces les plus couramment pêchées actuellement pourraient n'être plus qu'un souvenir en 2048, si la dégradation des milieux marins et la « surpêche » se poursuivent au même rythme effréné qu'actuellement. Telles sont les conclusions d'une étude menée par une équipe d'océanographes et d'économistes, publiée dans l'édition du 3 novembre du magazine Science.


    « Nos analyses indiquent que sans changement, la situation actuelle laisse présager de sérieuses menaces sur la sécurité alimentaire mondiale, la qualité des eaux côtières et la stabilité de l'écosystème qui affecteront les générations actuelles et futures », écrivent-ils.


    L'équipe internationale de chercheurs à l'origine de cette étude s'est basée sur 32 expériences contrôlées, des observations dans 48 aires marines protégées, des données de la pêche mondiale de la FAO (organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) sur les prises globales de poissons et d'invertébrés de 1950 à 2003 et des données étalées dans le temps (archives, carottes, sources archéologiques...) couvrant 1000 ans d'histoire et 12 zones côtières. Cette étude, qui a duré 4 ans, montre que la perte de biodiversité causée par la « surpêche » et les pollutions menace non seulement les pêches, mais également la productivité et la stabilité globales des océans, notamment le maintien de la qualité de l'eau par filtrage biologique, la fourniture d'habitats servant de pouponnières pour les espèces marines et la protection des côtes par ces dernières.


    «L'océan est un grand recycleur, il absorbe les égouts et les recycle en substances nutritives, il retire les toxines de l'eau, produit de la nourriture et transforme le dioxyde de carbone (CO2) en élément de nutrition et en oxygène », souligne Steve Palumbi, biologiste à l'Université de Stanford (Californie, ouest) et co-auteur de ces travaux.

    Ainsi, la disparition d'une seule espèce déséquilibre l'ensemble de son écosystème, mettant en péril ses autres occupants qui sont interdépendants.
    A l'inverse, dans les zones biologiquement riches où des mesures de conservation et d'interdiction de pêche ont été mises en place, la biodiversité a pu se réinstaller, renforçant sa capacité à absorber la pollution ou les variations de températures dues au réchauffement climatique.

    Les scientifiques estiment que toutes ces données montrent qu'il est possible d'inverser les tendances actuelles avant qu'il ne soit trop tard, mais déplorent toutefois le fait « que seul 1% des océans soient protégés actuellement ».
    Le constat amer des chercheurs rappelle qu'en 2003, 29% des espèces marines étaient déjà en train de disparaître (ses quantités réduites à 90%, faute de renouvellement suffisant).

    1.3 Le protocole de Kyoto et le contexte mondial

    1.3.1. Protocole de Kyoto :

    Dans le protocole de Kyoto, les pays développés ont accepté de s'engager de façon contraignante, pour l'horizon 2008-2012, à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. Cependant, ces pays veulent atteindre cet objectif en limitant les coûts liés aux réductions d'émission de gaz à effet de serre. Dans cette optique et ce contexte, le concept générique de la valeur du carbone constitue un outil sans doute incontournable. Le prix du carbone, défini comme le coût des actions à entreprendre pour ne pas émettre une tonne de carbone, ou encore la faire absorber par un puits, correspond alors au coût marginal de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

    Lors de la conférence de Kyoto, la communauté européenne s'est engagée à réduire de 8% d'ici 2008-2012 les GES responsables du réchauffement climatique. Cet objectif suppose la mise en place d'une stratégie globale tenant compte des différents intervenants : les Etats membres, la communauté européenne, les ONG.

    Les obligations du protocole de Kyoto :

    · L'adoption d'objectifs juridiquement contraignants de réduction de six gaz à effet de serre pour 2008 -2012

    · Les Etats membres s'acquittent conjointement de leurs obligations en répartissant la charge « bulle communautaire »

    · L'existence de mécanisme de flexibilité

    · Le renforcement des obligations en matière de communication de l'information.

    Sur le plan méthodologique, il est question d'explorer le concept de valeur du carbone, ainsi que toutes ses applications pour l'analyse des enjeux de la négociation internationale. Sur le plan de l'analyse des politiques publiques, le but est de mettre en évidence les liens entre les valeurs du carbone, le choix des instruments économiques et la définition des objectifs et politiques sectoriels.

    Le protocole de Kyoto constitue donc une étape importante dans les relations internationales. Le concept de valeur du carbone constitue ainsi un outil d'aide à la décision pour les Etats, tant au niveau des négociations internationales qu'au niveau de stratégies menées à l'intérieur des pays. Il contribue en particulier à structurer, d'une part, les réflexions sur l'arbitrage entre les efforts de réduction à fournir sur le territoire national et le degré de recours au marché carbone international et, d'autre part, celles portant sur la répartition intersectorielle des réductions à effectuer au plan national.

    La mise en oeuvre d'une stratégie efficace de réduction des gaz à effet de serre implique une étude des six gaz cités dans le protocole, c'est à dire le dioxyde de carbone CO2, le méthane CH4, l'oxyde nitreux, l'hydrofluorocarbone (HFC), l'hydrocarbure perfluoré (PFC) et l'héxafluorure de souffre (SF6).

    Le protocole de Kyoto, entré en vigueur en février 1997, cible les précisions pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les mécanismes de fonctionnement ont été complétés par les accords de Marrakech en 2001 et achevés avec le plan de Montréal. Plus de 40 décisions ont donc été prises pour baliser l'application de l'entente de Kyoto, et parmi elles :

    · Les échanges de carbone ; par le biais de la banque carbone, ce procédé permettra aux pays qui dépassent leurs objectifs en matière d'émission de GES de vendre des crédits d'émissions aux pays plus pollueurs.

    · Le mécanisme de développement propre :

    Les pays industrialisés qui investissent dans des technologies propres dans les pays en développement verront la réduction des émissions de GES portées à leurs crédits.

    Les signataires de Kyoto rendront des comptes à un comité de contrôle qui s'assurera qu'ils atteignent leurs objectifs. Les pays qui ne le font pas seront passibles de sanctions économiques et verront leurs objectifs d'après 2012 revus à la hausse.

    Pour que le protocole de Kyoto entre en vigueur, il devait être ratifié par au moins 55 pays dont les émissions combinées représentent 55% du total des émissions de 1990 ; 34 pays industrialisés, dont l'union Européenne, le Canada, le Japon et la Russie l'ont fait, s'engageant à réduire conjointement d'ici 2012 leurs émissions de GES de 5,2 % par rapport à leurs niveaux de 1990. Mais la réalité est différente : cet engagement varie selon les pays. Les pays du sud (environ 100), dont la Chine, la Corée du Sud, l'Inde, le Brésil, l'Indonésie et l'Afrique du Sud, sont exemptés d'objectifs pour le moment, mais ils sont conviés à contrôler leurs émissions de gaz à effet de serre et établir des inventaires. Même s'il existe encore de nombreuses divergences entre les pays du sud et les pays industrialisés, l'Australie et les Etats-Unis d'Amérique notamment, les signataires de Kyoto se sont tout de même entendus sur la feuille de route qui lancera les discussions de la deuxième phase, soit l'horizon 2013-2017.

    Il est également question que les grands pays émetteurs de GES de demain, comme la Chine, l'Inde. Comment faire leur intégration dans le protocole de Kyoto sont prévues pour 2008. Certains pays émergents sont mêmes prêts à amorcer des discussions pour se soumettre à des restrictions, à conditions d'obtenir des compensations financières. Les Etats-Unis d'Amérique, responsable de 25% des GES actuelles, sont ramenés à la table de discussion depuis leur retrait en 2001.

    Les émissions de dioxyde de carbone sont majoritairement responsables du réchauffement planétaire : ces émissions proviennent essentiellement de l'utilisation d'énergie et la production de combustibles fossiles.

    La conférence a vu la nécessité d'élaboration d'une stratégie pour l'ensemble des secteurs d'activités émetteur de polluants est urgente, et La fixation d'un objectif intermédiaire en 2005.

    Une assistance supplémentaire aux pays en développement au moyen de mécanismes financiers et par transfert de technologies.

    Le protocole de Kyoto autorise le recours à divers instruments de flexibilité : le négoce international des droits d'émission, l'application conjointe et le mécanisme de développement propre.

    Le négoce international des droits d'émission permet aux parties signataires du protocole qui parviennent à un niveau d'émission inférieur à la quantité qui leur est attribuée, de revendre une partie de leurs droits d'émission à d'autres parties.

    En ce qui concerne l'après 2012 du protocole de Kyoto, les parties signataires se sont entendues sur un plan de travail de révision mais aucune modalité de prolongation n'a été évoquée. Pour Stavros Dimas, commissaire européen à l'environnement, « le plan de travail convenu ici est une étape importante vers la définition de la future forme d'action du protocole, mais la communauté internationale doit intensifier ces efforts pour compléter le processus dès que possible. » Avec ce plan de travail, l'examen du protocole a été reporté à 2008 mais aucun délai n'a été fixé pour l'aboutissement de ces discussions. Les ONG estiment qu'elles devraient avoir abouti dès 2009 pour donner du temps à la ratification et permettre une transition continue en 2012. Mais selon l'association Les Amis de la Terre, le report en 2008 des discussions concernant l'intégration de la Chine, de l'Inde et du Brésil dans le protocole de Kyoto risque de retarder dangereusement la deuxième phase du protocole.

    1.3.2 La finance carbone et les mécanismes pour un développement propre

    La conférence sur le climat se tient pour la première fois en Afrique et c'est un signe encourageant pour les pays en voie de développement qui sont les premiers touchés par les changements climatiques. Il a été décidé de leur confier le contrôle du Fonds pour l'Adaptation qui permettront le financement de projets aidant les populations les plus vulnérables à s'adapter aux impacts des bouleversements climatiques. Ce Fonds serait alimenté par une taxe sur les crédits générés par le Mécanisme de Développement Propre (MDP), l'un des trois mécanismes de flexibilité du Protocole de Kyoto, ce qui pourrait générer rapidement plus de 300 millions euros. Les ONG espèrent déjà que cette taxe sera étendue à l'avenir aux autres mécanismes du Protocole de Kyoto, ce qui pourrait permettre de doter ce fond de plusieurs milliards de dollars et de répondre ainsi à la réalité des besoins des pays les plus vulnérables.

    Les gouvernements ont également reconnu la nécessité de mieux répartir les projets MDP dans les pays les plus démunis. Ces MDP restent pour l'instant très localisé en Inde, en Asie et au Brésil tandis que très peu de projets sont enregistrés en Afrique par exemple. Le secrétaire général des Nations Unies a présenté son Plan cadre de Nairobi visant à renforcer les capacités et les infrastructures des pays en voie de développement pour qu'ils puissent accéder aux projets MDP. L'Union européenne a de son côté rappelé la création de son fonds mondial de capital-risque pour encourager, dans les pays en développement et les économies en transition, l'investissement privé dans les projets de promotion de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables. À l'occasion de la conférence, l'Allemagne et l'Italie se sont engagées à alimenter ce fonds de respectivement 24 millions d'euros et 8 millions d'euros au cours des quatre années à venir, en plus des 80 millions déjà avancés par la Commission. La France, par la voie de son ministre de l'écologie et du développement durable, Nelly Olin, a annoncé le versement de 2 millions d'euros au programme « Africa assist » de la Banque Mondiale, visant à faciliter le montage de projets MDP en Afrique. Prochainement, 30 à 40 projets vont voir le jour sur ce contient ; c'est du moins ce que les Africains espèrent.

    1.4  La valeur internationale du carbone et le marché

    Les études actuelles ouvrent la voie à de nouveaux développements, en prenant l'hypothèse de marché de permis d'émission en concurrence parfaite. Cela signifie en particulier qu'il n'existe aucune contrainte aux échanges, aucun coût de transaction et aucun comportement de collusion, voire de monopole. Les contraintes aux échanges peuvent s'appliquer soit aux offreurs de permis, soit aux demandeurs.

    La valeur carbone correspond au coût marginal de réduction des émissions, pour un objectif de réduction donné. Il constitue aussi un concept clé pour l'élaboration des politiques internationales et nationales de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Dans le contexte de l'application du principe de précaution en matière de changement climatique, la valeur du carbone peut en effet découler aussi bien d'une approche relevant de la régulation par les prix (taxes carbones, internationales ou nationales) que de la régulation par les quantités (quotas et permis d'émission négociables, certificats de réduction d'émission dans les actions de mise en oeuvre conjointe, mécanismes de développement propre).

    La valeur internationale du carbone serait de 53 dollars pour un montant de réduction de 480 Mtc.

    En conclusion, l'instauration d'un marché de permis d'émission, même circonscrit aux pays du monde entier, présenterait un intérêt manifeste pour la communauté internationale, car tous les pays intéressés par la réduction du carbone réduiraient leurs émissions sur leur sol jusqu'au point où le coût marginal de réduction serait égal au prix international du permis. Pour les réductions dont le coût marginal dépasse la valeur internationale du carbone, ils achèteront des permis à d'autres pays, où le coût marginal de réduction est au plus égal au prix du permis pays.

    En général, il a été démontré que tous les pays, acheteurs ou vendeurs, gagnent à l'échange sur un marché de permis d'émission, par rapport à une situation de sans échange. Plus le marché est étendu, plus le gain global est important.

    DEUXIEME PARTIE

    La conférence des Nations Unies sur le changement climatique en décembre 2006 et l'Afrique

    Une conférence mondiale sur le climat vient de démarrer à Nairobi, au Kenya. Un an après celle de Montréal, qui avait préparé les désistements de pays tels que le Canada, pays parmi les plus grands pollueurs du monde, concernant le protocole de Kyoto, voici donc que se réunissent 170 pays pour parler des changements climatiques.

    La conférence réunit les pays signataires du protocole de Kyoto et notamment tous les pays industrialisés qui ont des engagements chiffrés, mais également les pays en développement qui n'étaient pas tenus par des engagements de réduction des rejets dont certains (le Brésil, la Chine ou l'Inde par exemple) sont en phase de croissance économique très forte et, pour la Chine, font désormais partie des pays très pollueurs.

    Le fait que les pays en fort développement économique et gros consommateurs de ressources énergétiques (Chine) ne fassent pas partie du protocole est d'ailleurs l'une des raisons qui ont poussé les États-Unis ou l'Australie à ne pas ratifier ce protocole de Kyoto.

    La conférence des Nations Unies sur le changement climatique de Nairobi souffre cependant d'un financement encore insuffisant, à seulement trois semaines du début de cette rencontre de haut niveau. La conférence doit non seulement servir de forum pour la définition du cadre post-2012, mais également permettre de débattre de la mise en oeuvre du MDP (Mécanisme de Développement Propre). De ce fait, il est essentiel qu'elle bénéficie d'un financement adéquat, pour que des décisions importantes puissent être prises par les délégués. Au 13 octobre, la Commission européenne et le gouvernement allemand n'avaient pas transféré les fonds nécessaires aux organisateurs de la conférence ; le montant manquant s'établit entre 1,3 et 1,5 million de dollars pour cette réunion qui doit se tenir sur deux semaines.

    On constate un lasser aller quand il s'agit de l'environnement ou du développement durable. L'ultralibéralisme ne se presse pas pour y mettre la main, tout en sachant que le problème de l'environnement est l'affaire de tout le monde, et que tous les pays vont payer la facture, qui sera lourde si les pays concernés ne prennent pas conscience des enjeux.

    L'Europe, par son représentant de la présidence européenne, le haut responsable du gouvernement finlandais Jukka Uosukaien, notait : « Nous avons besoin d'engagements en faveur du climat de la part de tous les pays, y compris les Etats-Unis ». L'Union Européenne ne peut pas résoudre seule les problèmes liés au climat. Même si nous diminuons tous progressivement nos émissions, nous ne réduirons pas le changement climatique.

    Les positions commencent à s'arrondir. Un haut responsable américain expliquait, en marge de la conférence, que son pays encourageait la diminution des gaz à effet de serre par l'utilisation de technologies plus propres.

    Malheureusement, certains pays soutenant la position américaine se sont également tournés vers ces technologies et encouragent les nations en développement à planter davantage d'arbres pour absorber les excès de CO2.

    2.1 Pourquoi cette conférence sur le climat en Afrique ?

    Une partie de la réponse est déjà dans la question. Pourquoi une conférence de telle envergure sur le climat, pour ne pas dire sur le devenir de la planète, en Afrique, maintenant ? Ce n'est pas un hasard : la vie humaine a commencé en Afrique, c'est un fait. C'est par l'Afrique que cet Homme sera d'abord menacé, pour sa survie et son existence, l'Afrique absente, ou plutôt marginalisée des grandes décisions mondiales, tant économiques, politiques, sociales qu'environnementales.

    L'Afrique est mal partie. Depuis la période de la colonisation, les Occidentaux pensaient apporter civilisation et prospérité, mais en réalité, le résultat de cette colonisation fut une déstabilisation totale des économies et des cultures d'Afrique et un projet de dépendance à long terme de l'Occident. Le changement climatique et ses conséquences ont particulièrement touché ce continent qui n'était pas prêt, vu le grand retard technique et les politiques dévastatrices des dirigeants africains qui ont pris le pouvoir jadis, dans la majorité des cas avec la complicité des puissances colonisatrices. Un peuple déstructuré, une économie déstabilisée, qui ne compte plus sur son savoir-faire, mais sur l'importation de l'Occident, ont alors transformé le continent africain en futur consommateur des produits de l'Occident. Ne réfléchissez pas, n'innovez pas, ne vous industrialisez pas, on pense pour vous, on réfléchit pour vous, on innove pour vous !

    Les richesses de ses pays du sud, telles les forêts (bois) et les hydrocarbures (pétrole et gaz) sont commercialisées suivant des conditions occidentales : on est tombé dans une période de néo colonisation. Voilà l'Afrique d'aujourd'hui. Elle est plus vulnérable qu'avant la colonisation car elle est devenue dépendante des aides, alors que les richesses et les hommes sont là : qu'est que ne va pas alors ? C'est l'esprit ultra-libéral des Occidentaux qui a maintenu et pense maintenir encore cette Afrique sous le joug de la dépendance. Heureusement, des hommes et femmes des deux mondes ont dit « stop » : il faut voir l'Afrique autrement, nous avons besoin de l'Afrique et elle a besoin de nous ; nous sommes dans un même bateau, s'il coule nous coulons tous, et avec nous toute la planète Terre. Pour commencer à y remédier, il faut essayer de trouver des mécanismes qui permettent aux pays du sud, et en particulier à l'Afrique, de modifier cette situation intenable, et cette conférence entre dans ce contexte de redéfinition des nouvelles relations avec l'Afrique et les pays du sud en général.

    La présence de Kofi Annan et de plusieurs chefs de gouvernements des quatre coins du monde sont la preuve que cela doit changer : si on veut sauver notre avenir, cela commence par l'Afrique.

    Le but de la conférence de Nairobi est de lancer les fondations d'un futur protocole, à la suite de celui de Kyoto, qui se termine en 2012. La prise de conscience ne s'est pas traduite partout par des résultats encourageants, au contraire. Si certains, notamment en Europe, ont relativement bien engagé la baisse des émissions de gaz à effet de serre, beaucoup (Canada en tête) a au contraire fortement augmenté leurs rejets.

    Le relais, qui doit être mis en place après 2012, doit être précisé le plutôt possible et au plus tard en 2009. On sait d'ores et déjà que Kyoto, dont l'échéance est 2012, est un échec, mais c'est déjà une prise de conscience. Mais le plus important est de savoir, le plus tôt possible, quelle sera la suite donnée à ce protocole, afin de relancer les efforts de tous les pays dans la lutte contre le changement climatique.

    Les pays du sud savent déjà que l'aide ne viendra vraisemblablement pas des pays comme le Canada ou les États-Unis, même si la prochaine administration américaine d'ici deux ans sera probablement plus ouverte à la question.

    Les opinions publiques mondiales du nord ou du sud sont désormais totalement en faveur de cette lutte, de cette remise en cause des effets néfastes que nous constatons tous. Certains états des États-Unis ont également commencé à jouer en faveur de la baisse des rejets, en contradiction avec la politique fédérale. La Californie vient par exemple de voter une loi pour réduire de 25% les rejets de gaz à effet de serre d'ici 2020. Objectif ambitieux mais qui ne sera que très difficilement atteint au vu des résultats depuis 1990, avec une augmentation de 14%.

    Dans les pays en voie de développement, l'espoir est de mise avec le lancement de programmes de transferts de technologies propres dans les centrales électriques au charbon, grâce au mécanisme MDP (Mécanisme de Développement Propre) dont bénéficient les pays qui génèrent des crédits d'émission sur le marché européen des émissions. Ce marché lancé récemment en Europe permet à ceux qui polluent d'acheter des crédits à ceux qui polluent moins. Les entreprises se sont lancées dans la démarche et leur intérêt est donc que ce marché se pérennise par le biais du traité.

    Les discussions de Nairobi sont cruciales pour la lutte contre les changements climatiques. Mais les pays du monde occidental ne semblent pas encore prêts à faire totalement les sacrifices et les investissements nécessaires pour gagner cette lutte que l'humanité ne peut cependant pas perdre, au risque de voir disparaître l'espèce humaine.

    Au moment même de l'ouverture de la conférence de Nairobi qui a débuté le 6 novembre 2006, des milliers de manifestants dans la plupart des villes d'Europe ont tenté d'attirer l'attention sur les changements climatiques. Un an après la conférence internationale sur le climat de Montréal, les discussions ont repris aujourd'hui, organisées sous le patronage de l'ONU. Cette conférence regroupe plus de 200 pays, et ce sont les pays développés qui se sont déplacés vers un pays du sud, le Kenya. C'est une nouveauté qui apporte son lot de bonnes nouvelles. Parmi les bonnes idées que l'on retiendra figure en bonne place la redéfinition du protocole de Kyoto, qui vise cette fois à inclure les pays pauvres. Ainsi l'Afrique pourra-t-elle recevoir des indemnités substantielles en échange de son engagement à réduire la déforestation.
    Selon les optimistes, la conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui se tenait à Nairobi s'est achevée le 17 novembre sur un succès de principe pour les défenseurs de la lutte contre la production des gaz à effet de serre.

    Les ministres des 180 pays représentés ont décidé d'ouvrir la révision du protocole de Kyoto en 2008, en se fixant l'objectif de parvenir à un accord sur le dispositif qui lui succédera. Ce protocole engage les pays industrialisés signataires à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5 % d'ici 2012. Il se verra donc prolongé au-delà de cette date. Mais beaucoup espéraient que les taux de réduction, considérés comme insuffisants, pourraient être augmentés, ceci peut-être même sans attendre 2008. On reproche aussi à la décision de ne pas fixer de date de fin aux futures négociations, ce qui risque de les rendre interminables.

    La décision prise conforte le processus contractuel mis en place pour limiter les émissions. Elle assure la pérennité des marchés conclus en ce sens. Il s'agit du mécanisme dit de « développement propre », qui favorise l'adoption de techniques énergétiques efficaces dans les pays en développement. Les pays adoptant de telles techniques bénéficient de "crédits d'émissions" correspondant aux émissions de gaz à effet de serre ainsi économisées. Ces crédits peuvent être revendus aux gros pollueurs qui ne peuvent pas ou ne veulent pas encore limiter leurs émissions. Ce mécanisme intéresse particulièrement les pays du sud, qui peuvent avoir ainsi accès à des technologies modernes. En Europe, des marchés d'échange se sont déjà crées sous la forme d'une Bourse du carbone.

    Il semble également qu'à Kyoto, les Etats-Unis, ayant jusqu'ici refusé de prendre tout engagement, affichent une attitude plus ouverte. Plusieurs de leurs états ont annoncé qu'ils allaient implanter un tel marché. La nouvelle majorité démocrate a fait savoir qu'elle était favorable à cette démarche. Certains de ses représentants laissent entendre que le prochain Congrès élaborerait une législation visant à restreindre les émissions. Les pays vertueux peuvent-ils se satisfaire de ces promesses ? Certainement pas en principe. Mais comme ils n'ont pas de moyens de pression sur les Etats-Unis, ils sont bien obligés de subir leur bon vouloir, et d'en supporter directement les conséquences, plus ou moins désastreuses.

    Il est aussi à signaler que les pays du Sud ont exclu de prendre des engagements contraignants en terme quantitatif, s'abritant derrière la "responsabilité historique" des pays occidentaux dans la crise climatique. Ils se montrent cependant ouverts au principe des échanges de crédits d'émission.

    2..2. La conférence de Nairobi et la forêt africaine

    La conférence de Nairobi reste également une conférence de transition et son bilan est plutôt faible, même s'il reste encourageant. Plus de 6000 participants venus des cinq continents se sont réunis à Nairobi. Ils ont fait progresser le débat sur les changements climatiques et le marché du carbone. Un certain nombre de sujets a été traité, même si aucune disposition n'a été arrêtée concernant les modalités de prolongation du protocole de Kyoto après 2012. Les modalités de prolongation étaient source de discordes. Les négociations internationales de Nairobi ont pour but de lutter contre les changements climatiques. Les gouvernements ont reconnu qu'il était nécessaire de diviser par deux les émissions globales de gaz à effet de serre d'ici 2050, afin de contenir la hausse de la température globale en deçà de 2°C. Cette prise de position unanime et officielle a été saluée avec beaucoup de satisfaction de la part des ONG, excepté Greenpeace et le WWF qui rappellent qu'il reste encore beaucoup à faire pour que les décisions politiques rattrapent le rythme effrayant des changements climatiques.

    La conférence de Nairobi a été l'occasion de mettre l'accent sur les spécificités des pays en développement, en particulier les pays africains, qui subissent le plus les impacts du changement climatique, tout en contribuant à l'augmentation des gaz effets de serre. Ainsi, il a été envisagé une distribution équitable des projets MDP et MOC pour les pays africains.

    Le programme de la conférence de Nairobi sur les cinq années à venir permet d'aider ces pays africains à évaluer leur vulnérabilité et leurs besoins d'adaptation. Un consensus a été atteint sur un programme de travail courant jusqu'à 2009. Ce programme qui nécessite des moyens financiers additionnels est axé autour de diverses activités organisées : des méthodes et des outils, des données et observations, de la modélisation du climat, des scénarios de risques liés au climat, de l'information socioéconomique, de la planification et des pratiques en matière d'adaptation, et de la diversification économique.

    Un calcul d'experts donne une idée du prix de la forêt, en prenant comme base un cours de 4$ la tonne de CO2, qui pourrait s'élever à plusieurs dizaines de millions de dollars si l'initiative est portée à pleine puissance. Entre 2000 et 2005, ce sont plus de 60000 hectares de forêt qui ont disparu dans un pays qui en a cruellement besoin : le bénéfice serait double pour un pays qui, en cherchant des aires de pâture, détruit la richesse écologique d'une forêt primaire.

    La situation des écosystèmes forestiers a considérablement évolué au cours des dernières vingt années avec l'émergence d'une nouvelle menace pour la biodiversité : le commerce du gibier pour l'approvisionnement des centres urbains.

    La montée en puissance de cette menace a été rendue possible par le développement de réseaux de pistes, dont une grande partie est ouverte par les compagnies forestières qui pénètrent toujours plus profondément dans les massifs forestiers, et de plus en plus dans ceux restés vierges.


    A la différence de l'Asie du Sud-est, où l'exploitation forestière s'est soldée par la disparition de massifs entiers de forêt tropicale, l'exploitation forestière en Afrique centrale a été jusqu'à présent, pour des raisons structurelles et économiques, relativement sélectives. Les dommages affectent plus la biodiversité animale que la structure même de la forêt. Cependant, vidant les forêts de leur faune, l'exploitation forestière nuit à terme, du fait des interdépendances qui caractérisent les écosystèmes tropicaux, à la régénération de ceux-ci.
    Si la filière pétrolière apparaît comme une filière très professionnalisée, cherchant à minimiser les impacts sur l'environnement, il s'avère opportun de penser aux risques de l'après-exploitation. La fermeture des puits doit être garantie et la reconversion des sites pensée avant la fin de l'exploitation.
    L'exploitation du diamant ou de l'or en Afrique centrale relève en général de l'exploitation artisanale et est particulièrement dégradante en termes de pollution et/ou de détournement des cours d'eau, mais aussi en termes d'impact sur la faune, par la chasse générée pour approvisionner les chantiers d'orpaillage.

    Etude de cas : le bassin du CONGO constitue la plus grande surface de forêt tropicale dense humide après l'Amazonie. Une grande biodiversité existe dans cette forêt qui abrite des populations de diverses cultures qui dépendent directement d'elle pour leurs ressources alimentaires, les matériaux de construction et les produits médicinaux. Les produits forestiers non ligneux (PFNL) et l'agriculture de subsistance constituaient la base traditionnelle des moyens d'existence et des réseaux d'échanges entre les différents groupes humains vivant dans ces espaces forestiers. Les interactions sociales entre ces différentes populations ont engendré des relations complexes sur le plan économique et social ainsi qu'en termes de relations de pouvoir. Pour prendre un exemple concret, les populations des Pygmées chassent traditionnellement le gibier, collectent le miel et d'autres produits alimentaires, qu'ils échangent contre des produits agricoles avec leurs voisins cultivateurs, les Bantous. Les relations entre ces groupes sont rarement équitables, et les Pygmées ont souvent été victimes de discriminations. Toutefois, toutes les populations qui vivent et dépendent de la forêt tropicale de l'Afrique Centrale, qu'ils soient chasseurs-cueilleurs, fermiers sédentaires ou pêcheurs, sont tous, sans aucune exception, exclus par les politiques (derrière ces politiques il y a des instances internationales occidentales) des prises de décisions concernant la gestion et l'utilisation de la forêt, dont ils dépendent pour leurs ressources alimentaires et, dans le cas des Pygmées, pour leur spiritualité et leur identité culturelle.

    A partir de ces cas concrets, on comprend bien pourquoi la forêt en Afrique va mal. Les différents besoins des populations locales ne sont pas pris en considération quand les gouvernements, souvent sous la contrainte des créanciers multilatéraux et bilatéraux, négocient et appliquent des stratégies d'exploitation forestière en connivence avec les multinationales.

    Et on sait que ces populations locales n'ont généralement pas ou peu de droits fonciers sur la forêt dont ils dépendent. Les différents programmes d'aide (sous forme de projet de développement) viennent souvent d'en haut, imposés par les créanciers multilatéraux et bilatéraux et mis en oeuvre par des gouvernements faibles et parfois corrompus, qui allouent de larges espaces forestiers à des sociétés forestières pour l'extraction du bois, ces sociétés étant elles-mêmes souvent corrompues. La politique des pouvoirs en place tend à s'éloigner encore davantage des intérêts des populations locales pour pencher du côté des intérêts privés, représentés par quelques sociétés multinationales. Dans la situation actuelle, les possibilités de mettre sérieusement en place une gestion durable de la forêt sont rarement prises en compte. Dans le pire des cas, de telles opportunités disparaissent avec la dégradation des ressources forestières.

    L'ouverture des forêts d'Afrique à l'exploitation a provoqué et provoque toujours une augmentation de la pauvreté plutôt que sa résorption. Ces comportements des multinationales, en complicité avec les gouverneurs locaux et le silence de la communauté internationale, agrandissent encore plus la fracture entre les riches et les pauvres.

    Les communautés locales elles-mêmes ne bénéficient pas ou peu de l'argent issu du commerce international du bois. Quelques possibilités d'emploi peuvent apparaître, mais pas nécessairement pour les populations locales ; les emplois sont souvent de court terme et la rémunération est en principe basse. Les infrastructures pour les travailleurs sont souvent fournies mais la qualité des prestations peut être médiocre et la mise à disposition de ces infrastructures aux personnes extérieures est très variable. De plus, l'implantation de chantiers forestiers de grande taille perturbe les pratiques locales et l'accès aux ressources forestières. Les femmes et les personnes âgées sont particulièrement touchées car ce sont elles qui collectent et commercialisent les produits alimentaires et médicinaux, dont elles tirent leur nourriture et des revenus pour leur famille.

    A la marge de ces rencontres internationales sur le climat et l'environnement s'est créé un mouvement mondial pour défendre les forêts tropicales, constitué d'ONG et d'associations de citoyens du Sud et du Nord concernés par la défense des forêts mondiales.

    Ce mouvement lutte contre les excès du commerce des bois tropicaux et cherche comment faire face aux problèmes créés par l'organisation internationale des bois tropicaux.

    Ce mouvement pense que les principales causes de la déforestation tropicale sont identifiées. Un modèle alternatif de développement concernant les forêts tropicales est par ailleurs présenté, afin d'assurer la possession de la terre et les moyens de survie des peuples qui habitent les forêts.

    Parmi les problèmes qui accentuent la fracture entre les pays africains eux-mêmes, on trouve les barrières politiques, linguistiques, culturelles et juridiques.

    Les pays africains partent déjà divisés sur ces plans : les anglophones tirent d'un côté, les francophones de l'autre, ils ne parlent pas d'une seule voix. Les pays de l'Afrique du Nord ne sont pas concernés directement par le problème de la forêt, mais c'est une autre entité culturelle et politique, qui complexifie encore l'harmonisation dans ce domaine.

    Quelle est la relation entre le changement climatique et le marché du carbone ?

    C'est ce que nous essaierons de définir dans le prochain chapitre.

    2.3. La conférence de Nairobi et le marché du carbone

    La conférence de Nairobi a renforcé le fonds d'adaptation visant à aider les pays pauvres, notamment africains, à faire face au changement climatique. Elle a aussi progressé, sous l'impulsion du Brésil, vers l'intégration des forêts tropicales dans le futur protocole de Kyoto : leur protection pourrait intégrer le marché du carbone. Ceci signifierait que les mesures visant à freiner la déforestation ou à favoriser les replantations pourraient être financées par des échanges de crédits avec les pays industriels gros pollueurs. Il n'est pas interdit d'espérer...

    La conférence de Nairobi a eu un autre résultat. Elle a mis en évidence le fait que les pays les plus pauvres sont également ceux qui sont les plus menacés par un changement climatique contre lequel ils ne peuvent pas faire grand-chose dans l'immédiat

    2.3.1 Le marché du carbone :

    Quelles sont les raisons de cette crise énergétique qui frappe déjà près de la moitié des investissements réalisés dans ce secteur, notamment entre le début de l'année 2000 ?

    Les bailleurs de fonds internationaux n'ont cessé de réduire les fonds aux pays en voie de développement.

    Le cadre du MDP

    Les MDP et MOC sont des instruments flexibles du protocole qui, dans certaines conditions strictes, permettent aux pays industrialisés de s'acquitter de certains de leurs engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre au moyen de projets réalisés dans les pays en développement et dans les pays en transition économique.

    Depuis sa création, le traité est remis en cause par divers lobbies ou scientifiques qui considèrent que le réchauffement climatique n'est pas d'origine humaine et critiquent de ce fait l'utilité du protocole de Kyoto qui engendrerait des dépenses inutiles, tels IAN Clarck qui soutient cette théorie controversée et qui présente l'activité solaire comme la principale cause du réchauffement.

    Modalités :

    Les engagements souscrits par les pays développés sont ambitieux. Le protocole de Kyoto prévoit, pour les pays industrialisés, la possibilité de recourir à des mécanismes dits de flexibilité, en complément des politiques et mesures qu'ils devront mettre en oeuvre au plan national.

    Les mécanismes sont au nombre de trois :

    · Les permis d'émission : cette disposition permet de vendre ou d'acheter des droits à émettre entre pays industrialisés.

    · La mise en oeuvre conjointe (MOC) qui permet, entre pays développés, de procéder à des investissements visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre en dehors de leur territoire national et de bénéficier des crédits d'émission générés par les réductions ainsi obtenues.

    · Les mécanismes de développement propre (MDP), proches du dispositif précédent, à la différence que les investissements sont effectués par un pays développé dans un pays en voie de développement.

    Au cours de ces dernières années, les biocarburants ont connu un net regain d'intérêt, jusqu'à faire l'objet d'un véritable engouement. Ce phénomène répond à une volonté politique forte de réduire la dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles, d'accorder une priorité de plus en plus importante à la diversification du mix énergétique et s'inscrit simultanément dans une logique de développement durable, notamment par la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) que permettraient l'usage des biocarburants ou l'amélioration de l'emploi en zone rurale.

    La Commission européenne considère le MDP comme un instrument susceptible d'être utilisé pour aider les pays non-membres de l'Annexe dans leurs efforts visant à établir un marché pour les biocarburants.

    Toutefois, sur les 356 projets MDP actuellement enregistrés par le Conseil Exécutif (CE), aucun n'est un projet de biocarburants. En fait, il n'existe même aucune méthodologie approuvée qui couvre les biocarburants.

    Les projets MDP de biocarburants sont complexes à de nombreux égards. Les développeurs devront s'assurer que la consommation de biocarburants dans le pays hôte peut être suivie. Ils devront aussi éviter le double comptage des réductions d'émissions revendiquées par le producteur et le consommateur de biocarburants, en déterminant la quantité de combustible de référence qui serait consommée en l'absence de l'activité de projet. Les projets devront prendre en compte les incertitudes liées aux émissions de GES résultant des opérations agricoles nécessaires à la production du biocarburant. Ils devront aussi garantir que les cultures commerciales destinées aux biocarburants n'entraînent pas d'impacts négatifs sur la production et la sécurité alimentaire. La première des cinq méthodologies pour les biocarburants actuellement étudiées a été soumise en 2004. Jusqu'ici, aucune méthodologie proposée par les développeurs de projets n'a été acceptée par le CE, les méthodologies proposées étant peu élaborées. Les recommandations émanant du CE restent quant à elles limitées voire inexistantes.

    Certaines études estiment que la production de bioéthanol et de biodiesel pourrait passer à 120 à 24 milliards de litres en 2020 si des instruments tels que le MDP encouragent la mise en oeuvre des marchés de biocarburants dans les pays en développement. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, une coopération plus étroite entre le CE et les développeurs de projets est nécessaire pour élaborer des méthodologies suffisamment robustes pour répondre aux exigences du MDP.

    2.3.2 Le marché du MDP

    Le prix des quotas européens de décembre 2007 est passé de 17 € à la mi-septembre à 12,60 € à l'heure actuelle, alors que le prix des quotas européens de décembre 2008 baissait quant à lui de 18 à 15,50 € sur la même période. La question est maintenant de savoir comment la baisse des prix des quotas européens affecte le marché MDP.

    Selon les acteurs du marché, l'enthousiasme pour l'achat d'URCE3(*) reste soutenu, mais les vendeurs doivent s'attendre à des prix plus modestes pour leurs URCE dans la mesure où les prix des quotas européens ont chuté. On peut également constater que la réticence à payer des acteurs européens a incité les vendeurs à proposer leurs URCE sur d'autres marchés comme le Japon.

    Le nombre d'URCE délivrées arrivant sur le marché s'accroît rapidement, avec près d'un million de crédits émis par le CE pour le seul mois d'octobre. Ceci porte le volume total à 16,5 millions de crédits à ce jour. Suite à la baisse des prix des quotas européens, les URCE avec livraison en décembre 2007 ou décembre 2008 ont vu leurs prix baisser, pour passer de 14-15 € à 11-13€ ou, dans certains cas, à 80-95 % du prix des quotas européens à la date de livraison.

    Le gouvernement chinois a donné son feu vert à 44 projets MDP depuis la dernière actualisation de la mi-août, notamment à un projet de grande ampleur qui vise à générer 10 millions d'URCE par an.

    L'Italie a relevé à 25 % le plafond pour l'utilisation de crédits Kyoto dans le second avant-projet de son PNAQ4(*) pour la Phase II, ce qui représente une nette hausse par rapport au plafond de 10% annoncé dans un précédent document. Les compagnies électriques italiennes, dont bon nombre ont été des acheteurs actifs de gros volumes d'URCE issues de gros projets MDP, avaient vivement critiqué le plafond des 10%.

    La société chimique française Rhodia et la Société Générale, une banque française, ont lancé une joint-venture commune qui assurera la commercialisation à la fois d'URCE et de quotas européens.

    Tokyo Electric Power a signé un accord pour l'achat de 1,37 million d'URCE au titre d'un projet basé en Chine. Il s'agit d'un projet de production hydroélectrique réalisé avec une compagnie électrique locale, Xinjiang Tianfu Thermoelectric. Il fournira les crédits carbones ainsi générés à la plus grande compagnie électrique japonaise entre mai 2007 et décembre 2012.

    Investissements en matière de MOC et de MDP - Montant mensuel en 2004 et 2005 (en MteqCO2)

     
     

    Source point carbone article « le moniteur du MDP et de la MOC » du 29/11/2006

    Les motivations des acheteurs

    · Le respect d'obligations actuelles

    · Le respect d'obligations futures par rapport à Kyoto

    · Le respect d'engagements volontaires

    · L'engagement environnemental

    2.3.3 Les échanges internationaux et le marché du carbone africain

    Le siècle dernier, le pétrole est devenu la source d'énergie la plus importante. Néanmoins, depuis les derniers chocs pétroliers qui ont secoué le marché, d'autres sources d'énergie ont émergé. En général, il se dégage une réduction de la part du pétrole dans la production mondiale d'énergie comme illustré par le graphique ci-dessous. Cette réduction se fait au profit du gaz naturel, un co-produit de l'exploitation du pétrole qui était autrefois gaspillé puisque brûlé sur les lieux d'extraction (il s'agissait des torchères qui n'existent plus aujourd'hui). Elle se fait aussi au profit de l'électricité dont l'origine énergétique peut être hydraulique, nucléaire, solaire, éolienne ou thermique.

    Graphique illustrant les principales sources d'énergie dans la production mondiale d'énergie en pourcentage entre 1970 et 2003

    Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain

    Traditionnellement, la majeure partie de la production est le fait d'un petit nombre de pays. La décennie des années 1970 a marqué le début de la production pour de nouveaux pays : Norvège, Royaume Uni, Mexique, Nigéria, République Démocratique populaire de Chine, etc. Deux facteurs expliquent ce phénomène. Le premier est relatif à la crise pétrolière de 1973 qui s'est traduite par une hausse du prix du brut, rendant ainsi rentables des gisements qui ne l'étaient pas jusqu'alors (du fait de coûts technologiques élevés). Le deuxième tient plus au développement économique de certains pays et/ou à l'importance des investissements étrangers notamment dans le secteur pétrolier.

    Production de pétrole brut par principaux pays ou groupes de pays depuis 1960, en millions de barils par jour

    Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain

    D'après le graphique ci-dessus, une nouvelle tendance se dégage depuis la fin des années 1980. La production de pétrole qui démarra dans les années 1970 pour plusieurs pays tend à atteindre un maximum en terme de capacité. La production des Etats-Unis tend à décroître, de même pour la Russie (même si ce pays a augmenté sa capacité depuis 2001 pour bénéficier de la bonne tendance des cours). Ce ralentissement de la production est compensé par une augmentation signifiante de la part des pays du Golfe. Ces derniers possèdent effectivement la plus grande majorité des réserves de pétrole actuellement recensées sur la planète ; de plus leurs coûts de production sont les plus bas du monde (environ 1 dollar américain par baril en Arabie Saoudite, contre près de 15 dollars américains en Mer du Nord). La part dans la production mondiale des différents pays confirme les observations ci-dessus.

    Graphique illustrant les parts des différents producteurs dans la production mondiale de 1965 à 2004

    Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain

    Production et consommation mondiale (en millions de barils par jour depuis 1970) et stocks mondiaux déclarés (en millions de barils depuis 1973)

    Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain

    Graphique illustrant la consommation de pétrole brut en millions de milliards de BTU de 1971 à 2003

    Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain

    Ce graphique met également en évidence la disparité des évolutions entre les Etats-Unis, l'Europe de l'OCDE, le Japon et le "reste du monde". Après les crises, le Japon a stoppé la phase ascendante de sa consommation. Les Etats-Unis, par contre, ont repris une phase croissante de la consommation à partir de 1983 et l'Europe à partir de 1986. Le "reste du monde" n'a cependant jamais cessé cette croissance sauf lors de courtes périodes pendant les crises. La consommation de pétrole dans le monde ne dépend plus principalement des régions les plus développées économiquement, mais de l'ensemble des autres pays.

    Les ressources naturelles de l'Afrique subsaharienne étant déjà en grande partie surexploitées et ceci par surpopulation, une meilleure gestion de ces ressources sans une augmentation de l`utilisation des intrants sera inefficace. L'intérêt des paysans pour s'occuper de la séquestration du carbone, qui semble être négligé par les organisateurs, est liée à l'augmentation de l'efficacité et donc de la rentabilité des engrais chimiques.

    Le développement agricole sur la base des systèmes plus durables, la lutte contre la désertification et celle contre les changements climatiques ont trop de choses en commun pour se permettre de se concentrer sur un seul des éléments.

    La gestion intégrée des ressources locales de matière organique et des intrants externes (comme les engrais chimiques) ne se présente pas comme suffisamment bénéfique pour beaucoup d'agro écosystèmes et pour la majorité des cultures ouest africaines. Ceci est notamment causé par le rapport coûts/bénéfices dans une période de transition. L'argent du marché du carbone devrait être consacré aux supports des paysans pendant cette période de transition. La subvention d`une meilleure gestion des sources de matière organique est une option à tester.

    Le bilan net de la séquestration du carbone à travers une agriculture intensive utilisant de l`engrais chimique etc. pourrait se présenter comme relativement restreint pour un endroit donné et ceci notamment si c`est le paysan que l`on fait payer pour les gaz à effet de serre produits au cours de la production des engrais. Cependant, il faut inclure dans l`analyse l`amélioration du potentiel de gestion des terres marginales, des forêts et des parcs grâce à l`augmentation de la production agricole des bonnes terres. Pour la réalisation d`une telle gestion intégrée, une redistribution, au moins partielle, des bénéfices divers est indispensable. Une exploitation durable des bordures des déserts et des terres marginales en général devrait devenir un produit payant à côté des produits d`élevage et des cultures.

    2.3.4 L'Afrique peut-elle gagner à dépolluer ?

    L'Afrique est le continent le plus vulnérable aux effets du changement climatique. Les fonds promis par les pays pollueurs ne viennent pas. A l'occasion de la Conférence de Nairobi sur les changements climatiques, les pays africains peuvent tirer profit de l'alléchant marché du carbone, à condition qu'ils maîtrisent le mécanisme pour le développement propre mis en place par le Protocole de Kyoto. Cette conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques se présente comme dix jours de discours, dialogues, négociations politiques et techniques entre 6000 délégués venus des quatre coins du monde.

    A côté des délégations officielles, les ONG environnementales mènent un lobbying intense dans les couloirs du gigantesque complexe du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUD), à Nairobi.

    Cette douzième conférence des parties sur les changements climatiques, qui se tient pour la première fois dans un pays d'Afrique au sud du Sahara, a fait ressortir l'immense fossé qui existe entre les grandes résolutions et les actions concrètes sur le terrain. Presque partout dans le monde, les hommes sentent de moins en moins le froid, du fait principalement de l'activité des pays développés (leurs usines et leurs voitures). Mais c'est l'Afrique qui en pâtit le plus. Le but de cette grande messe climatique est de mettre sur pieds une stratégie commune pour contrôler la pollution et réduire les activités de réchauffement de la planète.
    Le directeur du PNUD, Achim STEINER, l'a rappelé lors de l'ouverture des négociations, avec beaucoup d'optimisme selon certain car, pour beaucoup, le jeu semble un peu perdu d'avance. En effet, le plus grand pollueur du monde, les Etats-Unis, a annoncé, dès le début de la conférence, qu'il restait ferme sur sa position de toujours, c'est à dire ignorer le protocole de Kyoto, qui demande la réduction des gaz à effet de serre. Ceux-ci, comme on le sait, sont responsables de l'élévation du mercure du globe. Mauvaise nouvelle pour les défenseurs du Protocole de Kyoto : le Canada également a repris ses engagements.


    Malgré tout, c'est l'avenir de la planète qui se négocie à Nairobi. Les délégués et ONG se battent pour démontrer que le réchauffement n'est plus un débat de scientifiques. A coup d'images choc, de CD et de livres, ils tentent de débarrasser la question de ses allures de mauvais scénario de science-fiction. Le réalisme est la chose la mieux partagée parmi les militants de l'environnement présents à Nairobi. Pour eux, les effets du changement climatique se feraient déjà sentir un peu partout dans le monde. Le tsunami, avec ses milliers de morts, serait une preuve tangible.

    «L'Afrique peut convertir ses forêts tropicales en devises», s'enthousiasme le délégué camerounais, Dr Joseph Armathé. Une manne financière est en vue pour les pays du bassin du Congo. Les pays sahéliens menacés par l'avancée du désert peuvent, eux, jouer sur le levier du reboisement pour attirer les financements. Dans le secteur privé, d'autres potentialités se présentent aussi pour le continent. Mais l'Afrique reste encore en marge de ce marché du carbone de plus en plus croissant. Le MDP profite surtout aux pays émergents : Brésil, Inde ou Chine. «Le commerce du carbone ne sera profitable aux pays africains que s'ils ont des propositions claires», souligne Pierre Radanne, négociateur français pour le protocole de Kyoto. L'Afrique doit trouver le scénario gagnant, ajoute-t-il.

    Dans cette optique, la Francophonie a réuni ses membres présents à Nairobi sur le thème du mécanisme de développement propre. Certains délégués africains n'ont pas manqué de saisir l'occasion pour reprocher aux puissances francophones, la France notamment, de ne pas soutenir la voie de l'Afrique dans les négociations. «Il faut que la solidarité prônée par la francophonie ait un sens», reprend le délégué camerounais.
    La Conférence des Nations-Unies à Nairobi ouvre une nouvelle étape dans les négociations sur le changement climatique. Les débats à venir s'annoncent plus serrés et plus techniques. «Si le continent africain ne sait pas défendre ses projets, il risque d'être oublié», indique le français Radanne.

    Face à cela, les instruments mis en place par le protocole de Kyoto ne semblent pas être d'un grand secours pour l'Afrique. Les projets environnementaux développés dans les pays du Sud en échange de "crédits d'émission" à négocier sur le marché du CO2 n'intéressent que médiocrement l'Afrique, soit à ce jour 9 projets sur mille environs. D'où viendront par ailleurs les financements permettant de faire fonctionner le fonds d'adaptation définie à Nairobi ?

    Ceci ne veut pas dire que le monde développé ne pourrait rien faire, ni pour aider les pays vraiment pauvres ni pour limiter plus drastiquement ses propres comportements inducteurs de réchauffement climatique. Mais il faudrait qu'il s'engage dans une véritable révolution économique et sociale destinée à changer en profondeur ses modes de vie. Personne à Nairobi n'a osé officiellement poser le problème en ces termes.

    Le système des bourses de permis de polluer, célébré comme une géniale invention des Européens pour lutter contre la production des GES, n'aboutit pas du tout à ce résultat. C'est ainsi selon lui que le European Union's Emissions Trading Scheme (EUETS), chargé de la mise en oeuvre de ce système pour l'Europe, a, par divers mécanismes, encouragé les industriels européens gros pollueurs à augmenter encore leur consommation de carburants fossiles. Qu'une cimenterie européenne achète des droits à polluer auprès d'une ferme d'éolienne en Afrique pourra certes diminuer (un peu) la production future de GES en Afrique, mais cela permettra également à la cimenterie de continuer à consommer plus que jamais charbon et pétrole. Or ce sont ces consommations qu'il faudrait tarir à la source, surtout si le charbon et le pétrole restent accessibles à des prix abordables. La volonté des Européens, en fait, n'a jamais été de s'en prendre directement à leurs grands industriels pour les conduire à changer leurs méthodes de production et faire appel à de nouvelles sources. Il en est d'ailleurs de même hors d'Europe. Les objectifs pourtant modestes du Protocole de Kyoto risquent dans ces conditions de rester des voeux pieux.

    Après plusieurs années d'hésitation, le traité a été adopté par la Russie, pays émettant environ 17% des gaz à effet de serre. Elle est autorisée à émettre 20% des gaz à effet de serre, puisque le protocole se base sur les émissions mesurées en 1990, c'est à dire avant le fort ralentissement de l'activité industrielle russe. Pour que le protocole entre en vigueur, il fallait que les pays signataires cumulent au moins 55 % des émissions de CO2 en 1990. Suite au refus de la Convention de la part des Etats-Unis, responsables de 23% des émissions de CO2, c'est la ratification par la Russie qui a permis au traité, signé en 1997, d'entrer en vigueur le 16 février 2005.

    2.3.5 Le cas des pays en voie de développement

    Pour la majorité des pays en voie de développement et en particulier pour des pays comme la Chine ou l'Inde, le changement climatique n'est pas une priorité, comparé aux autres enjeux du développement. Ils pensent que les pays industrialisés doivent agir en priorité car ceux-ci ont une responsabilité historique sur l'augmentation actuelle des concentrations de gaz à effet de serre.

    Les pays du Sud n'ont pas d'engagement quantifié de réduction de leurs émissions dans le protocole de Kyoto ; c'est une des raisons pour lesquelles les Etats-Unis refusent de ratifier le protocole en l'état. Ils veulent associer les pays dits émergents comme l'Inde, la Chine, le Brésil, le Mexique, la Corée, l'Indonésie.

    · Les pays de l'OPEP, exigent des aides financières pour la diversification économique, au titre des compensations prévues par le protocole.

    · Le gouvernement indien a pris une décision quant à la méthode qui sera utilisée pour calculer les données d'émissions de référence pour le secteur de l'électricité. Le mode de calcul retenu devrait, en théorie, rendre plus facile le développement de projets MDP de ce type dans le pays et en réduire le coût.

    · China Enersave, une société cotée à la bourse de Singapour qui cible le marché des renouvelables en Chine, a indiqué avoir signé un accord pour la vente d'URCE générées par trois installations de renouvelables.

    · L'Égypte a annoncé son intention de prélever une taxe sur les projets MDP, allant de 0,5% pour les petits projets d'énergies renouvelables à 8 % pour les gros projets industriels de gaz.

    « À ce jour, aucune des sources de financement accessibles aux pays en développement n'offre un potentiel d'une telle ampleur », a-t-elle ajouté. Un accord sur le régime multilatéral post-2012 figure en tête des priorités pour la réunion des Parties au protocole de Kyoto de cette année, qui doit se tenir le mois prochain à Nairobi.

    Un autre problème qui figurera en bonne place à l'ordre du jour sera l'accroissement des investissements dans les projets MDP dans les pays en développement, par exemple en Afrique. Actuellement, la réserve du MDP comporte 1200 projets, qui représentent un potentiel global de réduction d'émissions de 1,4 milliards de tonnes d'ici 2012.

    Toutefois, la majorité écrasante de ces projets sont situés en Asie et en Amérique latine, et très peu en Afrique. Les discussions de Nairobi viseront à aborder ces questions avec les Parties, en discutant de mesures destinées à favoriser une meilleure diffusion du MDP, permettant ainsi le transfert de technologies, en aidant les pays africains pour leur permettre d'accroître les investissements dans les projets de ce type.

    Le CE du MDP retarde la délivrance d'URCE au titre de l'un des plus gros projets MDP au niveau mondial

    Le Conseil Exécutif a retardé la délivrance de crédits carbone au titre de l'un des plus gros projets éligibles dans le cadre du Protocole de Kyoto.

    Le CE a publié une demande de révision du projet de destruction d'HFC23 d'Ulsan, en Corée du Sud. Rappelons que le HFC23 à un potentiel de réchauffement climatique (PRC) équivalent à 11 700 fois celui du dioxyde de carbone (CO2).

    Ceci signifie que le projet ne se verra pas délivrer d'URCE, et ce au moins jusqu'après la prochaine réunion du Conseil Exécutif, prévue à Bonn du 29 octobre au 1er novembre. Ce projet, développé par la compagnie de produits chimiques britannique Ineos Fluor, vise à détruire 1,4 million de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone par an, et amène généralement ses promoteurs à demander la délivrance d'URCE une fois tous les trois mois.

    La dernière période de suivi des émissions (« monitoring ») s'étend du 1er juillet au 30 septembre, mais le volume d'URCE demandé dépendra du volume de HCFC22 (produit chimique réfrigérant) détruit, dont le HFC23 est un produit dérivé. Quatre membres du CE ont déposé des demandes de révision sur deux problèmes particuliers. Le premier porte sur la valeur d'un coefficient dans la formule utilisée pour calculer le volume d'URCE éligibles. Le second concerne la façon de savoir si le projet satisfait aux exigences découlant de la méthodologie retenue - c'est à dire s'il prend en compte le taux de production historique de HCFC entre 2000 et 2002.

    Ce type de demandes de révision sur de gros projets MDP intervient désormais régulièrement, même pour des projets tels que celui d'Ulsan, qui a généré 3,379 millions d'URCE à ce jour. La compagnie électrique néerlandaise Nuon a par le passé été l'un des plus gros acheteurs des URCE générées par ce projet. L'identité de l'acheteur des URCE correspondant à la délivrance actuellement en suspens reste inconnue.

    Depuis la dernière délivrance d'URCE pour le projet Gujarat, aucune autre délivrance de cette ampleur n'a été décidée par le CE au moment de la publication de ce numéro. Cinq délivrances différentes ont cependant été accordées à des projets de biomasse bagasse au Brésil.

    L'Afrique et les marchés du carbone dans le monde

    Notre premier constat est que l'Afrique est absente de toutes les rencontres internationales sur le climat et le réchauffement climatique. Le marché africain du carbone n'existe pas, l'idée des pays en voie de développement a presque échoué. Le fossé entre les pays riches et les pays pauvres ne cesse de se creuser. Le sort de l'Afrique est décidé entre les grandes puissances et les pays riches. On rencontre le marché du carbone du Canada, des Etats-Unis, de l'Europe et du Japon. Mais l'Afrique dans tout cela, quel rôle jouera-t-elle ? Une conférence sur le climat et le réchauffement de la terre en Afrique, ce continent qui souffre le plus des changements climatiques et subit toutes les conséquences en plein fouet, est un bon début pour une reconsidération de l'Afrique en tant qu'acteur pivot dans la lutte contre le réchauffement climatique, à moins que ce ne soit qu'une mise en scène des plus puissants pour ne pas prendre leurs responsabilités en ce qui concerne l'Afrique et les pays du Sud en général.

    Les illustrations suivantes parlent d'elles mêmes en ce qui concerne le place de l'Afrique dans le marché du carbone mondial et la répartition des MDP et MOC dans le monde.

    2003/2004

    Pays ou région

    Localisation des projets MDP en %

    Afrique

    3%

    Brésil

    12%

    Inde

    26%

    OCDE économie en transition

    10%

    Reste Asie

    17%

    Reste Amérique latine

    23%

     
     

    Source: State and trends of carbon market 2005, PCF

    2004/2005

    Pays ou région

    Localisation des projets MDP en %

    Afrique

    0%

    Brésil

    13%

    Inde

    31%

    OCDE économie en transition

    14%

    Reste Asie

    14%

    Reste Amérique latine

    22%

    Source : State and trends of carbon market 2005, PCF

    L'Afrique ne bénéficie que de 3% des MDP en 2003/2004, huit fois moins que l'Amérique latine et neuf fois moins que l'Inde. Et la tendance ne s'améliore pas pour l'Afrique en 2004/2005 : c'est l'absence totale ! Pourquoi se déséquilibre ? Est-ce un fait voulu ou les conditions socio-politiques de l'Afrique l'imposent-elles ? Ce sont là des questions que nous avons interpellées et la conférence de Nairobi ne nous a pas donné tous les éléments de réponse à notre questionnement

    CONCLUSION GENERALE

    Clôture de la conférence sur de timides avancées

    La 12ème Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, qui s'est ouverte le 6 novembre à Nairobi, a achevé ses travaux vendredi soir, 17 novembre. La prochaine se tiendra en 2007 à Bali, en Indonésie, le Président de la conférence, le Ministre de l'Environnement kenyan, Kivutha Kibwana,déclare que la conférence de Nairobi est une « conférence historique ». « D'importantes décisions ont été prises concernant nos motifs de préoccupation, restés longtemps sans réponse ». Mais en réalité beaucoup reste à faire,la révision du Protocole de Kyoto, qui devra permettre de déboucher sur de futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ne s'ouvrira qu'en 2008. Aucun délai n'a été fixé pour l'aboutissement de ces discussions.

    Les états industrialisés présents à Kyoto, dont la première période d'engagement expire en 2012, se sont accordés sur la nécessité de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre. Cette diminution devrait permettre de rester sous un seuil de réchauffement maximal de + 2 °C, seuil défendu par les négociateurs de l'Union Européenne.

    La révision du Protocole de Kyoto ne s'ouvrira cependant qu'en 2008.
    La conférence a défini les critères de gouvernance d'un fonds d'adaptation, destiné à soutenir les pays en développement face aux défis du changement climatique. Le fonds pourrait être opérationnel dès 2007 ; reste à en attribuer la gestion à l'organisme qui répondra à ces critères de gouvernance. Le Fonds pour l'environnement mondial sera probablement chargé de cette mission.
    La conférence a reconnu la nécessité d'une meilleure répartition des projets MDP (dispositif d'aide aux pays en développement prévu par Kyoto) dans les pays les plus démunis, en insistant sur la nécessité de renforcer les capacités et les infrastructures de ces pays. Le système des Nations Unies doit être mis à contribution pour les y aider.

    LE GIEC (groupe d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat) a produit quatre rapports :

    Conclusions du rapport (1990) : la détection grâce aux différentes observations d'une augmentation sans ambiguïté de l'effet de serre est peu probable dans les prochaines décennies ou plus 

    Conclusions (1995) : l'étude des preuves suggère une influence détectable de l'activité humaine sur le climat planétaire

    En 2001 le rapport indiquait la chose suivante : il y a des preuves solides que la tendance au réchauffement climatique observée ces cinquante dernières années est attribuable à l'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, ce qui provoque une augmentation sensible de la température dans l'atmosphère, susceptible de dérégler le climat.

    On retient de Nairobi le constat selon lequel la déforestation dans les pays en développement représente de 20 à 25% des émissions mondiales de CO2, soit davantage que l'ensemble des secteurs du transport (14%), selon les chiffres donnés par le rapport Stern. La conférence s'est aussi accordée sur la nécessité d'attribuer un prix à chaque arbre sauvé : un atelier spécial sera organisé au début de l'année 2007 pour envisager les moyens de rémunérer les efforts des pays qui protègent leurs forêts.
    Le débat, politique et technique, est renvoyé à la conférence de 2007 : il a opposé les gros émetteurs de CO2, les pays industrialisés, producteurs de pétrole, mais aussi la Chine et l'Inde - dont les économies sont fondées sur le charbon, aux pays en développement (dont le Brésil) qui font valoir les incertitudes technologiques du CCS et leurs craintes que ces projets ne divertissent l'aide aux projets de développement durable. Mais pour beaucoup d'observateurs, il ne sera pas possible de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre dans le monde sans en passer par cette technologie.

    L'ONG WWF compte sur la prochaine conférence qui se tiendra en 2007 à Bali, en Indonésie, pour entamer de véritables négociations, notamment sur une diminution drastique des émissions polluantes. On reporte toujours ultérieurement les questions qui fâchent !

    Les groupes environnementaux s'inquiètent de la position de négociation canadienne à la Conférence des Nations Unies à Nairobi. Les représentants des groupes croient que la position du Canada est de nature à nuire aux discussions sur deux enjeux majeurs et apparaît contre-productive dans le contexte actuel des négociations portant sur la prochaine phase du Protocole de Kyoto.

    Bien que les groupes environnementaux croient que des pays tels que la Chine, l'Inde et le Brésil sont prêts à accepter des obligations plus contraignantes dans le futur, ils jugent que le Canada fait preuve d'hypocrisie en exigeant que ces pays acceptent pour l'instant des objectifs de réduction absolue de leurs émissions. Un responsable Geenpeace, Steven Guilbeault, résume cet état d'esprit de Nairobi ; il déclarait « Qui sommes-nous pour dire aux pays en voie de développement de réduire leurs émissions alors que nous ne sommes pas capables de réduire les nôtrese?

    Pour que ces pays nous prennent au sérieux et commencent à prendre des engagements, nous devons démontrer des progrès, êtres crédibles.
    Des pays industrialisés demandent aux grands pays du Sud (tels que le Brésil, la Chine, l'Inde) de se donner des objectifs de réduction dès maintenant, avant même que les pays industrialisés ne démontrent clairement qu'ils atteindront leurs propres objectifs au cours de la première phase du Protocole de Kyoto.

    Le Réseau Action Climat, qui regroupe près d'une dizaine d'ONG, note que les « décisions de Nairobi vont dans le bon sens, même si certains points sont encore loins d'être à la hauteur des enjeux ».

    Les ONG ont souhaité à Nairobi que l'ensemble des négociations sur l'après 2012 soient finalisées fin 2009 au plus tard, pour laisser aux états qui ont participé au Protocole de Kyoto le temps de la ratification.

    Les groupes croient que le Canada sous-estime l'importance de fixer un échéancier très strict à ces négociations. « Le temps ne joue pas en notre faveur », mentionne Hugo Séguin, d'Équiterre. « Les impacts des changements climatiques deviennent de plus en plus clairs et l'urgence d'agir de plus en plus pressante », a-t-il ajouté. Les groupes croient que le Canada doit appuyer la fixation d'une date butoir claire, 2008, aux discussions entourant la seconde phase de Kyoto pour laisser assez de temps aux différents pays pour ratifier l'entente et offrir aux entreprises une certitude à long terme concernant les règles qui leur seront appliquées au cours des prochaines années.

    Les experts "climat" des ONG ont salué des « petits pas » accomplis pendant la Conférence de Nairobi sur l'avenir du Protocole de Kyoto, en faveur des pays en développement, tout en dénonçant un manque d'ambition.

    « La Conférence de Nairobi s'achève sur des petits pas pour maintenir le Protocole de Kyoto sur les rails », a indiqué Hans Verolme du WWF, saluant comme Steve Sawyer de Greenpeace l'unanimité des pays industrialisés à reconnaître la « nécessité de diminuer par deux les émissions de gaz à effet de serre ».
    « Mais une action plus forte était requise (...) et nos dirigeants devront l'an prochain, en Indonésie, entamer de véritables négociations sur une diminution drastique de leurs émissions polluantes », a ajouté M. Verolme.

    « Nous avons encore un long chemin à parcourir et peu de temps pour le faire », a-t-il souligné.

    Le "Cadre de Nairobi" pour l'ONG Greenpeace, la conférence est « parvenue à certains progrès en faveur des pays en développement », citant notamment le "Cadre de Nairobi" lancé par le Secrétaire général de l'ONU Kofi Annan qui implique les agences de développement de l'organisation des nations unies.
    « Tout ce qui est possible doit être mis en oeuvre en faveur du Fonds d'adaptation », a par ailleurs ajouté Steve Sawyer en remarquant que les décisions prises plaçaient sa gestion future sous « l'autorité du Protocole de Kyoto (...) sur la base d'un pays, une voix, ce qui garantit une majorité aux pays en développement » auxquels il est destiné.
    Évoquant des « accords modestes », Catherine Pearce de Friends of the Earth s'est inquiétée « du renvoi de nombreuses décisions » à de futures réunions, signalant qu'un « leadership fort serait nécessaire à Bali en 2007 pour lancer de vraies négociations sur l'après 2012 ».

    Un mécanisme financier de cette convention est prévu pour appuyer des activités concrètes d'adaptation dans les pays en développement ; ce mécanisme financier comprend le fonds spécial changement climatique sous la convention et le fonds d'adaptation sous le protocole, doté de 60 millions de dollars.


    Le Secrétaire exécutif de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) appelle à un consensus pour la période post-2012 à Nairobi

    Le responsable de la structure onusienne chargée de mettre en oeuvre le protocole de Kyoto appelle l'ensemble des nations à jeter les bases d'un accord pour la période post-2012 lors de la plus grande conférence mondiale sur l'environnement, qui aura lieu le mois prochain.

    Yvo de Boer, Secrétaire exécutif de la CCNUCC, en prenant la parole lors d'une conférence à Amsterdam, a indiqué qu'un cadre juridique à long terme était dès maintenant indispensable pour assurer au carbone une valeur au-delà de la période d'engagement actuelle, qui expire en 2012.

    « Même si le MDP prend rapidement de l'ampleur, la valeur du carbone serait mise en danger de manière significative au-delà de 2012 en l'absence de règles à long terme pour le marché du carbone. Pour garantir la continuité des investissements, un accord post-2012 doit être trouvé de toute urgence », a déclaré Y. de Boer.

    Les commentaires de Y. de Boer seront bien accueillis par les développeurs de projets qui ont soutenu que la période d'engagement actuelle, relativement courte, n'offrait pas la possibilité d'investissements à long terme dans le MDP.

    Le mois dernier, Y. de Boer avait indiqué qu'un « courant d'investissement vert » de 100 milliards de dollars par an à destination des pays en développement pourrait être créé si les pays industrialisés acceptaient une réduction de 60 à 80 % de leurs émissions d'ici à 2050 et utilisaient des mécanismes basés sur le marché pour les aider à respecter ces objectifs.

    La prochaine réunion du C.E étant prévue pour la fin octobre, soit sa dernière réunion avant la prochaine CdP/RdP de Nairobi, les acteurs du marché du carbone attendent avec intérêt les décisions qu'il prendra alors sur les projets placés en révision. Quatre projets qui ont demandé leur enregistrement sont actuellement en cours de révision. Ils représentent un volume total estimé à 974 395 URCE par an. Le critère d'additionnalité, toujours présent à l'esprit des membres du CE, pourrait bien être souligné avec encore plus de force que par le passé. Deux des projets étudiés à la loupe par le C.E sont des projets de substitution entre combustibles au profit de l'utilisation de gaz naturel.

    La conférence de Nairobi sur le climat n'accouche que de mesures limitées. Le ministre kenyan de l'environnement, et président de la conférence, a déclaré « que d'importantes décisions ont été prises concernant nos motifs de préoccupations, restés longtemps sans réponse ». Alors que la révision du protocole de Kyoto, qui devra permettre de déboucher sur de futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ne s'ouvrira qu'en 2008, aucun délai n'a été fixé pour l'aboutissement de ces discussions.

    Les Etats industrialisés qui font partie intégrante du protocole de Kyoto, dont la première phase d'engagement de réduction de GES expire en 2012, tentent de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre. Si cette réduction est réalisée, on peut affirmer que le seuil de réchauffement maximal de +2° ne sera pas dépassé. Dans toute cette logique de ces grands rendez-vous, on remarque que les décisions fermes et engagées ne sont pas prises surtout de la part de certains états occidentaux, et la révision du protocole de Kyoto ne s'ouvrira qu'en 2008.

    Cette rencontre de Nairobi a défini les critères de gouvernance d'un fond d'adaptation destiné à soutenir les pays du Sud face aux grands défis du changement climatique. Ce fonds pourrait être opérationnel dès 2007.

    La conférence de Nairobi a reconnu la nécessiter d'une meilleure répartition des projets MDP (mécanisme de développement propre sous forme d'aide aux pays du Sud, qui sont démunis d'infrastructures de base).

    Le cas de la forêt : la conférence de Nairobi a retenu le constat selon lequel la déforestation dans les pays du sud représente 20% à 25% des émissions mondiales de CO2. La conférence retient aussi la nécessité d'attribuer un prix à chaque arbre sauvé ; un atelier spécial sera organisé au début de l'année 2007 pour envisager les mécanismes de rémunération des efforts des pays qui protègent leurs forêts.

    Concernant la capture et le stockage du carbone, un débat politique et technique a opposé les gros émetteurs de carbone, les pays industrialisés d'une part, et d'autre part les pays du Sud dont la Chine, le Brésil et l'Inde, qui ont craignent que ces projets ne divertissent l'aide aux projets de développement durable. Beaucoup d'experts pensent qu'il ne sera pas possible d'arriver au seuil de réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde sans passer par ce mécanisme de CCS (Capture du Carbone et son Stockage). Le mécanisme de développement propre repose sur des projets qui n'ont pas fait l'objet d'engagements chiffrés. Les réductions d`émissions doivent donc être certifiées par des experts indépendants.

    Entre-temps, l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) reconnaît expressément que les efforts commerciaux et économiques doivent être menés conformément à l'objectif de développement durable, ce qui aurait été plus intéressant pour l'Afrique et les pays du Sud, mais la question était un peu marginalisée.

    Des institutions telles que l'Institut économique Molinari pensent que les études sur le réchauffement climatique ne sont pas convaincantes et réaffirment l'inefficacité du Protocole de Kyoto. D'autres scientifiques, tels Claude ALLEGRE, mettent en doute le dogme du réchauffement climatique d'origine humaine, il pense que la cause de cette modification climatique est inconnue. Est-ce l'homme ? Est-ce la nature ? Les archives glaciaires ou historiques nous indiquent que le climat est un phénomène capricieux. Les théories mathématiques le confirment. Le glaciologue Robert VIVIAN se montre également sceptique ; le climatologue Gerald STANHILL pointe les synthèses du GIEC qui selon lui occultent les phénomènes d'assombrissement /éclaircissement.

    La conférence de Nairobi est-elle un échec ? Certains pensent que oui, d'autres non, mais le véritable échec était à Montréal, conférence tenue à une époque où les USA pouvaient encore parler haut et fort, dans un pays qui s'apprêtait à reconsidérer ses engagements de Kyoto, et qui s'était terminée sans agenda de travail précis. Le résultat en a été qu'aucune proposition sérieuse pour le post-2012 n'était sur la table des négociations à Nairobi.

    « Quel bilan peut-on tirer des dix jours de discussions à Nairobi ? La douzième conférence des Nations Unies sur le changement climatique, qui s'est ouverte le 06 novembre à Nairobi, a achevé ses travaux le17 novembre. La prochaine se tiendra en 2007 à Bali en Indonésie », a annoncé le président de la conférence, le ministre de l'environnement Kenyan KIVATHA Kitan, qui a salué la rencontre comme une conférence historique, « où d'importantes décisions ont été prises concernant nos motifs de préoccupations, restés longtemps sans réponses ».

    Actuellement, les moyens de lutter contre les inondations, les sécheresses répétées ou la déforestation en Afrique sont quasi inexistants.

    Plusieurs mécanismes ont été mis en place pour permettre aux pays pauvres de développer des projets propres, financés par des contributions des pays riches.

    Au final, l'Afrique n'a bénéficié que de 3% de la totalité des projets contre les trois quarts pour la Chine et l'Inde. Pourquoi ? Parce que le secteur concerné est le secteur industriel, qui représente une part infime du PIB des pays africains. De plus, ces projets impliquent des expertises que l'Afrique n'a pas.

    Pour l'Afrique, l'idée de l'environnement passe en deuxième position, car il faut être un pays développé pour réfléchir à l'environnement ; en effet, il y a des urgences pour les pays africains qui ne sont pas forcément des priorités pour les pays développés. Le côté économique prime d'abord, car avec une population qui se bat pour survivre le jour le jour, l'environnement est un luxe. Il faut avoir les moyens financiers et techniques pour réfléchir à l'environnement. La majorité des pays africains sont dépourvus de ces moyens et les pays occidentaux offrent leur aide au compte-gouttes, rendant ces pays du Sud encore plus dépendants de ces donations, qui sont les passerelles d'un certain néocolonialisme rompant. Mais le climat est une affaire plus grande que tous les défis que l'homme peut rencontrer car de cela dépendent son existence et son devenir. Alors ? Nairobi est-il le commencement de la prise de conscience collective des pays industrialisés ? Une vraie coopération avec de nouvelles donnes va-t-elle s'installer dans l'avenir après l'échec de tous les programmes d'aides et de toutes les idéologies inventées pour ce tiers-monde ou même ce quart monde comme disent d'autres...

    La réponse, l'avenir nous l'apportera. L'homme s'est-il réveillé de son égoïsme ou avance-t-il vers une autodestruction quasi-certaine s'il persiste dans son mode de production et de consommation très égoïste ?

    Fin

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    * 1 D'après le rapport STATE OF THE CARBON MARKET 2006 : A FOCUS IN AFRICA

    * 2 D'après rapport de la WRM campaign material (world rainforest movement) le marché du carbonedu 05/01/2007

    * 3 URCE (Unité de Réduction Certifiée des Emissions)

    * 4 PNAQ (Plan National d'Allocations de Quotas)






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