3-1-2 L'identification des besoins des "sociétaires"
enquêtés.
Les besoins des sociétaires fera l'objet d'une
présentation en deux aspects : les besoins financiers et les
besoins non financiers.
3-1-2-1 Les besoins financiers
Le dépouillement des résultats a permis de faire
apparaître quatre types de besoins que sont le crédit,
l'épargne, le transfert d'argent et enfin l'épargne.
· Le crédit
A la question « quels sont vos besoins prioritaires
en matière de services financiers ? », 31 promoteurs
enquêtés déclarent le crédit comme leur besoin
prioritaire, ce qui fait un pourcentage de 86%. Les clients déclarent en
effet que le crédit est la base de leur partenariat avec le CPS et par
conséquent, c'est pour pouvoir financer leurs activités
génératrices de revenus qu'ils font appel à la banque.
Pour eux, vouloir lancer une affaire sans avoir les moyens de le faire
constitue en général la seule raison d'adhésion au CPS.
Néanmoins, les interrogés n'excluent pas l'épargne car
pour beaucoup la réponse à la question n'a pas été
aisée du moins si l'on en juge par les hésitations et les
réponses du genre... « le crédit mais
l'épargne est aussi importante pour un travailleur car on a parfois des
problèmes pour garder notre argent en des lieux
sûrs... ».
On voit donc que s'il peut paraître parfois embarrassant
pour les sociétaires de hiérarchiser entre crédit et
épargne, il l'est moins pour le montant. A la question de savoir
« Comment trouvez vous les montants des
crédits ? », 29 les jugent insuffisants, 4 les trouvent
acceptables et 3, très insuffisants. Ces pourcentages sont donc
respectivement de 80.6%, 11.1% et 8.3%.
De plus, les bénéficiaires avancent que les
montants des crédits sont déterminés par les responsables
du CPS. Ce qui fait qu'à plusieurs fois des demandes formulées
par les clients ont été révisées à la baisse
par les soins des responsables.
Mais à la question « Adhérez vous
à d'autres structures mutualistes ? » 18 ont
répondu par la négative soit 50% de l'échantillon. Ce qui
semblait pour nous un paradoxe entre la tendance générale des
complaintes sur les montants et le non recours à d'autres structures, ne
l'est pas pour la moitié de l'échantillon qui avance que la
multiplication des crédits occasionne l'instabilité surtout dans
un contexte où près de 44% s'adonnent au commerce
aléatoire selon eux.
Face à cette situation, nous ne pouvions nous manquer
de soulever des interrogations de fonds sur la nécessaire conciliation
entre besoins croissants de crédits, saturation de marché et
manque de formation pour en explorer de nouveaux.
En définitive, retenons avec les enquêtés
de l'échantillon que le crédit constitue leur besoin
prioritaire mais qu'ils le jugent somme toute insuffisants.
· L'épargne
L'épargne constitue le deuxième besoin en terme
de priorité pour notre échantillon. Elle est classée
première par 5 interrogés sur 36, soit un pourcentage de 13.9%.
On ne peut manquer de convoquer le contexte
socioéconomique de l'univers de l'étude pour comprendre une telle
configuration. Car la région de Diourbel fait partie des régions
les plus pauvres du Sénégal ; or, l'épargne
étant définie comme la part du revenu qui n'est pas
consacrée à la consommation, il est alors compréhensible
que le crédit soit préféré à
l'épargne dans l'ordre des priorités. Mais si on s'arrêtait
simplement à cette définition de l'épargne, on ne
comprendrait peut être pas pourquoi une part même congrue de
l'échantillon donne l'épargne comme prioritaire. En
réalité, l'épargne c'est aussi le processus par lequel un
revenu courant est conservé en vue d'une utilisation future. Ce
processus aboutit à l'accumulation d'un certain nombre de biens
physiques et financiers au cours d'une période donnée. C'est sans
doute à travers l'épargne que certains, surtout les
commerçants dans l'attende d'un voyage d'affaire, gardent une partie du
revenu courant pour ne pas l'utiliser à d'autres fins non
autorisées par les responsables du CPS.
A propos de cette épargne toujours, la majorité
des interrogés regrettent cependant l'épargne obligatoire que le
CPS a imposée depuis quelques temps comme condition à l'octroi
d'un crédit. Car pour la plupart d'entre eux, l'épargne ne doit
pas être une obligation ni ne doit conditionner le crédit mais
doit simplement suivre l'investissement.
Comme on le voit donc, le pourcentage très faible des
sociétaires qui placent l'épargne comme une priorité dans
les services financiers (de l'ordre de 13.9%) montre à quel point elle
n'est pas préférée au crédit.
· Le transfert d'argent
Le transfert d'argent n'est classé nullement comme
priorité par les enquêtés ; mais cela ne signifie pas
pour autant qu'ils n'en font pas un besoin comme en atteste le nombre assez
significatif de clients qui le citent parmi leurs besoins (10/36). Ce nombre de
clients interrogés qui placent le transfert d'argent parmi les
priorités constituent une proportion de 27.8%.
Les mouvements migratoires sont considérables dans la
région. En effet, la région est une vaste zone de départ.
Ce phénomène qui affecte plus les effectifs masculins de jeunes
en particulier des zones rurales s'explique dans une certaine mesure par la
précarisation continue des conditions de vie et le manque d'emplois et
d'équipements viables dans les campagnes. Ils se dirigent
essentiellement vers Dakar (47,7 %), Kaolack (13 %), Thiès (12,8 %),
Fatick (11,6 %) et l'étranger (source : PRDI, Diourbel, 2000).
Devant une telle situation et dans l'absence de perspectives
du fait d'un tissu industriel évanescent et des contraintes naturelles
(effets de l'aridité et insécurité pluviométrique),
la population émigre vers l'Europe aussi à la recherche de mieux
être. C'est ce qui vaut à la région de Diourbel
l'étiquette de région à fort taux
d'émigrés.
Il n'est pas certes toujours facile de déterminer avec
exactitude les effectifs des migrants vers l'Europe du fait notamment de
l'instabilité du phénomène dans le temps et dans l'espace
et surtout du caractère clandestin que prend le phénomène.
Néanmoins, son incidence sur le processus de
développement à travers le transfert monétaire mais aussi
la modification de l'image de la région par l'existence d'un nouveau
potentiel d'investissement des migrants reste faible.
Mais l'immigration en général au
Sénégal reste certes une immigration temporaire dans la mesure
où les émigrés gardent encore leur attache avec leurs
familles restées au pays par de substantiels envois d'argent, mais elle
ne répond pas encore aux besoins en investissements structurants.
Ce n'est donc pas étonnant que notre zone
d'étude se situe ne fasse pas exception par rapport aux tendances jusque
là enregistrées.
· La micro-assurance
Les risques inhérents à l'activité
professionnelle en général et au métier du commerce en
particulier dans un contexte de défaillance du système
assurantiel au Sénégal font prendre conscience à la
population enquêtée de la nécessité de recourir
à l'assurance.
L'assurance étant le contrat passé entre une
personne et une société qui la garantit contre les risques
éventuels, 9 enquêtés sur 36 déclarent que
l'assurance est très utile à une personne qui s'active dans le
secteur du commerce et particulièrement dans le commerce de tissus,
souvent exposé aux incendies ou autres calamités
imprévisibles et destructrices. Ce nombre évalué en valeur
relative à 25% n'est pas négligeable.
Il faut cependant noter que pour la plupart des
interrogés acquis à la cause de la micro-assurance, ce service
n'est certes pas comparable au crédit ni à l'épargne mais
que suivant les circonstances elle peut s'avérer essentielle surtout
quand on sait que les ressources se font de plus en plus rares.
Ils avancent même la nécessité de la mise
sur pied d'une mutuelle de santé qui servirait de micro-assurance face
aux risques de maladies multiples et aux capacités financières
très limitées. La condition pour eux c'est le montant de la
souscription qui ne doit pas être insupportable pour leurs faibles
bourses.
Il est intéressant d'approfondir la réflexion
sur les conditions de mise en oeuvre de la micro-assurance en s'inspirant peut
êtrede modèle de PROFEMU (Programme des Femmes en Milieu Urbain)
dont les actions dans ce domaine sont fort appréciées par les
sociétaires.
3-1-2-2 Besoins non financiers
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