Commentaires et Discussions
"Les Ressources Humaines ont cette
particularité : elles ne s'usent que si l'on ne s'en sert
pas."
Françoise Kourilsky.
Au final,190 questionnaires ont été recueillis,
soit un taux de retour satisfaisant supérieur à plus de 73% . Ce
taux de retour a été beaucoup plus important au niveau du Secteur
Sanitaire de Ben Badis (29,50%) au regard des autres Etablissements Sanitaires
de la Wilaya.
En outre, en remarque une forte participation du Corps
Médical et Paramédical, toutes fonctions confondues.
La répartition des participants à
l'enquête entre les différentes unités est de la
manière suivante : Unité Hospitalière 47,9%,
Unité Extrahospitalière 39,5%, Unité Administrative
12,6%.
Pour des raisons méthodologiques,l'analyse des
résultats est abordé par rubrique :
a) Information - Communication :
La lecture que nous pouvons faire concernant cette
première rubrique relative à l'information et la communication
est que le moyen le plus usité pour s'informer sur les réformes a
été principalement les journaux.
Donc, il ressort, de cette première observation, que
l'information parvenue au personnel relative à l'existence des
réformes a transité par un moyen externe à l'environnement
hospitalier. D'ailleurs, ceci est confirmé par le fait que la
majorité de ce personnel interrogé n'a pas eu l'occasion de
prendre connaissance des différents thèmes de la Réforme
et donc n'a pas pu se faire une idée claire sur les grandes orientations
apportées par celle- ci.
En effet,les médias n'ont accès qu'à des
informations généralistes destines au grand public, alors que le
personnel de santé a besoin d'informations plus précises sur les
reformes.
Ce qui nous amène à penser que ce personnel
questionné n'a pas eu l'occasion de mieux s'informer sur les
réformes ou tout simplement, que les moyens d'information et de
communication restent insuffisants afin de faire, parvenir l'information
requise aux personnels concernés.
D'autre part, il ressort qu `il existe des disparités
dans l'acquisition de cette information. En effet, le corps administratif,
constitué principalement par les gestionnaires, sont plus
informés que le Corps technique, qu'il soit Médical ou
Paramédical. Ceux exerçant dans les Unités
Extrahospitalières se trouvent les moins informés.
Pour ce qui est des sujets abordés par la
Réforme, la majorité des participants se sont
intéressés à celui relatif à la qualité
des Soins et l'Amélioration de la prise en charge avec une
légère avance pour le Corps technique.
Le financement des Structures a été d'un grand
intérêt pour le Corps Administratif par rapport au Corps
technique.
Concernant le Statut des Personnels, ce thème a
intéressé beaucoup plus le Corps Médical, qu'autres.
Tout ceci, reflète un Déficit d'information des
Personnels questionnés et conforte l'expérience personnelle
acquise en tant que chargé du comité de Pilotage des
Réformes au niveau Wilaya ( voir Problématique).
De plus, il est à remarquer que les disparités
existantes, en matière d'acquisition de l'information relative aux
réformes, entre les différentes catégories
professionnelles, reflètent une insuffisance avérée d'un
travail de proximité dans le domaine de la Communication, par les
gestionnaires. Ce qui peut laisser place à la rumeur, à la
désinformation, au manque d'explication, générant ainsi
l'inquiétude, la méfiance, le doute aboutissant à
l'apparition de comportements de résistances.
Ce manque d'information n'est il pas utilisé par les
acteurs pour justifier un désaccord,une tristesse, un refus ? .
De plus, le Corps technique reste rattaché à
son système de référence, reflété par son
intérêt exclusif au thème abordant la Qualité des
Soins et l'Amélioration de la prise en charge.
Ceci nous interpelle à ce que la Dimension
Psychosociale et Anthropologique doit impérativement être prise en
charge dans la façon de communiquer, surtout en matière de
communication de Proximité.
Dans ce contexte, Mohamed Mebtoul explique
que « c'est donc à partir de ces
éléments au centre de son système de
référence que le personnel soignant donne un sens aux
dysfonctionnements identifiés dans son espace de
travail ». Nous retiendrons qu'il ne s'agit pas de nier la
différence culturelle mais au contraire de l'affirmer afin que chaque
type d'établissement, chaque Unité qu'elle soit
hospitalière ou extrahospitalière, soit reconnu dans sa
spécificité.
Pour cela, les gestionnaires doivent se mettre à
l'écoute de chaque acteur, instaurer une communication de
proximité permettant ainsi à chacun de poser des questions et
obtenir des réponses aux problèmes spécifiques.
2) FORMATION :
L'étude des différents axes abordés par
cette rubrique, fait ressortir en premier lieu que les Professionnels de
Santé questionnés pensent qu'ils n'ont pas été
préparés aux nouvelles notions introduites par les
réformes, hormis le personnel administratif.
Ceci rejoint le fait constaté, au préalable, que
ce dernier est plus informé et donc peut être plus
préparé à ces nouvelles notions .Tout ceci reste à
parfaire ; nous y reviendrons plus tard dans le chapitre abordant les
recommandations.
D'autres parts, l'analyse démontre que les meilleurs
moyens qui permettront de se préparer aux nouvelles notions restent les
réunions d'informations et les formations adaptées à
chaque thème abordé et à chaque Corps et cela pour la
plupart des Participants.
Ceci démontre qu'il existe un déficit en
matière de communication et de formation au niveau des Etablissements
de la Wilaya. De plus, il est à remarquer que concernant les
réunions d'information, ces moyens sont beaucoup plus sollicités
par les Secteurs Sanitaires qui couvrent le milieu rural que ceux couvrant le
chef lieu de Wilaya, tel que le CHU et le Secteur Sanitaire de
Sidi-Bel-Abbès.
De ce questionnaire et de l'expérience personnelle
vécue en tant que chargé du comité de Pilotage, il
transparaît que la formation est jugée nécessaire par les
nombreux acteurs de notre actuel système de Soins. Ainsi, il est
à retenir que la formation devient un élément facilitant
l'adaptation, donc venant renforcer les réunions d'informations
destinées à l'ensemble des Personnels. De plus, il est plus que
souhaitable que des rencontres avec les membres de la Direction, au sein des
différentes unités de Soins ainsi que des Services, au plus
proche des équipes doivent êtres instaurés. En effet, nous
notons à travers notre expérience vécue que les rencontres
de travail régulières favorisent l'acceptation du changement. En
travaillant ensemble, les Professionnels de Santé développent une
culture commune, apprennent à se connaître, harmonisent leurs
pratiques favorisant ainsi leur adhésion au projet du changement.
Mais pour avoir une véritable efficacité, la
formation doit correspondre aux besoins des Personnels et susciter leur
mobilisation
En outre, il ressort qu'informer, communiquer, former ne
suffirait pas pour réussir le changement. En effet, la majorité
des Professionnels de Santé, toutes catégories confondues,
pensent que l'amélioration des conditions de travail est une des
conditions qui peut être à l'origine de la réussite du
changement, suivie par la valorisation financière.
Dans le même contexte, l'étude ici
présente, a fait émerger, ainsi de façon notable que
l'amélioration des conditions de travail est sollicitée par la
majorité des Professionnels de Santé surtout et en particulier
exerçant dans des Etablissements où pénibilité des
tâches et travail contraignant est leur lot quotidien(CHU SBA et S.S.du
chef lieu de wilaya).
En effet, l'organisation et les conditions de travail
présentent autant de dysfonctionnements qui font obstacle ou pouvant
influer négativement dans la mise en place des conditions
nécessaires à la réussite du changement demandé-
Donc, cette réussite doit passer par une réflexion prioritaire
sur ces dysfonctionnements.
Autrement dit, on peut avancer à dire que la
réussite du changement requiert la mise en place
d'éléments concrets pour donner aux employés des raisons
de faire mieux, de s'engager et de participer. En effet, l'introduction de
l'intéressement peut permettre d'encourager matériellement,
intellectuellement ( par la compréhension des enjeux sous jacents)et
psychologiquement les individus à participer au changement.
D'ailleurs, P.Durieux définit l'intéressement
comme « un moyen de gestion capable de donner l'initiative au
producteur de Soins en l'associant matériellement au progrès,
à l'optimisation de l'organisation, en éveillant sa
curiosité, en lui faisant appréhender la notion de partage des
responsabilités et des ressources. »
En ce sens, l'intéressement est à la fois un
instrument incitatif et un moyen pour récompenser les équipes qui
accomplissent le plus d'efforts ou sont sujets à des contraintes
professionnelles et de pénibilité évidente.
3) Perception au changement :
Cette rubrique présente un Bilan mitigé
reflété par la nature des réponses avancées par
les participants, traduisant ainsi l'état d'esprit des professionnels de
Santé quant à l'appréhension du changement et à
leur hésitation dans son acceptation.
En effet, les principaux thèmes retenus dans le Cadre
de l'appréhension du changement par les différents participants
restent principalement l'amélioration de notre système de Soins,
en premier lieu et en second lieu, une plus grande rigueur dans la prise en
charge des malades.
Cette dernière proposition est partagée par les
différents professionnels de Santé. Quant au thème
relatif aux meilleures réponses aux besoins de Santé de la
population : Ce sont le CHU SBA et le Secteur Sanitaire de Telagh, deux
grands pôles hospitaliers de la Wilaya, qui ont retenu ce thème
dans la plupart de leurs réponses.
Ceci reflète la difficulté du Personnel
questionné à se positionner personnellement sur la
finalité apportée par le changement dans le cadre de la mise en
oeuvre des reformes. Cela s'explique, en partie, par le fait observé
que ce changement est appréhendé différemment selon que le
personnel exerce en milieu hospitalier ou en milieu extrahospitalier.
De plus, dans la deuxième partie de cette rubrique, le
personnel questionné, dans sa grande majorité, se trouve
réticent à la plupart des domaines abordés par la
réforme et leurs éventuelles conséquences induites par
celle ci.
En outre, on peut constater que les réponses à
cette question relative aux réticences présentent un aspect qu'on
peut qualifier de paradoxale ou contradictoire.
En effet, prés des trois quarts du personnel n'ont pas
peur du changement. Par contre les sentiments restent partagés parmi les
participants dans la mise en oeuvre de la contractualisation.
Tout cela conforte les faits constatés au
préalable dans les précédentes rubriques, que le personnel
n'a pas été informé suffisamment et qu'il n'a pas
bénéficié d'une formation adéquate pour qu'il
puisse appréhender le changement de façon correcte.
Donc, on peut en déduire que ce personnel n'a pas
été préparé de façon suffisante pour qu'il
puisse accepter le changement. Tout cela, reflète l'existence au sein de
ce personnel d'un malaise.
En effet, celui ci se trouve partagé entre les
anciennes façons de faire et les nouvelles normes comportementales
qu'il doit adopter.
Toute cette charge émotionnelle induite par la
dynamique du changement est générée par le manque
d'information sur les enjeux, l'incertitude face à l'avenir,
l'insuffisance des moyens pour mettre en oeuvre les changements exacerbe le
sentiment de Désarroi chez l'individu et donc peut être source de
résistance, ou de démotivation, qui est une autre forme de
résistance ou de non-acceptation.
Cet Etat d'esprit favorise le cloisonnement, bloquant ainsi
les personnes, compliqué par-dessus tout par un fonctionnement
organisationnel obsolète.
Au vu de ce qui précède, les analyses
sociologiques tout comme les enseignements de Terrain ont mis en
évidence l'importance de l'acceptation du changement par les
professionnels de Santé.
Il s'agit d'une condition nécessaire pour parvenir
à la réussite du changement. Cette perspective nous incite
à considérer que le changement ne peut se décréter
ou provenir d'une conduite unilatérale dirigée du haut vers le
bas. Mais, il doit être considérer comme une démarche
consistant avant tout à créer un environnement favorable à
l'acceptation du changement, qui sera basé principalement sur la
préparation de l'élément humain moteur de toute dynamique
d'évolution dans toute entreprise.
Ceci dit, nous constatons qu'il existe réellement un
décalage entre les nouvelles notions abordées par la
Réforme et la Réalité du Terrain illustré par la
non préparation du Personnel de Santé.
En effet, le terrain a mis en exergue un déficit
d'information, un manque de Communication, l'indispensable formation
adaptée à chaque corps et à chaque thème,
l'amélioration des conditions de travail et la valorisation
financière responsable, en grande partie, de cette situation
de « démission » de la part des professionnels
de santé.
Tous ces éléments, abordés par notre
présente étude, tracent lisiblement les grands axes sur
lesquels doit se fonder la préparation de l'élément
humain, gage de toute réussite du changement.
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