Approche comparative de la conception des droits de l'homme dans la philosophe africaine et dans la philosophie politique contemporaine en occident( Télécharger le fichier original )par Julien Rajaoson Sciences Po Grenoble - Master 2008 |
B°) Parti unique et République bananière.1°) Les causes macro économiques et territoriales du sous développement
En bon libéral, Rawls soutenait que le sous-développement des pays africains n'était pas un problème de compensation pour les méfaits de la colonisation, car elle est due aux oligarchies locales et corrompues qui officient depuis bien longtemps déjà à la tête des régimes politiques en Afrique et à des problèmes structurels. Mais il n'y a pas que cela, c'est une question de contrôle du pouvoir, de parti politique et d'une administration qui fonctionne. Sur la première raison que donne Rawls sur le développement des pays sous-développés en Afrique, il y a effectivement de la corruption, des problèmes de structures, mais aussi des problèmes qui proviennent de la rencontre entre le continent africain et le fait colonial. Il n'en est pas moins que, le concept de tribalisme303(*) invalide partiellement la thèse de Rawls à propos des origines causales du sous-développement en Afrique, et par conséquent il faut se poser la question de la légitimité du gouvernement d'une société juste dans un environnement post-colonial, où les réalités africaines sont très différentes. Il s'agit de renouer avec Rawls les questions de légitimation, et d'aborder la question des partis uniques et du pluripartisme304(*) ; car même dans les pays où il y a plusieurs partis politiques, ce ne sont pas des partis dans le sens technique du terme comme nous avons coutume de l'entendre en Science Politique, ce sont plutôt des associations d'intérêts créées de toutes pièces par le pouvoir en place, par le biais de connivences intra-ethniques ou pécuniaires au sens strict. Cela donne ainsi l'apparence du pluripartisme tout en conservant intact la nature réelle du pouvoir305(*). 2°) La préférence territoriale et régionaleLe parti unique a longtemps été utilisé pour faire bloc au tribalisme. Si le régime du parti unique a été un remède au tribalisme, il s'agit ici de montrer en quoi il constitue également un relais du colonialisme et qu'au lieu de servir de cran d'arrêt au tribalisme, il l'exaspère et produit de grandes et fortes inégalités régionales et territoriales. La provenance régionale du chef de l'Etat déterminera le lieu où les grands travaux de développement se feront en premier lieu. Les membres de chacun de ces groupes, se disent liés, soit par le sol - donc par le territoire -, soit par le sang, mais beaucoup plus par l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes par rapport aux autres groupes : comment expliquer que des groupes ethniques récemment formés historiquement puissent éprouver un sentiment d'appartenance aussi puissant ? Le tribalisme est plus un sentiment qui se forme par l'interaction avec les autres groupes et qui détermine la conduite des individus appartenant au même groupe vis-à-vis d'un autre groupe. C'est dire si, le tribalisme est par essence de même nature que le nationalisme et le patriotisme. Le nationalisme étant la forme la plus aboutie et accomplie du tribalisme. La pauvreté des régions en Afrique vient de la préférence arbitraire du chef de l'Etat pour tel ou tel territoire auquel il décide de céder des ressources. A l'instar de Madagascar où Marc Ravalomana privilégie économiquement l'ethnie Merina au sein de la capitale, dont il est issu, au détriment de la côte, où se situe par exemple l'ethnie Antefasy. * 303 Raymond Boudon, Philippe Besnard, Mohamed Cherkaoui, Bernard-Pierre Lécuyer, Dictionnaire de sociologie, éd. Larousse, Paris, avril 2003, p. 239 dans la définition de la Tribu : « La tribu repose ainsi sur le principe de l'affrontement à chaque niveau d'unités de puissances à peu près égales. Il s'instaure ainsi un équilibre général fondé sur des équilibres successifs, qui garantit à tous une certaine sécurité. Chaque niveau de la segmentation a les organes politiques nécessaires pour assurer à ce niveau les intérêts communs. (...) A mesure que l'on monte de niveau en niveau, les conflits sont de moins en moins maîtrisés et la guerre de plus en plus sauvage. » * 304 http://www.oepu.paris-sorbonne.fr se reporter à la Journée d'études organisée par Alain Renaut sur la thématique suivante : Le gouvernement des sociétés postcoloniales, dans laquelle Lukas Sosoé, qui est Professeur à l'université du Luxembourg, a effectué une intervention sur l'Ere postcoloniale : l'exemple des partis politiques. Le cas de l'Afrique noire sub-saharienne. * 305 Dominique Chagnollaud, Science Politique, 5ème édition Dalloz, Paris, mars 2004, p. 94 sur Les régimes autoritaires : « Les régimes autoritaires se caractérisent par le refus du jeu démocratique (élections libres, compétition électorale). Ils contrôlent la vie politique dans ses diverses expressions, avec plus ou moins de réussite. (...) En ce sens, l'essentiel est d'assurer une apparence d'unanimité sans rechercher à conquérir les individus. Ils tolèrent d'autres éléments de socialisation autre que l'Etat ou le parti unique. C'est en ce sens que Linz (1969) a pu dire que les régimes autoritaires sont de systèmes à pluralisme limité mais sont responsables, sans idéologies directive élaborée ni volonté de mobilisation intensive ou extensive, sauf à certains moments de leur développement. » |
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