Approche comparative de la conception des droits de l'homme dans la philosophe africaine et dans la philosophie politique contemporaine en occident( Télécharger le fichier original )par Julien Rajaoson Sciences Po Grenoble - Master 2008 |
B°) Le cas de la Gauche aujourd'huiLa gauche, incarnée par le Parti Socialiste en France, paye un lourd tribut à cause de ce contresens lors des élections présidentielles79(*). L'égoïsme contre lequel les socialistes luttent est plutôt un trait psychologique invariant présent dans toutes sociétés plus qu'une déviance, ce qui n'a pas échappé à la droite. Or, l'identité, la tradition, du socialisme dont le rêve fut de fonder « la société sans classe »80(*) semble devoir rester tapie au fond de leur conscience, la dure réalité ayant fait plier l'utopie, cet idéal demeure toutefois sous forme de principe régulateur au sens kantien81(*). En somme, sur le plan intellectuel il paraît tout à fait légitime de revenir sur la notion de liberté que l'on utilise dans son idéologie afin de lui donner une dimension pratique, si celle-ci s'avère caduque pour la modernité. 1°) Les illusions de la gaucheUne représentation orthodoxe de la liberté, comme l'exprime la pensée révolutionnaire est exclusive et s'arroge « Le monopôle du coeur »82(*) en déniant à l'idéologie de droite une vision humaniste de l'Homme. Comme suit, le spectre de la révolution plane en permanence dans l'esprit de la gauche révolutionnaire plus que sur l'Europe, et elle préserve sa doctrine intacte sans jamais accéder au gouvernement, et ce, au profit de cette pensée politique orthodoxe. La gauche démocratique se démarque des révolutionnaires dans le sens où : « Révolutionnaire sans révolution, parti ouvrier sans ouvriers, exerçant désormais le pouvoir étatique sans rêver de le conquérir, le Parti socialiste a progressivement émergé de ses origines pour devenir un pilier du système démocratique pluraliste, à l'instar des autres partis socialistes ou sociaux-démocrates d'Europe. Son histoire et sa mémoire l'embarrassent plus qu'elles ne l'aident dans le nouveau rôle qui lui est imparti, mais cette culture résiduelle qu'elles lui donnent garde une fonction identitaire dont bien d'autres formations politiques sont dépourvues »83(*). Evoquant M. Merleau-Ponty qui voyait jour après jour le communisme contredit par l'histoire réelle, Alain Renaut traite de cette conversion intellectuelle et idéologique en ces termes dans son ouvrage collectif : « Sans jamais renoncer à l'idéal humaniste et universaliste, il a assez vite fini par penser que cet idéal, quoiqu'il ne puisse jamais être vraiment réalisé, interviendrait plus efficacement - telle l'idée régulatrice kantienne - dans le dialogue démocratique, et donc dans un régime libéral ou parlementaire, qu'à l'occasion d'un bouleversement révolutionnaire »84(*). Ainsi, la lutte contre les inégalités sociales devient un thème structurant pour la gauche moderne. Doit-on voir cette révision idéologique telle une compromission politique, comme le dénonce les partis révolutionnaires, ou est-ce une tentative d'opposer au néolibéralisme une représentation toute aussi ambitieuse pour penser le monde contemporain ? Et on peut se demander comment penser une lutte dont les objectifs changent avec les sociétés ? * 79 L'élection présidentielle en France, est un défi politique national devant lequel le Parti Socialiste se montre particulièrement peu convaincant. Et ce, notamment pour les électeurs qui depuis 1995, ont accordé à trois reprises leur suffrages à la droite. Si nous nous replongeons dans l'histoire de la Vème République française, combien de fois la gauche a-t-elle remporté les élections présidentielles ? En 1981 et en 1988, elle a donc gagné par deux fois grâce aux candidatures successives de François Mitterrand ; faute d'avoir de nouveau un tel profil dans son parti aujourd'hui, il semble inenvisageable qu'elle puisse compter uniquement sur une stratégie basée la séduction électorale d'une de ses personnalités qu'elle pense capable de remporter la magistrature suprême. Peut-elle faire l'économie d'une véritable modernisation de ses idées politiques ? * 80 sous la direction de Serge Berstein, Marc Lazar, Gaetano Manfredonia, Pierre Milza, Jean-Luc Pouthier, Jacques Prévotat, Nicolas Roussellier, Etienne Schweisguth, Michel Winock, Les cultures politiques en France, éd, du seuil, Paris 1999, janvier 2003 pour l'avant propos et pour la présente édition, voir le chapitre 6 intitulé La culture socialiste dans la partie sur l'Anticommunisme et/ou Union de la gauche p. 225 * 81 Kant, Critique de la raison pratique, présentation et traduction par Jean-Pierre Fussler, éd, GF Flammarion, Paris, 2003, p. 150 de la 1er Partie du Livre I au chapitre I où il est « La raison spéculative ne s'accroît pas, par là, en ce qui concerne sa pénétration, mais elle le fait en ce qui concerne la garantie de son concept problématique de la liberté, auquel on procure ici de la réalité objective qui, bien qu'elle ne soit pas pratique, n'en est pas moins indubitable ». * 82 Se référer au débat présidentiel de 1974 entre V. Giscard d'Estaing et F. Mitterrand * 83 Serge Berstein, op. Cit, p. 226 * 84 Ouvrage collectif réalisé sous la direction d'Alain Renaut, Les philosophies politiques contemporaines, Tome V, éd, Calmann-Lévy, Paris, octobre 1999, p. 69 dans le chapitre I intitulé Merleau-Ponty VS Sartre. L'existentialisme, le marxisme et le problème de l'humanisme réel rédigé par Malgorzata Kowalska. Il est question dans ce chapitre de deux trajectoires, l'une suivie par Merleau-Ponty que l'on a traitée ci-dessus et l'autre concerne l'option politique de Sartre qui sans le dire pratiquait l'idée de Révolution permanente par le biais d'une pensée orthodoxe. |
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