Conclusion
Nous avons essayé tout au long de cette étude de
déterminer la contribution de la reforme du secteur financier dans
l'UMOA sur les performances économiques du Bénin, à
travers un bilan de cette reforme d'une part, et d'autre part
l'évaluation de son impact.
Pour la place financière du Bénin, le processus
de libéralisation du système financier basé sur la
restructuration du système bancaire a favorisé l'évolution
des dépôts primaires et a également favorisé
l'installation de nouvelles banques. Cependant, il apparaît pour cette
place une faiblesse dans la transformation financière laissant ainsi,
une bonne partie des besoins en financement de l'activité
économique insatisfaits.
En outre, pour évaluer l'impact de la reforme
financière, nous avons retenu comme indicateur de performances
économiques, la croissance économique, le taux d'investissement,
le taux d'épargne, le coût du capital et des indicateurs de
compétitivité globale, notamment, le taux d'exportation, le taux
de pénétration étrangère, le taux de change
réel effectif.
Pour tester l'effet de la reforme du secteur financier de
l'UMOA sur les performances économiques, au Bénin, nous nous
sommes inspirés des travaux de King et Levine (1993), Levine (1997), de
Mouldi et Mourad (2004), et de Hamdi khalifaoui (2006,b) qui ont
confirmé l'étroite liaison positive entre la
libéralisation du secteur financier et le secteur réelle. A la
différence de ces auteurs, nous avons construit un indicateur
amélioré de politique financière, fondé
essentiellement sur des indicateurs de développement financier qui
captent l'effet de la libéralisation du secteur financier. En outre,
nous avons essayé de déterminer le lien entre la
libéralisation du secteur financier et les indicateurs de performances
économiques à partir du test de causalité au sens de
Granger. En suivant une approche à la fois théorique et
empirique, nous avons pu montré que la reforme du secteur financier de
l'UMOA à travers la politique de libéralisation financière
semble générer les résultats positifs que l'on souhaitait.
Bien vrais que la libéralisation financière ait joué un
rôle dans le secteur réel et sur l'épargne sur notre
période d'étude, en revanche, l'on observe une absence de
causalité au sens de Granger, entre la reforme du secteur financier et
les performances du commerce extérieur du Bénin d'une part, et
d'autre part le degré de concurrence entre les producteurs nationaux et
étrangers sur le marché domestique. Par contre, la reforme
financière semble causée au sens de Granger la
compétitivité de l'économie Béninoise à
travers son taux d'échange réel effectif.
Au total, la mutation de l'environnement financier dans l'UMOA
semble peu contribuer à la performance de l'économie
réelle au Bénin. En outre, elle semble peu stimuler
l'amélioration de la compétitivité globale de
l'économie Béninoise. De plus, malgré l'arrivée de
nouvelles banques, la place financière du Bénin reste très
oligopolistique, ce qui se traduit notamment par des marges
d'intermédiation très élevées. Enfin, les banques
ne collectent pas suffisamment d'épargne à long terme et la gamme
des produits financiers reste encore très étroite. Par ailleurs,
le secteur financier est fragmenté, beaucoup d'opérateurs sont
écartés du marché bancaire et interviennent uniquement sur
le marché financier informel. Il faut cependant souligner une certaine
évolution allant vers un rapprochement du formel et de l'informel. Elle
se traduit par la mise en place d'organismes spécialisés dans le
micro-crédit et par l'adoption de lois concernant leur cadre
d'activité.
Cependant, un impact élevé de la reforme du
secteur bancaire et financier sur le secteur réel nécessite des
mesures d'approfondissement de la reforme. Nous voudrons à travers nos
différents résultats, apporter notre modeste contribution, en
proposant quelques recommandations de politique économique.
Recommandations de
politique économique
La première implique qu'un nombre plus important
d'institutions financières spécialisées dans le
financement des petites entreprises se mettent en place. En effet, il est
important de rappeler qu'il existe une méfiance des banques envers les
entreprises (en majorité des PME et PMI) au Bénin. Dès
lors, la mise en oeuvre par les autorités d'une véritable
politique de soutien (fiscalités adaptées, fond de garantie,
formation) à ces entreprises, favoriserait l'acquisition de
crédit et permettrait d'influer positivement et fortement sur le secteur
réel. Aussi, les autorités monétaires doivent agir sur la
Masse monétaire, car elle constitue en elle-même une source de la
croissance. En outre, l'Etat se devrait d'approfondir les reformes
institutionnelles, économiques et sociales afin d'attirer davantage les
investissements directs étrangers.
La seconde implique pour un meilleur fonctionnement des
banques, l'amélioration de l'environnement dans lequel s'exerce leur
activité. Il s'agit d'augmenter les informations à la disposition
des banques, d'améliorer la qualité de ces informations à
la centrale des bilans de la Banque Centrale et de rétablir un
fonctionnement correct du système judiciaire, notamment en
matière de loi sur le non remboursement de crédit. Ces mesures
favoriseraient une forte transformation financière et
amélioraient l'investissement qui est sans doute l'un des moteurs de la
croissance économique au Bénin.
En fin la dernière implique de compléter les
financements accordés par les banques par le développement des
sociétés de capital-risque et de crédit-bail. En outre,
les autorités devraient promouvoir l'introduction des entreprises
Béninoises au marché boursier sous régionale (BRVM) afin
de compléter le financement bancaire et attirer les capitaux.
Au terme de notre étude, il est nécessaire de
noter que des limites relatives à sa pertinence s'imposent. En effet,
notre étude a été fortement tributaire de la
qualité de nos données qui d'ailleurs, ont été
collectées en différentes sources. Il est aussi important
d'émettre des réserves sur la qualité de notre indicateur
amélioré de politique financière (IPF). Pour une meilleure
compréhension de la libéralisation financière et de son
impact sur le secteur réel, il serait intéressant de mener une
étude profonde sur l'évaluation du système d'information
des banques, d'analyser les conditions de réussite la
libéralisation financière d'une part et d'analyser d'autre part,
son effet sur la répartition du revenu.
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